14 Décembre 2047 - 12h21 -
Volière
Un rp en compagnie de @Antonn Clifford

Comme tradition le voulait, chaque hiver une lettre était rédigée à l'intention de l'homme providentiel à la barbe blanche, autrement dit le père Noël. On l'aimait, il nous aimait. Un amour réciproque qui se traduisait par l'envoi d'une liste et de cadeaux. L'un était perdant au change, mais que voulez vous, c'était la dure loi de la vie.

En ce 14 décembre, la volière était pour le moins vide. Le paysage morose et terne ne valait sûrement pas la longue montée des escaliers et je ne pouvais que confirmer ces dires. J'étais arrivé dans l'enclos des oiseaux à demi-mourant, le cœur à deux doigts de plier bagages, un ticket sans retour vers un endroit aux climats moins hostiles que celui de la Grande-Bretagne. Toutefois, c'était le prix à payer pour réclamer mon dû à ce bon Santa Claus.

La lettre soigneusement enroulée et cachetée, j'accrochais cette dernière à la première patte du hibou qui me tomba sous la main. Un vieux débris au plume rafistolée dont la mine aigrie dévoilait une mort pour très bientôt. Le voyage qu'il s'apprêtait à entreprendre serait sûrement sur son avant-dernier... Pendant ce temps, la porte de la volière s'était ouverte dans un claquement pour laisser le vent froid de décembre et le visage d'un garçon âgé y pénétrer.

« Oh... Salut Antonn... Tu penses que ce hibou fera l'affaire pour un voyage jusqu'au Pôle Nord ?»

Demandais-je en levant difficilement le bras, là où reposait les deux pattes du hibou.

Décembre, j'ignore si j'aime ce mois. Les fêtes de fin d'années ne sont pour moi plus qu'un beau tissu de mensonges depuis que j'ai grandi. Et si certains voient en ces occasions une opportunité d'être réunis avec leur famille, j'appréhende ce moment chaque fois un peu plus, à cause de cette même famille. L'hypocrisie qui emplie chaque fois l'atmosphère me donne envie de vomir, et je n'ai qu'une envie, quitter la table. Cependant cette année, je ne sais pas si je le fêterais à Poudlard ou chez moi, j'ai posé la question plusieurs fois à Mère mais elle ne m'a pas répondu. Cela n'annonce rien de bon. Je suis assez contradictoire, même si je subis chaque fois ces réunions, je crois que j'aimerais qu'elle me dise que je peux rentrer pour les vacances. Papa, lui, m'a demandé quels présents je souhaitais recevoir. Même dans son état, il reste celui qui pense le plus à moi, qui se rappelle avoir un fils. Je ne doute pas que ma mère soit très occupée avec son travail, mais tout de même pour le peu d'hiboux que j'envoie elle pourrait répondre. Je n'ai pas la confirmation qu'elle les lit, peut-être que mes courriers trainent sur un coin de son bureau.

Si c'est le cas, me voilà bien parti pour grossir le tas, puisque la lettre que j'ai à la main lui est destinée. J'aimerais qu'elle m'envoie un joli cadeau pour Lexa, je lui ai décris précisément ce que j'avais en tête. Ma meilleure amie mérite bien ça, je ne suis pas sûr qu'elle aille très bien en ce moment. Je comprends, moi aussi si ma famille avait été déchue à cause d'une moldue et d'un père incapable d'assumer son rôle, je ne me sentirais pas bien. J'aurais bien été lui chercher un cadeau moi-même mais je n'ai plus assez d'argent, il ne me reste qu'un ou deux gallions de côté, et j'ai vraiment à coeur que mon cadeau de cette année soit fantastique.

Je rentre donc dans la volière, et remarque un élève de ma maison. Je sais que je connais son nom, je cherche un peu. Une tignasse rousse, plus jeune que moi: il s'appelle Nowan, j'en suis certain. J'accorde toute mon attention à sa question avant de poser sur le hibou un regard sceptique. Cet animal ne m'a pas l'air très frais, pour un si long voyage. Et je me pose quelques questions sur la destination.

-Dis-moi Nowan, pourquoi veux-tu faire subir ça à cette pauvre bête? J'veux dire, c'est vraiment important ta lettre pour le Pole Nord? Tu reconnaitras que ce n'est pas commun comme destination.

Je suis un peu curieux, a-t-il de la famille là-bas? Je l'ignorais. Ca doit être fou d'avoir des origines d'autres pays. Mes grands-parents vivent en France mais ils sont natifs d'Angleterre, mon entière famille est britannique. C'est d'une banalité.

Je le regardai comme un adulte regarde un enfant simplet. Il ne fallait pas être un génie pour deviner la raison de cet envoi de lettre en mois de Décembre. Surtout lorsque la destination n'était autre que le grand pôle...

« Bah... Pour le père Noël quoi. »

Répondis-je d'un simple haussement d'épaule qui ne fut guère très marquant au vu du vieux strigidae qui reposait sur mon bras. Toutefois, il n'avait pas tort. Ernold, le hibou de la famille James, plus robuste et jeune, aurait été plus adéquats pour un voyage aussi long et éprouvant. Le vieux débris dont les griffes étaient fermement plantées dans mon bras avait de bien grandes chances de trépasser durant son périple.

Pensif, la phalange de mon index droit rejoignit la pointe de mon menton pour le gratter avec anxiété. Peut-être qu'envoyer la lettre à mon paternelle serait une solution plus appropriée ? Quel jour étions-nous déjà ? Non le temps manquait. Santas prenait son envol dans un peu plus d'une semaine et l'idée qu'il lève les rennes sans ma lettre m'en terrifiait presque. Surtout en cette année, ou pour une fois l'encre avait coulé abondamment sur cette liste.

Entre deux idées loufoques dont l'une fut de déposer ma lettre de ma propre main, je reportais mon attention sur le visage pâle du joueur de quidditch. Du haut de son mètre 70, il était moins impressionnant que depuis les tribunes. Sûrement fut-ce cause de l'absence de sa batte qui lui donnait un air un plus amical et plus sage.

« Pourquoi, tu l'as envoyé où ta lettre toi ? »

Peut-être aurais-je dû commencer par là...

@Antonn Clifford

Sa lettre est pour le Père Noël? Je hausse un sourcil, surpris. Il l'a annoncé presque comme ci c'était chose logique. Pourtant, à notre âge, on sait tous qu'il n'existe pas, n'est-ce pas? Enfin, ça fait bien longtemps que je n'envoie plus de courriers au Père Noël, moi. Je suis un peu déstabilisé, je ne sais quoi répondre. S'il croit encore que le vieux bonhomme rouge existe, ce n'est certainement pas à moi de lui apprendre que ce n'est qu'un conte que l'on apprend aux enfants pour préserver la magie de cette fête.

Il est quand même très naïf, pour quelqu'un ayant été réparti à Serpentard. Ce que je veux dire par là, c'est que nous sommes réputés pour être rusés, alors comment se fait-il qu'il n'ait pas encore remarqué que tout cela n'est qu'une supercherie de nos familles, le mensonge originel? Son regard me vexe un peu, pourquoi me donne-t-il l'impression d'être l'imbécile de l'histoire? Je le pardonne en me rappelant qu'il est plus jeune que moi, s'il y croit dur comme fer, il est normal qu'il me prenne pour quelqu'un d'un peu idiot de ne pas avoir fait le rapprochement entre le Pôle Nord et la période hivernale et de ne pas en avoir déduit le destinataire de sa lettre.

Lorsqu'il me demande à qui j'ai envoyé mon courrier, j'hésite un peu. Je suis dans une position un peu délicate. Je ne veux pas gâcher ses fêtes de fin d'année, mais il l'apprendra tôt ou tard de toute façon, que tout ceci n'est qu'un mythe.

- Euhm... La lettre est pour ma mère. Tu sais, je pense que tu auras de meilleurs résultats si tu envoies ta liste de souhaits à l'un de tes parents.

Voilà, je n'en ai pas trop dit. J'ai simplement donné un conseil, rien de plus. Je ne suis pas une horrible personne qui détruit les rêves de ses camarades. Pas vrai?

J'intercepte un hibou dans la volière, en meilleur forme que celui de Nowan, et je lui accroche mon enveloppe à sa patte avant de l'envoyer vers Godric's Hollow. J'espère que ma lettre sera bien reçue et qu'elle arrivera sans peine à la destination. Et je croise les doigts pour que Mère ne soit pas trop occupée et puisse y répondre, ne l'oublie pas dans l'un des tiroirs de son bureau.

À son haussement de sourcil, je compris qu'il me prenait pour un sot. Et dommage pour lui, c'était réciproque. Que donc ne comprenait il pas au mot "envoyé", "père Noël" et "Pôle Nord" ? Je lâchais un long soupir, redéposant le retraité à plume dans sa cage. Allais-je devoir m'armer de patience pour lui faire comprendre la simple raison de ma venue ici ?

« Si je comprends bien, tu veux que j'envoie ma lettre à mes parents pour qu'il l'envoie après au père Noël ? »

Je le dévisageais avec circonspection, les sourcils se fronçant dans un mouvement d'incompréhension. Décidément, plus les minutes passées, plus je tendais à croire que mon aîné ne s'était pas remis de son dernier cognard pris de pleines poires. Et bien que son jeu au quidditch brillait d'intelligence, cela ne semblait guère le cas pied à terre...

J'aurai alors pu laisser tomber et me résoudre à envoyer ce pauvre vieillard emplumé vers les terres du grand froid sans me poser de question si ce ne fut que sur la survie de ce dernier, mais encore une fois l'idée tarabustante de ne pas recevoir de cadeau cette année me réfréner dans mon envie d'envoyer balader le quatrième année. Et puis, il fallait avouer que mon respect pour le sportif qu'il fut était bien trop conséquent pour que je n'agisse ainsi. Alors, prenant sur moi d'un énième soupir, je faisais l'effort de m'expliquer :

« Noël est dans une semaine, je n'ai pas le temps d'envoyer ma lettre à mes parents, pour que ces derniers l'envoient après au Pole Nord. En plus, ici on est plus près de la maison de Santa que le sont mes parents... Tu... Tu comprends ?»

Je reprenais mon souffle, parler autant m'avait essoufflé. J'espérais au moins que cet effort n'était pas vain...

@Antonn Clifford

Mais, il ne comprend donc rien? J'ai beau faire de mon mieux pour sous-entendre l'évidence, il ne semble rien remarquer, presque comme ci il le faisait exprès. Le pire dans tout ça, c'est qu'il me ferait presque passer pour l'imbécile de l'histoire. Je soupire, je n'ai pas envie de perdre mon temps, mais je ne veux pas qu'il perde le sien non plus. Est-ce qu'il m'en voudra si jamais je brise l'un des derniers vestiges de ses rêves d'enfant? Sans doute. J'en ai beaucoup voulu à ma soeur lorsqu'elle m'a dit que le vieux bonhomme rouge n'existait pas. La différence, c'est qu'elle ne l'a pas fait dans une démarche bienveillante, comme je suis en train de tenter de le faire avec Nowan en ce moment même.

-Ecoute Nowan, je... Je doute que ce soit vraiment à moi de te dire ça, mais le Père Noël n'existe pas vraiment. C'est juste une légende. Je pense donc que si tu veux recevoir tes cadeaux à temps, tes parents seraient de bien meilleurs interlocuteurs. Tu vois ce que je veux dire?

Aussitôt, je me mors la langue. Ce n'était définitivement pas mon rôle de lui en parler. Je suis vraiment une mauvaise personne, si ce n'était pas par frustration d'être pris pour un idiot je n'aurais jamais rien dit. Foutu égo. Et s'il se met à pleurer? Ou si jamais il s'énerve? Je suis sensé faire quoi moi? Je n'ai pas l'habitude de gérer ce genre de choses. J'ai été formé à renvoyer des cognards, pas à consoler des camarades déçus voir même désespérés suite à une annonce qui change leur vie. Enfin, peut-être que j'en fais légèrement trop.

Je me sens vraiment très mal à l'aise, mon seul objectif à l'instant précis est de fuir vite et loin de cette maudite volière. Je me jure de ne plus jamais envoyer de courrier de ma vie. Quelle idée, regarde maintenant dans quelle désagréable situation tu te trouves Antonn. Voilà bien la raison pour laquelle je préfère être seul. En dehors du fait que j'ai vraiment du mal avec les autres individus, éviter tout dialogue avec eux me permet d'éviter ces moments de gêne intense. Je passe la main dans mes cheveux, signe extérieur de mon inconfort avant de fixer Nowan en appréhendant sa réaction.

Le père Noël n'existait pas ? J'accueillais la nouvelle d'un énième haussement de sourcil. Une réaction peu exagérée au vu de l'accablante vérité qui sortait d'entre ses lèvres. Mais en même temps, je ne m'appelai pas Nowan pour rien. Faire des mimiques n'était pas de mon genre.

Fronçant tout de même des sourcils et de par la même occasion mes yeux, je venais le dévisager de haut en bas.

« Et pourquoi serait-il une légende ? Tu as des preuves pour dire ça ?»

Adoptant un ton intrigué plus que de méfiance, il s'avérait que le joueur de quidditch avait réussi a attisé ma curiosité. Et malgré le fait que j'aurai pu être fâchée d'apprendre de mon aînée que je vivais depuis 11 ans dans le mensonge, la seule émotion qui me traversa en ce moment fut ce besoin de vérité, de comprendre si celui de ma maison se moquait de moi ou non.

Me contentant donc d'attendre une réponse de sa part, je venais fouiller dans ma mémoire, plus particulièrement à tous ces Noël où j'avais eu la chance de recevoir les cadeaux de ce grand monsieur à la barbe blanche. Enfin... C'est ce que je pouvais en déduire, en réalité, je ne l'avais jamais vu de mes propres yeux et je ne pouvais qu'émettre des suppositions vis à vis de son physique, notamment grâce aux multiples décorations et pubs qui passait dans le village où nous habitions.

Toutefois... S'il advenait que le père Noël n'existait pas et qu'Antonn avait bien raison, alors qui serait assez gentil pour me faire des cadeaux chaque année ? À moi l'enfant qui ne faisait rien pour les mériter ?

Je secouais la tête.

Non décidément c'était stupide...

@Antonn Clifford

Mais il n'est pas possible cet enfant. Des preuves? Comment suis-je censé fournir des preuves de la non-existence de quelque chose? En règle général, ça fonctionne plutôt dans le sens inverse. Qu'est-ce que je pourrais bien lui dire pour le convaincre moi? Je ne pensais pas devoir expliquer que le Père Noël n'existait pas avant au moins une bonne dizaine d'année, le temps d'avoir mes propres enfants. Là je suis vraiment dans une position désagréable. Même si je sais dire la vérité, je me sens presque comme un menteur. J'ignore quoi dire, je n'ai rien si ce n'est l'affirmation de mes parents pour me prouver que le vieux bonhomme rouge n'existe pas. Je réfléchis cependant à quelques arguments que je pourrais avancer. Je le regarde de haut en bas, avec incompréhension.

- Ben, je sais pas trop moi. Mes parents me l'ont avoué, j'ai pas trop remis en doute leur parole. Ils auraient eu aucun intérêt à me mentir là-dessus.

Je l'observe, curieux. C'est un drôle de phénomène quand même celui-là. On en croise pas tout les jours des comme lui. En général, les excentriques vont à Serdaigle, je n'aurais pas pensé que nous en cachions aussi chez les verts. Je hausse les sourcils et lui inverse sa question.

-M'enfin, et toi? Tu as déjà eu des preuves de son existence pour y croire dur comme fer ainsi? J'veux dire, des preuves indéniables.

Je ne lui laisse pas vraiment le temps de répondre avant d'enchaîner.

- T'as jamais trouvé ça louche cette histoire de gros bonhomme habillé en rouge qui se déplace en traineau, a le temps en une nuit de distribuer des jouets aux enfants du monde entier alors que même le balai le plus performant ne peut parcourir cette distance en si peu de temps, a une armée de lutins à ses ordres qui construisent nos commandes? Y'a rien de cohérent.

C'est qu'il me mettrait presque le doute, le Nowan, à froncer les sourcils comme ça. Je ne suis pas loin de m'y mettre à y recroire également pour arrêter d'être regardé comme le dernier des idiots.

La mention d'adultes me troubla légèrement. Il était compliqué de remettre en doute la parole des grands, surtout lorsqu'on était un morveux de 11 ans... Mais alors pourquoi mes parents ne m'avaient-ils rien dit ? À moi leurs fils ? Pourquoi donc me cachaient-ils la vérité comme semblait le sous-entendre Antonn ?

Je me grattais les cheveux, pensif. Comme si ce simple geste allait me permettre d'éclaircir certains points sombres de mon existence.

Maman qui avait la langue bien pendue, n'aurait pu contenir un tel secret pendant tout ce temps. Et papa était bien trop maladroit pour et étourdit pour ne pas laisser échapper la terrible vérité. Pourtant, si Antonn disait vrai, alors un de nos parents mentaient. Il restait à savoir qui...

Puis une question continuait à me tarabuster à l'esprit. Et nul doute que je le lui aurai demandé s'il n'avait pas décidé d'étaler sur table ses arguments. Des arguments que je me contentai d'accueillir d'un énième haussement de sourcil.

- Bah... Les moldus pensait bien que les sorciers n'existaient pas. Et pourtant, on est là. Et puis qui te dit qu'il a un traîneau ? Peut-être qu'il dépose les cadeaux en transplanant ? Tout comme ses lutins... Ce sont peut-être simplement des elfes de maisons ?

Je prenais une petite pause, histoire d'aérer mes poumons. Parler autant m'avait fatigué, mais pour une fois ça n'en valait pas la peine. Car il n'était question ici de vaine présentation comme j'en avais l'habitude de faire, mais de lever le voile sur un mensonge ou vérité (qui aurait pu le dire ?) dans mon existence de paresseux.

À ce sujet, Antonn ayant fini de parler, je m'empressai de lui demander cette question, qui depuis deux bonnes minutes s'enflammait sur mes lèvres :

- Admettons que tu as raison, qui nous donne des cadeaux si ce n'est pas le père Noël alors ?

@Antonn Clifford