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06 nov. 2021, 16:31
L'ordre établi
avec @Jacob Tramontane
Le jeudi 29 mars 2046,
En fin de journée,
A ce moment-

3ème année


Je quitte la bibliothèque avec les yeux lourds. Voilà plusieurs heures que je me tue au travail dans l'obscurité relative et le silence royal qui font de la bibliothèque ce qu'elle est, et je dois bien avouer que le travail, les recherches assidues aussi bien dans les livres que dans les rayonnages, et les pavés que j'ai rédigé ont fini par alourdir mes paupières. Les nuits grises que je passe - parce qu'elles ne sont pas tout à fait blanches - sont encore un poids supplémentaire qui pèse sur ces dernières.

Alors je gravis les marches une par une jusqu'au premier étage. Elles défilent sous mes yeux à une vitesse terriblement lente et je me demande combien de temps cela me prendra pour atteindre le premier étage, il n'est pourtant pas si loin ! Je pense au moment où mes yeux rencontrent une surface plane. Mon visage se déforme pour laisser apparaître un sourire.

Il disparaît vite quand je m'engage dans le couloir qui abrite les salles de cours de cet étage. Des mioches et des plus grands enfants se bousculent dans les embrasures des portes à droite et à gauche et jusqu'au bout du couloir qui s'étend devant moi. Une grimace sur la face, je me planque contre le mur comme une voleuse alors que je n'ai personne à éviter mis à part tout le monde. Non, ce soir, je n'ai pas envie que le brouhaha ambiant inonde mes oreilles trop fort ou trop longtemps alors je décide de me coller contre la pierre en espérant qu'elle absorbe avant mes oreilles le bruit ambiant qui se diffuse dans tout le corridor.

C'est l'heure qui veut ça et très vite l'endroit bondé se vide. Les sorciers qui s'entassaient se sont fait évacuer par les deux bouts du couloir en faisant revenir le calme. Il s'installe à nouveau entres les pierres sur le sol jusqu'au plafond. Bientôt, je peux entendre le vent siffler dehors.

Un autre genre de bruit atteint mes oreilles. Depuis la porte fraichement claquée juste à ma droite s'élève et se met à résonner une voix grave. Elle ferait presque vibrer la porte en s'échappant dans le couloir, alors que je m'en approche à pas feutrés. Je ne suis pas certaine de saisir tous les mots alors pour m'en assurer je plaque une oreille contre ladite porte, en me faisant toujours le plus silencieuse possible - un peu à la manière de mon chat. La voix de mon professeur de Défense contre les Forces du Mal, que je reconnais rapidement, tonne et alors je comprends. Non, je ne sais pas tout ce qu'il dit mais je comprends à qui il parle, de quoi il parle et comment il parle. C'est de ce truc auquel j'essaie de ne pas penser, ce truc qui rend mes nuits grises, ce truc qu'il faut que j'enfouisse dans ma mémoire parce que les questions que ça me pose remettent en question l'autorité à laquelle je me dévoue, c'est de ce truc qu'il parle.

Est-ce que mon professeur est en train d'accuser les Dominiés d'avoir mis leur nom dans l'urne ? Est-ce qu'il est en train de le dire qu'ils n'ont plus qu'à assumer les conséquences de cet acte ? Est-ce qu'il est vraiment en train de leur demander d'être responsables ?

Mes sourcils se froncent alors que mon visage tout entier se tord, mon cœur se battre à battre vite jusque dans mes oreilles, et ma vision se brouille. Les sentiments que je ressens sont trop nombreux et ils me heurtent tous à la fois - bordel, je pensais avoir mis cela derrière moi. Je pensais que ce tournoi ne m'avait pas affecté et que j'avais cessé d'être une gamine pathétique toute pleine de sentiment depuis l'attaque de ses pseudo-mangemorts pendant cette fichue fête de la mort. Plus vite que je ne l'aurais fait il y a deux ans, voire un, je me calme. Ma respiration est normale et mes pensées s'organisent. Cette fois, c'est différent, cette fois, mes émotions me disent quelque chose.

Comment est-ce que l'ordre établi a-t-il pu laisser des élèves de l'école partir pour un tournoi mortel et comment peut-il aujourd'hui le leur reprocher ?

Tout juste le temps d'organiser mes pensées que ça bouge à l'intérieur de la salle à laquelle mon oreille est accolée. Le souffle court, un battement manqué, un pas chassé sur le côté. Je m'adosse au mur le plus naturellement possible - absolument pas naturellement - et j'attends. Une poignée de secondes suffisent et pour confirmer le mouvement là-dedans et pour confirmer ce qu'il se passait à l'intérieur. C'est Jacob Tramontane qui sort de la salle avec une expression que je ne peux pas déchiffrer.

« Jacob ! »

Je l'alpague alors qu'il part déjà en direction des escaliers, en oubliant même cette morale qui veut que j'utilise les noms de famille.


Reducio
J'imagine qu'Adaline a entendu cette partie du discours de Mr Dole :
VOUS étiez volontaires pour participer à ce tournoi ! VOUS avez déposé votre nom dans cette foutue urne ! Et maintenant, VOUS osez vous en prendre à moi avec votre arrogance et votre mépris. La voix forte et puissante du professeur de défense contre les forces du Mal résonnait contre les murs de la salle. Vous êtes les principaux responsables de votre sort, ne l’oubliez pas.

Animagus renard polaire
6ème année

10 nov. 2021, 15:27
L'ordre établi
Reducio
Attention, Jacob ne mâche pas ses pensées à l'égard des adultes de Poudlard, on est au retour du Dominion + à la sortie des dires et actions de Mister Dole vis-à-vis des Dominiés (voir le RP-contexte mentionné par Adaline et en particulier la troisième intervention de Mister Dole pour comprendre), sa confiance en l'autorité ("l'ordre établi") est complètement cassée. C'est donc un point de vue individuel et subjectif d'un personnage sur la situation, etc., etc. au cas où cela soit encore plus clair en le précisant.


Y a-t-il des jours pour être heureux et des jours pour être malheureux ?

Celui-là en était un pour être malheureux. De ce malheur de se sentir incompris. Ou d'un malheur encore plus grand que celui-là : celui de se sentir trahi. D'avoir fondé son espoir dans ce qui était un trou noir. D'avoir étoilé son regard d'une attente avant la descente. Descente rédhibitoire. Espoir illusoire.

Ohoh. Enfin, un adulte écoutait. Enfin, un adulte agissait. Ahah.

On est naïf quand on a 15 ans, qu'on est brisé et qu'on se sent terriblement isolé parmi ces regards tranchants. On est crédule quand on a 15 ans, qu'on a une histoire qui n'a rien en commun avec celle des autres adolescents, ou séparée d'un fossé si grand, si grand. On est candide à 15 ans, quand on souffre énormément, et que parmi les nuits de cauchemars criants, lancinants, on nous tend une main. On a tellement envie d'y croire, hein. Tellement envie, envie à s'en redéchirer les mains cicatrisées. Envie. Envie à s'y précipiter, à illuminer son regard et ses pensées. L'idée d'être accompagné, à la beauté si fugitive, si vite é-cla-tée. Et puis la redescente dans le roncesque noir. Répétition de l'histoire.

Même si on sait que les profs ont donné leur assentiment au Dominion, se sont contentés de regarder, se donnant le petit air affligé propre à faire déculpabiliser une conscience facile, trop facile devant l'écran de fumée. Même s'ils n'ont rien fait pour l'empêcher n'assumant ni responsabilité ni l'idée de protéger. Qu'est-ce qu'on a envie de croire qu'ils feront un pas quand ce sera terminé, on en a envie fort, on en a envie encore. C'est une envie irrépressible, une envie indestructible. Et à chaque déception, elle revient par rebonds, boomerang revenu des bas-fonds de la nouvelle déception.

Et à chaque déception, on se pare d'un collier de "non" : "non, ils n'assureront pas la protection". Non, non, non, non. Et plus que la répétition de la déception, on s'y enfonce toujours plus profond. Leur bonne conscience facile à satisfaire ne suffisait pas, non contents de n'avoir rien fait, ils ont besoin de trouver des responsables à leur irresponsabilité [1]. Et qui d'autre accuser d'immaturité que les plus jeunes ? Et qui d'autre accuser de culpabilité que les plus vulnérables ? Jeunes et vulnérablo-cassés, les Dominiés. Cibles faciles à démonter, faciles à isoler. Marionnettes parfaites, le coup est monté. Le coup est frappé. Et célébration, la responsabilité est partie au galop vers d'autres horizons. Tout est donc merveilleux, bon, bon, bon !

Les épaules de Jacob d'habitude bien droites lui en tombent d'horreur. Et si on écrasait quelqu'un devant eux, que feraient-ils ? Devant des cris et des insultes vis-à-vis d'un groupe [*], assis, ils ne faisaient rien. Devant des insultes hurlées vis-à-vis d'une personne [*], ils observaient assis bien tranquillement. Devant quatre élèves qui avaient risqué la vie, ils agissaient enfin. Pour les accuser de leur sort. Effectivement, leur inactivité était préférable à leur activité, pensa Jacob, mordant. Et ce fut bien la seule pensée mordante qui lui vint dans cet abattement.

Vertigineuse, vertigineuse, cette descente dans les tréfonds qui n'a aucune perspective. Rien ne changerait l'inconséquence des "adultes". Il les tenait auparavant capables de ne rien faire en voyant quelqu'un se faire écraser. Il les tenait maintenant capables d'accuser la victime de s'être faite elle-même écrasée. Il haussait d'ordinaire un sourcil quand il tiquait. Mais il avait dépassé ce stade du morceau de parole ou d'attitude qui le faisait bloquer. C'était un abattement plus profond qui laissait un visage fantomatique pâle et sans trace d'expression.

Vide, creux, de cet espoir qu'il en avait assez de voir revenir pour toujours le voir lui être redérobé. Assez. Assez. Mais il n'avait même plus la force d'être en colère - vidé. Il ne ressentait plus rien. Et ne perçut donc qu'avec un retard de secondes inhabituel le nom qui était le sien : "Jacob".

Il y eut une courte tentative de recomposer son visage avant de se tourner vers la direction de son nom. Peut-être son regard prit-il un ou deux tons. Mais il ne savait plus comment faire autrement pour remettre son sourire à l'endroit. Ses repères étaient renversés. C'était trop frais pour remplir un regard normal. Rien de ce vide en lui ne se rattachait à ce mot - - - normal - - - qui n'arrivait pas à effleurer ses pensées, qui ne parlait plus à sa réalité.

Tourné, après un flottement silencieux de réaction surdimensionné par rapport à la seconde normale, la seconde millimétrée, sans toujours aucun battement de paupières, il plongea son regard dans celui de l'autre : « Adaline ? ».


Reducio
[1] il pense bien l'idée de bouc-émissaire là, mais je ne pense pas que Jacob ait ce terme à disposition.

Jacob, Jafini, MMG, Allez les Griffes ! (5ème année RP)

(présence fantôme)

11 nov. 2021, 12:56
L'ordre établi
Le visage de celui que j’ai interpellé se tourne vers moi. S’il y a bien une chose que je sais reconnaître, ce sont les faux sourires. J’ai déjà vu un tas de faux sourires qui cachaient des choses, des émotions, des sentiments, des pensées divers et variés alors je sais très bien que c’est ce genre de sourire qui est collé sur ce visage. Par contre, je ne pourrais pas dire pourquoi est-ce qu’il est faux, encore moins ce qu’il cache et pas non plus ce qu’il signifie. Je sais juste qu’il est faux.

Affublé de ce faux sourire, le visage de Jacob prend un tout autre sens. Il faut dire qu’il a changé depuis qu’il est revenu. Je ne sais pas s’il a changé parce que je ne faisais pas tant attention à ses traits avant qu’il parte, ou si c’est parce que j’ai douté qu’il revienne un jour. Mais ce changement que je détecte – que tout le château peut détecter – n’est absolument pas une fabulation de mon propre esprit, c’est la stricte vérité. Les traits de Jacob sont considérablement fatigués, ses cernes affreusement tirées et ses sourires effrayants et foutrement faux. Après tout, ce n’est pas sa faute si les changements de son visage sont considérables, affreux et effrayants.

De qui est-ce la faute ?

Si je n’osais pas y penser en partageant mes repas avec l’urne noire et menaçante, en assistant à la funeste cérémonie de sélection champions, en regardant les images de fumée, en voyant revenir les champions et plus encore, je crois que les mots de tonnerre que j’ai entendu me forcent à y penser. Pourquoi est-ce que je me suis trouvée là, au moment que le professeur a choisi pour tonner contre les Dominiés ? C’est la question qui me vient, alors que je sais pertinemment que ce n’est pas la bonne. Je ne peux pas me résoudre à poser la bonne – pourquoi est-ce qu’il tonne contre les Dominiés ?

Je n’ai pas envie de remettre la faute sur le corps professoral et pourtant. Je n’ai pas envie de chambouler la confiance presque aveugle que je place dans l’autorité et pourtant. Je n’ai pas envie de me demander si l’ordre est établi correctement et pourtant.

Et Jacob est là, tourné vers moi. Il faut que je fasse quelque chose. Je ne peux pas rester muette et immobile alors que c’est moi qui ai déclenché la rencontre. Mes joues se mettent à chauffer alors que me cœur accélère.

« Je… Tu… »

Je bafouille.

C’est compliqué de mettre des mots sur les sentiments qui m’enserrent petit à petit, avant qu’ils ne me tordent le cou. C’est compliqué de parler de l’autorité avec l’une de ses principales victimes, que je ne suis pas. C’est compliqué aussi d’avouer que j’ai écouté aux portes, même si le discours injuste du professeur de Défense contre les Forces du Mal a résonné bien au-delà de la porte.

Je secoue la tête et prends une grande inspiration en même temps que j’adopte un air grave.

« Est-ce que Mr. Dole était en train de vous reprocher d’avoir mis votre nom dans l’urne ? »

Voilà c’est dit. On peut dire que je manque de tact, mais je crois que c’est moins douloureux de dire les mots qui vont avec les événements plutôt que de les éviter, en forçant les victimes à les penser. Et si Jacob n’est pas de cet avis, il me le fera savoir.

Je ne sais pas ce qui reste de son lui d’avant, mais je sais que le Gryffon a une personnalité puissante, rayonnante, voire imposante. Il est une pièce maîtresse de la maison rouge et un élément très important de la salle commune. Même si j’ai déjà froncé les sourcils sur son enthousiasme, sur ses bavardages, sur ses cris enjoués, j’ai toujours aimé la façon dont il s’engage, dont il défend ses idées, dont il s’exprime. On ne se connait pas bien, lui et moi, et il fallu qu’il vive l’enfer et en revienne contre toute attente pour que je me sente proche de lui. Et, maintenant, tout de suite, plantée devant lui, j’attends qu’il me donne plus qu’une réponse : des pistes de réflexion.

Animagus renard polaire
6ème année

13 nov. 2021, 16:50
L'ordre établi
Je crois que je ne capte pas d'où Adaline tient l'info qu'elle vient de me dire. Je l'entends juste résonner spectralement comme un écho de confirmation. Comme ces moments où, venant de se prendre un cognard dans la tête, les sons circulent tout autour sans faire sens, s'entremêlant en filets flous. Ma tête est comme ces coquillages résonnant d'échos qui tout à la fois transmettent les sens et les sons et les brouillent en même temps.

Ce que tu dis, ce que tu dis... a bien eu lieu. Comme un motif dans la grotte de mes souvenirs, un motif ancré brûlant qui ne pourra pas mourir, comme un nouveau tatouage où l’on avait trouvé comment écrire : « COUPABLE ». Et après les noeuds dans ma gorge d’un certain collier, c’était là les idées dans ma tête qui étaient emmêlées, choquées par ces paroles qui résonnaient. Je sentais le contre-coup de la collision de ces accusations frapper contre ma tête. Je voulais les rejeter, et ne pouvais empêcher de les voir s'y ancrer, comme tatouages de traumatisé.

Coupables, coupables : un mot fort qui danse avec le feu et joue avec les faiblesses. C’était un excellent mot à graver, un excellent mal pour nous isoler - solide comme un roc, parole de pierre prête à dilapider les repères, repoussant au lance-pierres toute responsabilité.



Je déteste l'absence de clarté, je déteste les contradictions. Pourquoi faut-il que je respire en permanence dans un monde d'opposés ? Le monde des adultes est fissuré de contradictions, ils ne sont jamais ce qu'ils veulent montrer, ils ne sont jamais là où sont leurs responsabilités.

Haha, il suffirait de ne jamais s'y fier, hahaha. J'ai pourtant un vrai problème avec la rationalité. Tout me dit raisonnablement et rationnellement qu'il faut se méfier des adultes, qu'ils ne sont pas là ou quand ils le sont, c'est pour enfoncer. Que ces paroles prononcées sont celles que l'on prononce pour enfoncer un ennemi sous terre, pour lui faire porter le poids de ses fautes. Que ce sont les paroles d'un procureur, pas d'un professeur.

Mais - sacrée boule de sentiments interminée qui met à bas toute logique, toute rationalité. Bougre d'identité d'adolescent. Je n'ai pourtant jamais demandé à être un adolescent ; je n'ai jamais demandé à être porté à faire confiance aux adultes. On sait ce qu'ils m'ont fait, je les connais, les adultes s'ils sont comme mes parents en fait. Mais. Mais voilà - pourquoi faut-il que je n'attaque jamais mes parents en public, que j'ai toujours pour eux de l'attachement même si au fond de moi je déteste tout de leur comportement et de la moindre parcelle de leurs petites pensées ? Pourquoi faut-il que j'accepte de voir ce professeur, de croire qu'il est prêt à écouter, de lui ouvrir des difficultés qu'il ne sait que repousser ? Pourquoi je n'arrive pas à arrêter d'un coup de ma volonté de faire confiance aux adultes, pourquoi je n'arrive pas à agir comme tout le monde avec rationalité ? Pourquoi un *j'ai décidé de ne pas faire confiance parce que c'est logique, et na* ne me suffit pas ?



Rah et ce demi-sourire qui n’arrive pas à se relever est celui d’un pantin. Ce que je peux détester ce que je renvoie à cet instant, hein. Oui. Oui, c'est bien dur. La réalité est crue, elle est dure et dénudée. Oui. Dans sa toute grande pureté, elle perce d’intensité et fonce droit comme une flèche. Oui. Telle est la vérité. Oui. Oui. Cette phrase que tu as dite - OUI, LUI, IL L’A PRONONCÉE. Et il l'a prononcée de son plein gré, de son plein gré pour nous casser. Oui, il a emprunté sans hésiter la voie de facilité pour se décharger et nous enfoncer, et oui, moi aussi je déteste cette idée, et oui, cette voie on le lui a ouvert et on a accepté qu'il vienne nous enfoncer. Oui, si on n'était pas restés, il n'aurait pas fait cela. Et oui, je ne le savais pas que c'était un choix, et je ne suis pas prêt de rester une nouvelle fois après un cours, crois-moi. Mais oui, je déteste ce qu'il a dit, mais je déteste tout autant l'idée de lui avoir fait confiance, d'avoir baissé la garde encore une fois, je lui ai permis de me blesser, en m'ouvrant à lui. Ce n'était pas rationnel d'accepter de rester là. Mais si je ne sais pas pourquoi j'ai accepté, et que je sais que c'était tout sauf rationnel comme choix, en acceptant, je me suis exposé, j'aurais dû m'en douter. Raaa. Je lui en veux et je m'en veux, aussi, je m'en veux au moins autant que je lui en veux tu vois.



Chacun des mots s'écartait du suivant dans mes pensées : *Est-ce que Mr. Dole était en train de vous reprocher d’avoir mis votre nom dans l’urne ?* dans ce regard sans rien d’embrumé, ce regard brun vidé en train de se recolorer, quelque chose annonçait le point d'interrogation qui venait : « Ca t’étonnerait ? »

Jacob, Jafini, MMG, Allez les Griffes ! (5ème année RP)

(présence fantôme)

14 nov. 2021, 18:12
L'ordre établi
Est-ce que ça m’étonnerait ?

Je voudrais répondre que oui, cela m’étonnerait. Je voudrais le répondre aussi vite et aussi instinctivement qu’on puisse le faire. Je voudrais vraiment que ce soit ce que je pense, que ce soit la première chose qui vienne à mon esprit en entendant la question, qu’il ne me semble même pas y avoir une autre réponse dans mon champ des possibles. J’aimerais penser et répéter que oui, je serais étonnée si mon professeur – celui de tout les élèves du château – avait reproché aux Dominiés d’avoir mis leur nom dans l’urne alors que lui n’a rien fait avant, pendant et après.

Mais ma foutue rationalité m’en empêche. Je l’ai entendu ! Je l’ai entendu accuser avec sa grosse voix les quatre élèves qui ont été sélectionnés par l’urne noire. Je l’ai entendu le dire alors non, ça ne m’étonnerait pas. Plus maintenant.

Et avant ? Est-ce que cela m’aurait étonné avant ? Oui ! Oui ! Je voudrais pouvoir penser que oui, parce que le dire c’est trop facile, je voudrais que ce soit une pensée simple et claire dans mon esprit mais ça ne l’est pas. Non ça ne l’est pas, et cela fait un moment que je sais que ce n’est pas limpide dans mon esprit mais que je refuse de me l’avouer, que je refuse de traiter l’information, que je dresse un rideau aussi opaque que possible entre moi et cette pensée pour l’oublier. Je ne suis pas étonnée et je ne le suis plus totalement depuis que les adultes de Poudlard ont permis à l’urne noire de rester flotter dans la Grande Salle.

Croiser l’urne noire pendant aussi longtemps, depuis septembre jusqu’à ce qu’elle disparaisse avec les quatre Dominiés en mars – il y a si peu de temps, laisse forcément une trace. Chez moi, c’est un peu de la confiance que je donnais aux adultes qui s’est effritée. Il faut dire que je leur donne tout, que je place toute ma confiance dans les règles et leur bien-fondé et par extension dans les décideurs et exécuteurs. Mais, je me l’avoue seulement, tout ça n’a plus les fondations aussi solides que ça a toujours eu. C’est bancal, et la preuve en est, j’ai besoin de cacher certaines de mes pensées à moi-même pour continuer à marcher sur le pont de la confiance en l’autorité.

Alors, ça ne m’étonnerait pas.

J’aimerais, que ça puisse m’étonner.

Argh ! Je secoue la tête, je ne veux même pas lui répondre. Ce n’est pas tant parce que son sourire articulé me fait peur que parce que je ne veux pas dire ma faiblesse aussi haut. Est-ce vraiment ma faiblesse ? Non, je ne crois pas que ce soit la mienne – et c’est loin d’être celle de Jacob ou des autres Dominiés. Non, ce n’est pas la faute de ceux qui y ont mis leur nom si cette urne est restée si longtemps dans la Grande Salle, ce n’est leur faute non plus si elle a fini par choisir quatre nom pour les avaler trois mois plus tard – trois mois ! – et si le spectacle a été retranscrit en direct.

J’inspire un grand coup, pour expirer bruyamment.

« C’est pas votre faute ! »

Je fulmine, les sourcils froncés et les poings serrés.

C’est tellement évident maintenant. C’est tellement évident depuis toujours. Et alors, mon professeur de Défense contre les Forces du Mal est-il trop bête pour voir à quel point c’est évident ? Je ne sais pas si c’est de la bêtise ou si tout est justement calculé. Est-ce que c’est naïf de ma part d’imaginer qu’il y a des chances pour que mon professeur ne s’en rende simplement pas compte ?

« Comment Mr. Dole peut ne pas s’en rendre compte ? »

Animagus renard polaire
6ème année

24 déc. 2021, 15:36
L'ordre établi
TW. Dominion (donc : traumatisme, assassinat, suicide, violence verbale, violence en général).

Un tatouage.
Les déportés portaient un tatouage. Une série de chiffres.
Est-ce qu'ils l'avaient choisi ? Non.
Est-ce qu'il était déshumanisant ? Oui.
Comme si on avait été un numéro de matricule dans ce tout. Tu vois, ce que je me suis senti, là-bas, c'est un numéro de leur spectacle. Un spectacle clownesque qu'aurait pu assurer n'importe quel enfant.

Un tatouage.
Les chats portent un tatouage. Dans l'oreille. Pour marquer à jamais leur asservissement. Moi je l'ai porté sur le cou, bien visible, pas comme celui du chat. Un peu comme le collier d'un chien dangereux, épais, à piques. Mais un collier tatoué impossible à enlever. J'ai beau secouer la tête il est bien là. Je ne suis pas un clown, non, je suis une bête de foire.

Oui, c'est ce sentiment-là que j'ai eu, à nouveau, face à Mister Dole. A ses yeux, je ne sais que "pleurnicher" et "cracher" ; dans ses paroles, je ne suis pas un être humain, je ne suis rien que quelque chose à redresser. Que quelque chose qui ne sait plus penser ni parler. Je les entends encore résonner ces "pleurnicher" et ces "cracher" à envoyer à n'importe quelle chose un peu animée.


Mais c'est bien plus vicieux que de n'être qu'un rien du tout crachant-pleurnichant. Bien plus vicieux.


Contrairement au déporté ou au chat, J'ai tendu le cou, ou le papier dans l'urne pour ce tatouage qui nous a asphyxié. JE l'ai fait. MOI. JE. l'ai. fait. Ce n'est pas la faute du déporté, ce n'est pas la faute du chat, mais c'est de ma faute. Parce que si ce n'est pas de ma faute, alors je ne suis plus maître de mon choix. Alors il faut que je n'ai pas compris la portée de mon choix. J'ai choisi que les atrocités se portent sur moi et pas sur mes camarades. C'est ma faute.

"Vous êtes, vous êtes, vous êtes...". J'entends encore la répétition résonner. Vous êtes COUPABLES.


Oui, mais.


Mais. Nous n'avions aucune idée des atrocités en question au moment de mettre notre nom dans l'urne. Nous ne sommes pas responsables des arrachements de peau et des déchirures de coeur. Nous ne sommes pas ceux qui ont statufié, tué et laminé.

Alors même si les mots me brûlent, de dire encore une fois : *je l'ai choisi*, pour dire ma liberté, pour réaffirmer que je ne suis pas bidule chosifié, je n'admettrai jamais devant lui ces mots : *c'est ma faute* pour tout le caractère accusateur qu'ils portent. Le caractère absolument, résolument, complètement culpabilisant qu'ils portent, à nous reporter assassinats, statufications et arrachements de peau.


C'est bien de mon fait, au sens où je suis responsable de mon choix. Je diffère un peu de toi, Adaline.
Mais je ne laisserai personne dire que c'est ma faute pour décharger sur moi la culpabilité dans les horreurs du Dominion. Pas même un professeur. Surtout pas un professeur. Qu'il utilise sa position de supériorité et de légitimité pour nous imposer une culpabilité sur atrocités n'y change rien. — J'ai HONTE.

Mais j'ai honte pour lui. Honte à l'en estimer indigne de continuer de parler face à lui. Honte à l'en considérer indigne d'écouter son propos. Honte à sortir de la salle. A cet instant, la colère contre le professeur l'emporte sur ma colère contre moi-même, le sentiment de révolte sur le sentiment de culpabilité.


Comme j'ai choisi de mettre mon nom dans l'urne, j'ai choisi de ne laisser aucune chance à celui-là qui me prend pour le coupable de ce qui est arrivé là-bas. S'il voulait vraiment parler, il n'aurait pas joué à m'enfoncer. Parce que moi, je diffère encore de toi, j'espère qu'il s'est rendu compte de ce qu'il disait. Qu'il n'a pas enfoncé nos traumatismes juste par distraction. Qu'il ne viendra pas nous raconter des salades comme 'j'étais en colère, donc ça permet de tout dire, genre qu'en vrai, le fait d'avoir failli se faire assassiner dans le Dominion, ben c'était voulu de votre part. et dans la colère, ben assassinat et suicide ça revient au même. Haha.'

J'arque les sourcils et constate : « Tu penses qu'il l'a dit juste par distraction, ou que ce genre de... que ça lui "échappe", sans qu'il fasse attention ? »

Après avoir laissé couler cet instant, mon regard remonte, se plante dans celui d'Adaline et je détache mes mots avec la profondeur d'un regard, de cette mécanique d'apparence un peu distante de l'amertume indigérée : « On t'a déjà donné le sentiment de valoir moins que rien ? »

Jacob, Jafini, MMG, Allez les Griffes ! (5ème année RP)

(présence fantôme)