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23 févr. 2022, 23:48
 PV  Vivons heureux, correspondons cachés
19/02/2045

Cela faisait 9 jours que Solenn avait envoyé sa lettre. Et durant ces 9 jours, beaucoup de choses s'étaient passées. Solenn réussissait à libérer son cerveau de ces pensées, mais il était si facile d'entendre les autres, les rumeurs lancés à mi-voix dans le château. C'en devenait oppressant, toutes ces tensions, et pas seulement à cause de la mort du Moldu. Les tensions continuaient de s'accumuler, et Solenn était ravie d'avoir la Bibliothèque et tout son travail pour avoir une excuse pour ne pas y penser. En réalité, il lui était le plus souvent assez simple pour s'intéresser à autre chose, et empêcher son cerveau de se perdre sur ce chemin. Elle avait beaucoup de travail, et était souvent si fatiguée le soir qu'elle ne parvenait pas à formuler de pensées susceptibles de la faire veiller.

Une pensée, une inquiétude, pourtant, ne la quittait pas. Elle restait accrochée, la relançant quelquefois au détour d'un couloir, lorsqu'elle descendait dans la Salle Commune : Edwin ne répondait pas. Silence radio. Lorsqu'elle s'en rappelait, son cœur se mettait à battre un peu plus vite, un peu plus fort. Elle était tellement inquiète pour lui. Elle voulait seulement recevoir une lettre de sa part.

Aujourd'hui, elle était dans la Grande Salle, en train de prendre son petit-déjeuner. C'était une journée plutôt calme qui s'annonçait. Elle n'était pas en retard dans ses devoirs, et même légèrement en avance. Elle prévoyait de se promener un peu dans le Lac, ou peut-être lire devant la cheminée dans la Salle Commune ? La rousse n'avait pas encore décidé, mais ce n'était pas vraiment important. C'était une bonne journée qui s'annonçait, c'était le plus important.
Les bruissements d'ailes habituels se firent entendre, et Solenn leva la tête, essayant d'apercevoir un hibou particulier.

*là !*

Il volait vers elle, à toute vitesse. Solenn poussa son assiette sur le côté à temps, car l'oiseau se posa juste devant elle. Une lettre, avec son nom dessus, l'attendait. Elle l'arracha presque à la patte de l'oiseau, l'impatience faisant battre son cœur. La Serpentard ne prit même pas le temps de remercier l'animal, et se pencha sur sa lecture.

En fait, c'est horrible à la maison.


Un poids sur la poitrine. Le cœur sembla s'alourdir lui aussi, et une douleur le piqua, s'intensifiant au fur et à mesure de sa lecture.

Ma mère est affreuse avec moi


Les mots dansaient devant ses yeux, tandis que des larmes se formaient, devenant si grosses et rondes qu'on aurait dit qu'elles remplissaient ses yeux.
Flou, trop flou, Solenn ne voyait plus rien. Sa respiration devenait de plus en plus saccadée. Elle allait manquer d'air. Mais cette douleur l'empêchait de réfléchir. Elle lâcha de sa main droite la lettre pour s'essuyer les yeux à l'aide de sa manche, sans grand succès, les larmes revenaient toujours. En reprenant la lettre, elle s'aperçut qu'elle tremblait. Il lui fallu raffermir sa prise, enfonçant ses doigts sur le papier pour pouvoir finir sa lecture.

Juste parfois elle me frappe et elle me hurle si fort dessus

Le mien m'est déjà tombé trop de fois sur la tête

C'est ok si tu réponds pas.


Oh Edwin, son doux Edwin ! Il était là-bas, sans défense, et elle avait tellement peur pour lui, bien plus que ce qu'elle avait pu ressentir auparavant. Quelle idiote elle avait été, de ne pas le comprendre, de ne pas le deviner ! Comment pouvait-il être en sécurité à Londres !
Il fallait faire quelque chose !

Mais là, les larmes l'empêchaient de se poser pour réfléchir. Elle faisait tellement de bruits à pleurer comme ça, les autres devaient se demander quelle horrible nouvelle elle venait de recevoir. Edwin était en danger, il fallait qu'elle fasse quelque chose. Mais quoi ? Aller voir un professeur ? Et puis quoi ? Il allait transplaner à Londres pour le chercher ?
Elle suffoquait à force de pleurer, et Violet n'était pas là pour l'aider à retrouver son souffle. Elle se leva difficilement, et sans craindre de tomber à cause de ces larmes lui brouillant la vue, elle disparut à grands pas, presque en courant, de la Grande Salle. Il lui fallait un lieu calme, juste un lieu calme. Elle n'en pouvait plus, elle s'en voulait tellement. Quelle mauvaise amie elle avait été pour Edwin, quelle mauvaise personne elle était. Une nouvelle douleur venait l'embêter, mais celle-là était bien plus dure, elle lui donnait envie de s'arracher la poitrine, de trouver le poignard qui s'était planté.

Pourquoi n'était-ce pas elle, à la place d'Edwin ? Pourquoi devait-il endurer tout cela ? Il était trop jeune, bien trop jeune. Elle ne méritait pas d'être ici, en sécurité à Poudlard. Oh, qu'est-ce qu'elle aurait donné pour être capable d'aller le chercher.

21/02/2045

Elle n'avait pas été capable de reprendre la lettre tout de suite. Le papier était resté là, dans son sa poche. Elle le sentait quand sa main venait chercher quelque chose, et son cœur se serrait un peu plus. Un frisson la parcourait, tandis que sa peau touchait le papier.
Puis, enfin, elle avait trouvé la force. La force de relire la lettre. La force de prendre du papier, une plume. La force de s'asseoir à une table. Elle avait pris une longue respiration nerveuse, et s'était mis à écrire. C'était hésitant, elle ne parvenait pas à dire tout ce qu'elle avait sur le cœur, mais au moins, elle écrivait. C'était ce qui comptait, non ?
Edwin,

Je te veux près de moi. J'ai tellement peur pour toi, je veux te savoir en sécurité à Poudlard. Crois-moi, si je pouvais faire quelque chose, je le ferais sans hésiter.

Ce n'est pas grave, de ne pas vouloir être un sorcier. C'est pas grave. Je t'aime, tes amis ici t'aiment, c'est tout ce qui importe. Tu es une bonne personne, je le sais parce que je te connais.

Je veux qu'on ait le même ciel. Si le tien doit te tomber sur la tête encore une fois, je veux que le mien tombe aussi. D'accord ? Je suis ton amie, je ne te laisserais pas tomber.

Réponds-moi dès que tu peux.
Solenn


Elle essuya vaguement de sa main gauche ses larmes, mais l'une d'entre elles tomba sur le papier, non loin de son prénom.
Elle regarda le papier encore une fois. Elle n'aimait pas ce qu'elle avait écrit. Mais comme toujours, elle ne savait pas comment exprimer tout ce qu'elle ressentait avec des mots. C'était trop fort.

Alors, dans un dernier reniflement, elle plia la lettre, et se leva pour aller trouver un hibou. Ses mains tremblaient légèrement, et elle se força à marcher le plus normalement possible, espérant que personne ne remarque ses yeux rouges.

Isaac, parcourant les montagnes, avec un pagne dans son sac
septième année rp • filière tronc commun • #9A4002