Le samedi 17 février 2047,
Dans l’après-midi,
4^ème année


Suite à ma discussion avec Dale, je n’ai eu de cesse de réfléchir à cette histoire de Patronus. Je lui ai dit que j’interrogerai des sorciers qui savent le lancer, j’ai déjà écrit à ma grand-mère mais elle ne m’a pas encore répondu. Alors j’ai réfléchi pour regarder un peu plus loin… et puis j’ai pensé à Cooper. Lili Cooper a un frère non ?

Eh bien oui, je suis allé le lui demander et j’ai mené ma petite enquête avant de me mouiller complètement. Un frère qui était en filière Auror et qui est entré à la GEAD et surtout, un frère qui a un Patronus. Alors je suis allée demander à Lili, en essayant de ne pas être trop sèche ou trop directe, si je pouvais écrire à son frère.

C’est pourquoi je suis penchée sur un parchemin presque vierge. Il n’y a que la première amorce qui est couchée sur le papier. À côté de mon encrier se trouve l’enveloppe que j’ai déjà préparée avec son adresse (que m’a confié Lili) et la mienne (pour qu’il puisse me répondre). Bien, je dois maintenant écrire un courrier qui ne soit pas ridicule et qui lui donne envie de me répondre.

Je commence à écrire, en murmurant un encouragement à mon égard, me plongeant dans ma lettre.

Cher Dylan Cooper,

Je suis une camarade de classe votre soeur, Lili Cooper, et c’est grâce à elle que j’ai obtenu votre adresse. Je vous écris pour une raison bien précise : le sortilège Patronus.

Puisque vous êtes un sorcier en capacité de lancer ce sortilège, et que je l’étudie prématurément, j’aimerais pouvoir échanger avec vous à ce propos et vous poser toutes les questions dont les réponses ne sont pas dans les livres.

Acceptez-vous que je vous pose toutes mes questions dans mon prochain courrier ?

Je vous remercie d’avance,
Adaline Macbeth

Je termine mon courrier assez rapidement, sans ratures mais avec quelques doutes. Je suis certaine que le vouvoiement sera de trop, mais après tout, on ne sait jamais !

Je plie le parchemin et le glisse dans son enveloppe avant de grimper jusqu’à la volière.

J’attrape un hibou, après lui avoir gratté la tête, et je lui confie mon courrier pour Dylan Cooper. Le hibou, un Grand Duc dont les plumes sont de toutes les nuances de gris, s'envole et je le regarde partir jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'horizon. Direction la forêt d'Abernathy.

Dylan avait reçu une lettre au moment du petit-déjeuner et, si, d'habitude, il s'attendrait à ce que ce soit sa famille qui le contacte, il se rend rapidement compte que le courrier ne venait pas d'un de ses proches en le lisant et qu'il avait donc vu juste. Cependant, sa réponse allait devoir attendre la fin de sa journée, vu l'heure. Il la range donc précieusement avant de se rendre à son premier cours.

C'était une journée éprouvante mais tout de même intéressante, et, si l'ancien Gryffondor fréquente cette école depuis septembre, la gestion de la fatigue et de son travail sont encore des choses à travailler de son côté. L'Anglais a bien senti la différence entre Poudlard et ses nouvelles études, sans doute un peu comme tous les autres étudiants autour de lui. Pourtant, sa grande soeur l'avait bien prévenu mais il faut croire que le brun avait sous-estimé ses paroles, et pas qu'un peu.

Installé à son bureau, Dylan reprend la lettre qu'il avait reçu le matin même. Plume en main, il ne tarde pas à rédiger sa réponse. Les lettres sont tracées rapidement mais le contenu reste lisible.

Adaline,

Lili m'a écrit il y a quelques jours pour m'informer de cette volonté de ta part. Comme elle a sûrement dû te le dire, je répondrai sans souci à toutes tes questions sur le sujet, tant que je peux être utile. Par contre, je t'en prie, tutoie-moi, je ne suis plus à Poudlard mais je ne suis pas si âgé que ça, en tout cas comparé à toi !

Tu l'apprends prématurément ? Je ne suis pas sûre de totalement comprendre ce que tu entends par là mais j'espère que tu es bien entourée. Ce serait même mieux si votre prof de DCFM était au courant, il en va de ta sécurité.

Au plaisir de recevoir ton prochain courrier,
Dylan

Le mercredi 20 février 2047,
Dans la soirée


Cela fait plusieurs fois que je relis cette lettre avec des sentiments ambivalents. Parfois satisfaite d'avoir reçu une réponse aussi rapidement, d'autres fois agacée que mon projet ne semble pas être pris au sérieux, et quelques autres fois démoralisée par ce projet qui n'est pas vraiment le mien. Moi, ce qui m'intéresse dans ce sortilège, c'est surtout le fait qu'il soit aussi lié avec la forme Animagus. Je ne suis pas comme Dale et je ne partage pas son engouement à apprendre ce sortilège avant tout le monde - moi mon truc c'est la métamorphose. Savoir lancer Avis avant ma sixième année est un projet bien plus excitant.

Et puis, je dois bien avouer qu'il y a un truc qui me chagrine dans tout ça. Est-ce que j'ai un souvenir suffisamment heureux pour lancer un patronus corporel ? Cette pensée serre mon coeur, alors penché sur un parchemin vierge. Je redresse le dos et lève la tête vers le plafond de mon dortoir pour prendre une grande bouffée d'air. J'ai encore le temps, avant la sixième année, pour trouver un souvenir heureux.

En rassemblant mon courage, je trempe ma plume dans mon encrier et je commence à écrire.

Dylan,

Merci d'avoir répondu aussi rapidement à ma lettre. Pour le moment, je fais des recherches approfondies sur le sortilège, mais je ne compte pas m'entraîner à le lancer de si tôt. D'ailleurs, notre professeure a fondé un club auquel j'appartiens, mes recherches entrent dans ce cadre.

Quant aux questions que je voulais te poser, elles concernent principalement la forme animale que l'on obtient avec un patronus corporel. Comment as-tu découvert la forme de ton patronus ? Cela a-t-il été long ? Est-ce qu'il y a une part de volonté qui participe à l'apparition d'un animal en particulier ? Je veux dire par là, est-ce que si on espère former un certain animal, cela a plus de chances de se produire ? Es-tu passé par une phase de découverte de toi-même ou, à l'inverse, l'animal qui est apparu t'as fait te poser des questions sur toi-même ?

Je suis désolée, cela fait beaucoup de questions ! J'espère que cela ne t'embête pas, mais pour tout te dire je suis assez curieuse sur le procédé d'apparition de la forme animale du patronus. Je suis également la formation Animagus et je sais que les deux sont liés, c'est pour cela que je m'y intéresse.

En plus... Comment as-tu su que ton souvenir serait assez fort pour produire un patronus corporel ?

Je te remercie d'avance pour tes réponses,
Bonne réception.
Adaline

Je pose ma plume d'une main tremblante. Mes mots m'ont emporté et je n'avais jamais ressenti cette sensation en écrivant une lettre - j'ai toujours fait en sorte d'être succinte dans mes courriers. C'est la même chose avec certains devoirs qui me passionnent, j'ai cette impression de me réveiller après une transe.

Un sourire béat sur les lèvres, je referme soigneusement la lettre et me jure de la poster le lendemain.