Comme tous les après-midi pendant lesquels la Bibliothèque était trop remplie à son goût, Alexander s'installa à son emplacement favori. Il aimait beaucoup s'asseoir à cet endroit, non loin du Lac, où il avait découvert quelques semaines auparavant des pousses d'Alchémille. Ne serait-ce qu'y penser, cela lui donnait envie d'étudier les potions de beauté... Mais la Bibliothèque de Poudlard ne désemplissait pas en ce moment, il lui faudrait prendre son mal en patience avant ses prochaines recherches.

Mais il n'était pas venu pour cela. Il ouvrit son carnet personnel, et commença à écrire :
Jour 172. Les effets de la dose d'hier m'ont semblé disparaître légèrement plus rapidement que d'habitude, aux alentours de la mi-journée. Les doses précédentes ayant été effectives jusqu'après le déjeuner, il pourrait être intéressant d'augmenter la dose à deux cuillerées si l'observation se..

Un léger coup dans son dos le fit sursauter et s'arrêter d'écrire alors qu'il s'apprêtait à terminer. Avant même de se retourner, il comprit qu'il s'était à nouveau installé trop près du chemin. Maintenant qu'il l'observait, il se rendit compte que celle qui l'avait cogné s'éloignait sans rien remarquer, visiblement perdue dans ses pensées. Non pas que cela le gênait ou l'intéressait, il devrait faire plus attention la prochaine fois.

Tandis qu'elle s'éloignait, Alexander continuait à la suivre du coin de l'œil en essayant de se rappeler qui elle était. C'est là qu'il s'aperçut que la jeune fille ne faisant pas attention à l'endroit où se posaient ses pieds, elle allait inévitablement trébucher sur la racine devant elle et tomber vers le lac ! Pensant qu'une occasion pareille pour qu'une élève d'une année supérieure ait une dette envers lui ne se représenterait plus, le jeune Serpentard fonça sans réfléchir plus longtemps.

À toi @Alice Smith

La dispute avec Aaron venait de rendre la petite très triste. Après avoir posé son journal et sa baguette dans sa commode de dortoir, elle file au lac se trouver un endroit pour pleurer. Soudain, elle vit un petit espace isolé, y allant la brune bouscule par maladresse un Serpentard, mais son chagrin était trop grand pour qu’elle ne le remarque.

La rouge ne voulait vraiment aucun mal au Serdaigle, elle n’était pas méchante. Franchement, dès son deuxième jour de quatrième année, elle voulait disparaître, si ça continu comme ça, l’année risque d’être longue… Notre petite protégée avait tellement pleuré que ses yeux en étaient rougis.

Poursuivant la quatrième année, se posait une importante question. Ça fait quoi si je tombe dans la lac ? Aaron sera heureux au moins, non…? Sans vraiment regarder l’herbe, l’eau, le garçon ou quoi que ce soit, la lionne marchait un peu n’importe où. Soudain, elle trébuche sur un morceau de bois et regarde, elle va finir dans le lac.

Rien que d’y penser la petite en était malade, en effet, elle avait la thalassophobie, et ce lac n’était pas trop réputé pour être vraiment propre. De plus, il était vraiment très profond. Son cœur accélérant, la Gryffonne imagine déjà sa fin. Même si elle ne mourrait sûrement pas, elle espérait se blesser assez pour être renvoyée chez elle et ne plus faire de mal à Aaron.

Visiblement, Alexander avait sous-estimé la distance qui le séparait de la jeune Gryffondor. Il n'avait clairement pas couru aussi vite depuis qu'il était arrivé à Poudlard. Il accéléra jusqu'au point de ne plus penser qu'à la rattraper, oubliant presque son intérêt initial. Mais la physique était de son côté. Juste à temps, il fit la première chose qui lui passa en tête, c'est-à-dire ce qu'il avait fait la dernière fois que sa petite sœur avait failli tomber. Le plus rapidement possible, il passa son bras droit, puis le gauche, devant le ventre de l'étourdie, et tira de toutes ses forces pour la remonter plus haut. Et il réussit, tout en essayant d'amortir au maximum leur chute sur l'herbe.

Un instant sonné par l'adrénaline, le jeune Serpentard se reprit très vite, comme à son habitude. Il aurait sûrement mal partout le lendemain, mais cela en valait la peine, comme toujours. Il se leva rapidement et se tourna vers la Gryffondor qu'il venait de rattraper, visiblement encore choquée de ce qu'il venait de lui arriver.

Par ailleurs, Alexander ne se faisait pas d'illusions. Il savait que toutes ses tentatives pour sourire seraient vouées à l'échec, alors il tournerait ça en plaisanterie :

- Je ne sais pas le faire, mais considère que je te fais actuellement un sourire rassurant.

Ironiquement, il rit à sa propre blague, et afficha réellement un de ses rares sourires sincères, sans le remarquer pour autant. Il choisit cependant ce moment pour lui tendre sa main droite, afin de l'aider à se relever.

- Tu viens, on va s'asseoir un peu plus loin ? Regarde, juste là où j'ai laissé mon carnet. C'est plutôt joli, et beaucoup plus loin du lac. On va se poser un peu, tu vas pouvoir respirer, et me raconter un peu ce qu'il se passe. Ça te convient ?

Soudain, à peine le temps de comprendre, ou même d’avoir peur de la chute, Alice tombe en arrière. L’enfant devait avouer avoir mal au derrière, mais pas besoin de réfléchir longtemps pour se dire qu’il valait mieux tomber ainsi que dans le lac ! Un jeune Serpentard lui avait vraisemblablement sauvé la vie. Le cœur battant toujours aussi vite, la lionne prit quelques secondes avant de reprendre ses esprits.

Essuyant un peu ses larmes de la main droite en espérant qu’il ne les aurait pas remarquées, notre petite protégée affiche un petit sourire suite à sa blague. Son camarade, visiblement très sympathique lui propose de venir s’asseoir à ses côtés. C’était gentil de sa part, saisissant la main droite du jeune garçon elle se relève en hanchant la tête pour montrer que le suivre lui convenait.

La Smith ne voulait pas parler, parfois quand elle était triste, c’était comme un blocage en elle. Évidement, la Gryffonne pouvait tout de même parler, il lui suffisait d’ouvrir la bouche. Mais mentalement, c’était plus compliqué. Parfois, tout ne se passait pas comme on le souhaitait…les relations humaines étaient bien plus difficiles que tout le reste. Tout le monde n’a pas exactement le même schéma de pensée, les mêmes sentiments ou encore les mêmes goûts, et parfois par maladresse il est possible de vitre vexer quelqu’un sans le savoir.

La jeune Gryffondor était beaucoup plus calme que ce qu'il avait pu penser. Elle suivit Alexander docilement, jusqu'à son ancien emplacement, et accepta sans un mot de s'asseoir à ses côtés. Si c'était un soulagement de retrouver son carnet, converser avec la jeune fille semblait être une tâche bien compliquée.

Le Serpentard aimait beaucoup le silence, mais actuellement, il ne servait pas ses intérêts. Cependant, sa camarade montait un peu de son estime : après ce qu'elle avait vécu, elle ne parlait même pas sans réfléchir, c'était une bonne chose. Il choisit donc de prendre les choses en main et de la mettre en confiance, afin de la pousser à s'exprimer :

- Au fait, moi, c'est Alexander. Et toi, comment tu t'appelles ? Je suis presque sûr de ne pas avoir envie de t'appeler l'inconnue de Gryffondor durant toute ma scolarité.

Encore une fois, il n'avait pas pu s'empêcher de rajouter cette dernière phrase. Fort heureusement, personne ne pouvait s'y tromper. Il n'y avait aucune malveillance dans sa voix, il avait prononcé sa phrase d'un ton neutre, chargé d'une pointe de bienveillance. Sortant soudain un second carnet, plus petit, d'une de ses poches, Alexander commença distraitement à griffonner, tout en rassemblant ses pensées :

- J'y pense, tu as mal quelque part ? Selon le règlement, je devrais prévenir l'infirmerie ou un des professeurs par précaution, mais honnêtement, je préfère éviter. À toi de me dire si tu en ressens le besoin, et dans tous les cas, je ne vais pas te forcer. Si c'est ce que tu veux, ça restera notre secret.

Le jeune élève ponctua sa phrase d'un clin d'œil, avant de remettre les yeux sur son carnet. Sans vraiment s'en apercevoir, tout en parlant et apaisant la Gryffondor, sa main avait continué de croquer la scène dont ils faisaient partie. Sur la petite page, on voyait clairement leur petit emplacement, les pousses d'alchémille, ainsi que la silhouette de la jeune fille, les cheveux ondulant légèrement en arrière sous l'effet de la brise. Ne sachant pas quoi en faire, il détacha sans bruit la page en question, et la tendit à sa voisine :

- Tiens, c'est pour toi.

Rigolant suite à la phrase de son camarade, Alice répond gentiment "tu peux, mais je pense que mon prénom sera plus court !" Son humeur était un peu remontée, et un sourire perlait à présent sur les lèvres de la jeune fille. "Mal ? Non, absolument pas ! Merci tout de même" continue t’elle. L’enfant était tombé, mais à part un petit coup sur le derrière, il n’y avait rien eu, et la lionne n’avait même pas mal à vrai dire.

Pendant qu’il parlait, il dessinait. Lui lançant de discrets regards curieux et admiratifs, la Gryffonne comprit vite la représentation du dessin. Détachant ensuite la page, il lui tendit gentiment. "Oh merci" dit notre petite protégée en fixant la page pour en repérer le moindre détail. La pliant soigneusement pour la glisser dans son uniforme, la petite fille ne peut s’empêcher d’ajouter "merci vraiment, ça me fait trop plaisir !".

Voyant au loin une silhouette, ressemblant fort à celle d’Aaron elle la regarde. Comprenant bien vite que c’était lui. "Je…je dois y aller ! Si jamais... tu veux me revoir demain, je serais à la bibliothèque toute la matinée pour y faire quelques recherches" dit Alice en se levant brusquement. "Encore désolé de ce départ précipité… je dois vraiment y aller !", sur ce, la Smith partie en courant, droit sur ce point au loin. Ne laissant derrière elle que le Serpentard dérouté et quelques traces de pas.

Décidément, pour Alexander, cette Alice Smith était une fille bien étrange. Elle était définitivement plus âgée que lui, et en même temps, il avait du mal à la considérer autrement que comme une cadette. Évidemment, le destin avait voulu en plus de cela qu'elle se prénomme Alice, tout comme sa petite sœur.

Cependant, une fois l'étrangeté de cette rencontre évacuée, le plan du garçon avait été une réussite. La jeune Gryffondor lui devrait maintenant un service, ou lui en serait reconnaissante. Et c'est exactement ce qu'il voulait. Mais, quelque part au fond de lui, le Serpentard était également satisfait d'avoir évité le pire à une Alice.

Alors que cette dernière courait en direction du château, il réfléchit aux derniers mots qu'elle lui avait lancés. De toute façon, il aurait été à la bibliothèque toute la matinée, avec ou sans cette fille. Autant faire d'une pierre deux coups. Alexander espérait cependant que la jeune fille était studieuse, et n'allait pas trop le déranger une fois qu'ils auraient terminé leur discussion. Elle avait dit vouloir faire des recherches, c'était bon signe. Peut-être pourrait-il même l'aider et ainsi solidifier sa reconnaissance ?

Tout en réfléchissant à cette idée, il commença à rassembler ses affaires, et à se diriger vers le parc. S'il ne s'était pas trompé, il serait bientôt l'heure d'aller à la rencontre de sa récente partenaire.