Élicia n'était plus du tout sereine ni sûre d'elle. Et surtout, elle avait affreusement chaud, notamment au visage. Elle savait que ses joues étaient devenues roses pivoines.
Et c'est seulement parce qu'Edmund avait évoqué le nom de Brett qu'elle réagissait comme ça, elle le savait.
Les deux garçons avaient beau être de la même maison, ça n'expliquait pas pourquoi le jeune homme lui demandait où était leur camarade, à elle et non à un autre. En plus, elle savait qu'ils étaient même pas proche, donc qu'est-ce qu'Edmund voulait à l'écossais ?

Ses pensées tourbillonnaient dans sa tête comme dans une violente tempête, chacune cherchant pour quelle raison Edmund était là et pourquoi il mentionnait son meilleur ami. Il y avait forcément une raison, et la rousse était incapable de croire que cette raison soit aussi simple que chercher Brett pour une question de maison ou de devoir.
Ou peut-être qu'elle se faisait trop de films.

Un bruit attira son attention. Le miaulement d'un chat. Et bien qu'il y en ai beaucoup à Poudlard, son petit doigt lui disait qu'elle le connaissait, que ce chat n'était autre que Moka, qu'elle connaissait très bien pour être l'animal de compagnie de Lumah. Lumah qui elle, n'était toujours pas réapparu. Élicia savait que sa meilleure amie mettait toujours un certain temps aux toilettes, mais là ça commençait à être vachement long. Et presque inquiétant.
Cette petite diversion inattendu l'écarta du sa conversation avec Edmund, permettant à son corps et ses pensées de se remettre calmement de la question qu'il venait de lui poser, et qui était maintenant passée en second plan, juste derrière la présence de ce chat à proximité.

Moka ? C'est toi ? Mokaaa

Bon, c'était peut-être ridicule comme ça, mais l'animal la connaissait bien, et était certainement capable de reconnaître sa voix et savoir qu'on l'appelait, non ?

Et puis c'est là qu'elle le vit.
À l'autre bout du couloir, Brett s'avançait vers eux.

Son cœur rata un premier battement. Ses joues reprirent leur délicieuse couleur rouge, et son regard ne pû se détacher de ces beaux yeux verts qu'elle imaginait encore quelques minutes auparavant.
Mais le point le plus marquant de sa transformation, c'était le sourire qui illumina son visage dès qu'elle le vit.
Elle en avait presque oublié Edmund.

Salut Caldin.

Son ami lui rendit son sourire, avant de se tourner vers l'autre Serpentard.

Edmund.

Son cœur rata un nouveau battement, mais cette fois, elle contrôla du mieux qu'elle pû sa réaction. Elle souriait toujours, mais son regard s'était enfin détaché de Brett quand il avait salué Edmund.
La jeune fille reprit ses esprits.

Tiens tu tombes bien Brett, Edmund te cherchait justement.

C'était sa manière de faire en sorte que les deux oublient la réaction qu'elle avait eu en voyant le blond arriver. Bien qu'elle savait que ce n'était qu'une diversion, et que si Brett voulait la charier sur la couleur de ses joues, il le ferait avec grand plaisir. C'était d'ailleurs sûrement la présence d'Edmund qui le retenait...

Je peux vous laisser si vous voulez...

Pitié, Merlin, faîtes qu'ils aient à parler d'un truc secret intermaison pour que je m'en aille chercher Lumah et surtout, sortir de cette situation méga gênante !

Ouf, elle ne semble pas avoir relevé le rire de Lumah. Elle a préféré entrer dans mon jeu de regards à la place. L'opération n'a pas été gâchée, pfioouf ! Décidément, elle marche tout le temps, la carte du regard profond. Merci, Papy, de m'avoir donné de tels yeux.

Tête toujours penchée, je ne peux empêcher un sourire de peindre mon visage lorsque je vois sa réaction à la mention de Brett. Bah aloors ? On est amoureeuse ?

Si j'avais encore quelques doutes au début de ma conversation avec la rouquine, maintenant, je n'en ai plus aucun : oui, c'est bel et bien pour que les deux tourtereaux se mettent ensemble et non pas pour éloigner Brett que Lumah m'a demandé ça. Ses joues rouges, son regard fuyant, ses balbutiements... Tout porte à croire à de la timidité entre ces deux-là. Il faut leur donner un petit coup de pouce parce que ça ne va pas avancer s'ils la jouent comme ça.

Je fais dévier mon sourire en un sourire qui se veut charmeur lorsqu'elle nie le fait qu'ils ne passent pas tant de temps ensemble. Mais oui, mais oui. Bien sûr, je te crois.

— Ah ? Donc... Se pourrait-il que tu sois libre ?

Je te crois tellement que je te pose une question aussi osée que celle-ci, vois-tu !

Or, elle n'a pas le temps de faire face à ma question : voilà que... Le chat de Lumah débarque. Le chat de Lumah, quoi. Sur tous les chats présents de cette école, il fallait que ce soit celui de Lumah ! Une blague !

Fort heureusement, la personne qui accompagne ce chat n'est autre que la personne qu'on attendait depuis tout ce temps : Brett. Enfin ! Voilà une diversion digne de ce nom ! Élicia ne risquera ainsi pas de faire attention à l'endroit où se dirige en ce moment-même le chat de Lumah. C'est-à-dire aux pieds de sa maîtresse, littéralement.

— Oh, non. Ça ne prendra pas longtemps, ne t'en fais pas.

Je cesse donc enfin mes poses de mannequins pour m'approcher à grands pas du Serpentard, profitant du fait qu'il ne soit pas encore très proche de la Poufsouffle pour pouvoir lui glisser à l'oreille, sans que la rouquine ne l'entende :

— Donc il n'y a rien entre elle et toi... ?

Les deux pieds dans le plat. Peut-être que ça le fera réagir.

De là où elle était, Lumah ne voyait rien. Elle avait encore le luxe d'entendre, c'est sûr, et puis elle s'était auto-assurée plus tôt que tant que sa mission était menée à bien, c'était ok. Mais en fait, c'était pas ok. Elle ne s'était pas démenée à construire ce plan (bon, tout reposait sur Edmund, mais quand même !) pour ne pas en voir le déroulement... Et surtout, le dénouement ! En plus, Edmund n'aurait même pas voulu lui reporter tout en détail, ni Elicia... Si ? Enfin bref, dans tout les cas, elle n'aurait pas deux chances de voir les têtes que faisaient chacun si elle ne bougeait pas son derrière, et maintenant. Après, bien sûr, elle n'était pas neuneu non plus, donc elle allait le faire, mais en toute discrétion, parce qu'elle serait quand même vachement deg' de faire tomber son plan à l'eau. C'était pas l'objectif.

Enfin bref, la voilà qui était donc dans une position en équilibre parfait entre le confort et la discrétion, prête à assister au thé. Alors, quoi de neuf ?

« Je cherchais Brett, à vrai dire. Puisque vous êtes toujours ensemble, je me disais... »

Lumah haussa un sourcil. Pourquoi l'évoquer ? Ahhh... Ah oui mince, elle ne lui avait rien dit de la situation. Oups, comme on dit ! Bon, ben il l'apprendrait bien vite... Tiens, qu'est-ce qu'elle disait : voilà qu'Elicia rougissait justement jusqu'aux oreilles. Si avec ça, il n'avait pas compris, qu'est-ce qu'il lui fallait... Quoiqu'elle avait penché la tête un peu mais... Non, c'était cramé à des kilomètres. Bon, ben du coup, il devrait avoir compris quoi faire, maintenant, pensa Lumah avec un sourire de satisfaction... Qui s'éteint quand elle vit son chat, Moka, se diriger vers elle. Merlin, Moka, quel mauvais timing ! Lumah se crispa, et son âme s'envola quand elle l'entendit miauler. Moka, moka... Elle agrippa le chat, l'attira vers elle, l'étouffa gentiment dans ses bras et s'enfonça dans l'ombre afin de se rendre le plus invisible possible. Là, elle caressa son chat, la mine renfrognée. Faites qu'Elicia n'ait pas reconnu son miaulement.

« Moka ? C'est toi ? Mokaaa »

Et zut. Bon, ben faites qu'elle ne vienne pas par là, alors.

« Salut Caldin. »

Mais... Serait-ce...? Lumah jeta un oeil à la scène, discrètement. Brett ! C'était pas trop tôt ! Magnifique. A ton tour de jouer, Edmund !

« Ah ? Donc... Se pourrait-il que tu sois libre ? »

Lumah regarda Moka avec une mine radieuse. Wouhouuu !

La jeune fille était toujours mal à l'aise. Les pensées qui tourbillonnaient dans sa tête ne s'arrêtaient pas, pire, de nouvelles s'y ajoutaient. L'arrivée de Brett était soit une coïncidence, ou alors c'était un coup monté par Edmund, ce qui ne l'aurait pas étonnée du tout.
Et, alors que d'habitude, elle n'était plus timide en présence de son meilleur ami, après le sujet abordé par le brun ténébreux elle ne savait plus où se mettre. Sa façon de l'aborder l'avait d'abord surprise, puis très vite son regard et sa posture l'avaient perturbée. Edmund avait semblé...très curieux, presque insistant. Elle s'était retrouvée comme prise aux pièges par ses questions et son regard, et se demandait comment il avait réussi à faire ça. À l'hypnotiser. Car c'était forcément de ça qu'il s'agissait, elle n'aurait pas pu rester à lui parler comme ça de son plein gré.

En fait, elle aurait dû suivre Lumah dès le début, plutôt que de rêvasser à ces yeux verts Ô combien merveilleux. Et maintenant, la situation dans laquelle elle se trouvait la maintenait, l'empêchait de partir. Edmund lui avait répondu qu'elle n'avait pas besoin d'y aller, qu'il n'en aurait pas pour très longtemps. Super. Mais après quoi ? Allait-il la laisser tranquille, maintenant qu'il avait trouvé ce qu'il était venu lui demander ? Allait-il les laisser tous les deux seuls, Brett et elle ?
Ça serait en effet la meilleure solution possible, bien qu'elle pensait pas pouvoir éviter à une remarque du genre "Eh bien Caldin, tu es toujours aussi rouge en ma présence ou c'est la présence d'Edmund qui te met le feu aux joues ?". Remarque à laquelle, cette fois, il lui serait bien difficile de trouver une réponse. Elle savait que son ami aimait la charier, et aimer était un bien faible mot dans ce cas précis. Mais elle se rappelait aussi de la jolie teinte rosée qu'avaient pris les joues de Brett durant le bal, qu'elle avait trouvé charmante.
Élicia ne savait pas exactement ce qu'il se passait entre eux, mais elle sentait un lien qu'elle n'avait encore jamais partagée avec personne d'autres, et qu'elle avait particulièrement senti le soir d'Halloween, durant le bal, alors qu'elle était dans ses bras sur la piste de danse. Et elle se demandait si lui aussi ressentait ce lien qui les liaient.

Brett était donc juste là, à quelques mètres d'eux, d'elle. Et sans qu'elle ne puisse ajouter quoi que ce soit, Edmund s'était comme jeter sur lui, sûrement pour discuter de ce truc top secret concernant Serpentard.
Et elle était tournée vers son complice de farces, observant ses réactions aux dires du brun, bien que si c'était effectivement une information de maison, elle n'en avait pas le droit.
Le sourire du jeune homme perdit de son éclat jusqu'à disparaître alors qu'Edmund lui dit elle ne savait quoi à l'oreille. Puis il tourna ses yeux verts vers elle, avec un regard interrogateur.
Elle fronça les sourcils, mais déjà il s'était tourné vers son camarade. Elle avait cru voir une très légère différence de couleur sur ses joues, comme si il avait soudainement rougit, mais si c'était vraiment le cas, il avait vite repris ses esprits et ce n'était plus visible. Mais Brett, rougir en public comme ça ? C'était tellement peu probable !

De quoi tu parles ?

Elle n'entendit bien sûr pas la réponse que le blondinet fit au second Serpentard.

Oh que oui, ça l'a fait réagir. Rien ne vaudra jamais la méthode cash.

Non seulement il a perdu son sourire mais en plus ses joues ont commencé à prendre une teinte rouge. Et il a fui mon regard. Pour le diriger vers la rouquine. Héé ooh, c'est pas elle qui t'a posé la question ! Mes yeux sont à gauche ! Ah, merci.

Durant tout le long de son spectacle, je suis resté de marbre. Marbre figé dans ce mélange d'expression entre l'intrigue et la malice que j'avais au moment où j'ai posé la question, non pas un marbre d'indifférence. Même si je dois avouer que mon sourire s'est peut-être un petit chouïa élargi lorsqu'il a reporté son regard sur Élicia. Et mon visage a définitivement fini de s'illuminer lorsque sa réponse m'est enfin parvenu. Je prends ça pour un non !

— Donc il n'y a rien !

Je me suis exclamé un peu fort, pour le coup. Ça ne m'étonnerait pas que la Poufsouffle l'ait entendu. Je vais reprendre à voix plus basse. J'ai tout de même un honneur à conserver :

— Parce que Nerrah semblait intéressé et... Tu le connais. Gentleman et tout. Il voulait rien tenter avant de s'assurer qu'il n'empiétait pas sur le terrain de quelqu'un d'autre. Quoi qu'il en soit, merci pour l'info !

Et je reprends, plus fort :

— Je vous laisse entre vous, c'est bon, ciao !

Et je commence à partir dans la direction d'où Brett venait. C'est-à-dire en direction du coin où n'est pas Lumah. Je ferai le bilan avec elle plus tard. Si, par un heureux hasard, l'un ou l'autre serait tenté de me rattraper, au moins, ils ne tomberont pas sur une petite Lumah cachée dans un coin à espionner.

Lumah, accompagnée de son Watson, Moka, assistait à la scène comme à un film au cinéma, avec une place premium, qui plus est. Et s'il manquait un élément à son film pour qu'il se finisse comme un conte de fées, il venait de se révéler. En effet, si Elicia était amoureuse de Brett, qui disait que c'était également son cas ? Bon, il y avait plusieurs indices qui démontraient bien que Brett n'était pas insensible à sa meilleure amie - sinon, il ne passerait pas autant de temps avec elle, par exemple - et Lumah savait que, même si Brett n'avait aucun sentiment pour Elicia, celle-ci l'aurait tout bonnement fait faillir sous son charme un moment ou un autre. En effet, Lumah était fière d'être la meilleure amie d'une fille aussi canon qu'Elicia, ou de Celle-Qui-Fait-Tomber-Les-Garçons-Et-Les-Filles-Comme-Des-Mouches avec sa bouille d'ange, ses grands yeux bleus et sa chevelure d'or. Bref, cet élément qui lui manquait, c'était un Brett amoureux, et il se trouve qu'elle venait de le voir prendre des couleurs à la question osée d'Edmund - bien joué Edmund, pour une fois qu'il était utile et non insupportable ! Il faudra qu'elle pense à le remercier après coup.

Si le plan était mené à bien, cependant, la scène n'était pas finie. En effet, voilà que son acolyte Edmund venait de lâcher un « Donc il n'y a rien ! » un peu trop enthousiaste à son goût - peut-être dû à la découverte qu'il venait de faire sur les sentiments de Brett. Mais bon, ce n'était rien comparé à la grosse bêtises qu'il divulga ensuite.

Le visage de Lumah se décomposa. Nerrah ?? Edmund, mais ? Lumah avait l'impression que sa machoire s'était disloquée. C'était une blague, hein ? Il avait l'air fier de lui d'ailleurs, puisque le voilà qui s'en allait, guilleret. Lumah pris cela comme un signe et s'en fut donc également . Elle ne sut pas vraiement comment elle se débrouilla, mais elle se retrouva au final nez-à-nez avec ce même Edmund, à qui, après lui avoir lancé un regard suspicieux, elle fit un pouce vers le haut.

« Bien joué », lui chuchota-t-elle car ils étaient encore près de la scène, bien qu'invisibles à leurs yeux, puis elle s'avança vers Elicia et Brett avec la mine d'une fille qui vient de sortir des toilettes dans lesquelles elle a passé une bonne heure, suivie par Moka.

Toujours plantée au milieu du couloir, Élicia essayait d'écouter ce que les deux jeunes hommes se disaient. Son petit doigt lui disait que ça n'avait pas de véritable rapport avec un truc de maison, surtout qu'en cherchant dans sa mémoire, elle remarquait qu'Edmund n'avait jamais rien dit de tel. Au final, elle s'était faite cette idée toute seule et maintenant, elle commençait à fortement douter. Surtout depuis le regard que son ami lui avait jeté... Et quelque chose lui disait que le sujet de leur conversation était sûrement elle. Mais qu'est-ce qu'il se disait exactement ? À part questionner directement le blond, elle ne voyait pas comment elle le saurait.

Edmund s'exclame soudainement, et la rousse fronça les sourcils. Comment ça, "il n'y a rien" ? Que voulait-il dire ?
Cette fois c'est elle qui lança un regard interrogateur à Brett, espérant obtenir une réponse. Mais Edmund chuchota à nouveau à son oreille et il n'apperçu pas la question silencieuse de la jeune fille.

Elle était toujours concentrée sur l'expression du visage du blond, cherchant à comprendre - et l'admirant aussi, mais elle ne l'avouera jamais, même à elle même - ce qu'il se disait. Il avait l'air particulièrement concentré sur ce qu'il lui était dit, et il n'y avait plus aucune trace de sourire sur son visage. Au contraire, elle croyait voir un froncement de sourcils, mais comme le rouge de ses joues, il avait vite disparut. Brett semblait... soucieux, c'était le mot. Et ne semblait pas franchement ravi parce qu'il venait d'entendre à l'évidence.

Edmund s'adressa finalement à eux deux en leur disant qu'il les laissait, sûrement pour aller embêter quelqu'un d'autre, ayant apparemment eu ce qu'il voulait.
Alors que le brun Serpentard s'éloignait, dos à Brett, Élicia s'approcha de ce dernier tout en gardant son regard sur le dos d'Edmund avant qu'il disparaisse de son champ de vision.

Alors, qu'est-ce qu'il te voulait ?

Son ami semblait dans ses pensées, comme ailleurs, et semblait toujours soucieux et presque tendu. Elle le connaissait suffisamment pour savoir que quelque chose n'allait pas.

Rien d'important, laisse tomber.

Il planta ses yeux verts dans les siens avant d'ajouter :

En fait Caldin, je venais te chercher pour qu'on parle de notre entraînement...

Bien sûr, elle n'avait pas oublié. Depuis début septembre, Brett lui donnait des cours de sortilèges qu'il maîtrisait grâce aux duels. Et ils avaient convenus de faire l'un de ces cours le jour-même.

Bien sûr ! Faut que j'aille retrouver Lumah qui a disparu aux toilettes, je te rejoins dans une heure où tu sais. Et puis on ira en Vol après.

En effet, les deux jeunes gens étaient de la même filière, et ce jour là leur classe de Sport et Soins n'avait pas cours de Soins aux Créatures Magiques, alors ils allaient mettre cette heure de libre à profit pour leur entraînement.
Elle lui sourit, sourire qu'il lui rendit, bien qu'elle voyait toujours le trouble qu'avaient laissées les paroles d'Edmund dans ses beaux yeux.

À plus tard Caldin alors, tâche d'être à l'heure.

Il lui fit un clin d'œil avant de partir dans la direction opposée à celle d'Edmund.
La rousse elle, préférait rester attendre ici, étant persuadée que sa meilleure amie n'allait plus tarder.

Je peine à ne pas afficher un sourire sur mon visage alors que je m'éloigne. Ah bah il ne fallait pas essayer le déni. Pas lorsqu'on a une telle situation avec quelqu'un qui nous intéresse. C'est la pire des choses. J'espère que tu vas faire accélérer les choses où un certain Nerrah ruinera tout, je te l'assure. Un petit philtre d'amour dans le verre de jus de citrouille du matin est si vite arrivé...

Je perds tout espoir de garder une mine neutre en imaginant l'ex-préfet faire la cour à Élicia entre deux tartines sous les yeux de Brett. C'est vraiment un truc à faire. Et ce serait même vachement tentant. Il faudrait que je me renseigne auprès de Lumah, voir comment évolue leur relation suite à cette rencontre. Parce que si, en plus, j'ai une "bonne" excuse pour pouvoir profiter d'une telle scène... Je ne dis pas non.

Oh ! Quelque chose a réussi à faire disparaître l'immense sourire qui trônait sur mon visage il y a deux secondes à peine : Lumah.

Mais... Elle n'était pas cachée... De l'autre côté ?

Je reste perplexe en la suivant du regard alors qu'elle me glisse un simple « Bien joué. » sans rien ajouter et tracer sa route en direction du futur couple.

Mais... ? Elle sait transplaner ou elle était cachée ici depuis le début ?

Il y a beaucoup de choses qu'on devra voir ensemble, elle et moi...

Son regard bleu suivit Brett jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision. Son esprit étant déjà partie dans un lieu que seule elle connaissait et où elle le retrouvait, souriant et rougissant comme au bal d'Halloween.
C'est qu'une fois de nouveau seule et que ses yeux quittèrent le dos de son ami qu'elle sortit de son esprit et se retourna, comme si son instinct le lui avait dicté. Elle aperçu alors Lumah qui marchait dans sa direction, d'un pas pas aussi pressée qu'elle l'aurait souhaité.

Élicia s'avança vers la blondinette, frustrée mais un poil rassurée, elle devait se l'admettre.

Tu en as mis du temps... Et tu as loupé plein de choses !

La rousse regarda en direction du couloir qu'avait emprunté Edmund, couloir d'où sortait justement sa meilleure amie. Mais ça ne la marqua pas, encore trop préoccupée par ce qui venait d'arriver.
Elle prit la main de Lumah et commença à se diriger de l'autre côté du couloir, où Brett était parti.

Viens, restons pas là.

Elle ne voulait surtout pas recroiser le Serpentard au regard sombre.
Tout en marchant, elle commença à lui raconter.

Y a Edmund qu'est venu me voir après que tu sois partie. Il était trop bizarre, et m'a demandé où était Brett, comme si j'étais censée le savoir !

La jeune fille marqua une pause, avant de reprendre :

C'était vraiment étrange. Il m'a demandé des trucs sur Brett et moi, j'ai pas trop compris. Et puis comme si c'était pas suffisant, Brett est arrivé et ils ont discuté en chuchotant. J'ai rien pu entendre, à part Edmund qui criait "alors il n'y a rien !" et ensuite il a continué plus bas.

Elle regarda son amie pour voir sa réaction et ce qu'elle pensait du comportement du Serpentard, qu'elle connaissait mieux qu'Élicia. C'est elle qui était habituée à se faire embêter par Edmund, elle qui avait l'habitude de se retrouver dans toute sorte de situation avec lui, elle qui pouvait imaginer les manigances du garçon.
La rousse ajouta, songeuse :

Au début je pensais qu'il cherchait Brett pour lui parler d'un truc chez Serpentard tu vois... Mais Brett me regardait bizarrement, donc j'en suis vraiment plus si sûre.

Mais d'un autre côté, ça ne lui servait à rien de se faire des plans, et sans en parler directement aux concernés, elle ne risquait pas de savoir ce qu'ils s'étaient dit. Même avec l'avis de la blondinette. Sans même savoir que tout ça avait été orchestrée par celle qui était à ses côtés.

Élicia rejoint Brett une heure plus tard comme prévu, sans pour autant chasser la discution avec Edmund de son esprit.

Lumah ne put s'empêcher de sourire en voyant sa meilleure amie rougir jusqu'aux oreilles. D'habitude, ça ne l'aurait pas rendue aussi joviale, mais ici, la réaction d'Elicia marquait la réussite de son plan et l'avancée des choses, donc que du positif, notamment pour les nuits à venir de Lumah, qui ne seraient pas réveillée par sa meilleure amie en pleurs, et pour Elicia, qui ferait, on l'espérait, des rêves plus joyeux.

« Je sais, désolée ! Oui, je vois ça... Raconte-moi tout », répondit Lumah, qui n'était pas si désolée, avant de se faire embarquer par Elicia.

« Euh... Ok, je te suis » (après tout, elle n'avait pas vraiment le choix)

Sa meilleure amie se mit alors à raconter ce qui lui était arrivé. Une grosse épreve pour Lumah, qui dût agir comme si elle n'avait pas assisté à la scène depuis le début.

« Ah oui ? Pile quand je suis partie ? A croire qu'il te guettait... C'est vraiment un filou, ce Edmund. », dit la petite en réaction des dires de la rouquine en essayant de mettre le plus de sincérité dans sa phrase. En même temps, ce qu'elle disait n'était pas faux : Edmund était comme chipeur. Espiègle comme pas possible. Et pot-de-colle, quand il s'y mettait.

« Eeeeh, trop bizarre ! Il devait préparer un mauvais coup. Mais tu me diras, il a tendance à fourrer son nez partout, donc ça m'étonne à peine... Te fais pas trop de bile là-dessus, va. », lui dit-elle, en espérant qu'elle se ferait bien de la bile dessus.

« Ah oui ? Après, s'ils ont chuchoté devant toi et tout... S'il t'arrives un truc de bizarre un de ces quatre, tu sauras qui es derrière. Enfin t'inquiètes pas, je compte bien lui tirer les vers du nez avant qu'il t'arrive un truc. Il pourra pas résister aux prises de judo que mon père m'a apprises, hihi. »

Bon. En espérant que ses réponses étaient crédibles, hein.