Il était toujours difficile de sonder les intentions de Mrs Valerion mais Jeffrey pouvait presque jurer qu'elle le regardait avec une touche d'affection lorsqu'il lui répondait. Elle ne releva pas une seconde sa petite pointe d'impertinence et entra même dans son jeu à propos des difficultés qu'éprouvait Sorrow pour conclure avec Herminie. Evidemment, cela fit rire l'anglais de bon cœur. Il était rare qu'un professeur ne manie pas la langue de bois ou du moins qu'elle se moque ouvertement d'un élève. Jeffrey n'était pas dupe pour autant, tous les professeurs devaient s'en donner à cœur joie dans la salle des profs mais la plupart d'entre eux affichaient en public une retenue que Mrs Valerion n'avait pas toujours.

Le sixième année retrouva néanmoins son sérieux. Comme souvent son enseignante avait l'art du contre-pied. Embêter Sorrow en contrecarrant ses projets était très tentant mais malgré ses côtés agaçants, il ne méritait pas d'être laissé en galère sur quelque chose qui lui tenait à cœur. Jeffrey pouvait se montrer empathique dans ces situations. Lui-même n'aurait pas aimé qu'un autre élève en vienne à gêner ses ambitions de devenir dragonologiste en prenant une décision arbitraire. Il n'était donc pas question de faire aux autres ce qu'il n'aimerait pas qu'on lui fasse.

« J'aimerai vous dire qu'il ne faut pas l'entraîner, ça lui ferait les pieds à intriguer sans arrêt et à se jouer des autres. Faut avouer qu'il a l'art d'être agaçant... Mais je crois que ça lui tient à cœur donc je pense que vous devriez l'aider oui. Et puis c'est le rôle des professeurs non ? Développer le potentiel des élèves et les aider à s'épanouir, surtout quand ce sont eux qui sont demandeurs. Personnellement j'ai été content de pouvoir compter sur votre soutien l'an dernier. »

L'anglais marqua une brève pose pour sourire à l'enseignante. Cette femme semblait dure et partiale. Et c'était d'ailleurs surement vrai comme en témoignait la fondation de son club Prodigium qui créait des clivages. Mais elle savait aussi aider et donner de son temps pour aider les élèves. Elle avait aussi de bons côtés et Jeffrey l'encourageait à ce qu'elle les manifeste sans conditions.

« Par contre c'est entre Sorrow et vous. Je n'ai rien à voir là-dedans et je ne participerais pas à un duel. Il y a un club pour ça et c'est pas ce que je recherche en venant ici... »

Au moins c'était clair. Pour les duels c'était non, sinon il reconsidérerait clairement son positionnement vis à vis de ce club. Adaline l'avait déjà fait et d'ailleurs Jeffrey irait surement parler de tout ça avec elle. Il n'était donc pas impossible que l'anglais en fasse de même s'il n'y trouvait plus son compte ou qu'il était amené à faire des choses dont il n'avait pas envie.

Et maintenant que le jeune homme avait répondu, Sixtine était sur d'elle, il était quelqu'un de bien et avait toute sa place dans son club. Il avait conseillé l'enseignante en lui disant qu'elle devait aider son camarade bien qu'il ne semblait pas porter l'adolescent Sorrow dans son cœur. Une belle preuve de sagesse. Finalement, il était bel et bien un enfant de Poufsouffle et non un vicieux serpent. Quoi que, tous les serpents n'ont pas le vice en eux.

- J'aime votre façon de penser et je pense que vous avez raison. Je vais tout de même m'accorder un peu le temps de la réflexion pour m'assurer qu'il ne s'agit pas d'une lubie passagère mais bel et bien d'une véritable ambition, une vie déterminée. Si c'est le cas alors il aura mon enseignement sur ce qu'il désire.

Puis l'élève de Poufsouffle revint sur cette histoire de duel et sur le fait qu'il ne souhaitait pas être impliqué. Sixtine était presque vexée de le voir revenir sur le sujet, n'avait il pas compris ce qu'elle avait expliqué précédemment ? Elle n'avait pas forcé qui que ce soit à se battre en duel, elle souhaitait simplement inciter Gryffs à rejoindre son club. Mais soit, il avait besoin d'être rassuré alors, elle allait le rassurer.

- Ne vous en faites pas Mister Hunter, personne ne vous force à participer à un duel, ayez un peu plus confiance en moi, vous verrez, je ne suis pas si... Dérangée que j'en ai l'air. J'aime le jeu, c'est vrai, mais d'une manière générale, je n'implique pas les autres.

Même si Gryffs l'agaçait fortement depuis quelques temps, il restait une connaissance agréable avec qui il avait partagé plusieurs moments sympas dans les dortoirs. Il n'était donc pas spécialement question de lui savonner la planche. En tout cas pas tant que Sorrow ne l'impliquait pas de force dans ses manigances. Le sixième année fut ensuite surpris d'avoir convaincu Mrs Valerion si rapidement. Peut-être n'avait elle demandé son avis que par pure politesse ou pour confirmer une décision en réalité déjà prise ? Et en même temps l'enseignante de Défense Contre les Forces du Mal avait plutôt tendance à prendre en considération les opinions de celles et ceux qu'elle appelait ses prodiges.

Le Poufsouffle hocha alors simplement la tête pour acquiescer en souriant aux propos de l'adulte. Sorrow pouvait comme tout ado avoir des lubies passagères. Mais il avait l'impression que la magie de l'esprit l'intéressait depuis un moment. Il n'allait donc probablement pas lâcher le morceau facilement. En revanche la conversation prit ensuite une tournure surprenante... Inquiet ? Non il n'était pas inquiet à cause d'un duel contre Sorrow. Il ne voulait juste pas qu'on manigance dans son dos. Et quoi qu'en dise Valerion, Gryffs n'avait surement pas inventé de toute pièce sa conversation avec l'enseignante. Et visiblement elle n'avait rien fait pour le dissuader de défier ses prodiges... Il était donc méfiant mais à son sens Mrs Valerion venait de lui donner sa parole et c'était un gage suffisant. L'an dernier il avait pu compter sur elle après tout.

« J'ai confiance en vous. Mais pas en Gryffs, c'est tout. Je voulais rien dire d'autre. » tint à préciser le Poufsouffle avant de questionner l'adulte, interpellé par une de ses formulations. « Dérangée ? Mais vous avez pas l'air dérangée ! » se mit à rire l'anglais non sans se laisser aller à son élan de curiosité. « Y a des gens qui pensent ça d'vous ? »

Il avait bien répondu, il n'avait pas affirmé que sa professeure était dérangée et il avait bien fait car nul doute qu'elle aurait été vexée par de tel propos alors même qu'il s'agissait de ses propres mots. Il assura à la professeure qu'il avait confiance en elle mais qu'il s'agissait d'une toute autre paire de manche concernant son camarade de Poufsouffle.

- Je préfère ça, une relation sans confiance ne peut pas être saine.

Et par relation elle entendait bien sur le fait qu'il puisse se rendre à des réunions de petits privilégiés tous les mardi soir et qu'il puisse avoir à sa disposition tout le loisir d'apprendre plus que nécéssaire. Bien sur, il n'était pas obligé de rester dans ce club mais, Sixtine savait qu'il était assez intelligent pour comprendre son importance. Après tout, ça allait faire un plus sur son dossier pour les écoles supérieures.

- J'imagine que oui. Nous sommes toujours le dérangé d'une autre personne. J'ai conscience que certains de mes collègues trouvent mes méthodes peu commune et peu conventionnelle mais de mon point de vue, il faudrait être fou pour ne pas confronter les élèves à la réalité du monde. Alors, non je ne suis pas dérangée selon moi.

Pour la professeure de défense contre les forces du mal chacun était libre de penser ce qu'il voulait sur elle et bien que personne ne soit venu lui dire qu'elle était une piètre professeure, elle avait senti que certains n'en pensaient pas moins.

- Si j'ai répondu à toutes vos questions je pense que nous pouvons reprendre la préparation de la salle. Sauf si vous avez autre chose à faire bien sur, je ne vous retiens pas...

La réponse de Mrs Valerion témoignait d'une certaine crispation. Du moins il en avait l'impression. Jeffrey ne pouvait nier que le doute s'était insinué dans son esprit concernant l'enseignante de Défense Contre les Forces du Mal. Mais jusqu'ici elle n'avait jamais donné au Poufsouffle matière à lui retirer sa confiance. Bien au contraire. Il lui laissait donc le bénéfice du doute pour l'instant et se contenta d'acquiescer concernant leur relation. Puis il fut surpris que l'adulte admette si ouvertement que certains de ses collègues professeurs semblaient la désapprouver.

« Votre expression m'en rappelle une que mon grand-père me disait souvent. Mais le mot "dérangé" était remplacé par un autre pas plus flatteur. En tout cas je vois ce que vous voulez dire... Depuis que je suis arrivé à Poudlard il s'est passé tellement de choses incroyables et parfois terribles que je comprends que vous vouliez nous préparer. Vous avez juste vos méthodes peu académiques, c'est ça ? » répondit Jeffrey avec un sourire de connivence.

Le Poufsouffle préférait des approches plus traditionnelles et prendre les choses dans l'ordre. Mais il ne pouvait nier que le Club Prodigium comme les cours dispensés par Mrs Valerion l'avaient fait progresser. Pas tant magiquement mais au niveau de la confiance en soit. Elle le tenait en haute estime et avait su l'écouter lorsque son flux magique s'était trouvé perturbé l'an dernier. Pour l'heure il n'était donc pas question de renier l'apport de son enseignante.

« Pas de soucis Miss, j'ai encore quelques minutes devant moi. » ajouta le sixième année en sortant sa baguette magique pour aider à la mise en place de la salle. L'heure n'était plus à la discussion.

Fin du RP (vu avec Sixtine)