Ellana sembla être à son tour surprise par la question de la fillette. Elle répondit :

- Euh...non, pas vraiment...je ne sais pas comment l'expliquer.

Winter la considéra d’un air interrogateur, alors que la brune reprenait son silence pendant quelques secondes. Silence qui fut finalement rapidement brisé par cette dernière :

- Je me libère de mes chaînes et on me les resserre, m'empêchant de survivre. M'éloigner de la réalité me soulage, en regardant les étoiles, je me perds. En revanche, repenser à la réalité, parfois si dure m'est douloureux. Comprends-tu ? Et toi pourquoi ne vas-tu pas bien ?

Les paroles de la Serdaigle plongèrent Winter dans un silence interrogateur. Des chaines qui lui entravaient sa liberté ? Et une réalité trop douloureuse ? Ellana s’exprimait avec une maturité étonnante et Winter se sentait triste pour elle qui semblait tant avoir souffert. A l’âge de 11 ans, il n’était jamais arrivé de grands malheurs à Winter mais elle savait que beaucoup n’avaient pas la même chance qu’elle. La Gryffonne avait envie d’en savoir plus sur la situation de sa camarade, mais elle n’osait pas demander des précisions, tant le sujet semblait grave. Alors qu’elle allait répondre à la Serdaigle, la préfète Ennis s’arrêta devant une porte, celle de la salle du professeur Briggs.

Le sang de Winter se glaça à nouveau alors qu’elle s’attendait à ce que la porte s’ouvre en grinçant. Mais elle n’en fit rien. Cela lui donna l’espoir fou que la préfète les laisse rentrer dans leurs dortoirs respectifs mais Ennis déclara :

- Il a dû partir, mais on continue de descendre. A cette heure, il y a des professeurs qui font des rondes de surveillances dans les couloirs. Ils nous trouveront très facilement.

Cela ne rassura pas Winter, qui se demandait maintenant si cela n’aurait pas été mieux que le professeur Briggs soit toujours dans sa salle. Le teint blême, elle hocha faiblement la tête, soupirant intérieurement. Elle allait donc devoir rester encore un temps indéterminé à errer dans les couloirs, dans la peur qu’un professeur plus sévère que les autres ne les surprenne. Cette pensée ne lui disait rien qui vaille et elle espérait paradoxalement vite connaitre l’issue de cette malheureuse soirée.

Winter attendit encore quelques secondes, désirant tout de même répondre à l’interrogation d'Ellana, mais ne voulant pas qu’Ennis l’entende étant donné qu'elle ne désirait pas aggraver leurs cas. Elle finit par chuchoter à voix basse, en restant à côté de la brune :

- Je crois te comprendre…

Elle attendit encore plusieurs secondes avant de reprendre :

- J’ai juste peur de la punition qui va arriver… Et ma famille me manque.

Ces derniers mots lui étaient échappés sans qu’elle ne s’y attende. Peut être que la tristesse provoquée par la crainte d’une retenue, ou pire d’un renvoi, avait ravivé le fait que ses parents lui manquaient en ce premier mois à Poudlard.


Je suis vraiment désolée pour le retard de réponse, j'ai été pas mal occupée ces derniers jours !

Elles l'avaient abandonnée. Lâchée. Rejetée. Blessée. Brisée.

Les Etoiles étaient parties, elles ne voulaient sans doute plus d'Ellana. Elles étaient parties, elles l'avait laissée en morceaux. Les morceaux de l'Espoir, éparpillés sur la terre. La Lumière était partie, l'Obscurité venait. Les points lumineux n'éclairaient plus rien, on ne les voyaient plus, masqué par d'épais nuages noirs, qui, eux, n'amenait que la terreur dans le cœur de la fillette.

Ellana prit une grande inspiration. L'air s'infiltra doucement dans ses poumons. L'air froid de la nuit.

- Je crois te comprendre…

Winter venait de parler. Elle croyait comprendre Ellana. Elle croyait mais ce n'était peut-être qu'une illusion. Pour la comprendre, il fallait le vivre. Il fallait voir la liberté pendant un très court instant et ensuite la voir retomber, attachée au sol par de lourdes chaînes. Winter n'avait sûrement jamais eu cette impression. Pourtant, Ellana choisit de faire confiance à cette petite fille. Elle choisit de lui faire confiance car elle en avait besoin, elle avait besoin de cet espoir, cet espoir d'une personne qui la comprenne. Winter continua, après quelques secondes de silence.

- J’ai juste peur de la punition qui va arriver… Et ma famille me manque.

Ellana n'avait pas peur de la punition, et pourtant, elle comprenait mieux qu'elle le pensait Winter. La jeune brune n'éprouvait pas de l'anxiété dans ce genre de situation, ou très peu. Elle n'avait pas vraiment peur de la conséquence de ses actes car elle avait fait le choix de venir voir les étoiles. Elle avait fait ce choix car il s'imposait, car elle en avait besoin. Malgré cela, la jeune fille comprenait l'autre fillette. Elle la comprenait car, après tout, Winter n'avait jamais voulu être dans la tour d'Astronomie après le couvre-feu, elle s'était juste endormie.

"Ma famille me manque". Cette phrase résonna dans la tête d'Ellana. Elle résonna, emplit d'un sens trop puissant. Un sens qui serra le cœur de la jeune brune. Sa famille. A elle aussi, elle lui manquait. Sa famille, son refuge, sa joie. C'était du passé. Elle était retournée à Poudlard, avait laissé sa famille dans ses souvenirs. Ellana allait sûrement bientôt les revoir, mais elle n'arrivait pas à penser que cela faisait déjà si longtemps qu'elle ne les avait pas observé.

- Moi aussi ma famille me manque...

Ellana avait murmuré. Un son quasiment inaudible. Il s'était échappé. Ellana n'avait plus rien à cacher. Elle ne voulait plus se terrer, alors, elle parlait. Ou plutôt, elle murmurait.

Dernière du petit groupe, Ennis avait suivit les deux plus jeunes dans les nombreuses marches que comptaient les escaliers de la tour d'astronomie. Quelques instants plus tard, elles foutaient à nouveau le sol pierreux des couloirs de Poudlard. Restait à trouver un professeur rapidement, et si possible à proximité. Et Ennis ne voyait pas meilleur moyen que de demander le secours des personnages peints sur les multiples tableaux du château. Elle avisa donc la Gryffondor et la Serdaigle et leur demanda de rester là puis, se tourna vers la peinture la plus proche, le capitaine de la rose.

- "Capitaine, pourriez vous parcourir les étages pour moi s'il vous plaît? J'aimerais trouver rapidement le professeur Briggs. Ou à défaut le professeur Dole ou le professeur Featherstone."

- "A vos ordres!" Dit le soldat d'Édouard III d'Angleterre avant de partir dans les ornements voisins.

- "Il ne devrait pas tarder, on patiente ici." Informa Ennis avant d'ajouter: "Préparez vos explications pour le professeur qui va venir." S'en suivi quelque minutes d'attentes avant d'entendre de nouveau la voix du capitaine d'infanterie:

- "Sir Featherstone arrive Miss!" Et effectivement le professeur de botanique arriva très rapidement. Il demanda à la préfète pourquoi elle avait demandé à le voir et celle-ci répondit très simplement qu'en quittant son cours d'astronomie, elle avait entendu du bruit tout en haut et avait trouvé les deux élèves sur le toit plat. Le professeur jaugea le petit trio puis redemandé à chacune des deux fillettes leurs noms avant de demander quelques explications. Quand elles eurent terminées, il leur retira à chacune quelques points et leur dit qu'il leur enverrai un hibou pour une retenue avant de toutes les renvoyer vers leurs salles communes.


Vu avec @Archibald Featherstone