Une fois n'est pas coutume, je souhaite envoyer une lettre à Cassandre, une de mes grandes sœurs. Je lui demande comment elle va, et lui pose quelque questions sur ses étude, le contenu n'est pas transcendant. Cependant, la fragilité de notre entente est un édifice que je redoute de bousculer.

Allons donc, ce n'est qu'un pauvre message qui ne pourra pas faire grand mal. Alors que tout le monde ici semble considérer le 25 Décembre comme la fête de la famille par excellence, plus les Noëls passent, plus ma famille se disloque, que je tente de l'aider ou non.

Pour en revenir à nos hippogriffes, je suis enfin arrivée en haut de la tour. En partant des cachots de Serpentard, c'est un petit voyage. Je cherche un hibou qui m'a l'air bien portant, comme le Petit Duc à ma droite.

Il a à peine le temps de s'envoler que je sens contre mon bras un bec, qui cherche mon attention. Faisant volte face, je me retrouve face à une petite chouette hulotte portant, elle aussi, une enveloppe. Sauf que celle ci est à mon nom.

Le sceau et la graphie, ainsi que la couleur de l'encre me permettent d'établir avec certitude son auteur : on dirait bien que je viens de recevoir une lettre de Mère.

Par Merlin ... Que me veut t'elle ? Je n'ai fait aucune faute de comportement majeure depuis ma nomination, donc le début de l'année, elle n'a absolument aucune raison de me réprimander. Inspiration, expiration. Et d'un coup, je sort le parchemin de son emballage.

Tout ce qui est écrit peut être résumé dans cet extrait : Vous prendrez le Poudlard Express le 23 Décembre pour vous rendre à Kings Cross ou Hélène vous attendra.

Ce que ma mère ne semble même pas avoir imaginé, c'est que j'hésite à rester à Poudlard pour les vacances. Un cadre calme et tranquille, à la place de ces dîners familiaux pesants ou chaque enfant est jugé du regard par ses aînés.

Dans mes pensées, j'ai été moins attentive à mon environnement et je pourrais être facilement surprise par un nouvel arrivant mais qu'importe, j'ai un dilemme moral à trancher.

@Jeffrey Hunter

En montant laborieusement les marches de la volière, rendues glissantes par le froid qui s'était abattu sur le château, Jeffrey tournait et retournait le problème dans tous les sens dans sa tête. L'approche de Noël lui offrait un cruel dilemme. D'un côté la perspective de passer de précieux moments en famille et de l'autre un alléchant programme offert suite à la venue des correspondants AMICO à Poudlard. Le Poufsouffle avait juste commencé à correspondre avec Leonardo donc ce dernier ne viendrait pas cette année mais Jeffrey était tout de même impatient d'être au 16 Décembre.

Le sixième année avait en tête de voyager après ses études et était très curieux de découvrir d'autres cultures. La venue de sorciers de tant d'horizons différents était une véritable chance à ne pas rater. En plus Jeffrey n'avait encore jamais passé Noël à Poudlard et il était tenté de faire ça au moins une fois avant la fin de sa scolarité ici. Le hic c'est qu'il rechignait à laisser sa maman passer ces vacances seules, surtout depuis le départ de grand-père Gordon.

L'anglais montait donc à la volière pour envoyer le courrier parlant de tout ça à sa maman mais aussi à son père. Mais en arrivant enfin dans la volière Jeffrey se rendit compte qu'il n'était pas seul. L'anglais commença à chercher Khéops du regard sans se préoccuper de l'autre personne. Toutefois, en ne trouvant pas son volatile l'anglais commença à faire le tour de la pièce et remarqua que la folle présente était Sybil, la préfète de Serpentard.

« Oh salut Sybil, ça va ? Ca fait longtemps qu'on s'est pas vu. Quoi d'neuf ? » questionna l'anglais, qui n'avait plus croisé la préfète depuis un bon mois.

@Sybil Donevant

Est-ce que je répond à Mère sur le champ ? Si oui, quoi ? Je pourrais rester longtemps à méditer sur la question. Ou à me ronger les ongles jusqu'à épuisement du stock. Ce n'est pas dans mes habitudes et je me demande la raison pour laquelle tant de personnes ont ce tic : il doit les aider à surmonter leur anxiété, peut être, ou tout simplement à l'exprimer. C'est la voix de Jeffrey qui me tire de mes réflexions.
- Salut Jeffrey ! Ça fait un bail, en effet.

On pourrait croire que des élèves vivants au même endroits se croisent tous très régulièrement, mais force est de constater que les cours nous absorbent, cela fait longtemps que je n'avais pas aperçu le Poufsouffle.

- Rien de spécial. 'Fin si, j'hésite à rester à Poudlard pour les vacances. Les AMICO et tout ... c'est prometteur, on va sans doute découvrir plein de cultures différentes. Je commence tout juste cette correspondance, mais je serais très curieuse de découvrir les étudiants de Durmstrang en particulier. Mais ma mère ne me demande pas vraiment mon avis.Et toi, tu t'en vas ?

Je jette encore un coup d’œil à la lettre que je tiens toujours dans mes mains. Les vacances, ce lointain horizon, apparaissent désormais comme un problème de premier plan à résoudre dans les plus brefs délais. Je n'ai pas l'habitude de parler de ma famille, ou de quoi que ce soit n'étant pas relatif à Poudlard. A part Ada, le sixième année est un des premiers à m'entendre évoquer ma chère maman.

Jeffrey n'avait pas discuté avec Sybil depuis le match de Gryffondor contre Serpentard, soit plus d'un mois. Entre les activités extra-scolaires et les devoirs qui s'accumulaient il était parfois difficile de parvenir à passer du temps avec tout le monde, d'autant plus que l'anglais avait un cercle de connaissances plutôt vaste désormais. Le Poufsouffle acquiesça aux dires de la préfète de Serpentard et comprenait totalement son envie de rester pour la bonne et simple raison qu'il était dans la même situation.

« C'est clair que le programme est super tentant ! C'est vraiment incroyable qu'il y ait des représentants d'autant d'écoles différentes qui viennent. J'suis dans la même situation que toi, moi j'commence à correspondre avec un élève de Castelobruxo. Et j'aimerai beaucoup rester aussi au château pour Noël, pour une fois. » dit l'anglais, qui partageait à la fois l'enthousiasme et l'impatience de Sybil. Puis il fit une moue quand la préfète parla de la position de sa maman sur le sujet.

« Ah ouais ? Ta mère t'oblige à rentrer ? C'est nul ça... Moi la mienne me dit de rester et que ça l'embête pas. Mais je culpabilise de la laisser seul pour Noël. Du coup j'sais pas quoi faire. »

Quelque soit le choix Jeffrey aurait sûrement des regrets et il ne savait toujours pas de quel côté la balance allait pencher. Mais en attendant d'y voir plus clair Sybil semblait chercher des solutions pour essayer de rester à Poudlard en cette fin d'année.

« Tu veux que je t'aide à trouver des arguments pour convaincre ta mère pour que tu restes passer Noël ici ? » proposa l'anglais avec un regard interrogateur.

Nous n'avons clairement pas le même genre de parents. La mère du Poufsouffle a l'air gentille, ça doit être un dilemme encore pire pour lui. Personne n'a besoin de moi à la maison, c'est pourquoi je peux allégrement envisager de rester. Encore faudrait t'il que j'en ai le courage.

- Oui, je comprends. Mais elle sera vraiment toute seule ? C'est vrai que c'est triste, mais si elle t'encourage à rester, c'est parce qu'elle sait que tu as envie de rester ici, elle doit comprendre un peu et elle pourrait s'en vouloir ou .. je ne sais pas. Si jamais tu restes, tu pourrais lui faire ... un calendrier de l'avent, lui envoyer beaucoup de lettres, ou ... Quelque chose qui fasse qu'elle se sente moins seule et qu'elle saches que tu penses à elle.

N'ayant jamais vraiment connu sa situation, je ne peux que me contenter de lui proposer ces espèces de solutions, mais je redoute de manquer de tact, et c'est de toute manière sa décision. La proposition de Jeffrey est gentille, elle me ferait presque penser qu'il existe une solution.

- C'est gentil, on peut essayer. Mais mes parents .. imagine une dame rigide qui considère que l'affection n'est pas un dû. Nous n'avons pas voix au chapitre, je ne peux pas ... lui dire non. Cela ne ferait que renforcer leur mauvaise opinion sur les Serpentards et moi, ce qui compliquerait encore plus les choses. Je ne vois pas trop ce qui pourrait la faire changer d'avis.


Ma main se crispe sur ce pauvre papier. Ce n'est pas parce que je n'apprécie pas particulièrement Mère et ses méthodes d'éducations que cela ne me blesse pas de reconnaître que mon foyer a une mauvaise opinion sur moi. Une part de honte, sûrement. J'ai peur que si j'en parle, les gens pensent que je me pose en victime ou que je déforme la réalité.

La réponse de Sybil suscitait la compassion de Jeffrey. Depuis son arrivée à Poudlard il avait pu constater que de nombreux camarades n'avaient pas la chance d'avoir des familles aussi aimantes et bienveillantes que la sienne. Enfin, s'il devait être honnête la sienne avait connu son long de turbulences et de malheurs également. Mais les choses s'étaient arrangé depuis et au moins Jeffrey n'avait pas besoin de quémander de l'affection auprès de sa mère ou de son père.

« C'est dommage qu'elle soit comme ça. J'crois pas que l'affection doive se mériter. Ils t'en veulent d'être à Serpentard ? » s'étonna l'anglais.

Il n'était pas rare qu'il y ait des à priori entre élèves concernant l'appartenance aux différentes maisons. Mais les parents avaient en général plus de recul sur ces choses-là.

« Oui ma mère ce serait son premier Noël seule. Son papa est parti y a deux ans et jusque là y avait une partie de ma belle-famille pour l'épauler. Mais pas cette année, maintenant que le divorce est acté. Ma mère me pousse à rester, me dit d'en profiter mais je culpabilise trop. Mais ouais ce que tu proposes est pas bête. Montrer que je pense beaucoup à elle, lui faire plein de petits cadeaux chaque jour... Faut que je réfléchisse à tout ça. »

Le garçon adressa un sourire reconnaissant à la préfète de Serpentard. Cette solution était bonne. Mais même si elle était déculpabilisante, il n'en demeurait pas moins qu'il laissait sa mère passer Noël seule... Pour mettre de côté quelques instants ce constat, Jeffrey préféra reporter son attention sur le problème de Sybil.

« Pour en revenir à tes parents... Si tu ne peux pas les convaincre, il faut peut-être trouver autre chose pour les faire plier. Une excuse imparable serait parfaite ! Pas quelque chose comme la Dragoncelle mais tu vois l'genre ? »

Cela semble étonner l'anglais que mes parents puissent avoir encore un préjugé sur des maisons. J'en aurais sans doute moi même eu si j'avais été répartie à Serdaigle. Qui sait ?

- Oh que oui. J'aurais du aller à Serdaigle, Poufsouffle aurait été toléré ... Mais Serpentard, ils le conçoivent comme un repaire de mages noirs et d'individus égoïstes et ambitieux. Je suis une dangereuse sorcière en puissance, qui mettra à mal le nom de la famille, tu vois ? C'est comme ça que l'avait formulé ma grand mère. Je crois qu'elle espérait pouvoir réduire les "dégâts" en me prenant en main pendant les vacances, mais mes parents ont décidé de ne pas se battre et de simplement s'élogner. Je me suis sentie rejetée. Mais la plupart de mes frères et sœurs sont cools. Grand Mère a du être malade de me savoir préfète penses tu, il risque d'avoir une trace durable d'un Donevant fréquentant Serpentard !

Ça, c'était la bonne partie, car si je redoute ma mère, je peux me montrer plus effrontée envers ma grand mère en son absence. Pour quelqu'un qui n'aime pas en parler, je suis bien bavarde sur le sujet. Peut être fallait t'il que je le dise un jour.

On dirait que ma suggestion n'était pas complètement stupide, j'espère au moins qu'elle l'aura un peu aidé. Je suis un peu triste pour sa mère, car passer pour la première fois Noël seule ne doit pas être facile.

- Tu n'as pas une idée d'amis avec lesquels elle pourrait fêter le réveillon ?

Ceci dit, c'est une adulte elle va peut être se trouver elle même un cercle amical avec lequel passer Noël.
Je pense suivre le raisonnement de Jeffrey.

- Oui, c'est pas bête ! Mais ... tu as une idée plus précise ? Ça pourrait marcher.

Incroyable mais vrai, je ne vais peut être pas rentrer chez moi pour Noël.

Jeffrey avait écouté avec attention les explications de Sybille concernant les différentes maisons. Malgré lui le sixième année avait préjugé que si les parents de la préfète n'aimaient pas Serpentard, c'était parce qu'ils voulaient voir leur fille chez Gryffondor, la maison antagoniste. Mais apparemment non, même pas... L'ancien poursuiveur des Hel's tiqua en entendant que Poufsouffle pouvait être toléré. C'était rarement une maison qui attirait et elle était souvent dénigrée. Mais Jeffrey avait appris à faire avec depuis six ans.

Mais à côté de ce que traversait Sybil ce n'était que de faibles préoccupations. Être dénigré ainsi par sa propre famille devait être vraiment blessant. Il trouvait donc que sa camarade de Serpentard était très forte et digne face à tout ça, même s'il pouvait voir aisément que tout cela la peinait profondément. Et c'était bien compréhensible. Jeffrey avait donc adressé une moue compatissante avant que le sujet de conversation ne change.

Il avait ensuite hoché la tête négativement concernant le réveillon. Jeffrey ne voulait sûrement pas suggérer à sa maman qu'elle aille avec des amis, comme pour se débarrasser du problème. En tout cas ça ne viendrait pas de lui et il préférait trouver des solutions pour le problème de Sybil.

« Euh, j'sais pas moi. Si un de tes parents est hypocondriaque une maladie contagieuse pourrait les rebuter. Ou alors tu dis que les préfètes sont mises à contribution pour l'accueil des correspondants AMICO... » le garçon réfléchissait au fur et à mesure et il avait du mal à trouver des excuses plausibles tout simplement car il n'était pas tellement habitué à mentir. Mais comme c'était pour quelqu'un d'autre, l'exercice l'amusait. En tout cas il était content d'aider Sybil, surtout vu ce qu'elle lui avait confié.

« Ou que tu as raté le Poudlard Express, un truc du genre. Mais ça marcherait que si tes parents viendraient pas te chercher ensuite... Et puis j'imagine que dans ce cas Mrs Montmort trouverait un moyen que tu rentres dans ta famille. »

Le garçon fit la moue, objectant ses propres stratégies. Peut-être Sybil allait elle avoir elle aussi des idées ?