Les chaudes soirées de juin pesaient définitivement sur l'humeur et le sommeil d'Azur. Très sensible à la chaleur, elle n'arrivait plus, et cela depuis fin Mai, à s'endormir lorsqu'elle se couchait. Elle avait testé toutes les solutions, y compris les tisanes et les recettes de grand mère, mais face à ces échecs cuisants, elle s'était résolue à passer la moitié de la nuit à fixer le plafond de son dortoir. Et puis, un soir, elle avait eu l'idée d'aller marcher dans les couloirs, histoire de s'occuper l'esprit. Oh bien sûr, au début, l'idée du couvre-feu l'avait un peu freinée dans ses élans. Mais elle avait finit par trouver le courage de se lever tout de même pour accomplir ses balades nocturnes, et comme elle ne s'était jamais fait prendre, elle avait décidé depuis de perpétuer cette (mauvaise) habitude.

Ce soir là, il était bien minuit passé, et la chaleur étouffante, comme toujours, ne s'allégeait pas même d'un demi degré. Azur, désespérée, cherchait à tout prix un endroit avec des fenêtres ouvertes, mais bien sûr, pas moyen d'en trouver. Elle finit par avoir une idée qui lui sembla brillante : la tour d'astronomie ! Ancienne volière, elle comportait des arcade sans vitres, des sortes de fenêtres toujours ouvertes quoi !

C'est donc d'un pas vif, presque pressé, qu'elle gravit les escaliers quatre à quatre, espérant se retrouver seule dans la pièce. Elle constata avec soulagement que son souhait s'était réalisé, puis ce qu'elle était effectivement bel et bien seule dans la tour, et que de plus la vue était simplement magnifique. Les nuits de Juin étaient absolument superbes, et celle-ci ne faisait pas exception, puis ce que le ciel brillait de milles étoiles, et la lune presque pleine se reflétait sur le lac qu'on apercevait d'ici. Azur s'assit contre le mur incurvé, soupirant enfin de soulagement.

Ici, je vais enfin être bien...

Soulagement de courte durée puis ce qu'elle entendit un bruit derrière elle.

Oh,non...

Si en cette période les élèves de Poudlard étaient plutôt heureux, Ginny ne l'étais pas vraiment. Depuis le début du mois, elle se sentait comme suspendue à un pont par les pieds.
La perspective de revoir sa famille lui faisait plaisir, mais rien ne lui aurait fait oublier le hibou qu'elle avait reçu en mars dernier et la tristesse qui l'accompagnait.
Une séparation n'était pas grave, mais c'était pour la Gryffondor la confirmation que dans cette vie, rien ne dure pour toujours.

Ces cinq mots tourbillonnaient dans sa tête sans qu'elle puisse les arrêter.
C'était une phrase qu'elle associait aux livres, aux films, aux fictions. Pas à la réalité, encore moins à sa vie. Et pourtant...
Elle ne cessait d'y penser, se tournait et se retournait dans son lit sans trouver le sommeil, comme tous les soirs depuis quelques jours.
Quelques larmes s'échappaient, parfois.
Ce soir là, la fillette étouffait. Pas littéralement, plutôt, dans ses pensées.
Elle ressentait le besoin d'être seule, et de respirer. Respirer de l'air frais, du vrai air, comme elle le faisait parfois, à Londres, avant Poudlard et la Magie.

Ses jambes la guidèrent à travers les couloirs et les escaliers, sans se soucier du couvre-feu.
Le coeur battant, Ginny se rendit compte qu'il s'agissait de sa première infraction au règlement.
Une perspective très excitante.
À cette pensée, elle compris qu'elle avait changé.
Pas durant l'année, plutôt à travers les derniers mois.

Elle monta les escaliers de la tour d'Astronomie, pas-à-pas, silencieusement.
Essayant d'ignorer ses problèmes et ses quelques larmes qui restaient lovées dans ses yeux comme pour lui rappeler à chaque instant qu'elles étaient là.

Arrivant en haut, le premier léger coup de vent lui fit un bien fou.
Elle se sentait étrangement libre, comme si cette escapade nocturne avait pour mission de lui prouver que le règlement de l'école n'avait aucune importance.
En haut de la tour d'astronomie en pull et pantalon de pyjama, elle adoptait cette idée avec plaisir. A présent, elle se demandait comment elle avait pu se passer de ça.

Elle aperçut cependant une autre silhouette, de dos.
Dans l'obscurité il lui était difficile de dire si elle connaissait ou pas cette personne, mais la clarté des étoiles lui permettait de distinguer plus nettement le décor. Ses yeux s'étaient habitués à l'obscurité.

Ginny hésitait entre parler où ne rien dire, pour finalement lâcher la première chose qui lui venait à l'esprit.

- Comme quoi, y'a pas qu'les hiboux qui vivent la nuit.

Ce n'était pas une question, ni des salutations polies et cordiales.
C'était des paroles inclassables, étranges, comme suspendues hors du temps, comme la Tour d'Astronomie de nuit. L'ambiance était si différente des rencontres et du quotidien des journées.
La Gryffondor se contenta de profiter du souffle du vent sur son visage, sans plus réfléchir.


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Voilà @Azur Genequand, j'aurais aimé répondre plus tôt mais petit imprévu de vacances (:

Quoi ?

Le cerveau d'Azur mit quelques temps à réaliser. Non seulement elle n'était pas seule, mais la personne- une fille, qu'elle distinguait un peu à présent - lui avait adressé la parole. Elle se retourna face à la demoiselle qui lui avait adressé la parole précédemment, et fût surprise de tomber sur une Gryffone qu'elle ne connaissait que de vue.

-Le couvre feu est dépassé, tu ne devrais pas être là.

Encore surprise, le brune n'avait pas réalisé l'absurdité et la stupidité de sa réplique. Bien sûr, sa camarade n'aurait pas dû se trouver là. Mais elle non plus ! Sa remarque avait été faite sans animosité aucune, mais elle avait dû paraître un peu malpolie aux yeux de camarade.

Oh, et puis après tout, tant pis ! C'est elle qui vient avec sa remarque bizarre. C'est une blague ou pas? Je devais rire ?

Me cerveau fatigué d'Azur ne l'aidait pas le moins du monde, créant des complications et des noeuds là où il n'y avait pas lieu d'être. Probablement qu'à un autre moment elle aurait réagit avec un sourire et une blague, mais elle n'était pas à un autre moment, et son cerveau embrumé par les voiles de la fatigue accumulée depuis des nuits certes pas reposantes la laissait dans un état de quasi flottement.

Maintenant que j'y suis... Elle va pas me faire la conversation, si ?

N'importe quoi.

Elle ne vivait pas la nuit, il en était sûrement de même pour sa camarade. Mais, seule dans le noir, sans autre distraction que ses pensées, elle était incapable de trouver le sommeil.
En regardant le ciel au dessus d'elle, Ginny réalisa qu'elle était...
Sur la Tour d'Astronomie.
La nuit. Après le couvre feu.
Que ferait-elle si un préfet arrivait ? Pire, un professeur ? Elle ne saurait expliquer comment elle s'était retrouvée ici, et de toute façon, ils en avaient sûrement vu d'autres.

Comme en écho à ses pensées, la fille lui fit remarquer que le couvre feu était passé.
Par réflexe, la jeune Gryffondor s'apprêtait à acquiescer timidement, mais ses idées se firent soudainement plus claires. L'autre fille n'avait pas le droit non plus de se trouver là.
Ginny la reconnut comme une autre Gryffondor, de première année également, mais dans un autre dortoir, aussi elle ne se souvenait plus de son prénom. À moins qu'elle ne l'ait jamais su ?

Que cherchait cette fille avec sa remarque ? À l'intimider ? La prenait-elle pour une idiote ? Elle soupira. À vrai dire, elle n'en avait pas la moindre idée.
Les gens sont parfois si compliqués à comprendre.

La Gryffone se contenta donc d'un simple "Ouais.".
Redoutant le silence, elle ajouta :
- Dommage que ce soit interdit.

En vérité, elle n'en était pas sûre. La sensation qu'elle ressentait, unique, venait sûrement du fait qu'elle contournait le règlement pour la première fois. Si c'était autorisé, l'expérience ne serait pas la même.

Azur haussa les épaules, osant une petite moue dubitative. Elle n'avait pas envie de contredire la fille, mais en même temps se préoccupait-elle réellement de l'avis de sa camarade ?

- Moi j'aime bien.

Elle ne prit pas la peine de développer. Peut être paraissait-elle désagréable ? Mais en même temps, sans connaître son étrange compagne, elle avait intimement l'impression qu'elle la comprenait sans avoir besoin d'exprimer dans les détails les moindres recoins de sa pensée.

Oui, le fait que c'était interdit rendait la chose meilleure. Plus fragile, plus intense, mais aussi plus calme, car après tout, si cela était autorisé, il y aurait probablement foule le soir à la tour d'astronomie.

Azur étrangement, commençait à assimiler la présence de l'autre Gryffone. Pas l'apprécier, non, il était trop tôt pour cela (ou trop tard peut être), mais le sentiment de malaise avait bel et bien disparu, et le silence qui planait entre leurs courtes répliques lui semblait , au contraire de gênant, reposant.

La fille était quand même un peu bizarre, sans qu'Azur ne puisse le lui reprocher, elle l'était aussi un peu après tout. Mais les gens bizarres ne la dérangeait pas, ils avaient quelque chose en plus, un grain de folie que la brune savait apprécier. Mais après tout, chacun avait sa manière d'être bizarre non ?

Je réfléchis trop, ça n'a aucun sens ce que je pense.