Inscription
Connexion

13 avr. 2023, 15:21
Les braises de la folie  SOLO++ 
20 janvier 2045
Reducio

Honor Brando, 38 ans, ex-commandante de l'armée Irlandaise
Honor voyait son monde s'effondrer, sans pouvoir rien y faire. Démobilisée depuis sa mutinerie à l'hôpital, elle mène une lutte acharnée, se battant bec et ongles pour que sa famille ne soit pas impliquée. Elle a accepté tous les compromis, s'exposant à toutes les sanctions imaginables, mais refusant de céder. Sa vie telle qu'elle la connaît ne tient plus qu'à un fil. Toutefois, la veille, un coup de téléphone, au plus profond de la nuit, a allumé une lumière au bout du tunnel. Ou bien elle se rendait au Ministère de la Magie, désormais contrôlé par l'armée, pour y apporter son aide et son expertise, et les instances supérieures fermeraient les yeux, et balaieraient son dossier d'un revers de la main, ou elle refusait, et la cour martiale serait convoquée.

Elle avait regardé son mari, qui dormait d'un sommeil paisible. Elle n'avait rien pu lui dire, mais n'hésita qu'un instant avant de se lever pour s'habiller après avoir raccroché, ayant laissé échapper un simple mot de confirmation. L'hélicoptère était en route.

Le voyage s'était déroulé comme dans un rêve, tandis qu'elle ressassait ses souvenirs sans cesse, cherchant vainement à se convaincre qu'elle avait pris la bonne décision. Elle avait refusé, catégoriquement, de porter toute arme, et ce, malgré les lourdes insistances des gradés présents avec elle. Mais elle ne voulait pas, elle voulait s'en tenir à sa décision, ne pas se trahir, et ne pas être responsable de blessures ou de tueries simplement parce qu'ils étaient différents d'elle. Elle ne décrocha pas un mot jusqu'à l'arrivée, se dressant face à la tente blanche marquant l'entrée.

Son regard acéré avait repéré les snipers positionnés un peu partout. Elle frémit, elle aurait pu être l'un d'eux. Combien de sorciers avaient été tués ? Mais quelque part au fond d'elle, sa raison lui susurra que ses semblables ne faisaient que se défendre, non ? Elle secoua la tête. Ce n'était pas une guerre juste. L'un des scientifiques, accompagné d'un gradé, maintenait le tissu de la tente ouverte, attendant qu'Honor y rentre. Elle prit une grande inspiration. Elle était habillée en civil, elle avait refusé de porter l'uniforme. Après quelques instants d'hésitation, elle pénétra dans la cabine, et sentit quelque part, au fond de son cœur, l'ombre d'une menace sans commune mesure planer sur son âme. Mais elle était là, et elle faisait ce qu'elle savait faire de mieux.

Pas un mot ne fut proféré. Malgré sa démobilisation, Honor restait quelqu'un d'imposant et de charismatique, qui dégageait une aura écrasante pour quiconque ne la connaissait pas. Et le scientifique était de toute évidence mal à l'aise d'être enfermé dans un si petit endroit avec elle. Il se racla la gorge.

- Hrm. Et donc, mademoiselle, comme on vous l'a sûrement dit, l'endroit est totalement vide désormais. C'est fascinant, rien qu'à l'entrée, vous allez voir, il y a tellement de choses qui sont inconnues.

Il tendit la main dans sa direction, avalant difficilement sa salive.

- Smith, je suis spécialiste dans les phénomènes magnétiques et les interactions chimiques. Enchanté.

Honor ne réagit pas, pendant plusieurs longues secondes, avant de lentement tourner son regard pour plonger ses yeux noisette dans ceux du scientifique.

- Madame.

Sa voix grondait. Elle n'appréciait pas ce qu'elle analysait chez lui : impatience, excitation, curiosité. Elle refoula une remontée gastrique. Des gens étaient morts à cause de cette guerre. Sans autre mouvement, elle détourna le regard en se redressant tandis qu'il rangea prestement sa main.

- Et passez moi vos commentaires inutiles.

Lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, Honor ne put retenir ses yeux de s'ouvrir grands sous la surprise. Le plafond étoilé était dû à tout sauf une projection cinéma ou quoi que ce soit d'autre. Des dizaines d'objets inconnus trônaient, çà et là, observés à la loupe par une cohorte d'individus en blouse blanche. En cet instant, Honor se vit à leur place, elle se vit du côté des gardes armés, elle aurait probablement été du côté de ceux qui donnaient les ordres. Colonelle... L'amertume du regret pique l'arrière de sa gorge, jusqu'à ce que l'image de son fils apparaisse dans son esprit. Elle ne pouvait pas faire cela. Elle avait pris la bonne décision. Ces gens avaient toujours vécu parmi eux, et si aujourd'hui, ils s'affrontaient, ce n'était en aucun cas pour une raison qui valait la peine de se battre. Aucun élément rationnel ne pouvait venir alimenter cette réflexion. Elle se contentait simplement de s'accrocher à l'espoir qu'elle avait pris la bonne décision.

Prenant une grande inspiration, elle s'enfonça dans les mystères du Ministère de la Magie, se préparant à vivre les semaines les plus longues de sa vie.

0131b4
2A RP - 13 ans - 1m40
Avatar par Merinda Swart

13 avr. 2023, 16:21
Les braises de la folie  SOLO++ 
26 mars 2045
Reducio

Honor Brando, 38 ans, ex-commandante de l'armée Irlandaise
La nuque d'Honor frissonna. Ses yeux fixèrent le plafond de la résidence réquisitionnée par l'armée pour loger les scientifiques et les différents consultants travaillant sur place. Les semaines qui précédèrent ce jour furent marquées par le sang et la violence. Plusieurs fois, portée par un réflexe décennal, Honor avait porté la main à l'endroit où aurait dû se trouver son holster contenant son arme, pour ne trouver que le contact de ses vêtements. Elle avait dû être évacuée peu après son arrivée suite à l'attaque de sorciers sur le Ministère. Et pour la première fois de sa vie, elle avait été choquée de voir tant de violence. Elle ne se reconnaissait plus. C'était trop pour elle. Pour la première fois de sa vie, elle ne voulait pas se battre, elle voulait que les camps déposent les armes, et que toutes ces morts inutiles cessent sur-le-champ.

Son impuissance la dégoûtait, ses actes, plus exactement, son inaction, la rendait malade. Elle ne parlait plus à sa famille, évitait les contacts, demeurait fixée sur son ordinateur, à attendre une quelconque nouvelle. Les actes de guerre s'étaient enchaînés, le scientifique kidnappé, les manifestations qui s'ensuivirent. Peut-être tout cela aurait-il pu être évité si elle s'était contenté de faire son travail sans se poser de questions. Mais à chaque fois qu'elle regardait son fils, insouciant et heureux, elle savait qu'elle avait pris la bonne décision. Ses tatouages étaient là pour le lui rappeler.

Mais cette nuit, quelque chose n'allait pas. Ses instincts, ses expériences, tous lui criaient que quelque chose allait mal se passer. Mais elle était incapable de cerner quoi, incapable d'imaginer. Elle se rongea l'ongle du pouce jusqu'au sang, observant avec attention l'entrée surveillée du Ministère, sans réussir à cerner le problème. Par un réflexe ancestral et désormais ancré en elle, elle alluma la radio militaire, captant les fréquences transmises à proximité. Elle n'avait pas d'arme, et elle s'était juré de ne pas affronter de sorciers, mais elle voulait savoir ce qui allait éventuellement se passer. Et si ça se trouve, la nuit allait tout simplement se finir sans que rien ne se passe.

Comme elle aurait voulu se méprendre, comme elle aurait voulu se tromper. Continuer de dormir paisiblement, sans que rien ne vienne la troubler. Elle était censée retourner dans sa famille le lendemain de toute manière, les gradés voulaient encore entendre son avis sur diverses choses, qu'elle ne comprenait d'ailleurs pas. Honor s'était contenté de survivre à un accident d'hélicoptère, cela n'avait pas fait d'elle une experte de ce monde magique.

Mais soudainement, la radio explosa, ou plus exactement, la voix crépita les enceintes.

- TOUT EXPLOSE LÀ DEHORS ! VOUS M'ENTENDEZ ? NOUS SOMMES ATTAQUÉS ! JE RÉPÈTE, NOUS SOMMES ATTAQUÉS !

Elle se dressa d'un coup, voulant à nouveau s'emparer de son arme qui n'était plus là, la sueur perlant le long de son dos, tous les sens en alerte, alors que de lourdes vibrations retentissaient sous ses pieds, sans qu'elle puisse cerner ce qui se passait. Honor jette un œil par la fenêtre, positionnée pour voir sans être vu, et sang ne fit qu'un tour.

Des chauves-souris, ou du moins ce qu'elle prenait pour des chauves-souris, envahissaient les alentours de la tente, un trou impressionnant au niveau de la seconde ligne, là où auraient dû se trouver les gardes. C'était une attaque. Elle voulut se précipiter à l'extérieur, mais avec quelle arme ? Et pour affronter qui ? La main sur la poignée, elle se figea, le souffle court, sentant la panique monter, ses tatouages la brûler. Les anciens, les traits d'encre, ceux qui avaient été recouverts par les nouveaux. Sa vision se brouilla, ses oreilles bourdonnèrent. Elle était de nouveau dans l'hélicoptère, le rugissement des créatures noirâtres s'affrontant à Londres résonnant à ses oreilles.

Elle voulut s'enterrer sous les couvertures, et faire comme si cela ne la concernait pas. Mais Honor n'était pas ce genre de personne. Au fond d'elle, elle le savait, rien ne pouvait la briser. Mais lorsqu'elle voulut tourner la poignée pour ouvrir la porte, la paume de sa main glissa sur le bois. Couverte de sueur, elle frissonnait. Combien de temps s'était écoulé ? Le silence régnait désormais. Elle se gifla violemment avant d'ouvrir la porte en trombe pour sortir dans la rue, le souffle court. Les bruits de radio grésillaient au milieu de la poussière de la rue, les gens couraient en tous sens, militaires et scientifiques tentant de contrôler la situation. Et Honor, au milieu, les bras ballants, serrant les dents et se maudissant de son impuissance.

Combien de temps s'était écoulé ? Elle ne le saurait jamais. Une gigantesque vague de chaleur causa un blast soudain, propulsant tous les occupants de la rue à terre, Honor ne faisant pas exception. Ses oreilles bourdonnaient à nouveau, mais ce qu'elle vit, se dégageant du bâtiment anciennement occupé, lui glaça le sang, et cette vision la suivrait le restant de sa vie.

Des flammes gigantesques se tordaient en tous sens. Honor ne comprit pas, il ne s'agissait pas de flammes normales, et en y regardant de plus près, étaient-elles en train de prendre la forme... de serpents ? La militaire en elle se reprit. Elle n'avait pas d'arme, mais il fallait mettre le maximum de monde à l'abri, et vite. Elle courut en direction du bâtiment, esquivant comme elle le put des débris brûlant, avant de saisir par la main un corps gisant au sol, avant de le porter sur ses épaules. Quelqu'un se mouva dans son champ de vision.

- Bordel reculez ! Faut pas rester là !

Un bruit de verre qui se brise, l'air brûlant se distordant résonnant autour d'elle, elle ne pouvait pas rester là. Un craquement surpuissant retentit soudainement, projetant tout ce qui entourait le bâtiment. Et Honor était trop proche, trop à découvert. Elle et le corps qu'elle transportait furent brutalement projetés à l'autre bout de la rue. Son corps atterrit avec une brutalité sans pareille sur un débris de bâtiment, telle une poupée désarticulée. Une douleur insoutenable lui fendit l'entièreté de la poitrine, avant d'être remplacée par un noir absolu. Le silence total. Sa dernière vision avant de s'évanouir fut les flammes dévorant le bâtiment du Ministère de la Magie.

0131b4
2A RP - 13 ans - 1m40
Avatar par Merinda Swart