J'étire mes bras, alors que je soupire de contentement. Je me sens si libre ! Honnêtement, c'est la meilleure idée de notre duo depuis au moins quelques mois, et ce n'est pas peu dire. Sérieusement, je me demande pourquoi je ne fais pas aussi souvent ce genre de petites expéditions ! Après tout, personne n'a jamais été capable de m'expliquer l'utilité des cours de botanique... Et personne n'en sera jamais capable. Tout simplement puisque cette matière est caractérisée en grand par son inutilité. Enfin bref, un grand sourire sur mes lèvres, je me tourne alors vers ma meilleure amie, tandis que je lui répète au moins pour la dixième fois :

– C'est tellement incroyable d'être tranquille et de n'avoir pas à écouter des cours ennuyants ! On devrait le faire plus souvent !

Les yeux vagabondants sur le plafond du couloir, je ne vois alors pas arriver l'armure métallique devant et...

Badaboum. Plus d'armure, étalée au sol en pièces détachées. Et de mon côté, je me retrouve avec une sérieuse bosse à la lisière de mes cheveux, sur le front. Sous la douleur, les larmes me montent aux yeux alors que je lâche un cri de surprise. Mais qu'est-ce qu'elle faisait ici, cette stupide armure ! On ne leur a jamais appris à s'écarter quand des gens passent, ou quoi ?!

– Sérieux... Ils abusent avec leurs décorations à trois mornilles, là. En plus on a fait un boucan... Viens, on se tire de là !

Je n'attends même pas l'avis de ma camarade pour m'emparer de sa main et la tirer derrière moi, vers je ne sais où. D'ailleurs, pendant une bonne minute, je cours en direction de.. Ah mais oui ! On n'avait pas dit qu'on allait espionner le concierge ? Ou quelque chose dans le genre ? Je m'arrête brusquement.

– Mince, je me suis trompé de chemin je crois.

Aujourd'hui, Renn n'avait pas cours de Botanique. Enfin, officiellement si, et à cette heure-ci elle aurait dû être dans l'une des serres de l'école à écouter le cours ennuyeux de Monsieur Charleston. Nolan aussi d'ailleurs. Mais les deux meilleurs amis avaient décidé de sécher pour se consacrer à une activité bien plus importante et intéressante que les vieux cours sur les plantes : tenter de s'introduire dans le bureau du concierge, tout en espérant que le concierge ne s'y trouve pas déjà. Parce que bien sûr, Renn n'avait pas pensé au fait que Elle-ne-savait-plus-son-nom¹ pouvait autant se trouver dans son bureau que dans les couloirs.

— Ah mais clairement ! répondit Renn en s'étirant, les bras tendus vers le plafond. Je suis sûre que Charleston est capable de même pas remarquer qu-

Elle ne put pas finir sa phrase, Nolan était rentré tout droit dans une armure. Soutenant toujours autant son meilleur ami, Renn éclata de rire avant de plaquer sa main contre sa bouche. L'armure avait déjà fait suffisamment de boucan pour pas qu'elle n'en rajoute. Les larmes aux yeux et ses rires toujours étouffés par sa main gauche, elle hocha la tête aux rouspétances de Nolan. Dans un élan de bonté extrême, elle lui tendit néanmoins sa main droite. Main droite que ce-dernier attrapa pour l'entraîner à sa suite. Elle sentit son corps basculer vers l'avant. Heureusement qu'elle avait des réflexes pas trop lents, elle se serait ramassée par terre.

— Attends, attends, tu vas trop vite !

Ah là, Renn ne pouvait pas dire que Nolan n'avait pas ralenti. Il avait tellement ralenti qu'il s'était arrêté brusquement et qu'elle lui rentra dedans. Le pauvre, déjà qu'il s'était prit une armure, maintenant il se prenait Renn en plein dans le dos. Elle s'écarta, ramassa ses lunettes de soleil, auparavant sur le haut de sa tête, qui maintenant étaient tombées par terre.

— Pffff pas doué. Bref, on est où, au juste ?

La brune regarda autours d'elle. Oh, le tableau de Derwent Shimpling ! Elle l'avait toujours trouvé sympathique, avec son teint violet. Mais du coup, ils n'étaient pas très loin du bureau du concierge. L'opération allait pouvoir commencer ! Renn remit ses lunettes de randonnée sur sa tête et montra une direction du doigt.

— Je crois que c'est par là

Ouais, Renn n'a pas complètement tort... Il est complètement paumé, le prof de bota', à croire qu'il voue une admiration à chacun de ses élèves, ce n'est pas normal ! Et puis même si en apparence il est gentil avec moi, je suis sûr qu'il est comme le professeur Featherstone, on ne m'aura pas ! Enfin bref, voilà que je m'arrête et... Aïe, ça fait mal ! Déjà que la brune s'est permise de rire allègrement alors que j'ai été gravement blessé, mais voilà qu'en plus elle me rentre dedans ! Apparement je ne serais pas doué, non mais je rêve.

– C'est toi qui m'est rentrée dedans, je te signale ! T'avais qu'à faire plus attention.

Je l'observe ramasser ses lunettes de soleil, alors que je me demande vraiment l'utilité d'un tel accessoire. Apparement, c'est “stylé”, ou les moldus portent ça dans des images animés, je ne sais plus comment ça s'appelle. Bref, toujours est-il que ma meilleure amie a l'air de beaucoup y tenir... Mais quand je la vois comme ça, honnêtement, j'ai vraiment l'impression que la dragoncelle lui a laissé quelques séquelles. Pourtant je ne fais aucun commentaire malgré mon envie très forte, et quand Renn me demande le chemin, je hausse les épaules. Je viens de lui dire que je m'étais perdu, non ? Ah, mais voilà qu'elle semble savoir par où on doit aller !

– Génial !

Et effectivement, alors que je suis la direction indiquée, j'aperçois quelques minutes plus tard la porte tant convoitée. Tout excité, je ne peux m'empêcher de chuchoter un peu fort à ma camarade, tandis que je fais un grand sourire :

– C'était quoi déjà le plan ? On toque vite fait, on regarde s'il est là ? Et s'il est pas là on lui pique les meilleures bombabouses et trucs interdits ?

Je me frotte les mains. Avec ça, je vais pouvoir me refaire un stock sans dépenser une noise... Si ce n'est pas génial, comme méthode ! On devrait tenter l'aventure plus souvent, vraiment. Les nerfs à rude épreuve, tant notre mission m'absorbe, je me frotte le nez. Une question soudaine m'est venue à l'esprit.

– Tu crois vraiment qu'il est toute la journée dans son bureau ? Ça doit être pire que professeur de botanique, ça, comme métier... C'est sûrement le genre de personne ronchon comme pas possible.

J'acquiesce à mes propres propos. J'espère qu'on ne croisera pas le concierge, je n'ai pas envie de mourir d'ennui à écouter des sermons plus long que la barbe de Dumbledore.

— Ouais mais si t'avais pas pilé ça serait pas arrivé, renchérit Renn en tirant la langue.

Nolan était gonflé, en même temps, c'était lui qui s'était brusquement arrêté alors qu'il tenait encore la main de Renn. Forcément elle n'avait pas eu le temps de s'arrêter, donc c'était lui le pas doué.
Bref, leur duo était enfin arrivés devant la porte en bois menant à une petite pièce toute à fait charmante et absolument ps remplie de poussière : le bureau du concierge.

Tout aussi excitée que son meilleur ami, Renn sautilla. *Le plan ?* Elle fronça les sourcils. Ah parce qu'ils avaient un plan à la base ? Si c'était le cas, elle l'avait oublié. Mais voler des bombabouses et d'autres trucs interdits lui allait ! D'autant qu'elle avait vidé son stock de boules puantes à peine deux jours plus tôt, il était temps à présent de le remplir de nouveau ! Et si elle pouvait le faire gratuitement en plus, elle ne disait pas non.

— Ouais ! Aaah j'espère qu'il est parti, comme ça on pourra prendre plein de trucs, même que j'aurai pas besoin de racheter des bombabouses la semaine prochaine !

Renn s'apprêtait à toquer jusqu'à ce que Nolan l'interpelle. Si le concierge était dans son bureau toute la journée ? Alors, non, elle n'était pas d'accord. Il ne fallait pas que leur plan tombe à l'eau si vite !

— Clairement. Mais je pense qu'il doit se balader dans les couloirs, aussi, mais c'est nul comme vie. T'imagines tu passes tes journées à rien foutre, c'est chiant je pourrais pas

Il ne leur restait plus qu'à espérer qu'Elle-ne-savait-toujours-pas-son-nom était quelque part perdu dans les couloirs de l'école, le plus loin possible de la tour nord et d'eux.

— Bon, et s'il est dans son bureau, on dit qu'on s'est trompé de porte hein !

Maintenant ce rappel fait, Renn était prête, ses lunettes sur le nez. Elle trouvait ça classe, et avait l'impression de ressembler à Tom Cruise (dans les films qu'elle avait vu avec sa mère), même si elle n'avait pas exactement les mêmes lunettes et lui n'allait pas voler des bombabouses dans un vieux bureau poussiéreux. Quant à Nolan, et bien s'il n'était pas près, tant pis, parce que Renn avait déjà toqué.

Elle tendit l'oreille. Pas de "entrez", de "oui ?", de bruits de pas, rien, mise à part du silence. Elle toqua une nouvelle fois, histoire d'être sûre, puis se tourna vers Nolan, n'ayant obtenu aucune réponse.

— Je crois qu'il est pas là

Donc ça pouvait dire qu'ils pouvaient entrer tranquille. Génial !