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15 janv. 2023, 13:25
Le Livre du Prince  complète 
Dumbledore admira les fils d’argents qui tournoyaient dans sa pensine en soupirant, il avait mis quelques unes de ses pensées de côté pour réfléchir plus à son aise mais il s’était passé trop d’évenements ces derniers mois pour que son esprit soit aussi clair qu’il l’aurait souhaité… Les attaques contre l’Ordre s’étaient enchaînées à une vitesse alarmante, ils avaient eu beaucoup de pertes… Le vieux sorcier était passé voir Maugrey à St Mangouste la veille mais les nouvelles n’étaient pas très bonnes… L’Auror avait perdu son œil malgré la ténacité des médicomages, le maléfice qu’il avait reçu avait été conçu pour que ses victimes soient difficiles à soigner… Heureusement son ami était sauf. Fumseck émit une note triste depuis son perchoir, il sentait que son Maître n’était pas dans son meilleur jour. Le heurtoir cogna fermement contre la porte, Albus se râcla la gorge pour tenter de la dénouer et plaqua une expression amicale sur son visage.

— Entrez dit-il d’une voix enrouée.

Il s’attendait à voir James et Lily, mais c’était Alastor. Un bandage tâché cachait son œil blessé et il boitait encore légèrement.

— Que faites vous déjà sur vos pieds Alastor ? demanda Albus en contournant son bureau pour s’asseoir.

— Je ne pouvais pas rester là-bas, c’est un vrai magicobus ! N’importe qui peut rentrer là-dedans, je n’allais pas leur donner l’occasion de finir le travail. Les Potter attendent en bas, je leur ai demandé de nous laisser une minute…

L’Auror se laissa tomber sur le fauteuil des visiteurs et posa sa baguette sur ses genoux, croisant les mains par dessus d’un air grave.

— Les Londubats ne sont plus en sureté maintenant que leurs gardiens du secret sont tombés, Albus. J’aimerai qu’on discute des mesures à prendre pour renouveler les protections…

— Ce n’est pas l’enfant de Franck et d’Alice que Voldemort a choisi l’interrompit Albus en se caressant la barbe.

— Ah bon ? Mais je croyais que… D’où tenez vous donc cela ?

— D’une source fiable à première vue.

— À première vue ?

Dumbledore se remémora l’expression paniquée de Severus lors de leur rencontre de la veille sur la colline désolée. Il ne connaissait pas bien le Serpentard et il avait l'habitude d'accorder sa confiance prudemment et sous certaines conditions, il lui était déjà arrivé d'être déçu ou trahi… La peur cela dit était une émotion difficile à feindre correctement et Dumbledore avait perçu l’humiliation du mangemort, sa panique absolue. Lui demander de l’aide contre son Maître était sans doute son ultime pis-allé, il devait avoir une motivation très puissante. Toutefois Albus n’arrivait pas à comprendre les motifs du Serpentard…

— Dites aux Potter d’entrer Alastor, nous allons en parler tous ensemble.

L’Auror fit un moulinet avec sa baguette et un éclair argenté se rua vers la porte sans qu’on puisse en apercevoir la forme, il reposa sa baguette en grommelant dans sa barbe. Quelques instants plus tard, les Potter entrèrent dans son bureau en souriant.

— Qu’est-ce qui était si urgent ? Demanda James en s’installant dans le deuxième fauteuil à côté de Maugrey tandis que Lily se postait près de la fenêtre pour admirer le parc. Nous avons du laisser Harry avec Sirius…

— J’espère qu’ils n’auront pas tout cassé quand on rentrera s’amusa Lily.

Dumbledore eut un pincement au coeur. Il fallait encore que ce soit lui qui annonce les malheurs et qui gâte le bonheur de ceux auxquels il tenait…

— Vous vous êtes déjà installé à Godric’s Hollow ? Demanda t-il pour gagner du temps.

— Oui, on ne pouvait pas rester à Flagley-le-Haut après ce qui s’est passé… Franck et Alice nous on aidait à déménager, ça a été vite…

— C’est un bon choix, un village absolument charmant d’après mes souvenirs. Personne ne connaît votre nouvelle adresse hormis les Londubats et Sirius ?

— Non… Il y a un problème Albus ?

Il croisa le regard vert, Lily exigeait la vérité sans détour. Il déglutit et étouffa l’envie d’atténuer la nouvelle avec quelques détours supplémentaires…

— J’ai bien peur que oui. Une source fiable m’a révélée hier soir que Tom avait changé de cible.

James pâlit brutalement.

— Il pense que c’est Harry qui…

Lily rejoint son époux et se plaça à côté de son fauteuil, elle lui attrapa la main avec inquiétude.

— Choisissez un gardien du secret parmi vos amis continua Albus, le Fidelitas vous gardera en sécurité. Même Tom ne peut pas lutter contre ce sortilège.

Le jeune couple échangea un long regard chargé d’angoisses puis James se râcla la gorge.

— A ce propos… Merci Alastor pour hier. Lily était seul avec Harry et les mangemorts… A eux deux ils auraient pu…

Sa voix s’éteignit, Lily lui offrit un sourire réconfortant.

— Je n’ai pas fait grand-chose râla Maugrey pour mettre fin à cet étalage de sensiblerie. Lily m’a envoyé chercher et je suis venu.

Lily cligna des yeux d’un air surpris.

— Moi ? Demanda t’elle avec hésitation.

— Oui, c’est ton Patronus qui m’a permis d’arriver à temps.

— Ce n’était pas moi… Je ne savais pas qu’ils étaient là ! J’étais en train de jouer avec Harry quand j’ai entendu le tapage de l’affrontement dehors. Je croyais que tu les avais suivi jusqu’ici…

— C’était toi alors ? Demanda Alastor en se tournant vers James.

— Le mien, c’est un cerf.

— Bah oui… Je me disais bien. Celui que j’ai suivi c’était une biche mais…


Voilà qui était intriguant, le vieux sorcier se caressa la barbe pensivement.

Les Patronus n’étaient pas falsifiables, il avait choisi ce sort-là précisément pour cette raison. Il fallait avoir des intentions pures pour réussir le sortilège et chacun d’eux représentait son lanceur de façon unique et déguisée. Alastor savait parfaitement reconnaître un patronus donc ça ne pouvait pas être autre chose… Il était extrêmement improbable que deux sorciers aient le même Patronus à moins que l’un d’eux soit amoureux… Il se figea. Qui pouvait-il bien être amoureux de Lily hormis James ? Il fallait également que ce soit quelqu’un de bien informé, qui savait que les Potter allaient être attaqué… La seule autre personne qui ait manifesté de l’inquiétude pour elle c’était… Ses pensées retournèrent flotter sur la colline battue par le vent de la nuit dernière. Les dernières pièces du puzzle s’assemblèrent dans son esprit.

Severus Snape. Un Serpentard bon élève d’après ses maigres souvenirs mais qui eût rapidement de mauvaises fréquentations, il lui semblait se souvenir l’avoir souvent vu seul dans le château lorsqu’il était élève. Et puis il y avait eu l’incident avec Rémus et les nombreux pugilats que McGonagall lui avait rapporté entre lui et James aussi… Certains enfants étaient brisés d’avoir du se construire sans Amour, cette cassure en eux les empêchait d’acquérir la capacité d’aimer, de se soucier plus d’un autre être que de d'eux-même une fois adulte. Albus avait cru que ce garçon était l’un d’eux, comme Tom, comme beaucoup de Serpentards, de Né-moldus, comme tous ces enfants qui n’étaient pas ce que leur parents avaient espéré d’eux… Des être perdus, irrémédiablement perdu malheureusement… Et pourtant, Severus était venu le trouver, malgré sa fierté blessée, malgré la flétrissure qui marquait son bras gauche, malgré les ravages qu’avaient du faire la magie noire et les impardonnables sur son âme : Il avait remis sa vie entre les mains d’Albus pour sauver Lily.

Une chaleur réconfortante envahit sa poitrine et Albus couva Lily d’un regard pétillant, il sentait sa bonne humeur lui revenir grâce à cette heureuse déduction. Il n’avait pas eu si souvent l’occasion de contempler un tel Amour, oh il le voyait en ce moment-même dans le regard que James posait sur sa femme et il avait lui-même… Albus se remémorra l’intolérable souffrance qu’il avait éprouvé en ressentant lui-même cette passion pour Gellert… Aurait-il arboré un Phénix argenté ? Était-il seulement capable de produire un patronus ? Il se souvint des mots précis qui décrivait le sortilège du Patronus :

« Son échec reflète l’âme corrompue ».

Albus dévia brusquement le cours de ses pensées pour revenir à Severus.

Lorsqu’il avait parlé avec lui sur la colline venteuse, Albus n’avait pas compris que le mangemort ressentait de l’Amour pour Lily, il avait simplement cru qu’il désirait arracher la jeune femme à son ennemi de jeunesse, qu’importe les moyens utilisés pour la récupérer… Mais la Biche Argentée était plus explicite que n’importe quel mot aurait pu l’être, un Patronus d’Amour. Si Severus était capable de générer un tel patronus alors Albus venait d’acquérir un avantage inespéré dans cette guerre, il allait falloir réfléchir à tout cela à tête reposée pour en tirer le meilleur parti…

Il émergea de ses pensées comme d’une eau profonde, les trois sorciers en étaient venu à épuiser leurs hypothèses sur le mystérieux patronus mais ils n’avaient pas semblé remarquer sa distraction. Lily semblait particulièrement intrigué par la ressemblance entre son propre patronus et celui de l’inconnu. Ils s’entre regardèrent tous les trois avec perplexité puis Alastor se tourna vers Albus, son expression se durcit aussitôt.

— Vous savez d’où vient ce patronus Albus ? Dites-le. Ne nous faites pas mijoter, vous avez cet air agaçant, celui qui veut dire : « j’ai la réponse mais c’est plus amusant de vous voir chercher seuls »…

— La plus puissante forme de magie qui soit répondit-il avec un sourire énigmatique, la Biche Argentée a guidé Alastor vers Lily : ma seule certitude c’est qu’elle vient d’un nouvel allié.

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Chacun voit ce que tu parais, peu perçoivent ce que tu es.