Refermant son sac à toute vitesse, Tiffanie s’empressât de se diriger vers la sortie de sa salle de classe, tandis que sa professeur d’histoire de la magie récupérait les devoirs de chaque élèves. Elle n’aurait pas supporté passer une seconde de plus coincée entre ses quatre murs, sans pouvoir calmer son estomac criant famine! Mais heureusement pour la rouquine, les vacances étaient proches et elle pourrait bientôt rentrer chez elle et oublier l’existence même des cours le temps de quelques semaines.

La fillette traversa la porte, mais s’arrêta un instant, entendant sa professeur appeler une autre élève:

"Miss Blackburn, un instant, j'aimerais vous dire deux mots."

Blackburn? Son père n’avait-il pas un ami portant ce nom… Mais si! C’est celui qui avait vécu une situation similaire à l’ainé de la fratrie des Shell! En effet, William avait trahit les convictions de sa famille, prônant la suprématie du sang, en épousant une sang-mêlé et l’ami de ce dernier avait fait de même en épousant une moldue. La rouquine savait que l’homme en question avait eu une fille… Était-ce elle? Cela voudrait dire qu’elle aurait trouvé une fille dans la même situation familiale, quelqu’un qui la comprendrait vraiment ?

La Serpentard décida alors de d’attendre près de la porte, afin de pouvoir parler à cette fille qui était, comme elle, l’enfant d’un traitre à son sang.

Ce cours d’histoire avait été un vrai supplice, encore plus que d’habitude. Elle n’avait pas réussi à se concentrer, et avait très rapidement abandonné l’idée de suivre les paroles de Miss Lydon. Et quand le cours avait pris fin, au moment de récupérer les devoirs, elle fut malheureusement interpellée par l’enseignante, qui la retenait quelques instants.

« Miss Blackburn, un instant, j'aimerais vous dire deux mots. »

Son manque d’attention n’était pas passé inaperçu visiblement. S’en était suivi d’un très rapide entretien, dans lequel l’enseignante lui demanda si tout allait bien et elle lui conseilla de se montrer plus attentive à l'avenir. La Serpentard avait bien sûr acquiescé et répondu convenablement, avant de se diriger vers la sortie avec une certaine hâte de la classe, embarrassée et surtout très irritée.

L’Histoire de la magie était très loin d’être sa matière de prédilection, au grand dam de son père passionné d’histoire. Mais après une enfance de rabâchement sur des faits historiques et sur l’importance de cette matière, Veronica n’en pouvait déjà plus. Et elle n’était qu’en première année.

Une fois sortie de la salle infernale, elle souffla enfin. Au moins elle n’avait eu qu’un avertissement, et elle était en weekend à présent. Mais cela ne l’empêchait pas d’être d’une humeur assez sombre, ayant cette entretien au travers de la gorge. Lui demandait si elle allait bien, franchement. Comme si les professeurs se souciaient réellement du bien-être des élèves…

Elle remarqua la présence d’une autre élève juste à côté de la porte. C’était une Serpentard, dans sa promo. Stéphanie ? Tiphaine ? Le jeune Blackburn ne savait plus vraiment. Qu’importe, tout ce qu’elle voulait, c’était partir le plus loin de la salle de cours de Miss Lydon.

Tout en attendant, de moins en mois patiemment, sa camarade de promo, Tiffanie entendait les voix brouillées de sa professeure ainsi que de la Blackburn, mais impossible de comprendre ce qu’elle disaient… Dommage, elle aurait bien aimé connaître la nature ce leur conversation.

Les voix s’arrêtèrent soudainement et à peine quelques secondes plus tard, une autre Serpentard sortie au pas de course. La jeune fille avait l’air plutôt de mauvaise humeur et ne semblait en aucun cas vouloir être dérangée, mais Tiffanie s’en fichait bien. Si elle voulait lui parler, elle lui parlerait, point.

S’approchant d’elle pour l’empêcher d’aller plus loins et l’obliger à lui parler, la rouquine reconnu l’élève comme étant une certaine Niks. Drôle de prénom.

"Excuse moi… Niks, c’est ça? Je m’appelle Tiffanie Shell, je crois que nos pères se connaissent et sont dans la même "galère familiale" si tu vois ce que j’veux dire. Le mien s’appelle William, peut-être que tu as déjà entendu parler de lui?"

Tiffanie n’avait pas pour habitude de se présenter avec son nom de famille à d’autres élèves, et encore moins de présenter son père, ayant toujours peur de tomber une personne conservatrice ayant entendu parler de la trahison de ce dernier envers ses principes familiaux. Mais elle avait confiance en cette Niks! Après tout, elle aussi était la fille d’un traite à son sang, elle devait donc sans doute avoir expérimenté cela de la même façon, et développer des opinions similaires au siens. N’est-ce pas?

A peine avait-elle fait quelques pas, qu’elle fut interrompue par sa camarade. Que lui voulait-elle donc ? Elle espérait que cela n’avait aucun rapport avec le cours ou Miss Lydon, sinon la Serpentard risquait fort d’être déçue. Et peut-être verbalement violentée au passage.

Son prénom était donc Tiffanie, elle y était presque. Tiffanie Shell. Autant son prénom ne lui disait rien, mais son nom lui semblait très familier. Shell. Il lui semblait en avoir entendu parlé par son père et sa grand-mère.

Son regard, au début perplexe et perçant, qui faisait transparaitre son incompréhension et sa défiance, s’illumina légèrement. William Shell, elle reconnaissait ce nom, l’ayant entendu à plusieurs reprise. Son père avait un ami de ce nom, ce qui était assez cocasse, sachant que son grand frère portait le même nom, William Blackburn. Mais ce dernier était disons… En froid avec Fitz, son père, depuis des années. Depuis son mariage avec Mélanie. Et les naissances de Veronica et de son frère n'avaient pas aidé.

« Oui, c'est ça, Niks. Et mon père s’appelle Fitz Blackburn, il était à Serdaigle », finit-elle par répondre, « il m’a déjà plusieurs fois parlé d’un certain William Shell… Ils étaient amis à Poudlard. Serdaigle aussi il me semble, non ? »

Son père n’était pas vraiment un papillon sociable, et de ce que lui avait dit sa grand-mère, il n’avait jamais eu beaucoup d’ami, préférant la compagnie de ses livres. Mais c’était la version officielle, et elle ne connaissait pas grand-chose du passé de son père au final. Elle connaissait à peine ses propres oncles, les frères de Fitz.

« Je vois pas ce que tu veux dire, par galère familiale», ajouta-t-elle, faisant mine de ne pas comprendre, et elle ajouta, soupçonneuse, « et même si c’était le cas, qu’est-ce que cela peut te faire, dis-moi ? »

Elle était méfiante de la nouvelle venue. Que voulais-t-elle à la fin ? Farfouiller dans ses affaires personnelles ? Sa famille était une affaire qui ne regardait qu’elle.

C’était déjà bien assez compliqué d’être une Sang-Mêlé.

Qu’est-ce qu’elle pouvait être désagréable cette fille! Tiffanie voulait simplement lui montrer qu’elle n’était pas la seule à avoir des problèmes familiaux comme les siens et au final, tout ce qu’elle récoltait c’était de se faire traiter comme une vielle chaussette.

"Oui, il était à Serdaigle aussi."

Ses bras se croisèrent machinalement contre sa poitrine, trahissant elle même inconsciemment son envie de montrer sa supériorité afin que la dénommée Niks lui parle sur un autre ton. Hors de question pour la rouquine de lui donner la moindre chance de lui marcher dessus. Elle avait déjà fait cette erreur une fois avec Leann, et ce n’était pas près de recommencer!

Les dernières paroles de la plus grande la laissèrent tout de même perplexe… C’est une blague?

"C’est bon, pas besoins de jouer l’innocente. On sait toutes les deux que ton père a épousé une moldue alors que sa famille ne veut être composée que de sorciers avec le sang le plus pur possible. Mon père aussi il vivait dans une famille comme ça et a finit par se faire jeter dehors pour s’être mît avec ma mère, qui est de sang-mêlé. En plus sa mère c’est une moldue et son père un né-moldu, donc c’est le pompom!"

La fillette avait parlé d’une voix plutôt forte, afin de s’imposer et donc de dissuader son interlocutrice de continuer à lui mentir, mais son tond s’adoucît nettement lorsqu’elle reprit la parole.

"Je voulais juste te dire que je sais c’que ça fait de ne pas être désirée par sa propre famille paternelle et que tu n’es pas seule à te sentir mal parfois. T’sais entre filles de traîtres à leur sang, on se soutient!"

Elle tenta une légère touche d’humour pour décontracter l’atmosphère après sa mini confession sur son mal-être. Ça faisait du bien de parler à quelqu’un qui puisse la comprendre un minimum.

Elle l’avait attendue devant la salle de classe… pour lui dire tout ça ? Quelle blague. Pour qui elle se prenait ? A lui parler de soutien et de traitre à son sang.

« Je t’arrête tout de suite Tiffanie », lui dit-elle avec autant de calme qu’elle pouvait, « je ne suis pas intéressée par cette… soi-disant solidarité dont tu parles. Ma situation n’a rien à voir avec la tienne. »

Sa situation était plus compliquée que ça, et même du haut de ses onze ans elle pouvait percevoir en partie la tension entre son père et son grand-père. Mais cela ne voulait pas dire qu’il avait été renié, ni même que Veronica n’était pas accepté.

« Et désolée de te l’apprendre, je ne sais pas que ce que ça fait, de ne pas être désirée. Je suis peut-être une Sang-Mêlé, mais je reste une Blackburn et je ne te permets pas de dire que mon père est un traitre, il n’a pas été renié, lui. »

Bien sur que si, elle connaissait ce poids, mais elle se refusait d'en parler avec quiconque. Elle n'était pas faible. La brunette était clairement sur la défensive, mais Tiffanie l’avait cherchée. Son comportement était l’agaçait au plus haut point. Leurs pères se connaissaient peut-être, mais ça ne lui donnait pas une raison pour se montrer aussi intrusive et malpolie.

« Si tu as autant de mal à supporter ta situation familiale, c’est pas moi qu’il faut venir voir, y’a un bureau de psychomagie dans le château, il semble. »

Sa dernière phrase était peut-être un peu trop… forte, mais tant pis.

«Si t'as rien d'autres à ajouter, j'aimerais retourner dans la Salle Commune. En paix. »

Bien que la fillette ne laissa rien paraître, les paroles de la châtaine la blessèrent profondément. Elle, l’une des seules personnes, si ce n’était la seule personne, à pouvoir la comprendre un minimum venait de la rejeter sans le moindre remords. Était-ce une mauvaise blague de sa part? Elle ne pouvait pas être sérieuse, si?

"Tu te fous de moi j’espères? J’viens te voir de mon plein gré et te parle super gentiment et toi, c’est comme ça que tu me réponds? Et tu oses me faire croire que tu sais pas c’que c’est de ne pas être désirée? Donc quoi, quand t’es né la famille de ton père a fait une grande fête? Ouais, notre lignée n’est officiellement plus pure! Trop bien!"

Cette fille commençait à l’exaspérer presque autant que Leann. Entre une raciste qui s’est fait retourner le cerveau par ses parents et elle qui n’assumait pas ses origines… Quoi que… C’était peut-être ça le problème!

"À moins que t’es juste trop honte d’assumer le fait d’être la tâche noir sur l’arbre généalogique de ta famille? C’est vachement lâche je trouve. Moi au moins j’ai réussi à accepter y’a déjà bien longtemps que j’serais jamais aimée, il serait temps que t’en fasse autant!"

Bien que Tiffanie avait uniquement pour but de blesser sa camarade, elle se blessait elle même également… Ce n’était vraiment pas son idée la plus brillante de l’attaquer là dessus. Et puis, la rouquine avait tout de même un minimum d’empathie pour Niks, et elle savait qu’elle-même aurait été extrêmement blessé par ce genre de propos. Était-elle entrain de se comporter comme Leann?

"Écoute… J’suis désolée, mais franchement la façon dont tu parles, on dirait que tu veux rejeter ton problème. C’est vraiment pas sympa d’ta part sachant que je vis le même truc…"

Elles n’avaient visiblement pas la même définition de gentiment. Venir lui casser les pieds, alors que Veronica ne lui avait rien demandé ? Et cette rousse pensait sincèrement qu’elles allaient sympathisées, parce qu’elles étaient soi-disant dans la même situation.

Oui, elle était de sang mêlé, et oui, peut-être que la famille de son père n’avait pas fait une grande fête, mais la jeune Blackburn n’en avait que faire des idéologies et des mouvements. Les moldus étaient tout aussi détestables à ses yeux que les sang-purs, et tout ce qui l’intéressait c’était sa magie et sa tranquillité. Et cette Tiffanie mettait cette dernière en périls.

Je vais t’en montrer du « pas sympa », Shell.

« C’est ça que tu veux, vraiment ? Du soutien ? Une solidarité de… de quoi déjà ? Ah oui de fille de "traitre à son sang" ? Je suis désolée, mais encore une fois, je ne suis pas intéressée. Arrête de projeter ton mal être sur moi, car franchement, c’est malaisant. »

La rousse la mettait autant mal à l’aise qu’en colère. Veronica avait dû ravaler sa fierté à la fin du cours d’Histoire de la Magie, mais là ? Elle se défoulait.

« Mets-toi ça dans le crâne, on n’est pas dans la même situation. J’en n’ai rien à carrer que ton père ait été ami avec le mien, ou que ta famille n’en ait aussi rien à faire de ton existence. Ce. N’est. Pas. Mon. Problème. »

Qu’est-ce qu’elle avait pensé, sincèrement, en attendant devant la salle de cours ? Que la brunette allait sauter de joie et qu’elles allaient devenir amies ?

« Je suis une sang-mêlé, et je l’accepte. Tout comme la famille de mon père. Je n’ai pas été reniée tu vois ? Si ça se trouve, c’est toi qui est en cause, tu dois avoir un truc qui cloche. »

Veronica commençait réellement en avoir marre, de leur échange, si bien qu’elle se décida qu’il était tant qu’elle se remette en route. Elle s’avança vers la Serpentard, dans l’objectif de la contourner, tout en ajoutant : « Si tu veux de la sympathie, tu devrais aller chercher chez les né-moldus. »

Elle espérait que Tiffanie la laisse enfin tranquille.

Plus Niks parlait, plus Tiffanie serrait des poings, attendant avec impatience que cette sale petite peste se taise enfin. Mais une phrase attisa son attention, bien plus que tous les autres petits piques qu’avait essayé de lui lancé la sang-mêlée. "Tu dois avoir un truc qui cloche". Cette phrase, lui donnant comme une sensation déjà vu… "Tu es une erreur".

Une nouvelle personne qui lui faisait comprendre que seule elle était le problème. Les autres étaient normaux, acceptés, aimés, mais pas elle. Bon sang même cette fille semblait avoir été malgré tout accepté par sa famille. Alors pourquoi pas Tiffanie? Était-ce parce qu’elle n’avait pas essayé? Son père avait-il fait d’autres choses? Non… Ce qu’avait fait son père, épouser une sang-mêlé, était bien moins que ce qu’avait fait l’ami de ce dernier: épouser une moldue! Tiffanie était celle qui méritait le plus l’amour de sa famille paternelle!

Était-ce ça, la jalousie?

N’ayant que faire de ce que dit Niks par la suite, la rouquine prit la parole, la respiration accélérante suite à la colère qu’elle tenta néanmoins de contrôler:

"Tu fais pitié. De nous deux c’est TON père le plus fautif! Entre épouser une sang-mêlé et épouser une moldue, y’a pas photo sur qui a commit la plus grosse trahison. J’suis sure que même ta famille a eu trop pitié toi, c’est pour ça qu'ils ne t'ont paz complètement rejeté. Mais laisse moi te dire une chose…"

La fillette s’approcha dangereusement de sa camarade, la regardant doit dans les yeux, avant de reprendre.

"Au fond ils ne t’aiment pas. Et dès qu’ils pourront ils se débarrasseront de toi sur leur arbre généalogique."

Elle arrêta une fois de plus son trajet, et souffla. Ne pouvait-elle pas passer son chemin et aller embêter quelqu’un d’autre ? Visiblement, elle semblait trop aveuglée par ses émotions pour comprendre que Veronica n’en avait rien à faire des histoires de sang. Et encore moins des paroles de l’autre Serpentard. Cependant elle refusait de lui laisser le dernier mot.

Moi, je fais pitié ? Mais oui c’est ça.

« Bon écoute moi bien Tiffanie Shell » prononça-elle en tentant de se calmer, tout en se tournant de nouveau vers la rousse, « je vais essayer d’être le plus clair possible, car visiblement tu as du mal à comprendre. Je n’ai pas envie de parler de ma famille avec une petite peste prétentieuse telle que toi. Que nos pères soient amis n’y change rien. Et que ta famille soit moldue, sorcières ou strangulots, je m’en tape… Avec ou sans magie, les gens sont toujours pareils… Et ceux qui me laisse tranquille sont juste un peu moins détestable. »

Et clairement tu ne fais pas partie de ceux-là.

« Si tu as besoin de soutien ou je ne sais quoi encore, va aller pleurer dans le bureau d’un prof ou encore chez la psychomage, comme je te l’ai déjà conseillé ».

Veronica n’aimait pas particulièrement les joutes verbales, ni même discuter d'ailleurs, mais elle avait besoin de décompresser, et la provoquer en duel devant la salle de classe de Miss Lydon… N’était pas une bonne idée.

« Sur ce, passe une désagréable journée ».

Et la brunette reprit sa marche.

@Tiffanie Shell
Excuse moi du retard en fonction de ta réponse, ceci sera surement mon dernier post