Enfin le train allait entrer en gare de Londres, indiquant la fin du voyage.
Ce n'est pas que j'avais trouvé le trajet à bord du Poudlard Express long, en effet, impossible de s'ennuyer lorsqu'on passe un agréable moment en compagnie de ses amis de classe, mais j'avais vraiment hâte d'arriver et de les retrouver après ces longs mois de séparation.
Les, c'était mes parents bien sur, et je ne les avais pas revu depuis mon départ pour l'école le 1er septembre, puisque j'étais restée à Poudlard lors des vacances d'hiver. Oh, c'était mon choix, et il n'avait pas été facile à faire, mais la venue des correspondants étrangers avait pesé lourd dans la balance. Et je ne le regrettais pas, même si l'absence de ma famille s'était faite sentir. Mais la journée passée à découvrir les chevaux ailes et les hippogriffes avait à elle seule répondue à mes attentes. Et puis, malgré l'éloignement, mes parents avaient pensé à moi en m'envoyant un lot de friandises et une photo de l'autre cadeau qui m'attendait à la maison : un appareil photo magique, avec tout le nécessaire pour développer les photo et un album pour les ranger. Un super cadeau que j'avais hâte d'utiliser.

Ma petite valise déjà en main et mon sac d'école en bandoulière, j'attends l'arrêt complet de la locomotive et l'ouverture de la portière pour descendre sur le quai et partir à la recherche de mes parents.
Je fais quelques pas sur le quai pour ne pas bloquer le passage des autres élèves, regardant à droite, regardant à gauche, à la recherche des deux têtes recouvertes de cheveux roux... Ah !!! Là-bas !!!
Et je m'élance dans leur direction pour me jeter dans les bras tendus de ma mère qui m'avait vu arriver.
- Oh ! J'suis trop contente d'vous voir !, dis-je en lâchant ma valise au sol sous l'étreinte des bras maternels autour de moi.
- Moi aussi, ma chérie, prononça ma mère en déposant un bisou sur le sommet de ma tête.
- Tu as fait bon voyage ?, demanda mon père en récupérant ma valise.
- Oui, ça a été ! J'vous racont'rais tout à la maison. J'ai trop d'chose à vous dire !,dis-je en me libérant des bras de ma mère pour aller faire un câlin à mon père qui posa sa main libre sur ma tête pour caresser mes cheveux.

Entre temps, le quai s'était remplit d'élèves. Les familles s'étaient retrouvées, les plus jeunes étant dans les bras de leurs parents, comme je venais de le faire avec les miens quelques instants plus tôt.
C'est alors qu'il me semble reconnaitre parmi l'immense foule présente sur le quai, deux silhouettes familières : l'une plutôt grande et brune, l'autre plus petite et blonde... Ellana et Lyna !

- Oh ! Regardez !, dis-je à mes parents en désignant les deux sœurs. C'est mon amie Ellana ! J'vous en ai parlé dans mes lettres. Et à côté, c'est Lyna, sa p'tite sœur... , continuais-je avant de noter la présence de deux adultes près d'elles.
Et sans plus attendre, je commence à me diriger vers les deux fillettes.

- Ellana !!! Lyna !!!, criais-je pour me faire entendre par dessus les bruits de conversation ambiante...

La veille, avant le départ, la jeune fille avait dit au revoir à Lapinou, lui promettant de passer la voir quand elle serait de retour, le dimanche suivant : elle ne partait pas bien longtemps, et était heureuse de voir ces vacances arriver enfin, après tant d'attente, mais elle avait tout de même un petit pincement au cœur à l'idée de laisser sa Monilaria obconica seule -bien qu'elle était toujours en compagnie de Rosalia, la plante d'Erin.
Cependant, la joie de revoir ses parents avait presque totalement remplacé cette peine volatile de ne pas voir Lapinou quelques jours. Sa plante était sa confidente, la seule personne à qui elle osait pleinement se confier : elle n'arrivait pas à dire tout ce qu'elle avait sur le cœur à sa meilleure amie, préférant en parlant à la plante aux oreilles de lapin que celle-ci lui avait offerte. Au moins, elle, elle n'irait pas répéter ce qu'on lui avait dit à tout le monde !

Le trajet en train s'était plutôt bien passé, malgré une certaine anxiété de la brune, qui ne pouvait s'empêcher de stresser à chaque fois qu'elle montait dans ce grand train rouge, ramenant les élèves à Londres. Elle était tendue, depuis l'attaque de l'an dernier, et bien qu'elle n'avait pas été particulièrement touchée, ce trajet-là avait sans doute était le pire trajet en train qu'elle n'ait jamais fait. Erin n'était pas dans le même compartiment qu'elle, et Ellana avait passé quelques heures à lire dans son coin un roman, puis avait commencé un livre de botanique : Lyna, sa petite sœur, avait préféré aller avec ses copains, et c'était ainsi que la troisième année s'était retrouvée seule. Mais ça ne la dérangeait pas, et elle était certaine que la semaine qui venait elle ne passerait pas une seconde éveillée en compagnie de sa seule solitude.

Finalement, le train s'arrêta en gare de Londres, sans accrocs. Rassurée que le voyage soit terminé, la jeune fille rejoignit sa petite sœur installée dans un compartiment un peu plus loin, et ses bagages en main, elle sortit sur le quai où les familles autour d'elle s'agitaient. Dans cette masse mouvante qui se déplaçait autour d'elle, elle essayait de repérer ses parents, leurs têtes familières, et après quelques secondes, elle sentit la main de Lyna se glisser dans la sienne et la serrer, avant de l'entrainer vers deux têtes brunes.
- Allez viens !

Arrivant à la hauteur de Alice et Gustave Duchêne, l'ainée se précipita vers son père, abandonnant sa valise au sol : qu'elle était heureuse de les revoir ! Ca faisait quatre mois qu'elle ne leur avait pas parlé de vive voix, et même si ça faisait plus longtemps pour certains de ses camarades -comme Erin-, quatre mois, ça lui paraissait déjà beaucoup. Enlaçant Gustave, tandis que sa petite sœur avait sauté aux bras de sa mère, elle se détacha finalement de lui pour aller embrasser sa mère et lui faire également un petit câlin.
- Merci d'être venus tous les deux ! s'exclama Lyna, sur un petit nuage. J'ai trop hâte de r'voir Mathias ! J'suis sûre qu'il a beaucoup grandi, depuis tout c'temps... Et j'ai plein de choses à vous raconter ! Vous saviez qu'on pouvait réparer des objets cassés avec une baguette ? demanda-t-elle, plein d'entrain, attrapant son bout de bois pour le faire tourner entre ses doigts.
- Hâte que tu nous expliques tout ça mais peut-être à la maison ? lui répondit avec un gentil sourire sa mère, lui faisant un petit clin d'œil.
Ellana entendit toutefois juste après son prénom crié à travers la gare, et tourna la tête, bien qu'elle reconnaissait parfaitement cette voix : où était Erin ? Son regard fut happé par trois roux, sans nul doute possible appartenant à la famille Fergusson : même si la Terre n'était pas dépeuplée de roux, la chevelure de feu de son amie, et le fait qu'elle s'avance vers elles aussi, était un énorme indice.
- Oh, y'a Erin ! dit-elle joyeusement, avant de tenter de rejoindre sa meilleure amie, sa petite sœur la suivant de même que ses parents : ils ne souhaitaient pas perdre leurs deux enfants à cette gare de train !

Ah, les vacances !!! Le rêve... Surtout que cette fois, je rentrais à la maison, contrairement à celles de décembre.
Mais quel dommage de devoir prendre le train à Pré-au-Lard pour rejoindre la gare de Londres... quand on habite en Ecosse... C'était loin d'être direct comme itinéraire et c'était looongg...

Heureusement, ce long trajet était l'occasion de passer du temps avec mes amis.
Et notamment, cette fois-ci, le voyage vers la gare de King's Cross s'était passé plutôt rapidement : on ne célèbre pas l'anniversaire d'une amie à chaque fois !!!

La fête surprise de Constance avait été méticuleusement préparée, chacun avait son rôle. Shawna, Steven, Eli et Orla devaient monter dans le train rapidement pour avoir le temps de décorer l'un des compartiments. Amy devait accompagner Constance et moi essayer de gagner un peu de temps. "Oh, vous n'avez pas vu Steven ? J'dois parler d'un truc pour les vacances." Et ensuite indiquer la direction du compartiment "Au fait, j'ai vu Orla et Eli par-là. Vous les cherchez ?". Et l'effet avait été plutôt réussit ! Bref, un super moment. Amy avait eu une idée de génie !

Ma rencontre avec Constance avait été accidentelle. C'est lors de mes achats pour ma première rentrée que j'avais fait sa connaissance. D'origine moldue, seule sur le Chemin de Traverse, on avait finit par parcourir les différentes boutiques ensemble, avec ma mère. Puis, on s'était donné rendez-vous à la gare de Londres le premier septembre pour faire notre premier trajet en train jusqu'à Poudlard. C'est à cette occasion qu'on avait fait la rencontre avec Steven, qui habite, comme moi, à Inverness. Lors de la répartition, Constance avait été envoyée à Poufsouffle, Steven à Gryffondor et moi à Serdaigle. Puis, chacun de nos côtés, au sein de nos salles communes, mais aussi lors des cours partagés avec les élèves des autres maisons, nous avions agrandit notre cercle d'amis.

Si cette petite surprise resterait l'un des événements importants de cette deuxième année en rendant ce voyage mémorable, les retrouvailles avec mes parents l'était tout autant.
Et si nous n'étions pas sur le quai entourné de la foule d'élèves et de parents, je serais bien restée plus longtemps dans l'étreinte chaleureuse de ma mère. Mais la séance de câlinage devra attendre notre retour à la maison.
Mais c'était sans compter sur la présence des deux sœurs Duchêne que je venais d'apercevoir et vers qui je me dirigeais à présent.
Dès que je suis assez proche de l'ainée, qui avait elle-même progresser vers moi, je la serre dans ma bras pour lui chuchoter à l'oreille pour qu'elle soit la seule à entendre.
- ça a été le trajet ?, car je me doutais, depuis la thérapie sur le stress, que voyager à bord du Poudlard Express devait toujours angoisser la troisième année, un an après l'attaque de celui-ci.

Relâchant mon étreinte, je fais une rapide accolade à Lyna pour lui faire une bise sur la joue. Puis, je me tourne vers les deux adultes qui accompagne les deux sœurs.
- Bonjour... J'm'appelle Erin. J'suis u... l'amie d'Ellana., en souriant.
J'avais marqué une légère hésitation au moment de dire une.
Mes parents venaient juste de me rejoindre.

S'il y avait bien un endroit que la jeune fille détestait, c'était les gares, bondées et pleines de monde, où chacun essayait de crier, de sauter, pour se faire voir par leurs enfants débarqués sur le quai. Les voyages en train étaient également loin d'être sa passion, et pour tout dire, elle avait tenté pendant une bonne partie du trajet de calmer son anxiété naissante, se demandant quand s'il y aurait de nouveau des attaques. Elle n'en avait pas soufflé mot à ses parents, de cet incident marquant, et s'ils n'avaient pas été mis au courant par un autre moyen, elle ne leur en parlerait sans doute jamais, préférant garder ses peurs pour elle. Lapinou l'aidait bien là-dedans, la déchargeant de ses secrets et l'aidant à supporter leur poids et à avancer malgré tout.

Elle n'avait pas fait grand-chose pendant le trajet en train, se contentant de parler quelques fois, de lire un peu et d'essayer de calmer son pouls s'accélérant de temps à autre, pour des raisons qui lui étaient inconnues. Un peu triste de ne pas avoir pu passer le voyage avec des amis, comme Erin ou Lyam, voire des personnes avec qui elle avait des affinités, sa sœur avait également préféré être avec ses copains mais maintenant que le train était arrivé en gare de Londres, Ellana allait pouvoir retrouver sa famille au complet. Et ça, ça la mettait indéniablement de bonne humeur.

Se frayant un passage au milieu des sacs et des valises, elle souhaitait rejoindre sa meilleure amie, qu'elle avait aperçue un peu avant grâce à ses cheveux roux et à son cri, l'appelant. Serrant ses bras autour d'Erin -après tout, elles allaient se quitter pendant une semaine, ce qui était "beaucoup" quand on vivait depuis plusieurs mois sous le même toit et dans le même dortoir-, elle laissa tomber sa tête doucement contre l'épaule de son amie, se demandant si celle-ci la rejetterait.

- C'est passé... murmura-t-elle à son tour. J'avais mis un peu des huiles que la psychomage nous avait donné l'mois dernier, continua-t-elle dans un murmure, ne souhaitant pas être entendue par ses parents ou sa sœur, de peur qu'ils s'inquiètent pour elle. Se détachant de sa meilleure amie quand elle relâcha son étreinte, la brune regarda sa petite sœur offrir une petite bise à la rousse.

- Enchantée de faire ta connaissance Erin, déclara alors Alice Duchêne, une femme dans la moyenne, environnant le mètre soixante-dix, ses cheveux bruns sombres relevés en un chignon désordonné : c'était sans nul doute sa coiffure préférée car elle n'avait ainsi pas les cheveux devant les yeux tout en n'ayant pas l'air trop sérieuse. Ce n'était cependant pas très professionnel comme coiffure, et quand elle avait des évènements importants au travail, elle les attachait de manière un peu plus ordonnée. Toujours était-il que sa tignasse paraissait indomptable, et ses yeux pétillants lui donnait presque un air enfantin, bien que sous tous ces aspects, on pouvait deviner le sérieux dont elle savait faire preuve. Un sourire bienveillant était affiché sur ses lèvres. "Je suppose que ce sont tes parents ?" demanda-t-elle à la meilleure amie de sa fille, en montrant du regard les deux sorciers qui l'accompagnaient.

Si les trajets en train étaient signes, soit de retour à la maison pour profiter des vacances en famille, soit de retour à Poudlard pour retrouver mes amis de promotion, ceux de ma maison, dont la principale personne était bien sure Ellana, ou encore de retrouver les bancs des salles de classe pour découvrir de nouvelles choses, ils étaient aussi synonymes de mauvais souvenirs.
Presque un an plutôt, au retour des vacances, le Poudlard Express avait été attaqué. La majorité des élèves s'étaient retrouvés enfermés dans leurs compartiments, ne sachant rien de ce qui se passaient à l'extérieur. Et puis, il y avait eu cette espèce d'explosion, le train qui s'était mis à tremblait... Le pont était sur le point de s'effondrer et les wagons rouges du Poudlard Express menaçaient de plonger dans le vide... Heureusement, sortis de nul part, des sorciers inconnus étaient venus aider à l'évacuation des élèves, grâce à des balais, un tapis volant et une sorte d'arbre géant.
Si l'épisode s'était bien terminé physiquement, avec peu de blessés, le choc émotionnel était tout autre... Et j'avais appris au cours de la thérapie sur le stress, qu'Ellana en était encore traumatisée et que s'était une source de cauchemar.
C'est pour cela que j'avais serré contre moi Ellana en la voyant sur le quai et que je lui avais chuchotté à l'oreille pour savoir comment elle allait. On n'en avait jamais ouvertement parlé, mais je me faisais du souci pour elle. Moi aussi j'avais été choquée par l'attaque. Mais grâce à ma mère avec qui j'avais pu parlé pendant l'été ainsi qu'à quelques potions dans les premiers temps, ça allait mieux. Je n'appréhendais pas de prendre le train, mais il semblait que ce ne soit toujours pas le cas de mon amie.

Après avoir salué les deux sœurs, je m'étais présentée à leurs parents, le temps que les miens nous rejoignent. Agés d'une quarantaine d'années, ils ont les cheveux aussi roux que moi : c'est un trait familial.
Je souris sous la remarque de la mère de famille et lui répond d'un ton plus calme qu'hébituellement.
- Moi de même... euh, oui c'sont mes parents, dis-je en me tournant dans leur direction.
- Bonjour. Tu dois être Ellana ?, commença ma mère en se tournant vers dans sa direction. Erin nous parle souvent de toi dans ses lettres. Merci de prendre soin d'elle., poursuivit-elle en lui adressant un chaleureux sourire, puis se tourant vers les deux adultes, elle enchaina. Kiara Fergusson. Enchantée de faire la connaissance des parents de la meilleure amie de notre fille., dis-elle en saluant successivement les deux adultes d'un hochement de tête amical.
- Archibald Fergusson., renchérit mon père, les saluant de la même manière que ma mère. Puis, se tournant vers Ellana, il rajoute Il parait que tu prends bien soin de ta Monilaria obconica.

C'était sans doute la première fois qu'Ellana voyait les parents de sa meilleure amie, et roux comme elle, il n'était pas possible de les manquer, surtout au plein cœur de Londres, où les roux n'étaient pas plus courants que ça. Et elle avait beau savoir qu'ils n'allaient pas la manger, elle n'était pas très à l'aise, en compagnie de ces adultes inconnus qui s'étaient approchés de la famille Duchêne. Erin, quant à elle, ne semblait pas avoir du mal à parler à sa mère, qui lui souriait gentiment. Alice avait toujours été comme ça, souriante devant les gens, un peu charismatique aussi, semblant peu sérieuse mais agréable. La troisième année tirait de sa mère sa détestation des préjugés, car celle-ci en avait une sainte horreur, et préférait traiter tout le monde en égal dès le départ -bien qu'il fallait dire qu'elle était très heureuse de rencontrer la meilleure amie de sa fille, et qu'elle ne cachait pas sa joie.

- Bonjour, dit Ellana, rougissant à la mention d'Erin et de ce qu'elle pouvait bien écrire dans ses lettres à sa famille. Sans doute des choses gentilles au vu des remerciements de la mère. Les joues rouge pivoine, la jeune sorcière ne savait pas comment réagir et demeura silencieuse, ne sachant quoi répondre. Elle sentait ses joues la brûler, et ne put regarder plus longuement l'adulte, baissant un peu les yeux pour cacher sa timidité et sa gêne.
- Alice Duchêne, enchantée également ! répondit celle-ci, le sourire aux lèvres, tendant la main à Kiara, puis à Archibald. Elle n'avait aucune idée de comment on faisait chez les sorciers pour se saluer et faire connaissance, mais ne se posait pas plus de questions que ça.
- Bonjour, Gustave Duchêne, dit son mari, qui avait été un peu en retrait jusque là. Contrairement à sa femme, son visage était un peu plus fermé, mais il semblait faire des efforts pour sourire -du moins, Ellana l'interprétait ainsi car elle ne le voyait rarement sourire, tout comme elle avant de rencontrer Erin.
- J'aime beaucoup Lapinou, répondit la jeune brune au père de son amie, toujours aussi écarlate, comme si le feu qui embrasait ses joues ne voulait pas s'éteindre. Elle, elle aurait aimé le faire disparaitre, ne pas montrer ouvertement qu'elle était gênée quand elle parvenait à maîtriser tout le reste, mais elle n'avait aucune idée de comment arrêter ses rougeurs qui survenaient tout le temps. "Merci beaucoup de me l'avoir offerte" murmura-t-elle finalement, se rendant compte qu'elle n'avait jamais réellement la famille de sa meilleure amie.

La jeune préfète était un peu triste de devoir quitter Erin une petite semaine, mais elle essayait de se convaincre que ça passerait vite et qu'elle aurait beaucoup d'autres activités... Mais elle était tellement habituée à la voir tous les jours qu'elle ne pouvait s'empêcher d'avoir un petit pincement au cœur. Alors, elle espérait pouvoir discuter un peu avec elle pendant que leurs parents feraient la conversation, car elle ne pouvait pas imaginer sa mère leur dire au revoir maintenant, la connaissant trop bien pour savoir qu'elle ne ferait pas ça. Allant vers Erin, elle lui chuchota quelques mots à l'oreille : "Dis, est-ce que tu voudrais que je demande pour t'inviter chez moi pendant les vacances ? Tu vas m'manquer tu sais...". Et pendant ce temps, Alice posait des questions à Kiara et Archibald.

- Vous avez un peu de temps devant vous pour discuter ? demanda-t-elle. J'ai cru comprendre que vous habitiez en Ecosse, alors ce n'est pas tout près, continua-t-elle dans un petit rire en se demandant combien de temps ça leur prenait de rentrer. "Enfin, je ne suis pas calée en moyens de transport sorcier, alors c'est peut-être plus rapide que pour les gens nor... les moldus je crois que vous dites ?"

J'avais l'impression qu'un événement important était sur le point d'avoir lieu, une nouvelles étape dans ma relation avec Ellana. Au cours de l'été dernier, nous avions commencé à faire connaissance par le biais des lettres que nous avions échangé à plusieurs reprise. Je savais qu'elle avait de nombreux frères et sœurs et qu'elle était l'ainée, alors que moi, je suis la benjamine de la famille. D'ailleurs, en décembre, j'avais fait la connaissance de Lyna qui est en première année à Poufsouffle. Je me demande comment leurs parents ont réagit quand on leur a annoncé qu'ils avaient, non pas une, mais deux sorcières parmi leurs enfants. Je me demande même comment ils ont réagit lorsqu'on leur a expliqué que la magie existait... Ca a du être un choc quand même.
De ses parents, je savais que sa mère était astronome, mais je n'avais aucune idée du travail de son père. Si actuellement elle habitait à Londres, ce qui était pratique pour se donner rendez-vous au Chemin de Traverse, comme on l'avait fait en aout dernier, je savais que la famille Duchêne allait bientôt déménager. Je ne me souvenais plus vraiment du nom de leur futur lieu de résidence, mais je savais que ça aurait lieu cet été. Rencontrer Ellana hors de Poudlard aillait devenir plus compliqué à présent. A moins que...

Le temps de la rencontre entre nos parents était donc arrivé.
Chacun se présenta, mes parents saluant d'un signe de la tête les parents de la brune qui en retour tendirent la main dans leur direction. Il n'était pas dans les habitudes des sorciers de se serrer la main. Mais après un rapide échange entre mes parents et sachant l'importance qu'avait Ellana pour moi, ils tendirent les leurs à leur tour pour une rapide poignée de main.
- Oh, c'est Erin qui l'a choisi. Et je note que tu as gardé le petit nom qu'elle lui avait donné. C'est gentil de ta part. Je suis heureux de la savoir entre de si bonnes mains., répondit mon père à la troisième année.

Lorsque j'entends la proposition faite par mon amie, j'en aurais presque sauter sur place d'exitation.
- Oh ouais ! C'est trop bien comme idée ! Et toi aussi tu vas m'manquer., lui répondis-je avant de me rapprocher de ma mère et de tirer sur le bas de sa veste pour attirer son attention.
En effet, mes parents étaient en conversion avec les Duchêne.
- Oui, bien sur, n'est-ce pas chéri., commença ma mère en se tournant vers mon père qui acquiesça d'un signe de la tête avant de prendre la parole à son tour.
- A Inverness, plus précisément. Et effectivement, bien plus rapide mais pas toujours très confortable.
- Oui Erin ?, dit elle en me regardant.
- M'man... Ellana elle a eu une super idée. Tu vas dire oui, hein, s'te plais

Si les moyens de transport sorciers n'étaient pas les plus confortables, il s'agissait probablement des plus rapides qu'Ellana connaisse. Et malgré le fait qu'elle ait envie de vomir après avoir pris un portoloin, ça restait vraiment plus rapide que l'avion, qui, à ce jour, était le moyen de transport moldu le plus rapide. Pour aller à Inverness, en avion, il faudrait sans doute une heure ou deux... En portoloin, c'était quasiment instantané. La brune n'avait pas initié ses parents à la culture sorcière, profitant déjà quand elle était chez elle de ses bonnes vieilles habitudes, inchangées par le temps qui s'écoulait depuis qu'elle était entrée à Poudlard. Mais peut-être connaissait-il un peu les moyens de transport, ou autres choses marquantes et importantes, car elle leur avait acheté des livres, pour qu'ils puissent savoir un peu mieux où est-ce qu'ils envoyaient leurs filles. Ca n'avait été évident, de se convaincre soi-même que c'était pour leur bien, surtout pour Ellana, et ensuite, une fois qu'ils avaient compris les enjeux, ils avaient dû convaincre leur fille. Ils avait essayé de ne pas le lui montrer, mais ils avaient autant la boule au ventre qu'elle, si ce n'est même plus.

- Vous voyagez avec votre magie ? demanda naïvement Alice, n'y connaissant rien aux sortilèges qu'on pouvait apprendre.
- Maaaman, tu voudrais qu'ils voyagent comment ? demanda Lyna, un petit sourire taquin aux lèvres. Bien sûr qu'on peut utiliser la magie pour se déplacer ! C'est trop bien la magie, finit-elle joyeusement, ne pouvant se taire plus longtemps pour laisser parler les adultes. Ellana sourit intérieurement aux remarques de sa petite sœur, se demandant comment elles avaient fait pour être aussi différentes. Lyna semblait s'en moquer totalement de l'avis des autres, parlant de manière spontanée et rapide, et elle était émerveillée par la magie, beaucoup plus que la plus grande ne l'était. Enfin, elles avaient le droit d'être différentes. La brune fusilla par ailleurs du regard Erin, quand elle l'entendit dire qu'elle avait eu une idée. Elle aurait largement préféré ne pas avoir à exposer son idée, ni même voir les regards de sa famille converger vers elle. Si elle l'avait soufflé dans l'oreille de son amie, ce n'était certainement pas pour être ensuite le centre de l'attention, une chose qu'elle détestait par dessus tout. La jeune adolescente aimait bien passer inaperçue, se fondre dans le décor, se cacher parmi les ombres et les autres, et elle était presque gênée de la compagnie des parents d'Erin, ayant trop peur de faire mauvaise impression et que ceux-ci demandent à leur fille de se séparer d'elle. Elle rougit avant même d'avoir prononcé un mot, ses joues prenant une couleur rouge écarlate.
- Mmh... j'me demandais, commença-t-elle timidement. Est-ce qu'on pourrait s'voir avec Erin pendant les vacances ? 'Fin, p't-être plus à Londres qu'à Inverness ? murmura-t-elle, espérant simplement qu'elle n'aurait pas à répéter plus fort.
- Oh, on pourrait aller au parc ! proposa Lyna. On pourra t'apprendre plein d'jeux moldus ! dit-elle, en faisant un clin d'oeil à Erin. Alleeeez, dites oui... dit-elle à moitié suppliante, se tournant vers sa mère.
- Si ça ne vous dérange pas de faire le trajet pour aller à Londres, pourquoi pas, répondit cette dernière en regardant les Ecossais.

Si la magie permettait de faire énormément de chose, comme transformer un objet en animal, léviter un objet ou le découper d'un simple mouvement de baguette, il y avait bien une chose qui était impossible : voler. Enfin, à part pour les rares sorciers qui avait comme forme d'animagus un animal volant. Si cette particularité magique était déjà peu fréquente, les formes volantes l'étaient encore plus.
Les sorciers avaient donc développer différents moyens pour pouvoir voler ou du moins, se déplacer.
Les balais étaient le moyen de transport préféré des sorciers britanniques, mais dans certains pays, ils utilisaient des tapis volants. Et je dois avouer que j'étais curieuse de savoir ce que ça ferait de voler sur un tapis. Peut-être que j'aurais moins cette sensation de malaise que je ressentais dès que je montais sur un balai pour les cours de vol.
Mais il n'y avait pas que les balais. Les portoloins étaient des objets enchantés pour transporter une ou plusieurs personnes, vers un lieu précis. Il y avait également le sortilège de transplanage. Dans les deux cas, la sensation de tourbillon qui les accompagnait était loin d'être agréable, mais permettait de parcourir de grande distance.
Il y avait aussi le réseau de cheminée, mais dans ce cas, il faut avoir accès à une cheminée connectée.
Et enfin le Magicobus, mais sur de grande distance, le trajet pouvait revenir cher.

- Voyons, jeune fille, ce n'est pas très gentil de se moquer de la méconnaissance de ces parents, dit mon père suite à la remarque énoncée par Lyna, mais les paroles n'étaient pas si sévères qu'elles paraissaient, en voyant le petit sourire qui se dessinait sur son visage.
- P'pa, c'est Lyna, la p'tite sœur d'Ellana. Elle est en première année à Poufsouffle
- Vous avez deux enfants sorciers ?, enchaina ma mère avec une pointe d'étonnement dans la voix. Cela a du vous surprendre., poursuivit-elle.

Mais déjà Ellana expliquait son idée à ses parents et la blonde renchérit, en proposant d'aller dans un parc et de me faire découvrir leurs jeux.
- Ouais, ça serait trop bien !, répondis-je à Lyna. Allez, m'man !, complètais-je d'un ton aussi suppliant que la plus jeune.
- Eh bien..., commença à dire ma mère, Je pense que c'est tout à fait envisageable...
- Youpi !!, m'exclamais-je en sautillant de joie.
- ...si vous êtes disponible mercredi, il nous suffira juste de l'adresse du parc pour que j'y accompagne Erin., poursuivit-elle, l'ayant interrompu dans sa phrase précédente.
Mon père valida la proposition que venait de faire ma mère d'un signe de tête.

Une fois la rencontre finalisée, il était temps de se quitter pour rentrer à la maison.

- Au r'voir ! A mercredi !, dis-je aux deux sœurs et en saluant la famille Duchêne d'un mouvement de la main.
- Au revoir. Ce fut un plaisir de faire votre connaissance., enchaina ma mère alors que mon père récupérait ma valise et salua les parents de mon amie en inclinant légèrement la tête.

Ellana regardait un peu ailleurs sa mère et sa sœur parler entre elles, comme avant. Comme avant qu'elle ne découvre la magie, comme avant qu'elle ne soit arrachée de son foyer pour partir vivre à l'étranger. Certes, ce n'était pas loin l'Ecosse, mais bien des kilomètres les séparait, un univers entier les séparait. Lyna l'avait rejointe, elle avait suivi ses traces, et la plus âgée en était même parvenue, avec les années, à oublier leurs discussions. Elle n'avait pas oublié le caractère très dynamique de sa petite sœur, ni le fait qu'elle ne réfléchissait pas du tout avant de parler et qu'elle avait tendance à dire tout ce qui lui passait par la tête, mais à chaque fois, ça la faisait sourire intérieurement. Et son père quant à lui, il aurait très bien pu ne pas être là, mais comme d'habitude, il semblait ailleurs, le regard vague, les pensées perdues dans le flot continu des songes. Il écoutait sans doute d'une oreille, mais il était en retrait, plongé dans cet univers parallèle que lui seul pouvait voir et entendre.

- J'me moque pas ! répliqua Lyna aux paroles du père d'Erin. Je lui explique juste que la magie ça peut tout faire ! Puis j'suis sûre qu'elle le savait, hein Maman ?
La blondinette aurait pu se mettre à bouder si elle n'avait pas aperçu le petit sourire qui ornait le visage d'Archibald Fergusson. Et puis, elle ne pouvait pas non plus faire la tête pendant les retrouvailles avec ses parents, trop heureuse de les revoir.
- Deux sur cinq, pour l'instant, nous n'sommes pas envahis par les sorciers dans la famille, rigola Alice à la remarque de Kiara. Certes, ça faisait beaucoup, mais la surprise avait été moins grande pour Lyna que pour Ellana. Après tout, le fait d'avoir de la magie en soi n'était-il pas un caractère héréditaire ? Dans ce cas-là, si leur premier enfant avait hérité de ce caractère, il y avait également des chances que le deuxième en ait aussi. Et peut-être que Gustave ou elle avait une branche reculée de leur famille qui était en réalité sorcière ? Alice n'avait pas eu le temps de se pencher sur le sujet et de fouiller tous les dossiers de ses aïeux, mais peut-être qu'un jour, elle le ferait, quand elle aurait récupéré du temps entre son métier et ses enfants en bas âge avec qui elle adorait passer du temps.

Ellana regarda sa maman à la suite de son idée, pour voir si celle-ci soutenait ses paroles, et peu avant qu'Alice ne prenne la parole pour donner son avis sur une potentielle rencontre quelque part, dans un endroit peut-être un peu plus accueillant et convivial qu'une gare de train, la jeune troisième année chercha son regard, pour pouvoir lire son approbation. Même si Erin lui avait assuré que c'était une bonne idée, elle avait peur que ce ne soit pas le cas et que les adultes n'apprécient pas l'idée de se voir à Londres.

- Pour le parc, ça vous irait d'aller au Burgess Park les filles ?
- Ouiii ! s'exclama Lyna. Mathias, Luna et Hortense pourront aussi v'nir, ce sera trop chouette !
Ellana se contenta d'opiner d'un petit mouvement de tête.
- Un rendez-vous vers 14h devant le Burgess Park, B-U-R-G-E-S-S, ça vous irait ? demanda donc ensuite Alice, épelant le nom du parc au cas où les parents d'Erin souhaiteraient le noter quelque part pour le retrouver plus facilement.

Les derniers détails convenus, ce fut ensuite l'heure des séparations, jusqu'au mercredi suivant, tout du moins. Triste de devoir -déjà- quitter son amie qu'elle avait à peine retrouvée sur le quai bondé d'élèves et de leurs parents, elle lui fit un petit signe de main et détourna le regard, tandis que Lyna et Alice les saluaient avec entrain. Gustave, lui, se contenta d'un sobre "au revoir". A présent, il était l'heure de rejoindre la voiture et d'arpenter les rues de Londres jusqu'à leur maison !