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15 févr. 2022, 18:38
Instants Enflammés
Cinq Septembre deux-mille-quarante-six — Bibliothèque


Mon Souffle se propage dans tout mon corps tandis que je m'Essoufle. Ma course effrénée en direction de la bibliothèque m'épuise. Cela fait à peine cinq jour que nous avons repris les cours que je cavale déjà en continue à travers le couloirs et les escaliers. Tout ça pour quoi ? Tout ça pour le Temps. J'ai l'impression qu'il contrôle tout. Tout nos actes, nos paroles, nos pensées sont dictés par un seul Être, le Temps. Oui je crois que c'est un Être. Il est Vivant, comme moi, comme toi, comme nous autres. Je viens donc à la bibliothèque pour le Temps, plus précisément pour en *gagner* si seulement c'est possible. En vérité je n'y crois pas vraiment, c'est simplement parce que Maman me l'a demandé que je vais le faire. *Faire quoi par Merlin* ! Maman veut à tout prix que je rattrape mon année catastrophique de l'an passé. Ça, on peut le dire, j'ai merdé. Carrément merdé même. *Il faut que tu bosses Erza*. Bosser. On ne peut pas dire que je passe mes journées le nez plongé au fond de mes livres non. Je préfère milles fois m'entraîner au Quidditch ou bien me goinfrer de cochonnerie achetées à Pré au Lard. *Faut que tu bosses Erza, au moins pour le Quidditch* me répétais-je en continu. Je pense que Miss Taylor attend le moment propice, l'événement parfait, afin de pouvoir *enfin* me virer. Je crois qu'elle ne m'aime pas — j'en suis certaine même. Après tout, je ne compte pas le nombre de sorties nocturnes que j'ai pu faire l'an passé, ni le nombre de problèmes que j'ai causé, et je ne parle pas de la fois où je suis venue dans son bureau pour *parler*. *Parler*, toujours ce mot. Pourquoi sommes-nous toujours obligés de poser des Mots sur tout ? Pourquoi, alors qu'il y a tant d'autres moyens de communication. Je n'aime pas spécialement ça, *parler*. Je préfère écouter.

Ma course endiablée va bientôt s' arrêter : la bibliothèque est en vue. Depuis l'année dernière, j'évite au maximum cette salle, — bien que je n'y sois jamais beaucoup allée — disons qu'elle me rappelle de mauvais souvenirs. Je reprend mon souffle avant de devoir rentrer à l'intérieur, comme si je repoussais la fatalité. *Bordel c'est juste une salle comme une autre* ! Ma respiration semble reprendre un rythme normal, alors je pousse la porte et j'entre. Nous ne sommes que le cinquième jour mais la salle commence déjà à se remplir. Mr O'Lake, fidèle au poste, est assis derrière son bureau. Je baisse le Regard, priant pour qu'il ne me remarque pas. Je n'ai pa envie qu'il me regardent, qu'il me remarque, je veux rester invisible. Je me dirige à Pas feutrés mai rapide vers les étagères et je parcours du regard tous ces ouvrages rangés si proprement les uns à côté des autres. Il faut avouer que c'est plutôt joli, tout ça.

Je me remémore ma mission et je me hâte de trouver l'étagère qui m'intéresse : moins je passerai de temps ici mieux je me sentirai. Je passe mon doigt sur la tranche des livres tout en récitant mentalement les thèmes devant lesquels je passe. *Sortilèges, Astronomie, Vol, Histoire de la Magie* toute les matières sont là. Je retourne devant les ouvrages qui traite de la Métamorphose et je me demande si feuilleter tous les livres est une bonne chose, à défaut de pouvoir tous les empreinter. J'en prend un au hasard, et alors que ne m'apprêtais à l'ouvrir, *quelque chose* attire mon attention. *Quelque chose* ou plutôt *quelqu'un* à l'occurrence. Une immense masse est assise à une table, accompagnée d'une autre fille à ses côtés. *Immensément belle plutôt*. Je n'arrive pas à décrocher mon Regard de la Grande. Qui est-elle ? Comment s' appelle-t-elle ? D'où vient-elle ? Immédiatement, des milliards de questions s' amoncellent dans mon esprit, je dois la connaître.

Cette fille est simplement, objectivement magnifique. Je n'ai jamais un Corps aussi beau que le sien. Je me contrefiche de la blonde qui est à ses côtés, il n'y a qu'Elle qui m'intéresse à présent. Elle me paraît complètement immense, avec sa peau brune en accord parfait avec sa chevelure noire de jai et ses magnifiques yeux verts magnétiques. Je n'ai jamais vu quelqu'un de plus belle qu'elle. *Qui est-elle* ? J'ai envie de savoir, terriblement envie, j'ai *besoin* de savoir. En quelques seconde, cette fille est devenue une obsession. Je n'arrive pas à lui donnée d'âge précis, si ce n'est que c'est certain qu'elle et plus âgée que moi. Elle a autant l'air d'une jeune adulte que d'une fille de l'age de Fred, ce qui ne constituerait qu'un écart de trois ans avec moi. Elle est belle, trop belle. Je ne me suis jamais vraiment intéressée à la beauté des humains jusque là. Il y a bien certaines personnes que j'ai pu trouver plus belles que d'autres, mais là, là c'est différent. Cette fille me révèle un nouvel aspect de la beauté extérieur.

*Tu aimes les filles bordel*. Cette phrase me fait exploser intérieurement. Évidement, elle est fausse, elle ne peut être que fausse. Je n'aime personne, personne de cet amour là. L'Amour avec un grand A. *Tu aimes Ivy*. Nouvelle explosion. Nouveau refut. Je n'aime pas Ivy, c'est sur que non. Il y a pratiquement un an que nous ne nous sommes ni vues ni parlé. Je l'ai abandonnée. Je l'ai abandonnée parce que j'ai honte. Honte de l'aimer. Depuis le premier jour, cette après-midi dans le couloir, j'ai eu peur de l'aimer avec un grand A. Je ne sais même pas pourquoi. La Honte. Ce sentiment qui vous prend aux tripes, qui vous oppresse et qui vous dévore petit à petit. La Honte. Elle rit de vous lorsqu'elle voit les Regards des Autres vous transpercer. Elle m'inspire la Crainte, la Honte. Je la fuis mais elle me poursuit, elle m'empêche de respirer, ne me laisse pas un instant de répit. Elle est là, toujours tapie dans l'Ombre, à *attendre*.

Je ne détache toujours pas mon Regard de l'*Autre*. Elle est si belle, je suis subjuguée. Comment une personne aussi parfaite peut-elle exister ? Les mêmes questions que tout à l'heure continues de tourbillonner dans ma tête, martelant mon crâne. Maintenant, je veux entendre sa Voix. Je veux qu'elle me parle. *Son prénom*. Je suis située derrière une étagère, il y a juste l'espace entre deux livres qui me permet de l'apercevoir. J'ai envie de me rapprocher pour distinguer les Reflets dans ses yeux vert émeraudes. Ses yeux sont si beaux. *La beauté est subjective* m'a-t-on dit un jour. Foutaises ! cette fille est la plus belle du monde, c'est certain. *Arrête de la fixer elle va te remarquer*. Discrétion. Je reviendrais tout à l'heure, ou demain, peut importe, mais je veux la revoir. Sans la quitter des yeux, je me dirige vers le bureau d'empreint pour emporter le manuel de métamorphose avec moi, mais je percute *quelque chose*. Je me retourne très surprise, et je vois Fred devant moi, les yeux aussi perplexes que moi.

Tu fous quoi là ? J'savais pas que tu venais ici... s'enquit-il avec une pointe d'ironie.

Je hausse les yeux au ciel et je répond en parlant le plus bas possible.

C'est qui, Elle ?

Je montre l'*Autre* du doigt et Fred ne réagit pas tout de suite. Il la regarde juste. Que pense-t-il ? La même chose que moi ? Que l'*Autre* est un Être si beau, si parfait ? Je n'en sais rien. Fred met du temps à décoller son Regard de l'*Autre*, puis il me répond enfin.

J'sais pas. Tu... la connais ? Elle est...

*Magnifique*. Il n'a pas besoin de prononcer les mots, j'ai compris. Il sait que je sais. Nous n'avons pas besoin de Mots pour nous comprendre, comme quoi les Mots ne sont pas toujours nécessaires.

On... s'en va d'ici ?

Machinalement, je le suis, tandis que nous nous apprêtons à quitter la salle. Alors que je vais passer la porte, je me retourne une dernière fois pour la voir encore. Je referme la porte derrière moi et je rattrape immédiatement Fred.

"T'as vu ?
J'ai vu."

S' ensuit alors un échange de regards entre nous. Je sais. Il sait. Nous savons. Pas besoin de plus. Je m'éloigne à sa suite de ce couloirs, sans bruits nous partons. Il faut que nous allions le plus vite le plus loin. L'*Autre*. Si Fred n'a pas pu répondre à ma uestion c'est qu'elle est plus âgée. Au minimum en 6e année. Ou alors, c'est une Ombre dans le château. Fuiyante, comme nous à présent. J'ai pu apercevoir un détail sur elle : sa cravate Rouge et Or. C'est donc une Gryffondor. La maison des gens hautains et soit disant hardis. *Soit disant*. Ils sont seulement hautains et menteur pour la plupart.

Notre course folle aboutie dans le Hall, devant le parvis de la cour de la tour de l'Horloge. Fred s' apprête à repartir, à me laisser avec mes questions, alors tandis qu'il s' éloigne déjà, je murmure pour moi-même quelques Mots, seulement quelques Mots.

Je découvrirais qui elle est...

Sans me préoccuper des Regards alentours je me met en marche pour *je-ne-sais-où* avec comme seule compagnie ma baguette, ma fidèle baguette.

Plume de @Charlie Rengan me voici. Il n'y a plus de retour en arrière possible, tout est déjà lancé, l'Horloge nous attend.
@Isaac Powell comme promis, je te laisse observer.

Patriote 2021 et 2022 • je déteste j'aime Mélo • Préfète inRP dès le 1er Septembre 2048 • Avatar modifié par Melody <3

25 juil. 2023, 23:58
Instants Enflammés
I

.oOo.

[ 5 SEPTEMBRE 2046 ]
Bibliothèque, Poudlard
Après les cours



Charlie, 17 ans.
5ème Année




Ma plume en position de guillotinée entre mon index et mon majeur, je la tapote contre la table à un tempo d’exactement 126 battements par minute. Ni trop lent, ni trop rapide ; un truc bien constant, pour rester lucide.
Et, doucement, me laisser plonger dans cet état où je ne fais plus qu’un avec ma conscience, où mes yeux ne me disent pas que j’utilise les longs filins blonds flanqués sur le crâne de Nejma pour donner une direction à mes pensées. Des cheveux, c’est basique ; mais les siens sont spéciaux. Ils me font penser à un cadran de porte où le seul battant serait ses cheveux d’or.
Un simple rideau que je peux traverser quand je veux pour découvrir l’étendue de mes pensées appliquées.
Et c’est ce que je fais. Alors que j’en oublie mon tempo qui se joue en musique de pensées, qui continue même si je traverse cette porte de tignasse courbée.

Là, je me retrouve dans une clairière avec un seul arbre en son centre, tordu, boursoufflé. Il a l’air de s’être fait casser la gueule. *Bien…*. Mais ce n’est pas mon problème. Toute mon attention est plantée sur la créature à six pattes qui a l’air tellement à l’aise sur cet arbre mutilé : le Womatou. L’image que je m’en suis faite n’est franchement pas dégueulasse, c’est un mélange entre toutes les photos que j’avais passé une demi-heure à enregistrer avec un peu de ce que j’en ai imaginé en lisant ses descriptions.
*Comment le neutraliser…*. Maintenant je dois répondre à cette question, plus de la moitié du devoir est sur ça. Je dois trouver le meilleur moyen pour le défoncer autant que l’arbre qui lui sert de trône.
Les caractéristiques qui revenaient le plus souvent étaient la rapidité et la force. *’j’savais qu’c’était la merde*. Normalement, une rapidité aussi efficace que la force est juste impossible, ou alors les deux devaient être faibles, ou au maximum quelconque. Dans l’ordre des lois primordiales, soit la créature est très forte, mais moins rapide ; soit moins forte, mais aussi vive qu’un éclair. *’faudrait…*. Je fouille dans toutes mes connaissances des créatures magiques, et je me fais la constatation que les plus dangereuses ont toujours ce point commun : elles dépassent l’imagination.
Alors je me retrouve là, face à une image de Womatou qui me laisse juste observer les stries que forment les muscles au niveau de ses jambes, et l’allure élancée qu’il arbore fièrement du haut de son arbre. *’chiant*. Cette créature ne peut pas être aussi rapide que forte quand même ? Alors que tout ce que je voyais devant moi est une preuve de ses capacités hors du commun.
*Attaquer son mental*. C’est la seule solution que je vois. Un bon sortilège d’Allégresse dans sa petite gueule devrait le rendre moins agressif. Faudrait déjà le toucher, mais avec assez de discrétion, ça serait un bon début. *Après lui enchaîner ses sens*. Et pour lui, ça serait la vue sans hésiter.
Sans même réfléchir plus loin, le deuxième sortilège serait un Obscuro. *Sans vue ni émotion trop agress…*. Ma pensée se coupe.
Je recule d’un pas.

Là, le Womatou me regarde droit dans les yeux.
Ça a l’air tellement réel que je me demande si je suis encore dans mes pensées ou si j’étais en train de rêver *que…*.
Deux billes noires apparaissent au milieu de ses yeux d’ambre, au creux de son regard de créature. Ce n’est pas normal.
Et les billes prennent du poids, avalent la place en sifflant. *C’quoi c’bordel ?!*. Deux planètes sombres, entourées d’un jaune brillant, ondulant. Une éclipse se déroule là, devant moi, avec ces soleils noirs encerclés d’anneaux de feu. Enflammés. Il peste, il siffle. Un Womatou peut vraiment siffler ?! Et sa langue coupée en deux apparaît. *C’est…*. Mais c’est un foutu Cobra Royal !
Qui me fixe sans ciller.

Je cligne des yeux.
Comme un plongeon à l’envers.

*Bordel !*. Là, les cheveux blonds — banals — de Nejma. Je cligne des yeux encore une fois. Le bourdonnement habituel de la bibliothèque m’attaque les oreilles. Ma plume est figée entre mes doigts.
Elle m’a parlé ?

Quoi ?

Hein ? me répond-elle le plus normalement du monde, avec une nuance d’étonnement, sans me regarder. Mais je continue, je suis persuadée qu’elle m’a parlé : « Tu m’as dit quoi ? ».

J’ai dit : hein ? elle utilise presque la même intonation, sauf que cette fois-ci s’est ajouté une pointe d’agacement. *Mais…*.

Je baisse les yeux sur mon parchemin avec mes premières notes concernant le Womatou ; le devoir de Soins aux Créatures Magiques trainant juste à côté.
Je ne comprends pas.
Si Nejma ne m’a pas parlé, alors qui m’a… *Regardée !*. Mon regard s’envole aux alentours.

Là-bas, un Pouffy qui a l’air perdu dans sa vie, l’étalage de livre devant lui semblant être un choix trop compliqué dans son existence. À côté, les interminables étagères aux crevasses partout, faites d’emprunts des Autres qu’ils reboucheront dans la soirée. *Mais…*.
Rien. *C’pas possible*. J’ai senti quelqu’un me regarder. Et me regarder assez fort pour m’arracher de mes profondes pensées. *’sûr, ç’peut pas être autre chose*. Ou alors c’est Nejma qui me fixait.

*Ah…*. Comme une évidence. Bien sûr, le regard noir, c’est elle. *‘chier*. C’est juste ça. Tout ce bordel juste parce qu’elle m’avait regardée assez longtemps pour détraquer mes pensées. *Tss…*. Faudrait vraiment qu’un jour elle se décide d’affronter les regards, parce que là c’est tellement rare que même moi ça m’a foutu le cafard.
Bien, c’était juste elle. Faut que je finisse mon devoir maintenant.
Foutue Nejma. C’est juste elle.
C’est sûr.

Mais un truc était quand même bizarre, pourquoi ce Cobra Royal ?


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Le cadran de l'Horloge se retourne ; première fois


je suis Là ᚨ