Après plusieurs minutes de recherches, je devais me rendre à l'évidence : les marionnettes avaient disparu. Ma sœur, dans son lit, était déjà à moitié en larmes de ne pas avoir son histoire de marionnettes avant de dormir. Alors, me saisissant d'encre, de feuilles et de ma baguette, je me résolus à faire avec les moyens du bord.

« Il était une fois, un sorcier très puissant qui n'avait pas d'autres compagnons que sa baguette d'ébène.. »

Reducio

« Sa solitude ne faisant que grandir sa soif d'aventure, il décida de partir explorer la sombre forêt la plus proche.. »

Reducio

« Alors qu'il continuait d'avancer, il finit par entendre d'étranges bruits. Son regard croisa finalement les yeux d'une horrible créature.. »

Reducio

« Diffindo ! Sans réfléchir, il avait lancé son sort en direction de l'araignée, qu'il venait en fait de délivrer de sa toile maintenant découpée.. »

Reducio

« Reconnaissante, la créature invita le sorcier à monter sur son dos, vers d'autres aventures. Désormais, il ne serait plus seul. »

Reducio

Fin.

Je fermais la porte délicatement derrière moi, laissant ma sœur sourire dans son sommeil, rêvant peut-être déjà de ses propres aventures...

Pas besoin d'utiliser un couteau
Une scie, une tronçonneuse ou une pince
Quand on a Diffindo
Pour les entailles larges et minces

Le plus important: Visualisation
Pour le papier, l'acier ou le carton
Ne pensez pas que j'exagère
Sinon il vous manquera un morceau de chair

Grace à ce sort, vous pourrez fabriquer
Toute sorte de statuettes, d'abris ou de maisons
Ah, je plaint vraiment les invités
Dont d'étonnement les mâchoires pendouilleront

La petite fille s'approche doucement du monsieur. Monsieur est gentil, ont dit ses parents, monsieur soignera la douleur qu'elle ressent, depuis des années, dans tout son corps, dans tout son cœur. Alors l'enfant s'approche du Monsieur, placé de dos. Elle se lève sur la pointe de ses pieds et lève sa petite main pour aller tapoter son épaule.
Monsieur se retourne alors, et son immense ombre lui tombe dessus, l'enfouit dans le noir, l'enferme dans ses cauchemars. Et il se penche au dessus d'elle, lui murmure, de sa voix sombre et grave des mots qu'elle ne comprend pas.
La petite fille se replie sur elle-même, car il n'y a qu'elle-même qui peut se protéger : ça elle l'a bien appris, ça elle l'a bien compris, et puis même si Monsieur rend tout noir, même si Monsieur l'effraie, c'est finalement pas bien différent des autres Adultes. Tous, tous ils noircissent le monde, ils le remplissent de leur malheur, de leurs tourments, de leurs vices et ils les transmettent aux Enfants.

Alors non, Monsieur n'est pas différent, et Monsieur ne lui fait pas peur, puisque ce n'est qu'un Adulte comme un autre, comme elle en connaît déjà trop. Mais elle ne peut empêcher des gouttes de rêve se déposer sur ses cils, des larmes comme les appellent les Adultes, mais c'est moche comme mot ça, ça enterre.
Alors Monsieur s'accroupit devant la petite fille et lui sourit. Elle a un mouvement de recul : tous les Adultes sourissent, avant de faire le mal. Tous, ils prétendent nous protéger, ils nous encerclent, nous rassurent, puis ils se révèlent et c'est fini. Et c'est le noir.
Alors l'Enfant ne sourit pas. Elle fixe Monsieur, ses petits yeux mouillés figés dans les siens, dont elle ne peut déceler la couleur tellement ils sont sombres. Et il ne laisse pas son sourire s'évaporer. Il le conserve, son sourire figé, glacé, bien loin des sourires chaleureux des Enfants qui sourient avec leur cœurs, avec leurs âmes, et qui communiquent par leurs sourires.
Oui, bien loin de ce sourire vivant et heureux, plus proche d'un sourire triste, nostalgique. Car Monsieur savait déjà ce qui arrivait, savait déjà que ce léger soupçon de vie, de peur, d'espoir, de rêve qu'il aperçoit chez l'Enfant en face de lui disparaîtra bien vite.

Alors, sans dire un mot de plus, car il n'y avait plus rien à dire, et il n'y aurait plus jamais rien à dire, il lève sa baguette, ce petit morceau de bois, si petit mais capable de tellement de mal, de tellement de douleur. Ce petit morceau de bois tellement apprécié des Adultes.
Il la pointe sur la petite fille et trace un symbole qu'elle ne reconnaît pas, qui forme des sortes de vagues. Elle n'a jamais compris les symboles lancés par les Adultes, elle sait simplement qu'ils font du mal, tellement de mal. Alors elle recule, les yeux écarquillés, et tente d'esquisser une parole.
Mais le mal est fait, et l'enfant ne sent même pas sa frêle poitrine s'ouvrir pour laisser passer son cœur, qui s'échappe, coupé de tout lien avec le reste de son corps, qui s'échappe, sort du corps de l'enfant pour s'envoler.
La petite fille ne tombe pas. Elle n'esquisse pas un geste. Une goutte de rêve glisse sur sa joue. Ce sera la dernière de son existence. Le dernier éclat de vie, d'espoir, s'échappe de son regard, qui devient sombre, vide et froid, toujours fiché dans celui de Monsieur. Son cœur a été coupé, et avec lui son âme. Elle est vide. Elle ne ressent plus de peur, plus de dégoût envers l'homme. Une simple neutralité. Elle ne ressent plus de haine envers la baguette, ou envers les étranges symboles. Après tout, qu'est-ce que le mal ? Ce n'était sûrement pas à une Enfant d'en décider.
Ses parents avaient raison. Monsieur avait soigné sa douleur, avait soigné son mal-être. Elle n'a même plus peur de l'ombre, du noir ou des cauchemars. Elle n'a plus peur des Adultes. Elle n'est plus heureuse, elle n'a plus d'espoir, elle n'est plus terrorisée de la magie et des grands, qui venaient et faisaient le mal.
Elle est vide. C'est agréable. C'est désagréable. Non, ce n'est aucun des deux. Elle est vide. Ni agréable ni désagréable. Vide.

Mais Monsieur rouvrit simplement la bouche pour déclarer, d'une voix sobre que la fillette comprit cette fois limpidement : « Voilà. Tu es une Adulte maintenant. ».

LES EXPÉRIENCES RATÉES D'ERNEST

- N° 467 : MOLLIARE ◈ Niveau 7 [MÉTARMORPHOSE/VOL - ENCHANTEMENT] -

GRAND COUP DE BALAI CHEZ BROSSDUR

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La nouvelle est tombée hier matin et a eu l'effet d'une petite bombe. Brossdur a du rappeler toute une série de ses balais suite à un nombre important de plaintes déposées ces derniers jours par des clients mécontents. Et mécontent est un bien faible mot puisque certains sont même jusqu'à aller écrire toutes sortes de menaces à la célèbre entreprise fabricante de balais.

La cause de cette vague de mécontentement ? Un manque de confort évident jugé indigne pour des balais neufs issus d'une marque pourtant aussi réputée. Dans un premier temps les rumeurs faisaient état de toutes sortes d'hypothèses finalement infondées comme un bois non traité ou en quantité insuffisante. Quand on ne parlait pas clairement de morceaux de bois laissés volontairement pointus...

Après enquête approfondie de représentant de Brossdur la cause a finalement été identifiée. Il s'agirait surtout d'un défaut dans le lancer de sortilège de coussinage. Une erreur qui peut apparaître facile à rattraper et peu importante par rapport à la qualité du matériel employé pour fabriquer le balai. Mais c'est sous-estimer grandement le rôle joué par ce sortilège dans le confort des différents Brossdur.

S'assoir sur ses principes, une erreur qui peut coûter cher à Brossdur.

Productivité et inflation oblige, Brossdur a visiblement fini par céder aux sirènes de la rentabilité au détriment de la qualité. Une erreur qui pourrait coûter très cher en terme d'image et donc de chiffre d'affaires à la marque de balais. Une mésaventure donc Comète et Nimbus doivent certainement se frotter les mains.

Un ancien employé de Brossdur visiblement mécontent mais ravi de ce mauvais coup du sort semble vouloir régler ses comptes avec son ancien employeur. Sous couvert d'anonymat il témoigne : "Voilà ce qui arrive lorsqu'on veut rogner sur la qualité. Après vingt ans dans cette entreprise j'ai été remercié du jour au lendemain car je coutais sans doute trop cher. Ils m'ont remplacé par de jeunes sorciers inexpérimentés et au niveau douteux en sortilèges. Et voilà le résultat."

Le sortilège de coussinage, inventé en 1820 par Elliot Smethwyck, permet aux utilisateurs d'avoir la sensation d'être assis sur un coussin bien moelleux. Si chaque sorcier peut le lancer sur son balai avant de partir, l'effet ne peut pas être aussi efficace que lorsqu'il est lancé dès la phase de confection en lançant le Molliare (formule de ce sortilège) en imprégnation. Or, il apparait qu'après enquête ces sortilèges n'étaient pas lancés avec suffisamment de soin et de maîtrise. Sans compter que la pression des délais à tenir aurait semble-t-il influencé les sentiments des lanceurs de sorts inexpérimentés et qu'en conséquence les sortilèges de coussinage lancés en imprégnation n'aient pas duré bien longtemps.

Nul ne sait jusqu'où se répercutera cette histoire pour la société Brossdur mais il est probable que son image soit bien entachée. Sans compter qu'elle devra sans doute verser des dommages et intérêts à de nombreux clients blessés dans leur intimité avec parmi eux, des sportifs de haut niveau et donc des sommes colossales en jeu. Un véritable coup aux fesses de Brossdur, qui aurait bien eu besoin d'un bon sortilège de coussinage pour encaisser le choc !

R.S