Une des étapes cruciale de la recette ne fut pas respectée par une petite billywig, alors Alaska se hâta de réagir pour éviter la catastrophe. Ils avaient bientôt terminé leur préparation, l'odeur de l'Amortentia était bientôt prête et ils ne pouvaient pas se permettre de recommencer à zéro.

« Pas de panique, on va arranger ça ! Au fond les potions c'est comme des mathématiques ! Les étapes de la recette, ce sont des additions : on ajoute des étapes une par une pour obtenir un résultat précis à la fin. Mais que faut-il faire pour revenir en arrière ? On soustrait. Lavinia je t'en prie, touille 2 fois dans le sens des aiguilles, pour annuler l'effet et revenir à la normale. C'était à elle de réparer son erreur, et Alaska lui faisait confiance. Elle voulait aussi détendre l'atmosphère : Rien de grave, regardez, on est encore en un seul morceau. »

Les autres élèves suspendirent leurs activités, respectueux de la situation délicate, mais Alaska les invita à continuer leur préparation. Il fallait ajouter les derniers ingrédients, et enfin, touiller.

• Vous avez jusqu'au 16 juin pour répondre avant de passer à la prochaine étape.

Les autres élèves s'étaient arrêtés et regardaient dans leur direction. Lavinia était à la fois rouge de honte et blanche de dépits, ce qui créait un drôle de contraste sur son visage : l'ensemble d'un blanc laiteux, et des pommettes écarlates. Elle hoche la tête silencieusement devant les explications d'Alaska, fuyant le regard de ses camarades. D'une certaine manière, elle était soulagée que son erreur soit rattrapable, mais toujours aussi honteuse de sa maladresse. Elle qui pensait bien faire...

A la demande d'Alaska, Lavinia prit de nouveau la cuillère et touilla deux fois dans le sens contraire de l'aiguille d'une montre, en se mordant la lèvre inférieure et se retenant de renifler l'humidité qui pointait à la surface de son nez et de ses yeux. Elle vit bien qu'Alaska essayait de détendre l'atmosphère, mais ne rit pas à sa blague. Bien sûr que si, c'était grave... Elle s'était totalement ridiculisée devant ses camarades de maison...

Quand elle eut terminé de touiller son "rattrapage", elle reposa les instruments et fait un pas en arrière, laissant le champ libre à Alexandre et à Louna. C'était décidé, elle ne touchera plus rien tant qu'on ne lui indique pas clairement quoi faire...

Après l'erreur corrigé par Lavinia, Alaska guida les élèves à travers les dernières étapes de la préparation, la potion était enfin terminée. La jeune fille prit un moment pour admirer le travail accompli par ses apprentis, qui était finalement devenus des billywigs aguerris.

« Bravo pour votre travail remarquable, elle est prête ! La magie des potions réside non seulement dans leur effet, mais aussi dans leur capacité à nous révéler des aspects cachés de nous-mêmes, j'espère que vous en avez appris un peu plus sur vous, durant cet atelier. Désormais, il est temps de découvrir l'odeur de votre Amortentia. » annonça Alaska avec un sourire énigmatique.

Les élèves s'approchèrent prudemment de leur chaudron, curieux de savoir quelles senteurs envoûtantes se dégageraient de la potion. Un à un, ils inspirèrent profondément, laissant les arômes se mêler à leurs sens. Les expressions sur les visages des élèves se transformèrent, témoignant de la puissance de l'Amortentia. Certains eurent des sourires nostalgiques, d'autres semblaient plonger dans un état de béatitude, tandis que certains frissonnaient légèrement, submergés par des émotions enfouis.

« Alors ? Vous pouvez me la décrire en détails ? »

• Vous avez jusqu'au 2 juillet pour conclure le RP.

Lavinia poussa un soupir de soulagement, non pas devant les compliments de son aînée, mais bien parce que la potion était enfin terminée. Plus de morceaux de fiole à trier, plus de tourniquet de cuillère mal placé... Comme les autres élèves, elle s'approcha du chaudron et attendit son tour avant de pouvoir humer le parfum si mystérieux de l'Amortentia. Qu'est-ce que ce serait pour elle ? De la rose ? Du jasmin ?

Lavinia prit une longue inspiration, et le parfum l'enivra un instant, avant qu'elle ne papillonne des yeux, surprise. Cette odeur l’apaisait, certes... Mais c'était étrange. Elle avait le goût de nostalgie et du regret assumé, le goût d'une pause qu'elle se serait accordée, fuyant la demeure familiale. L'odeur de l'herbe coupée après la pluie. Et même, bien plus. Quand Lavinia fermait les yeux, elle voyait parfaitement les plantes qui lui venaient à l'esprit. L'odeur de l'herbe coupée, mêlée à celle du serpolet et de violettes, de la menthe sauvage aussi. Peut-être même un brin de chèvres-feuilles... L'odeur s'élevait après que leurs pétales et leurs feuilles aient été malmenées par l'orage, et que leurs essences aient été portés par l'eau de pluie, qui se réchauffait soudain au rayon du soleil, exaltant le parfum de ces plantes sauvages. Un odeur fraiche, piquante, rafraichissante.

Lavinia baissa la tête. Que répondre à Alaska, qui voulait un compte-rendu détaillé ?... Que son Amortentia sentait le gazon et la mauvaise herbe, et que cela remplissait son cœur de joie ?... Non, elle ne l'avouera pour rien au monde. Pas à eux. Pas tout de suite. Quand vient son tour, elle n'hésita pas :

- Une odeur puissante et entêtante de musc de rose et d'essence de jasmin, mentit-elle avec assurance.

Enfin, la potion fut terminée. La fumée en spirale s'échappait du chaudron, naviguant dans l'air jusqu'au nez de Merinda.
Une odeur agréable et acide de sueur lui rappela ses séances de sport, son acharnement jusqu'à l'épuisement lors de son entraînement avec Honor, la maman de Narcisse, sa persévérance dans le combat à mains nues.
Une odeur de cigarette, mêlée à une autre qu'elle connaissait par chœur. Lloryhann.
Une odeur d'orage, de pluie, de tonnerre, pour lui rappeler la beauté des éléments lorsqu'ils se déchaînent.
Une odeur de parchemin, pour lui rappeler les contes, les histoires, les romans... surtout pas les devoirs.
Une odeur fraîche, la nature et la forêt, pour lui rappeler ses séjours aventuriers en forêt avec son père, et la passion de sa mère pour la nature.
Et enfin, pour couronner le tout... une odeur qui rassemblait toute sa famille, celle qui était présente lors de la Terreur, celle qui s'était unie pour parer la peur, celle qui s'était aimée pour oublier.
Quelques larmes montèrent aux yeux de la jeune Serpentard, mais elle les arrêta bien vite. Pas question de pleurer devant tout le monde.
Isaac demanda ce qu'elles sentaient. Pas question de tout dire.
"Une odeur d'orage, de cigarette, de nature, de parchemin et de sueur."

J’écoutai la première réponse de ma camarade avant de sentir à mon tour l‘odeur que pouvait bien avoir la potion à mon égard. Je pouvais reconnaître l‘odeur des bonbons à la menthe, celle du café, mais il y en avait une autre que je n‘arrivais décidément pas à reconnaitre, alors qu‘elle…qu’elle me semblait si familière. Une émotion vive cogita en moi, me fit reculer d‘un pas, comme pour me sortir d‘une torpeur trop peu habituelle.

«- Et bien pour moi ça sent les bonbons à la menthe, le café et un autre odeur encore …impossible de savoir quelle est la dernière.
C’est si…enivrant et hypnotique que ça en devient un peu effrayant. Je n’aimerais pas être victime d’une potion comme celle-là.

Tu sens quoi Alex toi ?»

Les yeux pétillants d'un intérêt teinté d'excitation pour toute expression, Alexander s'avança enfin vers l'ardue et laborieuse préparation pour en respirer les vapeurs. Une seconde, dix, vingt autres passèrent, et le garçon restait ainsi, interdit, près du chaudron. Du moins, c'était ce qui était observable pour celles et ceux qui lui auraient fait face. À l'intérieur du Serpentard, de son cerveau, de ses nerfs, la réaction était tout autre, carrément opposée à la supposée absence de l'enfant.

Dès la première effluve, c'était une tempête d'odeurs, tellement palpables qu'elles en étaient colorées voir chargées d'images pour la vision interne d'Alexander. Mais une fois passée cette décharge mentale, le Serpentard recula, s'assit, et commença à réfléchir, noter ses observations. Son âme de passionné de potions reprenait le dessus. Une fois que ce fut fait, il pu parfaitement répondre aux questions d'Alaska et de Louna :

- J'ai d'abord senti une odeur d'humus forestier, puis celle d'un chaudron fumant chargé de la fragrance d'une potion Lissenplis. Ensuite, un léger parfum de Lucky ChickenRecette de poulet frit dans le Felix Felicis, offerte par Louna et Niks à Alex pour Noël et une odeur que je n'ai pas bien reconnue.. celle d'un plumage d'oiseau, je crois, mais je ne suis pas sûr. Et tout autour de ces odeurs, du début à la fin, je pouvais les sentir comme entourées de la senteur des embruns des rivages de Millport.