❝ Assis dans l’herbe fraîche du matin sur les berges du lac, le regard perdu à l’horizon, dans l’immensité bleue qui s’offrait à lui, il ressassait les mêmes souvenirs en boucle, avec mélancolie. *Douleur furtive d’un chagrin qui passe*

S’étant levé relativement tôt et après s’être habillé assez rapidement, il était parvenu ici quelques dizaines de minutes plus tôt, dans cet endroit qu’il connaissait parfaitement, du fait de ses nombreux passages. Tantôt pour lire, écrire, penser, réfléchir, rêvasser… Dès qu’il ressentait le besoin d’être seul ou au calme, qu’il sentait qu’il devait faire le tri dans ses idées, il venait au parc. Instinctivement. Toujours.

C’était pour lui un espace qui était rapidement devenu important, depuis son arrivée à Poudlard en septembre. Ce n’est donc pas par hasard qu’il était venu s’installer une fois de plus dans l’étendue verdoyante ce matin, juste aux abords du lac.

De petites vaguelettes venaient s’y écraser de temps à autres, sur les rives, au son d’un clapotis qui venait continuellement percer le silence. Ses longues mèches foncées obstruant son visage se déplaçaient par moment sous l’effet de la légère brise du matin. Mattew méditait silencieusement, laissant son cœur guider ses pensées. Insensible aux éléments qui l’environnaient, il regardait d’un air vague les eaux obscures du lac, les yeux rivés sur un point fixe qu’il fut impossible de déterminer avec précision.
Le soleil, assez bas en ces heures plutôt matinales, ne diffusait pas encore la chaleur étouffante de l’été et la température ambiante restait assez basse, régulée par les petits brins d’airs frais qui arrivaient du lac. Les oiseaux commencèrent à gazouiller du haut de leurs perchoirs dans les arbres, annonçant la nouvelle journée qui commençait.
Mais il ne semblait se soucier d’aucune de ces choses-là, et n’en était nullement perturbé, visiblement trop absorbé par ce qui se tramait dans sa tête.

L’Amour était arrivé petit à petit et s’était établit dans son cœur en douceur, si bien qu’il ne l’avait pas véritablement perçu au tout début. Cela lui avait plutôt semblé comme un mélange d’émotions indescriptibles mais agréablement surprenantes. Se réjouissant de cette sensation nouvelle qui faisait intrusion dans sa vie, il eut la chance que les sentiments qu’il éprouvait soient réciproques. Bonheur, joie intense, enchantement… Ce furent des mois pleins de souvenirs inoubliables pour lui.
Et puis la rupture était survenue, secondée de la douleur, un peu plus tard, le temps qu’il comprenne que la petite histoire s’était terminée. Longue période de réflexion et de questionnement ; sans réponse. C’était justement l’objet de sa venue ici. Cela pouvait durer des heures comme quelques instants. Tout dépendait de s’il était tranquille, qu’il avait du temps pour penser à ce genre de choses ou non.

Il tentait de se convaincre intérieurement que ce n’était qu’une brève histoire, rien de bien important, mais ce n’était pas si simple pour lui. Il aurait eu besoin de quelqu’un à qui se confier. *Sa sœur* Mais elle n’était pas là, et ne rentrerait par ailleurs à Poudlard que l’an prochain, bien qu’il puisse la revoir lorsqu’il rentrerait à la maison, à l’occasion des vacances. Mattew lui écrivait beaucoup. Ils étaient en effet très proches l’un de l’autre et se confiaient souvent, et ce depuis pratiquement toujours.

Cependant, devant les autres, il ne laissait rien paraître de tout cela, dissimulant ses émotions derrière une façade neutre, impassible. S’il faisait cela, s’était pour s’éviter de faire face à des situations embarrassantes, à parler d’un sujet dont il n’avait pas la moindre envie de parler à qui que ce soit, à part sa sœur. Il se gardait donc de laisser transparaître tout cela, enfilant sa mine enjouée de tous les jours.

En cet instant, il se sentait vide, incapable de la moindre action. Pourtant, au fond de lui, il était conscient qu’il avait déjà tourné la page. Et il savait qu’il arriverait à se débarrasser de cette sensation désagréable. Il lui fallait simplement du temps. Sauf que ce n’était pas si simple. Et ça lui faisait mal.

Il consulta laconiquement sa montre avant de reprendre sa contemplation du lac, laissant une fois de plus ses yeux se perdre dans le bleu ténébreux des eaux troubles du lac, l’ombre du gigantesque château se dessinant à sa surface, comme s’il la surveillait de tout sa hauteur, démesurément grand pour qui n’avait pas l’habitude de voir ce genre d’architecture.
Le temps s’écoulait, pensées et souvenirs refluaient incessamment, mais le cœur s’apaisait petit à petit.

Avec le temps. ❞