Il étaient sept à suivre les enseignements de Natanaël Carpentier, un français semi-vélane au charme indéniable, et ce depuis deux mois. Les cours avaient démarrés peu de temps après la réunion d'information dans une salle de classe qu'ils retrouvaient de manière hebdomadaire. L'homme qui leur donnait des cours à la demande d'Elina Montmort avait trouvé, peut-être avec la directrice, un moyen que son pouvoir charmant - qu'il ne maîtrisait pas bien de ses dires - ne les atteignent pas. Ce qui n'était pas pour déplaire à Ennis parce que, d'une part, elle n'était pas très à l'aise avec l'idée de perdre la maîtrise d'elle même, et d'autre part car elle n'était pas encore capable de le contrer avec l'Occlumencie si tant était que cela soit bien possible.

Son sac plein des parchemins noircis depuis plusieurs semaines sur la culture vélane, leur relation aux sorciers ou encore les bases de leur langue, Ennis sortit, comme souvent dans les derniers. Non pas parce qu'elle souhaitait à chaque fois s'entretenir avec l'intervenant, mais bien parce qu'elle ressentait le besoin d'avoir un temps d'assimilation de ce qu'elle venait d'apprendre. La langue vélane était la première qu'elle suivait en cours plus ou moins magistrale, toutes les autres l'avaient été enfant ou bien en auto-didacte et jamais elle n'avait ressenti ce besoin. Il n'y avait qu'après une séance de pratique de runes ou d'astronomie un peu plus intense que d'habitude que cela lui arrivait.

C'était donc pour cela qu'elle s'était levée dans les derniers avant de saluer leur professeur en français et en lui adressant tout de même un sourire poli puis qu'elle avait quitté la pièce avec l'intention de rejoindre sa salle commune.


@Adnae Brennan

C'était la première fois qu'Adnae prenait des cours depuis bientôt quinze, vingt, peut-être trente ans. Au bout d'un moment, elle avait arrêté de compter. Sa vie, jusqu'à aujourd'hui, avait défilé à une vitesse, tant qu'elle avait l'impression de n'avoir rien fait d'autres, les vingt premières années (au moins !), si ce n'était d'arriver à ce constat. Le fil de sa vie se dénouait, se dénouait, et peut-être que la moitié de ce fil avait déjà défilé pour miss Brennan.

Mais il faut profiter du temps qu'il nous reste pour acquérir une petite parcelle de la connaissance mondiale, n'est-ce pas ? Voilà exactement pourquoi Adnae était ici, aujourd'hui. Pour "profiter de toutes les années qui suivaient" en s'initiant à de nouvelles pratiques ou bien à de nouvelles langues...

L'enseignante aimait étudier, apprendre, et elle avait un faible pour ces cours passionnants sur la langue Vélane, enseignés par Natanaël Carpentier. C'était un bon professeur, et les six collégiens dans la salle l'appréciaient certainement. En fait, miss Brennan se demandait si certains n'étaient pas carrément fan de lui, pour employer ce mot, là...

Mais le cours d'aujourd'hui s'achevait, et la professeur quitta bientôt la salle en silence, après avoir salué les autres personnes suivant le cours ainsi que leur professeur. Puis, une fois sortie, elle s'arrêta quelques secondes. Elle ne savait même pas où elle souhaitait aller, ce qu'elle voulait faire.

Alors qu'elle quittait la salle en refermant la porte comme venait de lui demander leur enseignant de langue Vélane, Ennis bifurqua en direction de sa salle commune non sans contourner la professeur d'astronomie qui n'avançait pas bien vite. Les autres avaient déjà tous disparus dans les couloirs, ce qui laissait finalement l'espace vide de tout bruit en dehors du son des pas des dernières a avoir quitté Nathanaël Carpentier. Le son des pas? Ennis s'arrêta net et tendit l'oreille. C'était étrange ça. Elle se retourna et vit Miss Brennan immobile à l'endroit même où elle avait fait un écart pour aller plus vite. Le regard de l'adulte semblait perdu dans le vide aussi, la préfète-en-chef s'en inquiéta et revint sur ses pas et se placer non loin de l'experte en astronomie avant de demander: "Miss? Vous avez un problème?"

Parce qu'entre le charme indéniable de leur professeur du soir - même si son pouvoir était sous contrôle pendant ces moments d'étude - et les potentiels farces douteuse de certains... Il y avait de nombreuses explications possibles à cet état second. Et la sixième année donnerait beaucoup pour qu'il ne s'agissent pas d'une idée à la mord moi le noueux d'un de ses camarades. Parce qu'elle détestait ça, de devoir les chercher et les dénoncer. Et si la victime était un adulte, elle n'aurait d'autre choix que de le faire... Non vraiment, il y en avait qui ne vous aidait pas.