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25 nov. 2020, 14:51
Les Songes de l'Abîme  + 
Ce soupir, abandonné à l’Instant, au Parc, à Poudlard, au monde.
*Il explique tout*, songes-tu avec perplexité, peut-être est-ce même le Remord qui se loge – ô perfide – dans ton mental. Tes mots blessants de tout à l’heure, cette fille les a peut-être oubliés. Ces mots gorgés de haine n’ont peut-être, pour elle, constitué qu’une simple fatalité, une nouvelle couche se superposant aux centaines d’autres qui existaient avant celle-ci, formant ce qu’on désigne d’un terme bien vague la Douleur – *Doux leurre*, aurait sans doute écrit le Poète. Ces paroles sottes, qui avaient pour unique objectif de lui faire mal *c-c’est pas ce que je voulais*, sont peut-être tombé dans le gouffre de l’Oubli au sein du crâne de la Jaune.

Mais toi, tu les sens encore, tes mots pesants, aussi lourds que le poids de tous les livres de ta bibliothèque réunis. Il viennent frapper ton visage presque innocent bien que fermé aujourd’hui, comme un boomerang qui finit *toujours* sa course au creux de la main du lanceur ou bien, lorsqu’il est *faible* devient l'assaillant du corps frêle de sa victime. Et tu es la victime.

Ce boomerang semble s’être dédoublé lors de son retour terrible en une pléiade d’unités qui touchent chacune des parties de ton corps d’un Mal différent – *sinon ce n’est pas drôle*. Tes lèvres se crispent, ton cœur accélère toujours sa course (course qu’il avait déjà entamée quelques secondes plutôt, à ton grand désespoir), tes main se recroquevillent comme si elles tentaient de froisser une pauvre feuille de parchemin, tes jambes tremblent, et surtout, surtout : ton cerveau est inondé par ce flots de paroles méchantes – qui sont les tiennes. « Qu’est-ce que tu me veux ? », « Tu peux partir, tu sais », et bien d’autres mots, qui parfois, tu t’en rends compte, ont été déformés avec un plaisir faquin par ta Mémoire, pour frapper encore plus fort – bien qu’il semble que cela ne soit pas forcément nécessaire ; le Remord te paralyse suffisamment.

Et tendis que tu te débats avec toi-même, la fille répond à ta question. Et bientôt, sous les ordres d'Harpocrate en personne, le tintamarre cesse. Tes deux billes aux teintes de châtaigne se posent doucement – les tourments qui ont précédé ce calme semble n’être qu’un vague cauchemar enfoui très loin *Mais où ?* dans ta forteresse intérieure – sur le visage de la blondinette tandis que celle-ci s’exprimait.

Dès lors qu’elle commence à parler, tu comprends qu’elle a saisi le sens exact de ta question, qui pourtant avait été formulée d’une manière bien vague, sans que tu ne t’en aperçoives réellement. Les mots qu’elle emploie provoquent un mélange entre sourire et grimace ; d'une part, ils sont assez enfantins, ce qui t’agace un peu, mais d'autre part, cette simplicité étire tes lèvres plus fort que tu ne le souhaites. Ce sourire qui renaît sur ton visage est aussi apparu car cette fille n’apprécie pas cette Parkinson – dont tu sais *assez peu de choses*, en y réfléchissant bien. Es-tu bien apte à juger des querelles et des décisions d’Adultes, qui se jouent bien au-dessus de toi. Ces enjeux sont aussi lointains et sombres que les nuages gris qui empêchent l’expression du soleil en cette après-midi d’avril. Pourtant, beaucoup de choses t’ont amené à penser que cette dirigeante en avait après les nés-moldus – si elle n’avait pas de rancœur envers ceux-ci, pourquoi donc leur aurait-elle interdit l’accès au mythique Poudlard Express ? Les Plumes de Paon ne sont pas détestables, mais l’idée de naviguer dans ce monstre de ferraille dont la magie doit-être follement intrigante a le don de te séduire et tu lorgnes de loin ce rêve irréalisable – *pour le moment*.

Mais *oui*, dans l’ensemble, tu approuves les confus discours de cette fille. Cela donne une énergie supplémentaire à ton cœur pour continuer sa course effrénée – tu pries pour qu’elle s’arrête à un moment ; ce genre d’accélération te coupe rapidement le souffle. *Oui*, tu admets que cette fille n’est peut-être pas aussi *idiote* que tu ne le pensais, et que quand bien même elle le serait, tu n’as pas le droit d’en faire la victime de ton mépris. De toute façon tu ne ressens plus de colère envers elle, simplement une petite lassitude sûrement, mais aussi, encore et toujours, cette *foutue pitié !* qui habite ton cœur. Lorsque la Poufsouffle t’interroge quant à ton avis, ta réponse est – évènement rare – facile à trouver.

« J’entretiens davantage de haine envers Parkinson qu’à l’encontre des cours de Vol ; voila qui résume assez bien ce que je pense de tout cela. »

Les cours de Vol, au même titre que ceux de Potions, constituent une terreur sans pareille à tes yeux, car tu ne parviens pas à dompter balais et chaudrons; se sentiment d'impuissance te ronges. Le ton que tu emploies est assez ferme, car le mépris que tu réserves à cette femme est irrésistible. Car *c’est elle* qui a fait en sorte que les enfants comme toi n’aillent pas sur le Chemin de Traverse. Parce que *c’est à cause d’elle* que des élèves prennent des libertés sur les enfants comme toi en les agressant au milieu d’un bal d’Halloween. Et c’est *à cause d’elle* que tu observes pensive la fumée de nacre d’un train vieux comme le monde, non sans une pointe de mélancolie. Tes mots sont donc durs ; écho de tes pensées.

Le silence s’installe pendant quelques secondes. Revient quelque part dans ton crâne son « si j’me jette dans le lac ». Il te convainc de l’avertir, de lui *expliquer* la monstruosité dont ce Lac peut faire preuve. De lui crier que la vie est déjà assez courte comme ça, qu’on n’a pas besoin d’avancer notre date de péremption. Qu’elle a *j’en sais rien* des personnes qui l’aiment et qui sauront la consoler – car ce n’est pas ton rôle que de panser ces blessures et de toute façon tu n’en es pas capable. Tu te laisse tomber dans l’herbe humide – qui immédiatement trempe tes vêtements –, pensive, ne sachant que faire pour éviter qu’un jour elle ne saute réellement.


Je conçois parfois le monde comme un rayon frais de supermarché : les gens sont tous alignés, semblables les uns aux autres, avec seulement l’emballage pour réellement les différencier. Lorsqu’un produit ne plaît pas au consommateur.ice, il disparaît aussi vite qu’il est arrivé dans le rayon. Les produits derrière la vitre tentent d’attirer le regard et ce par des artifices ridicules. Ils sont entassés, les uns sur les autres. Ils sont les rois du monde – ou plutôt du rayon frais – jusqu’au jour où la date limite les rappelle à l’ordre ; ils finissent dans la poubelle. La sortie peut-être plus rapide pour certain.es, lassé.es par ce quotidien morose ; iels finissent écrasés par la chaussure du Consommateur. La vraie question dans tout cela est : Qui est le consommateur ?


Tu te retournes vers la fille, qui t’apparait désormais comme gigantesque.

« C’est dangereux, de sauter dans le lac. Tu le sais ça ? Même si t’as mal là (ton doigt pointe ton cœur – qui s’est légèrement calmé d’ailleurs), faut jamais laisser l’envie te gagner »

Ironique situation ; tu reproches à cette fille ce que toi-même tu fais. *Mais j’veux pas qu’elle saute*. Pourquoi donc portes-tu autant d’intérêt cella que tu voulais faire partir treize secondes plus tôt ? Tu n’en sais rien, et cette idée ne te déplaît pas ; finalement.

𐌔

08 août 2021, 22:02
Les Songes de l'Abîme  + 
Jolie comparaison de la bleue.
Elle, elle n'avait rien contre les cours de vol. Enfin, elle ne les détestait pas mais n'avait pas particulièrement d'affinité pour eux. Voler sur un balai c'était si... Pathétique.
Sérieusement, qui pouvait supporter d'avoir un bout de bois entre les jambes ? De voler sans être libre de ses mouvements ?
Elle, ce qu'elle voulait, c'était être comme les oiseaux. Avoir des ailes dans le dos et s'en aller dans les cieux quand elle le voulait. Descendre, monter, tourner, accélérer,... Librement. Pouvoir étendre ses bras à l'horizontal comme un avion, ou comme ce héros d'un livre pour moldu qu'elle lisait petite.
Sentir le vent fouetter ses joues, coller sa robe contre son corps et la frigorifier de partout.
Pouvoir traverser les nuages en y laissant un trou à l'intérieur.
Voir le monde de haut.
Et surtout, pouvoir toucher les Étoiles du bout des doigts et frôler la Lune.
Ce n'étaient sûrement que des rêves d'enfants, mais elle, c'est ce qui la faisait tenir éveillée des heures entières pendant la nuit, quand elle n'était pas trop occupée à lire ou à s'empêcher de dormir pour ne pas faire de cauchemars.

Elle était contente que la Serdaigle partage son avis. Elles n'auraient pas à se disputer sur ça, et la Bleue ne lui cracherait pas des Mots à la figure comme elle l'avait fait juste avant.
Les précédents minutes lui avaient montré que l'Aiglonne avait un caractère plutôt... *Instable*. Elle s'attendait à ce que les Mots brûlants ressurgissent à nouveau de cette bouche qui se déformait et qui lui faisait presque peur.

Mais à la place, ce fut plutôt un avertissement. Ou un conseil ?
Elle lui disait de pas sauter.
Parce que même si on avait mal là *Au cœur* fallait pas le faire.
Pourquoi ?
*Pourquoi ?*

« Pourquoi ? »

Oups.
Elle détourna la tête, les joues rougissantes. Elle avait peur de la Serdaigle. Peur que ce "pourquoi" la mette de nouveau en colère et qu'elle se remette à cracher ces phrases entières qui blessent et qui font mal.
Elle baissa la tête, préférant regarder les galets sur le sol. Ils étaient bien plus intéressants que le visage de sa camarade.
*Y'en a même un on dirait qu'il a des yeux*

Vraiment désolée pour le retard...

Cinquième année rp 2048-2049
« If you're the sickness, I suppose you can't also be the cure. » – Cardan Greenbriar
Membre de la RASA.

05 oct. 2021, 23:12
Les Songes de l'Abîme  + 
Singulière accumulation d'énergie que celle qui mit en moins d'une seconde tes deux sourcils en mouvement ; froncés, cherchant autre chose que ce mot pitoyable. Il était aussi vide qu'un atome, ce pourquoi ; ou peut-être comportait-il tellement de notes sombres que tu préférais ne pas t'y plonger. Plonger dans les Ténèbres, c'était *attirant* terrible. Non, tu ne voulais pas te noyer. Tu ne voulais pas. Tu ne voulais pas ? Ah, par Zeus ! Tu ne savais plus.

Ce que tu savais, c'est que l'interrogation de cette fille allait encore mettre ton cerveau en branle ; *'faut que je reconnecte mes neurones*. Tu avais, quelque part dans le dédale de ton Cœur , une idée très précise de la réponse parfaite à offrir ; celle qui s'échappe, ô joyau intouchable, des lèvres héroïques des protagonistes enfermés entre des pages où au sein d'une pellicule. Cette réponse, et même ces réponses, étaient affichées au fond de ton crâne, comme des posters mensongers. Ils disaient : Parce que tu mérites mieux que cela, Parce que j'ai envie de t'aider, moi ou encore Parce que je tiens à toi. Sauf que tu ne pensais aucune de ses phrases avec sincérité — n'est-ce pas ? — car cette fille n'était rien. Elle était juste un obstacle, un objet quelconque. Elle était ce jouet pointu sur lequel on pose malencontreusement le pied ; on crie de douleur puis on explose le fautif — car cela ne peut-être que lui, la cause — contre le mur. En somme, cette fille avait eu beaucoup de chance.

« Parce qu'on a autre chose à faire que de se noyer dans un lac, à notre âge. Lis, rêve, pense ; fais quelque chose, bon sang ! Mais pas ça ! »

Le foehn avait envahi ta voix ; tu avais parlé avec emportement, d'une manière on ne pouvait plus honnête. Tu avais déjà bien trop de choses pesantes logées dans les noirs recoins de tes entrailles ; il était hors de question que tu aies la mort d'une élève *dont je n'ai rien à faire* sur la conscience. Tu ne te le pardonnerais jamais ; il valait donc mieux prévenir que guérir. Une fois que le Mal est fait, il est trop tard ; le Crime en soit témoin.

Tu fouillas dans la plus grande poche de ta robe de sorcière, en sortis un ouvrage recueilli à la Bibliothèque (Sur mes paupières tombent leurs Piolets), un formidable recueil d'une poétesse sorcière. D'un geste vif, tu le jetas à ses pieds, tout en te relevant, comme une germe qui prend vie ; devenue tige.

« Tiens. »

Voilà une bonne manière d'occuper les pensées de cette fille égarée, n'est-ce pas ? Tu balayas une nouvelle fois cette petite voix qui, timidement, t'informa que tu faisais donc partie des égarés dont tu parlais *c'est faux !* Tu ne verbalisais (presque) pas tes pensées regrettables ; contrairement à cette Jaune à qu'il manquait des rouages, des pièces intermédiaires entre l'usine à pensées et sa langue. Tout sortait ; tout était sincérité ; tout était désagréable à entendre. Car au fond, la Vérité n'est jamais plaisante.

« Pourquoi tu réfléchis pas avant de dire quelque chose ? Je veux dire... »

La phrase ne trouva point de fin, comme une œuvre que l'Artiste eut oublié de boucler, abandonnée et perdue. Elle attendait un mot, un point ; il n'en fut rien. Tu avais un don certain pour rendre les phrases orphelines d'une fin convenable. Mais qu'était-ce, le convenable ? Une norme, établie par une poignée de personnes. Toi, les codes, tu t'en lavais les mains. Les phrases se terminaient lorsque tu en avais envie. C'était une sorte de pacte avec toi-même, assurant une certaine liberté dans ton approche des Mots. Et si cette question eût pu choquer, tu parsemas le tout d'un sourire perplexe ; en quête d'une réponse claire. Ton regard, neutre, était l'assemblage mathématique des deux extrêmes qui se faisaient la guerre dans en ton être. Combat incessant.

Le Temps est un Ciel sombre qui ne mérite pas notre regard.

𐌔