Je n'en crois pas mes oreilles.

Le fait qu'Eaven qui a également essayé de trouver la source du danger se mette à attaquer Kingson suffit à me rassurer : ouf, il n'y a personne derrière moi baguette dirigée vers ma tête. Sinon il l'aurait vu. Normalement.

Mais j'ai du mal à contenir une certaine... Irritation, disons. Lorsque Miss Valerion souligne que l'on n'a pas été assez concentré. Que le but de l'exercice était de rester concentré à tout prix. Parce qu'elle n'a pas dit que c'était le but de l'exercice. Enfin... Je crois. Et puis, de toute façon, généralement, quand on veut dévier la concentration de quelqu'un, on s'attaque à lui. Pas à quelqu'un d'autre. Je suis navré, Miss, mais, un jour, pendant que tous vos élèves seront concentrés, on va s'en prendre à vous et on se retrouvera tous bien bêtes parce que l'exercice aura été "de se concentrer". Se concentrer, oui. Mais au point de ne plus être vigilant vis-à-vis de son environnement, non. C'est pourtant la première règle de la défense contre les forces du mal !

Non, je vais pas dire ça.

Je vais me contenter de serrer ma baguette en restant dans ma r-... Dans mon irritation profonde.

Non. Je ne vais pas être irrité. Je vais être heureux. N'a-t-elle pas dit qu'elle s'apprêtait à lâcher un détraqueur sur Ennis ? C'est le moment. C'est le moment de lui montrer que non, je n'ai pas rien fait des trois semaines pendant lesquelles elle m'a fait poireauter et oui, je suis capable de concentration. La vigilance n'étant pas une forme de déconcentration, au contraire. Vous allez voir. Je vais vous montrer.

C'est pourquoi je me replonge instantanément dans mon souvenir. Là où je m'étais arrêté avec elle. Avant de me faire interrompre par ma professeure. Sans même prendre le temps de voir le détraqueur sortir de sa cachette. Si sa vision est si horrifique, elle ne m'aidera en rien.

Je sens bien la température chuter. Mais tant mieux : cela ne fait qu'ajouter plus d'immersion à mon actuelle projection dans la scène que je me fais. Il n'y a qu'un seul élément chaleureux. Et c'est elle.

— Spero Patronum. *

Et ce qui sortit de ma baguette fut... Un nuage. Un nuage informe qui n'aurait absolument pas pu repousser la créature mais un nuage quand même. Hé, j'ai fait des progrès ! Avant, ce n'était qu'un filament !

Pas assez concentré ? Bad écarquilla les yeux et tourna son regard vers Edmund comme s’il cherchait une explication. Ils avaient fait preuve d'une véritable vigilance et cela leur était maintenant reproché. Le Serdaigle était perdu. Finalement, le jeu n’avait qu’une issue : l’échec. Bad avait l’occasion de pratiquer régulièrement la méditation durant ses séances de yogâteau ou de divination et la pleine conscience de son environnement en était une composante principale. Le garçon, frustré, ne pipa pourtant mot. Ce n’était absolument pas le jour, encore moins le moment, de montrer une quelconque attitude négative à son enseignante. Avec un effort surhumain, Bad garda la bouche fermée en se tournant vers Ennis. Pour lui, c’était la Gryffondor qui avait échoué mais il garda sagement cette pensée secrète tandis que leur mentor s'intéressait à un gros coffre.

Heureusement, la déception de Bad s'apaisa quelque peu lorsqu’il vit l’exercice auquel son amie allait être confrontée. Le Serdaigle n’avait aucune jalousie à son égard et croisa plutôt les doigts pour qu’elle réussisse l’épreuve. L’enthousiasme revenait peu à peu. Ennis tenta alors son premier Patronus ! Ennis ? N’était-ce pas plutôt Edmund ? Deux formules pour deux petits nuages. C’était déjà un exploit. Wilson en serait peut-être jaloux.

Bad, toujours derrière Miss Valerion, ne put réprimer un petit rire venant du nez face à la réaction finalement peu inattendue du quatrième année. Edmund n’avait pas pu s’empêcher de se mettre en avant pour tenter de reléguer Ennis au second plan et montrer à la professeure son engagement. Son impatience plutôt. Le Serdaigle, toujours un sourire sur le visage, descendit son regard vers ses notes et y ajouta de la pointe de sa plume de nouvelles informations. ‘Chaque étape doit être parfaite’. Puis, en tout petit, dans le coin supérieur droit. ‘Edmund : ego mal placé’.

Le prodige O'Belt répond parfaitement aux exigences de la professeure. Son instinct primaire a su prendre le dessus pour lancer un sort encore inconnu. Alors bien sur, il n'est pas parfait et Sixtine doit se charger du reste pour entrer la créature dans la malle qu'elle avait ouverte. Mais, avant qu'elle ne puisse lancer le sort adéquat, elle fut surprise de voir son élève de quatrième année, Edmund tenter lui aussi de lancer le sort. N'avait il donc rien retenu de la leçon qu'elle avait enseigné ? Son sort ne fonctionna pas, évidemment.

La professeure se chargea de remettre la créature dans la malle puis, d'un coup de baguette elle fit disparaitre la malle Merlin seul sait ou. Une fois qu'elle eut terminé, elle se tourna vers Edmund. Puis finalement, le délaissa pour faire face à Ennis.

- Miss O'Belt, pour une première vous vous êtes très bien débrouillée. Gardez ce souvenir en tête et continuez vos entrainements. Vous avez réussi à garder votre concentration et c'était ce que j'attendais de vous.

Enfin, elle se tourne vers le garçon de quatrième année pour lui adresser la parole.

- Mister Dale, vous n'êtes pas prêt. Je prends de mon temps personnel pour vous offrir un enseignement de qualité. Vous ne me faites pas assez confiance pour lancer le sortilège sans mon autorisation ? Ce sort demande beaucoup de travail et d'investissement personnel. Il n'est pas possible d'y arriver en un claquement de doigt.

Dans un long soupire qui trahissait son agacement, l'ancienne Auror se chargea de ranger la pièce en un petit coup de magie. Elle ne comprenait pas la réaction du jeune homme et avait du mal à l'accepter c'est pourquoi, elle avait préféré couper court à cette petite réunion plutôt que de la continuer dans de mauvaises conditions.

- Passez tous une agréable soirée.

305 mots

Mais c'est qu'elle se fout de ma gueule en plus de ça ?

Parce que vous pensez, en plus de cela, que je ne suis pas investi ? Parce que vous pensez que cela ne fait pas deux semaines que je n'attends qu'un signe de votre part ? Qu'il faut bien plus d'un mois pour avoir une théorie autodidacte parfaite sur le sortilège du Patronus ?

J'ai déjà bouclé mon cours théorique en une semaine même pas SANS UNE SEULE AIDE DE VOTRE PART - ni de la part de qui que ce soit d'autre d'ailleurs, même pas Adaline qui n'a rejoint le projet qu'au moment où je commençais la pratique - et j'ai même eu le temps de faire des approfondissements que vous n'êtes jamais intervenue. Pire : vous avez plutôt profité de votre temps libre pour vous lancer dans d'autres projets dont vous m'avez d'ailleurs littéralement évincé au lieu de d'utiliser votre temps à vos projets en cours. Donc je trouve assez culotté de votre part de non seulement utiliser la première heure que vous m'accordez à ne pas me l'accorder en décidant de vous concentrer sur des élèves qui ne font que profiter de l'opportunité que je leur ai, moi, offerte, mais en plus d'oser prétendre que vous m'avez "accordé de votre temps personnel" depuis un mois parce que ce n'est ni plus ni moins qu'un odieux mensonge. Et sans parler de la prétention mensongère et blessante que je n'aie ni travaillé ni pris le temps de m'investir dans ce projet. Donc MERCI mais commencez à tenir vos promesses avant de me reprocher un manque de confiance.

Pense à la dernière fois que tu as pété un câble, Edmund. Pense à Lili. Evite. Evite d'exploser. Tu n'as plus là affaire à une préfète mais à quelqu'un de bien plus haut placé : à une professeure. Evite. Tu risques ta place au club si tu ouvres ta bouche, Edmund. Tu te défouleras sur le gros rocher au lac. Evite.

Je ferme les yeux et prends le temps de prendre une profonde inspiration. Je voulais lui parler à ce propos. Je pense que c'est le moment opportun. Il faut juste... Que je me calme. Et que je reprenne mon discours intérieurement, surtout. Le rendre un peu moins... Virulent. Le but n'est pas là de me mettre Miss Valerion à dos mais de lui expliquer calmement qu'elle commence sincèrement à m'irriter.

Alors que Miss Valerion félicitait Ennis pour son sortilège, Bad, toujours caché derrière leur mentor, se décala vers la droite et leva son pouce droit tout en adressant un grand sourire à la Gryffondor. Bien joué !

Puis, lorsque la presque cinquantenaire fit volte-face en direction d'Edmund, Bad se redressa rapidement et reprit une mine faussement concentrée. Il s’était promis de ne faire aucune
vague aujourd’hui et il serait dommage d’un faux pas maintenant. Malgré que, pour Bad, l’acte égoïste et puéril du Serpentard méritait quelques remontrances, le Serdaigle n’y prit aucun plaisir. Il n’acceptait toujours pas - ni ne comprenait même - vraiment l’échec d’Edmund et lui à l’exercice de pseudo-concentration.

Ne souhaitant ajouter de l’huile sur le feu et à la vue de l'agacement de Miss Valerion, Bad ne tarda pas à récupérer ses affaires et à saluer son enseignante.

« Bonne nuit à vous, Miss. Merci pour cette soirée. »

En croisant le regard irrité de la femme, Bad eut l’envie difficilement répressible de lui saisir la main mais se ravisa en serrant les poings. Qu’est-ce qu’il lui prenait ? Il se sentait attiré maternellement par cette femme mais chassa promptement cette idée d’un mouvement sec de la tête.

Sortant du club après avoir poliment salué Wilson et Edmund, le Serdaigle attendit Ennis dans le couloir. Il avait besoin d’explications et elle était la seule possiblement disposée à lui en fournir. Ce fut pourtant d’une manière détournée et sur le ton de la plaisanterie que le garçon aborda le sujet avec une Gryffondor visiblement épuisée.

« Bravo pour ton début de Patronus ! Par contre, tu ne t’étais pas lavée les oreilles ce matin ? Impossible pour moi de ne pas réagir quand j’entends des sortilèges lancés juste à côté ! Ça me paraissait hallucinant ! »

Le Protego de Wilson était en place, et Wilson réfléchissait quoi faire à son professeur, s’attendant à pouvoir jouer avec elle, sans être dérangé par les autres qui avaient un boulot à faire. Mais c’était sans compter sur Bad Eaven, qui décida de lancer un Crocus Malis sur le septième année. Wilson n’a pas eu le temps de détourner son Protego, qu’il reçut le sortilège de bad et se retrouva à terre. Il lança un regard noir au Serdaigle et se releva, dès que le professeur Valerion arrêta son sortilège. Wilson avait une nouvelle fois été humilié, à cause d’un élève sans cervelle. Il avait envie de lui lancer un sortilège, et pour éviter que le pire n’arrive, le septième année dut ranger sa baguette. Une bêtise ne doit pas se faire en ces lieux.

Ennis, qui n’avait pas bougé d’un pouce, fut invité à essayer le sortilège du Patronus. Wilson regarda avec attention, il voulait savoir si elle allait réussir à faire un corporel, et si oui, quel en serait sa forme. Par contre, la malle avec un détraqueur dès le premier essai, chaud, le professeur Valerion aime faire des risques à ses élèves. Wilson se décala vers Ennis, juste au cas où elle n’arriverait pas et perdrait les pédales. Pour intervenir en cas de besoin. Mais ce qui arriva laissa Wilson dans le doute. En effet, Ennis arriva à lancer une forme très très faible, d’un Patronus incorporelle. Wilson se rappela de ses premiers essais qui n’étaient guère mieux à l’époque, et pourtant cela remontait à l’année dernière.

Edmund tenta à son tour, ensuite, sans l’autorisation du professeur Valerion, qui lui fit savoir qu’il n’était pas prêt. Wilson finalement, n’avait fait qu’observer la scène. Wilson mit tout de même en garde son camarade :

« Lancer pour de mauvaises intentions, le Patronus peut entrainer la mort ! Fait attention à toi ! »

Finalement c’est ici que la réunion s’achève, le professeur avait fait le choix d’abréger celle-ci. Wilson, qui avait déjà rangé sa baguette, rassembla ses affaires et souhaita bonne soirée à ses camarades ainsi qu’à son professeur avant de quitter les lieux et rejoindre sa salle commune.

Alors qu'elle maintenait sa brume de patronus incorporel peu consistante du mieux possible sans se départir de son souvenir heureux, Ennis entendit une voix masculine, celle du plus jeune des deux Serpentard qui put, lui aussi, produire quelque chose.. Elle avait énormément de mal à juger si c'était un patronus sans forme ou non. Parce que mine de rien, sortir aussi brutalement d'une méditation assez profonde c'était violent. Conjugué à un effort magique assez intense, ses perceptions étaient forcément troublées. Alors comme le cygne de Miss Valerion vint mettre fin à l'exercice, la préfète en profita pour souffler et finir de revenir dans le moment présent. Wilson était à ses côtés... pourtant elle aurait juré qu'en se levant il n'était pas là. Pourquoi donc s'était-il approché?

L'irlandaise n'eut pas le temps de lui poser la question puisqu'elle capta le signe de félicitations de son ami Bad. Ce qui la fit sourire. Et puis la professeur la félicita. Son sourire qui était maintenant tout autant de fierté que de remerciement, s'élargit. La suite la fit cependant relâcher la tension de ses muscles zygomatiques... Elle avait du mal à cerner le soucis qu'il y avait eu avec Edmund. Et puis elle n'avait pas très envie de s'en mêler. Surtout que l'ancienne auror signifiait la fin de ce temps de réunion. "Bonne soirée Miss." La salua Ennis en allant reprendre ses affaires. Elle avait le cerveau dans du coton et se sentait sacrément fatiguée, ça faisait longtemps... Mais l'exercice avait eu de quoi la mettre dans cet état.

En sortant, elle constata la présence du Serdaigle qui l'attendait la félicitant et... "Quoi?" Ses oreilles? Ah! Il parlait de ça! "J'étais en méditation. Pour le souvenir." Précisa la cinquième année. "Alors j'entendais mais je ne l'ai pas perçu comme un danger. Et puis... je... enfin, ce souvenir." Elle y était trop bien et puis il était si important. "Le fait d'être appelée directement par contre. Et puis la sensation c'était..." Elle frissonna à l'évocation des effets du détraqueur sur elle avant de fermer les yeux un instant. Elle devait tenir, elle avait encore son cours d'astronomie dans peu de temps, elle devait d'ailleurs rejoindre sa salle de classe. Se sentant encore un peu déboussolée, elle demanda au Serdaigle s'il pouvait l'accompagner.


Mots soulignés pour Au fil des mots
Fin du RP me concernant, merci