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03 juil. 2012, 13:43
Une bouffée d'air  Libre 
Reducio
Pouah, allons voir le résultat. En italique, mes chers amis, en italique. Il faudra vous y habituer.


"Je... je n’ose y croire, un Préfet en chef et un élève de la maison d'Helga Poufsouffle, pas fichus de savoir s’alimenter... Je trouve ça tout bonnement aberrant, mais enfin rendez vous compte, des chips ! A presque huit heures du matin ! Quel exemple à donner aux élèves dont tu as pourtant la charge, Préfet ! Et franchement Sven, je trouve ça décevant, manquer le petit-déjeuner pour se baffrer de ... de ... de patates frites dans l'huile et couverte de sel. A pleurer. Mais avez vous une idée de l'ampleur de cet acte sur vos métabolismes !?"

Voilà ce qui avait interrompu Sophacle, alors qu'il allait riposter à coup de grandes paroles et de réflexions colériques. Ce qui l'étonnait n'était nullement son reproche de manger des chips à n'importe quelle heure, mais plus le fait que la personne qui ait prononcé ces mots n'était nulle autre que Niel Hautecoeur, le directeur de la maison Poufsouffle et, accessoirement, professeur de Botanique.

Le Serdaigle ne le détailla pas. Fallait-il le répéter, qu'il n'aimait pas cela ? Après tout, c'était un prof', enfin, un peu plus haut qu'un instituteur normal, mais un professeur. Un adulte, donc. Un mortel. Bref, qu'avait-il de plus que cela ? L'humour, peut-être ? Façon subtile de cacher certains faits et gestes que les autres auraient pu voir. Un camouflage qu'il n'aimait pas beaucoup et qui l'agaçait beaucoup, voyez-vous ?

Sven lui avait répondu quelques instants plus tôt, mais le Préfet-en-Chef n'avait toujours pas pu répondre. À vrai dire, il attendait que Sven réponde à l'adulte. N'ayant nullement l'envie de le faire soi-même, il ressassa dans sa tête les éléments qui lui revenaient ; 3propension maladive à t’approprier farouchement tout ce qui te tombe sous la main, même ce qui, paradoxalement, t’es absolument inutile, ta vie de névrosé, si tu veux tes miettes, viens les chercher...3 Pouah, c'était horrible. Exaspérant. L'insigne de Préfet-en-Chef ne servait donc à rien ?

"Monsieur, sauf votre respect, si j’ai envie de me défoncer le métabolisme, je crois que c’est mon droit le plus élémentaire, depuis l’habeas corpus du moins. Je ne sais pas ce qu’en pense notre préfet en chef ?"

À vrai dire, Sophacle aurait dit à peu près la même chose. Sauf qu'il n'aurait pas mis le "monsieur", ni le "sauf votre respect". Il aurait parlé d'une manière plus décontracté, et moins empreinte d'un respect dérisoire. Ne voulant donc pas contredire le Poufsouffle, mais en même temps ne pas l'approuver, il ajouta donc :

"C'mec, c'pas mon ami, qu'on s'comprenne bien, hein ? L'Habeas Corpus, l'Habeas Corpus... Franch'ment, d'puis quand les anglais parlent latin ? Ici, on est pas chez les Moldus, Poufsouffl'. Enfin, si t'es un intrus, tu m'préviens, j't'envoie chez Rusard. L'Cracmolle et l'Moldu ensemble, c'pas beau ça ? Alors..."

Il se leva, le paquet de chips serré contre sa poitrine et s'afficha à côté de Niel, une tête de moins, le sourire narquois, les cheveux lui tombant sur le front, un air implacable sur le visage.

"Prof'sseur, c'type m'harcèle. Faites quelqu'chose. Mes chips, c'toute ma vie, m'voyez ? Alors, pitié... Bon dieu, vous êtes un Pouffsoufle, nan ? Alors, r'ssaisissez vous, et pr'nez des mesures. En plus, il m'fait peur avec son langage. J'ai d'jà vu un documentaire moldu qui traitait d'ça. Et d'dans, si mes souv'nirs sont bons, paraît qu'les détractés sexuels ont c'type de langage, pour attirer leurs victimes. J'en suis sûr qu'il veut t'cher mes chips. J'l'ai vu dans son r'gard. Un r'gard pervers... c'des chips naturelles, moi j'vous l'dis ! Elles viennent d'la terre, alors, vous, prof' d'Bota', vous p'vez rien faire, hein ?"

Tout était dit. Désormais, il fixait son regard sur Sven. En fait, tout le long de son discours, il avait eu le regard fixé sur cet étrange garçon.

Il le trouvait étrange, c'était vrai. Un peu trop haut de par son langage. Un aristocrate ? Peut-être. Il n'aimait pas cette perspective. Tomber à Poufsouffle était toujours pour lui, Sophacle, dans son esprit, un signe inavouable de sa normalité. Normalité, oui. Gryffondor était réputée pour son courage, Serdaigle pour son brio en intelligence et Serpentard était riche d'histoire et de rouerie. Et le reste ? Poufsouffle ? Ils n'avaient pas joué un immense rôle, pensait-il.

Mais Sophacle était Sophacle. Il pensait comme Sophacle. Tout en lui et tout ce qu'il avait dans les mains, son paquet de chips et sa baguette qu'il s'était empressé de ranger, lui appartenait. Alors, tout était de Serdaigle, tout brillait d'intelligence. Et pourtant, le doute s'insinuait dans son esprit. Sven avait l'air intelligent. Il ne connaissait ni son nom, ni son prénom, et pourtant, il avait cette impression.

Cependant, c'était ses chips. À lui seul. Et quiconque, élève, professeur, directeur de maison, sous-directeur ou directeur de l'école ne pouvait lui enlever ses chips.

Ses chips étaient immuables, divines. Un don de dieu, un cadeau exceptionnel. Jamais les autres ne pourraient comprendre. Et après tout, qu'y avait-il à comprendre ? Après toutes ces pensées, il rajouta, avant que les deux autres ne parlent, en français, l’œil vague, la bouche entr'ouverte :


"La richesse d'chacun est dans son milieu."

Puis il se tut. Cette phrase, c'était René Zlipperman, un franco-allemand qu'il avait un jour rencontré à Nice. Ce sorcier le lui avait dit, et lui l'avait retenu. Simple comme bonjour.

Les deux autres parlaient maintenant. Enfin, qui en premier ? Il ne le sut pas immédiatement.
03 juil. 2012, 20:15
Une bouffée d'air  Libre 
Sven Waltz était une incongruité. A ce moment précis, Niel en vint même à penser que c’était carrément de l’inconvenance. Et pour tout avouer, l’enseignant sut alors qu'il ne pourrait plus placer aucune confiance dans le garçonnet de douze ans.

Pourtant l’élève sus-dit était un Poufsouffle présent et plein d’entrain, remarqué pour ses qualités orales et possesseur d'un certain charisme fascinant. Toutefois et malgré l’affection que le directeur portait à ces blaireaux, l’image de Sven Waltz imprimée dans sa conscience s’était faite l’écho d’une forme de bizarrerie. Car le gamin était un être ambiguë, voir, le jeune homme se l’autorisait, manipulateur.

Tantôt mielleux, souriant et charmeur à son arrivée, le brun n’avait toutefois pas tardé à se faire le représentant d’une grandiloquence tape-à-l’œil et l’auteur de mots assassins. Ce dernier semblait pourvu d’un véritable bagage culturel tant sorcier que moldu, qui forçait le respect tout en inspirant la méfiance par l'usage choisit. Les mots sont des armes bien plus puissantes que l’acier ou la poudre. Ils blessent durablement, songeait le rouquin, en marquant le destinataire de cicatrices sensibles et toujours enflées de ressentiment.

Le gosse avait une fâcheuse tendance à se montrer pédant, gonflé d’exemples historiques et culturels, trait de caractère qui en rien n’aurait gêné son directeur si cet étalage de savoir n’avait été mis au service d’une répartie crue. Sven ne se doutait assurément pas des blessures qu’il causait à ses humains de camarades, moins philosophes et savants certes, mais au combien pétillants et pleins de vie. Si le garçon n’était pas humaniste, il n’en était pourtant pas méchant, se distinguant uniquement par une obsession à la citation m’as-tu-vu et à la réplique piquante.

Bref, Sven Waltz était une incongruité dans une communauté d’individus aux tares variées. Et ses mots ne dérogèrent pas à la règle en portant en leur sein une énième démonstration de ses savoirs si étendus. Le Directeur n’estimant la culture qu’associée à la sensibilité, il ne pût s’empêcher de lâcher un soupir contrarié.


« Monsieur, sauf votre respect, si j’ai envie de me défoncer le métabolisme, je crois que c’est mon droit le plus élémentaire, depuis l’habeas corpus du moins. Je ne sais pas ce qu’en pense notre préfet en chef ? »

Enveloppant sa phrase de jolis artifices polis, le petit brun exprima donc à son professeur oh combien il pouvait aller se faire voir chez les anglais d’antan. Le prenant à parti, le jeune Préfet-en-chef proféra par la suite quelques menaces de son cru, se positionna près de son enseignant en montrant une mine arrogante de chien méchant et commença un long, très long laïus plein de plaintes et recommandations qui oscillaient dangereusement entre l’absurde et l’impertinence. Pourtant, Niel Hautecoeur n’était ni susceptible ni cruel envers ses élèves, mais lorsque l'on assaisonnait son pathos avec un brin de moquerie, le rouquin avait le plus grand mal du monde à conserver l'attitude sereine dont il s’était justement défait quelques instants plus tôt.

Les deux gamins l’exaspéraient très légèrement. Non pas parce que l’un se montrait prétentieux orateur et l’autre pathétique acteur dramatique. Encore moins parce qu’ils s’étaient permis de répondre alors que de son temps, une décennie auparavant, tout élève aurait courbé l’échine, se serait excusé, et quitte à haïr le Directeur, serait prestement rentré dans sa maison. Non, Niel Hautecoeur était bien exaspéré parce qu'il avait l’impression très nette que les deux gamins le prenaient pour un parfait imbécile.

Tandis que Sven se livrait à un dérisoire étalage de langue morte, et que le Serdaigle mâchonnait son malheur d’être ainsi persécuté, la colère monta d’un cran, titilla les narines puis les oreilles, atteint enfin le cerveau et se livra à une explosion en règle, envahissant les lobes à portée.


*Je vais les tuer, je vais les tuer tout les deux avec mon citronnier, puis je donnerais leurs restes aux tentaculas en prétendant ne jamais les avoir croisés* pensa-t-il. Mais Niel Hautecoeur n’avait pas de baguette, et son arbre frêle n’aurait pas constitué une arme contondante suffisamment efficace contre deux enfants en pleine santé. Malgré ses envies de meurtre inhabituellement virulentes, le jeune homme serra les poings en regrettant de ne pas avoir formé les elfes de Poudlard à l‘assassinat discret. La disparition pouvait être un remède à l'agacement suscité par l’orgueil de ces deux gamins d’à peine douze ans.

Inspiration, puis expiration, et le rouquin rendu dingue par la vanité ambiante se glissa sous son masque de directeur. Il n’avait pas franchement envie de passer le reste de ses beaux jours dans un cachot d’Azkaban sous prétexte de n’avoir pu supporter un couple d’insupportables personnages gavés d’amour-propre comme des coqs de combats.


« Mes chers enfants... » commença-t-il en grinçant des dents.

«Je ne veux pas jouer au vieux sage, mais franchement, le puceron doit un jour se rendre compte qu’il peut gueuler aussi fort qu’il le peut, ça ne lui empêchera pas de se faire écraser. Et vous savez, mes tournesols sont envahis de pucerons hurleurs alors j’ai pas envie de m’en taper deux de plus dès que je sors de mes Serres, vos désirs et revendications je m’en fiche autant que de mon premier coquelicot.»

Le directeur tenta un sourire, grimaça, serra plus fort encore son citronnier vert de rage, il détestait jouer au plus malin mais préférait ce sort là à celui de l’infanticide.

«J’avais, assez naïvement je l’avoue, espéré que vous comprendriez mon conseil sans qu’on en ait à arriver à la description d’un anévrisme. »

Le rouquin fronça le nez sous l’arrivée soudaine d’une effluve de chips et secoua ses petites mèches cuivrées, la tête basse et le regard blasé.

« Dommage. Alors aussi hypocrite que ce soit, je veux entendre un –j’ai compris- collectif avant que je m'en aille et que vous puissiez continuer à fanfaronner en paix. »

Détenteur du rang de Blaireau acharné.
"Le professeur Tournesol il est trop BG." Emy Marks, à ses heures perdues.
04 juil. 2012, 01:03
Une bouffée d'air  Libre 
Le préfet avait bondi sur ses pieds après la réponse de Sven, sans doute pour prendre un peu de hauteur, bénéficier des bienfaits de l’altitude et tout le reste. Le jeune Poufsouffle quant à lui, était très bien assis, il se décala même un peu sur la couverture pour ne pas se salir. En le regardant très fixement, bien droit, le Serdaigle avait réussi à l’insulter de moldu et de pervers sexuel en un nombre de mot somme toute assez réduit. Et avec le sourire en plus de ça.

Impassible, Sven se demandait sérieusement ce qui était le plus vexant. Mais avant qu’il n’ait pu trancher, Monsieur Niel avait pris la parole et visiblement il était furieux. Mais alors vraiment furieux. Il se contenait, ça crevait les yeux. Et ça crevait le cœur de Sven aussi. C’était triste, de le voir comme ça. Cet homme n’était pas fait pour se mettre en colère avec son visage doux. Une petite pointe de regret, mais vraiment minuscule, vint titiller le jeune homme quelque part vers son ventre. Il avait tendance à chercher le mot de trop, celui qui faisait vaciller son interlocuteur. Mais là, il ne se battait pas à armes égales. Monsieur Niel ne se battait pas du tout. Il parlait de fleurs.

D’ailleurs, il avait cette manie de placer des métaphores végétales dans à peu près une phrase sur deux. C’était assez dérangeant. Ce prof sentait les légumes rien que dans ses mots. Et Sven préférait les chips aux légumes, comme tout bon enfant qui se respecte, et même comme tout bon humain sain d’esprit qui est un minimum sensible au goût des aliments. Bref, ce problème était clos, maintenant il fallait gérer son directeur de maison qui était déçu-triste-énervé-en colère-désabusé, bref qui était dans tous ses états. Sven ne comprenait pas ces gens qui ne savaient pas retenir leurs émotions. C’était indécent. Mais aussi un petit peu attendrissant quand même. Après tout, il l’aimait bien son directeur. Un peu trop porté sur les tournesols et un peu trop émotif, mais était-ce vraiment important. Il allait s’excuser d’une voix douce et contrite lorsqu’il réalisa pleinement :

Ce type, le préfet, qui le regardait avec son petit sourire en coin de psychopathe, il fallait le dire, venait de le traiter de pervers sexuel parce qu’il avait mis la main dans son paquet de chips. Il ne pouvait quand même pas laisser passer ça. Le Serdaigle lui tendait une perche, il s’en serait voulu toute sa vie de ne pas la saisir. Et tant pis pour Monsieur Niel.

Il se leva sans un regard pour le professeur, se planta à quelques centimètres du préfet et lâcha d’une voix basse, lourde de sarcasme :


« Je me demande encore si je préfère être un pervers sexuel ou un moldu. Va savoir, au moins la perversion ça se soigne… Aussi, pour ta gouverne, je ne crois pas que parler latin soit signe d’un esprit de moldu puisque le latin est utilisé de nos jours surtout pour les sortilèges. A ton âge, on devrait quand même savoir que c’est la langue la plus puissante de toute. J’écarte donc le moldu. Reste le pervers sexuel. Juste une question. C’est qui le plus pervers de nous deux dans celui qui vient innocemment piquer des chips et celui qui se sent violé parce qu’on a mis la main dans son paquet de chips ? On voit bien ce qu’on a envie de voir, dis-moi. »

Bon, il était en train de dépasser les bornes des limites, aussi bien en renvoyant son insulte de pervers à un préfet en chef qu’en ignorant superbement un professeur. Mais bon, il s’amusait follement. Et puis, il aimait bien entendre le puceron hurleur aux cheveux blancs raconter ses bêtises avec son accent si exotique. Pour faire bonne figure, quand même, et ne pas trop blesser son directeur de maison, il planta ses grands yeux gris dans les siens, prit l'air le plus contrit et le plus doux qu'il avait en stock et murmura :

"Monsieur, je ne voulais pas vous offenser. J'ai bien compris que les chips étaient mauvaises pour la santé, merci de l'avoir souligné avec rigueur et clarté."

Hum... Sven n'était pas entièrement satisfait. Sa phrase puait l'ironie involontaire et contrastait un peu trop avec sa mine de chaton effarouché pour être tout à fait crédible. Il était salement incorrigible.
23 juil. 2012, 17:25
Une bouffée d'air  Libre 
Reducio
Excusez le retard. Je n'avais pas bien la tête à ce RP ces temps-ci ;)


Tout l'agaçait. Lui. Sophacle. Le grand, le bon, le merveilleux, le superbe, le divin, le probablement plus généreux homme de la Terre derrière cet affreux bonhomme de Niel Hautecoeur. Il y avait dans ce ton une bonté indéniable que Sophacle n'appréciait pas du tout. En fait, cela le révulsait même ; comment être professeur et être empli d'une si détestable positive attitude ? Et voilà ce qu'un instituteur de son type pouvait larguer comme phrase :

"Dommage. Alors aussi hypocrite que ce soit, je veux entendre un –j’ai compris- collectif avant que je m'en aille et que vous puissiez continuer à fanfaronner en paix."

Sophacle éclata de rire intérieurement. Il n'accepterait pas de faire vraiment la paix avec ce Sven, quoique le bon Hautecoeur pouvait dire. En fait, maintenant, le Serdaigle en venait à une comparaison peu appréciable : peut-être que de passer du temps avec les légumes et les fruits rendaient la victime aussi molle et inoffensive que ces dits-légumes et fruits, non ? Dans ce cas, le directeur des Poufsouffle était vachement atteint. Cependant Sven avait repris la parole, au plus grand désarroi du Serdaigle qui leva les yeux au ciel :

"Je me demande encore si je préfère être un pervers sexuel ou un moldu. Va savoir, au moins la perversion ça se soigne… Aussi, pour ta gouverne, je ne crois pas que parler latin soit signe d’un esprit de moldu puisque le latin est utilisé de nos jours surtout pour les sortilèges. A ton âge, on devrait quand même savoir que c’est la langue la plus puissante de toute. J’écarte donc le moldu. Reste le pervers sexuel. Juste une question. C’est qui le plus pervers de nous deux dans celui qui vient innocemment piquer des chips et celui qui se sent violé parce qu’on a mis la main dans son paquet de chips ? On voit bien ce qu’on a envie de voir, dis-moi."

Il allait un peu beaucoup trop loin. Vous voyez la nuance ? Pas assez pour être puni peut-être aux yeux du directeur des Poufsouffle mais assez pour que Sophacle, s'il avait toujours eu le droit, lui donne des colles à vie. Aussi, se fut avec une animosité non-dissimulée qu'il écouta le reste des paroles du dévergondé.

"Monsieur, je ne voulais pas vous offenser. J'ai bien compris que les chips étaient mauvaises pour la santé, merci de l'avoir souligné avec rigueur et clarté."

Que de paroles creuses et sans utilités ! Ils allaient sûrement une fois de plus se crêper le chignon ailleurs, là où le regard de l'adulte ne pourrait plus se poser sur eux. Il entama alors, avec hypocrisie et d'un ton, lui, narquois, sa marque de fabrique :

"Un anti-moldu ? Dites-moi, m'sieur Haut'coeur, l'gens qui pensaient comme ça n'taient pas c'qu'vous les anglais vous app'liez "Mang'morts" ? Non parc'qu'moi j'en sais rien, hein, en France, on a c'type de mec aussi. Méchants. Violents. Sans scrupules."

Son sourire diabolique s'étira et une légère brise se leva. Ses cheveux voletèrent un instant, et retombèrent aussi sèchement que ses paroles qui suivirent :

"Idiot. L'grec est la langue la plus puissant'. C'qu'une spécificité occidentale d'utiliser l'l'tin. D'ailleurs, votre satané langu' n'vient mêm' pas du l'tin. Excuse-moi s'tu m'trompes, mais à l'poque, les Romains ont acquis b'coup d'leurs savoirs chez les Grecs. On est fixé. Ils ont pratiqu'ment copié leur mythologie. Pour dire. S'tisfaire d'pulsions innocemment, c'qu'peut faire un pervers aussi, Poufsouffle. T'm'as volé mes chips. Mes chips, t'comprends ? T'dirais quoi si j'te volais ta baguette, hein ? Bah moi c'pareil, Poufsouffle !"

Puis il se retourna vers le directeur Poufsouffle, une lueur dans les yeux, les sourcils froncés :

"V'n'êtes sûr'ment apt' à m'faire dire qu'les chips c'mauvais. J'aime mes chips. J'ai compris qu'j'd'vais manger un peu plus d'chips lorsqu'j'vous vois, professeur. J'l'ai dit, mon "J'ai compris", non ? C'bon alors ? On peut m'laisser tranquill' maint'nant ? J'tais là l'premier."

Sans accorder une seconde de plus à ses deux interlocuteurs, il s'allongea une fois de plus sur la couverture posée sur la pelouse verte et désormais craquante, qui s'était légèrement teinté d'une couleur orangée avec la venue du soleil. Soleil prometteur... Prometteur !
03 août 2012, 00:33
Une bouffée d'air  Libre 
Un citron, qu’est ce que c’est ?

Ahum... Un fruit, le fruit d’un petit arbre vert au nom désespérément peu original, le citronnier. Un ovale jaune et bombé comme le corps déformé d’un poussin longiligne, un caneton vif marqué de deux extrémités vertes de chlorophylle. De par sa belle forme, le citron est également un projectile aux facultés aérodynamiques étonnantes... surtout lancé en pleine puissance par un bras forgé par les tâches jardinières, en direction du mercure brillant d’une tête de gamin.

"Un anti-moldu ? Dites-moi, m'sieur Haut'coeur, l'gens qui pensaient comme ça n'taient pas c'qu'vous les anglais vous app'liez "Mang'morts" ? Non parc'qu'moi j'en sais rien, hein, en France, on a c'type de mec aussi. Méchants. Violents. Sans scrupules."

Niel tiqua. Du nez. Évoquer les adeptes d’un timbré en robe noire étaient sûrement une tentative de choquer son public peu conquis par la performance de l’orateur, mais l’allusion laissait en passant un gout de poussière sur la langue du professeur. Ce passé encore récent se teintait pourtant depuis quelques années d’un filtre d'oubli et de « cela-n’arrivera-plus-jamais », qui n’avait pas pour don de rassurer le jeune homme sur l'état de sa propre société.

Lorsque la bataille de Poudlard avait pris fin pourtant, le rouquin apprenait à peine à tenir correctement sur ses jambes de petit sorcier baveux. Ces événements n’appartenait pas à ses souvenirs, ce qui n’empêchait pas le britannique de se sentir l’âme d’un patriotique inquiet pour l’avenir de son pays dès lors que Mangemorts et cie revenait dans les conversations.

Il ne s’en formalisera toutefois pas outre mesure, Sophacle expérimentait très bien lui-même méchanceté, violence et manque de scrupule. Niel eut bien envie de lui lancer un ou deux citrons dans les tempes juste pour voir...


"V'n'êtes sûr'ment apt' à m'faire dire qu'les chips c'mauvais. J'aime mes chips. J'ai compris qu'j'd'vais manger un peu plus d'chips lorsqu'j'vous vois, professeur. J'l'ai dit, mon "J'ai compris", non ? C'bon alors ? On peut m'laisser tranquill' maint'nant ? J'tais là l'premier." minauda l’aiglon en se vautrant à terre.

Niel Hautecoeur exultait complètement. Il en avait vu des chiards, des morveux, des couinards et des pseudo-terreurs depuis son institution à Poudlard. Voguant entre les affres des punitions et de la torture rusardienne, il avait pourtant réussi à chaque fois à sortir d’affaire les gosses qui ne méritaient que peu son aide. Son arrivée sur le stade de Quidditch quelques semaines auparavant avait permis à l’impudente Miss Pidloux de s’en sortir s’en dommage, coupable pourtant d’espionnage éhonté.

Si Sven méritait bien de s’en sortir après avoir montré pâte blanche, Sophacle se faisait des illusions en espérant se la couler douce, les fesses sur l’herbe et le nez au vent.

Niel se laissa tomber juste devant le nez de l’aiglon, dans un froufrou de robe froissée et de feuilles de citronnier. D’une main leste, il attrapa un grand canif qu’il emportait régulièrement lorsqu’il devait travailler dans ses Serres et fit chuinter la belle lame à quelques dix centimètres des yeux de Sophacle Neuron. Le couteau s’abattit pourtant au plein milieu d’un magnifique citron encore un peu vert, qui se fendit en deux parties égales. Avec la rapidité conférée par l’habitude, Niel rangea son canif dans son tablier puis attrapa une moitié de citron et l’écrasa vivement devant les prunelles insolentes.

D’un air ravi devant la quantité non-négligeable de jus acide répandu sur la figure du gamin, Niel Hautecoeur se remit debout en songeant que l’on pouvait tout aussi bien s’en sortir dans la vie sans baguette magique, remonta son arbre contre son bras et lança dans la main du garçon aux cheveux argents la seconde moitié du fruit.

« Fanfaronne moins et écrase un peu la prochaine fois que tu te trouveras face à un adulte, tu mériterais plus qu’un peu d’acidité dans la tronche mais je ne suis pas assez adepte de magie pour prendre la peine de me réessayer à la métamorphose d'enfants en pot de fleurs juste pour toi. Au plaisir l’aiglon ! » finit-il en s’éloignant à pas lents vers ses Serres qui décidément étaient bien plus appréciables que deux jeunes coqs dont un qui cocotait maintenant l’agrume.

Détenteur du rang de Blaireau acharné.
"Le professeur Tournesol il est trop BG." Emy Marks, à ses heures perdues.