Quand la fin du cours arriva finalement, Orphéa ramassa rapidement ses affaires et se dirigea vers le bureau de sa professeur, alors que ces camarades filaient déjà vers la grande salle pour le déjeuner. Cela faisait d’une semaine qu’elle attendait impatiemment ce moment. Tout aussi traumatisant qu’avait été l’épisode du Poudlard Express, la jeune fille en ressortait avec une question fondamentale : Est-ce que les Runes pouvaient la protéger quand sa baguette ne le pouvait pas ? La démonstration d’Elowen et de son pilier de glace sorti de nulle part avait plus qu’impressionné la Serpentard. Dès le début de sa troisième année, elle avait trouvé un intérêt tout particulier pour les runes, mais elle ne croyait pas réellement en leur puissance. À présent, elle en avait eu la preuve concrète. Les runes pouvaient être bien plus que des gribouillis sur des cailloux qui servaient à attirer la chance et la réussite. D’après la théorie, elle pouvait se servir des runes pour augmenter sa puissance magique. Malgré le talisman fabriqué en cours, la petite brune n’avait pas l’impression de se sentir plus puissante. Elle ne sentait et n’observait aucune différence. Les cours avec Miss Valerion l’avaient aidé à progresser, mais elle était encore loin du résultat espéré. Elle n’avait toujours pas réussi à lancer un Protego, et ce, malgré ses entraînements hebdomadaires et ses lectures sur le sujet. Orphéa était incapable de se protéger, et cela la terrifiait. Et même si elle finissait par y arriver, on lui confisquerait sa baguette à la fin de l’année, la rendant de toute manière, impuissante. Elowen, elle, avait quelque chose de bien plus intéressant qu’une baguette. Elle avait été la seule à pouvoir agir dans le train. La quatrième année voulait la même chose. La Serdaigle avait un stylet runique, mais la spécialiste des runes à Poudlard, c’était Miss Murphy. Elle pourrait forcément l’aider. Elle s’approcha de sa professeur et l’interpella poliment.

« Miss, j’aimerais vous poser une question. Elle sort un peu du cadre du cours, dit la jeune fille avant de poursuivre alors que Miss Murphy l’y encourageait d’un regard. Nous étudions les runes comme alphabet, comme outils pour la divination, mais je me demande si elles ne peuvent pas être plus, commença-t-elle. J’ai assisté à un événement incroyable dans le train, Elowen Livingstone a fait pousser un pilier de glace d’un mur avec un stylet runique. Je ne suis pas douée avec ma baguette, et je pense que les runes pourraient m’aider. J’aimerais pouvoir faire ce genre de magie ! Je sais que c’est un outil incroyable qu’elle possède et que n’en aurait certainement jamais, mais il doit bien y avoir un moyen d’utiliser les runes de manière plus puissante que comme simple talisman, ou support de divination ? »

Bon alors j’ai été absente septembre et octobre mais là, zéro excuse … une mémoire vraiment défaillante. Je te prie de bien vouloir me pardonner !

Cela faisait peu de temps qu’Aylin était professeur à Poudlard. Ce n’était pas bien différent que d’enseigner à l’Académie. Seuls les élèves – et le programme évidemment – étaient différents. Leur âge, d’une part et leur profond désintérêt pour la matière, d’autre part. Car les élèves de l’Académie étaient là par envie, ce qui était tout à fait différent des élèves de Poudlard, dont certains avaient les runes par obligation sur leurs choix de filière. Aylin trouvait cruel ce dilemme qui consistait à faire choisir à des étudiants le parcours de toute une vie quand ils avaient déjà du mal à choisir ce qu’ils mangeaient au petit-déjeuner. N’allez pas croire qu’elle se faisait juge. Ce n’était pas le cas du tout : elle se souvenait simplement comment elle était, ce qu’elle avait ressenti face à la nécessité de faire un choix relativement rapide, pour quelque chose qu’elle devrait supporter jusqu’au bout de sa vie.

Ainsi, les premiers cours qu’elle avait faits s’étaient écoulés normalement. Journées après journées, elle appréhendait moins souvent de venir dans sa salle de classe à mesure que celle-ci lui ressemblait davantage. Les élèves semblaient détendus, assez en tout cas pour venir lui poser des questions. Comme ce fut le cas ce jour-là avec Orphéa. Aylin avait parfois du mal à retenir les prénoms des élèves mais celui-ci n’avait posé aucun problème : il sonnait comme un nom de plantes et Aylin adorait les plantes. Aylin trouvait également intéressant que la-dite question sorte du cours, comme si cela pouvait l’arrêter !

Quoiqu’il en soit, elle encouragea la jeune fille du regard et attendit avec impatience la question. Une fois celle-ci posée, elle la laissa flotter un moment entre elle deux. Comme si un seul silence pouvait aider à faire comprendre la nature même de la réponse qu’elle allait offrir. L’enseignante pencha la tête un instant, puis sourit doucement

- Vous le dites vous-même, c’était un évènement incroyable et très peu de sorcier disposent de ce genre d’outil.

Derrière les premiers mots, il y avait aussi de l’envie : Aylin aurait adoré pouvoir possèder ce genre d’objet aussi rare que mythique. Il ne faisait aucun doute que la jeune fille qui en disposait devait se sentir chanceuse de l’avoir.

- Il est donc très improbable que vous comme moi n’ayez pas la possibilité d’avoir un tel objet entre vos mains … Mais … il n’est pas improbable de se servir des runes comme d’un catalyseur. C’est une très puissante magie, peu enseignée dans le monde sorcier.

Aylin n’en dit pas plus, ne voulant pas créer de faux espoirs pour la jeune fille. Les runes sont difficiles à maitriser, capricieuses, mystérieuses. Il ne fallait pas mettre toutes les informations possibles à disposition de tous. Certaines choses méritaient de rester secrète au gout de la jeune fille.