AMICO. Ce petit nom très exotique en co avait quelque chose d'un peu clinquant, quelque part entre cocoloco et noix de coco.

Et Jacob avait envie d’ailleurs, justement. D'ailleurs et de différent, quand la plupart des enseignements ici lui paraissaient souvent des moules contraignants prévus en grande série pour y former des sorciers qui ressortiraient avec l'étiquette "sorciers à buses". Un peu comme on aurait pu dire sorcier à trompette ou sorcier à lunettes, une sous-espèce dans laquelle on cherchait à le faire entrer sans lui demander sa volonté. Mais en moins fun que ces deux dernières.

Il ne savait même pas s'il avait envie d'être sorcier, si être sorcier signifiait aussi regarder les Moldus comme différents - il ne se trouvait pas plus éloigné d'eux que des adultes équipés d'une baguette. Preuve, on leur retirait leur baguette l'été et les poudlariens se débrouillaient alors exactement comme se débrouillaient les Moldus. Alors pourquoi encore s'acharner à n'avoir que des matières bien sorcières ? Est-ce que justement la toute petite présence de l'ouverture sur les moldus qu'on pouvait tout à fait ne pas croiser ne faisait pas qu'encourager ce sentiment anti-né-moldu qu'il avait déjà croisé chez certains ?

En bref, l'an dernier, en même temps que sa baguette s'était cassée sa certitude d'appartenir au monde sorcier. Et finalement, ce programme AMICO était quitte ou double, une façon de se prouver ou bien qu'il se sentait encore concerné par la magie, et que seule celle de Poudlard ne lui donnait aucun plaisir - après tout, il aimait bien les bracelets de force, qui eux aussi étaient une forme de magie, ou bien que la magie et lui, c'était une histoire finie et que ce serait vers le monde moldu que s'orienteraient après Poudlard toutes ses envies.

Et en plus, Miss Montmort qui organisait ce programme d'échange sorcier avait publié un article dans la Gazette du Sorcier qu'il considérait comme pro-né-moldu alors il avait bien du mal à comprendre pourquoi elle avait d’un côté le courage de le publier et de l’autre laissait aux enseignements moldus de Poudlard cette place ratatinée.

Des bruits disaient aussi qu'on aurait accès aux documents sur des magies des autres établissements sorciers à l’autre bout de la carte qu’il avait accrochée au-dessus de son lit pour voir l'Australie - alors qu'on n'avait pas encore accès à la presse moldue comme le lui avait dit Mister O'Lake ? Etait-on donc plus proche des sorciers de Walmamba situé à des milliers et des milliers de pas de là que des Moldus, même anglais, même si certains avaient des enfants sorciers ? C'était tout sauf évident à vue de nez.

Quitte ou double, donc, ce programme, et il aviserait.