Après son premier entretien avec Miss Almeida, Bad n'avait pas perdu de temps pour commencer ses recherches dans le cadre de la formation Animagus. Sa volonté de devenir plus fort et de ne pas avoir à vivre caché comme avait dû le faire son père était une motivation suffisamment forte pour que le quatrième année y consacre une grande partie de son temps. S'il n'était pas très à l'aise en soins aux créatures magiques, son habileté à la baguette lui valait d'être dans les meilleurs élèves en métamorphose. Bad savait qu'en se donnant les moyens d'y arriver, il était capable, lui aussi, de devenir un Animagus. Certes l'apprentissage serait long et compliqué mais le garçon avait confiance en ses capacités à réussir.

Aujourd'hui, le Serdaigle avait dédié sa matinée aux recherches sur les différents animaux. Une plume dans la main droite, Bad tournait de l'autre les pages d'un des nombreux livres ouverts sur la table qu'il s'était réservé. S'il pouvait paraître simple de trouver des informations, c'était là l'étude des particularités de chacun d'entre eux - et Merlin savait comme ils étaient nombreux - que le garçon devait relever, noter, trier puis analyser. Les classant en différentes catégories, il rajoutait des flèches, raturait ou entourait ceux qui lui étaient particulièrement remarquables. Il allait falloir à Bad encore de nombreuses heures pour terminer ses recherches et le garçon se dit que dès le début cette formation était compliquée. Les trois années qu'elle durait lui promettaient sueur, larmes, sang et échecs mais aussi joie, bonheur et réussites. Un véritable apprentissage.

« Chipie ! »

Plusieurs jeunes filles surprises se tournèrent vers Bad qui courait dans l'herbe du parc en hurlant, les bras si proches du sol qu'on aurait dit un orang-outan. Des regards moqueurs ou dédaigneux lui étaient lancés par les élèves qui assistaient au spectacle mais le préfet de Serdaigle actuellement en quatrième année n'en avait rien à faire. Même si d'un point de vue théorique, Bad avait travaillé de fond en comble l'ouvrage du magizoologiste Eli Kopter, 'Prendre soin de son animal', et savait tout du lapin, la mission qu'on lui avait affecté de s'occuper de Chipie se révélait plus complexe que prévue. Il avait beau connaître son mode de vie, ses caractéristiques, son anatomie et repérer au premier coup d'œil que c'était une femelle tête de lion d'environ trois ans, ce n'était pas suffisant.

« Chipie ! Reviens ici tout de suite ! »

Si normalement la lapine devait rester dans la zone de soins aux créatures magiques le temps d'être apprivoisée, Bad avait eu l'excellente idée - et l'autorisation - de l'amener aujourd'hui prendre l'air dans le parc. Excellente pour la professeure Almeida et pour Chipie mais beaucoup moins pour Bad. Cela ne faisait que peu de temps qu'il avait la responsabilité de l'animal et, à ce rythme-là, il lui serait difficile de la rendre en un seul morceau. Alors s'imaginer réussir à la mettre en confiance, la marche était encore bien haute ... Pourtant le quatrième année se disait que Chipie et lui ne se connaissaient que depuis moins de deux semaines et qu'ils avaient encore le temps de se découvrir. Miss Almeida avait expliqué à Bad que la lapine avait été longtemps confiné dans une cage car elle rongeait tout dans la maison de son ancienne propriétaire. Avec le temps et l'enfermement, Chipie était devenue toute triste, craintive envers les humains et était finalement tombée malade. La femme qui s'occupait de la lapine avait alors décidé de s'en débarrasser et c'était ainsi que la professeure de soins aux créatures magiques qui l'avait récupérée dans un triste état.

« Chip... »

Bad avait plongé tel un gardien de Quidditch et réussit à capturer la lapine. Avant qu'elle ne tente de s'échapper de nouveau, le garçon avait sorti quelques fanes de radis de la poche de sa robe de sorcier qu'il avait glissés près des incisives gourmandes de Chipie pour l'occuper.

« On rentre maintenant. Je pense que tu t'es assez dépensé, hein ? Bad qui tenait maintenant l'animal contre son torse ajouta. Enfin, on est deux à avoir bien couru ... Merci Chipie ... »

Qu'advint-il ensuite de Chipie ?

Avec le temps et les soins apportés par Bad à la lapine, cette dernière était redevenue joueuse et câline. Les deux protagonistes finirent par s'apprivoiser et, à partir de fin janvier, le quatrième année put régulièrement la faire sortir et la promener dans ou en dehors du château. Ce fut à la fin du mois de février que Bad dut la rendre à sa professeure de soins aux créatures magiques qui la confia à une gentille famille. Lors de ce moment plein d'émotions, une petite larme avait coulé le long de la joue du Serdaigle ému.

Bad avait été missionné, dans le cadre de sa formation Animagus, de réussir trois métamorphoses qu'il devrait effectuer devant Miss Almeida ou Mr Lynch lors de son deuxième entretien. Si ce dernier avait lieu. En effet, chaque année, la formation, réputée à juste titre difficile, se voyait remise en jeu et ne pouvait être poursuivi si les candidats atteignaient les objectifs demandés. Bad ne savait pas s'il aurait les compétences pour la terminer mais sa volonté de réussir restait forte.

Un lapin nain, un Magyar à pointes et un épervier. Voilà ce que devait réussir Bad. L'exercice pouvait paraître simple pour quiconque maîtrisait Lapifors, Draconifors et Avifors, comme ce l'était pour le garçon, mais réussir à métamorphoser un simple mouchoir en une race particulière avec les détails sous-jacents révélait d'une véritable prouesse pour un élève de quatrième année.

Bad avait passé son après-midi à s'entraîner et les difficultés rencontrées avaient été nombreuses, particulièrement dans sa réussite de l'épervier. L'intervention d'Eider Dawkins, dans un premier temps mal accueillie, s'était révélée salvatrice pour atteindre un Avifors quasiment parfait. Pour l'heure, le Serdaigle avait rendez-vous avec Mr Lynch pour faire un point sur cet exercice.

Le garçon frappa trois fois et l'homme l'accueillit. Après une vingtaine de minutes, Bad ressortit, une expression de soulagement sur le visage. Sa répétition générale devant Mr Lynch s'était bien déroulé et il se sentait désormais prêt pour son deuxième entretien. Évidemment, rien n'était gagné et il lui restait encore beaucoup de travail mais Bad sentait qu'il était en bonne voie.