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25 juil. 2023, 22:14
Pour la 33e fois
Sixtine était debout face à la jeune adulte, elle avait pris le temps de la regarder. Elle était plus grande qu'elle, ce qui était visible en un seul coup d'œil et pourtant, son comportement la rendait plus petite. Elle donnait l'impression de ne pas s'assumer. Puis, la professeure l'écouta quand elle affirma ne repousser que les personnes qui n'en valaient pas la peine. Elle l'écouta avant de rire, un rire franc et moqueur.

- Vous êtes si bornée que vous ne vous rendez même pas compte des bêtises que vous pouvez raconter. Vos seuls amis dans ce château sont vos espèces d'animaux de compagnie et la seule personne qui est là pour vous tenir compagnie ce soir, votre dernier soir ici, est une professeure que vous n'appréciez même pas.

La brune fit un pas en avant et continua son petit discours accusateur. Les paroles qui sortaient de sa bouche étaient violentes et pleine de colère. Tout était fait pour blesser la professeure, malheureusement ce soir, elle n'avait besoin de personne pour la blesser, elle avait réussi à le faire elle-même. La septième année répéta distinctement qu'elle n'était pas pathétique et Sixtine en profita pour s'approcher encore un peu, réduisant petit à petit l'espace qui les séparait.

- Et qui seriez vous allée voir si vous aviez eu besoin de quelqu'un qui vous dorlote ? Personne. Car personne ne vous supporte, personne ne vous aime. Dit-elle tout en récupérant lentement sa baguette le long de sa cuisse.

Une fois la baguette en main, Sixtine continua de faire un pas en avant pour attirer le regard d'Aelle sur toute autre chose que sa baguette. Et enfin, lorsqu'elle estima que le moment était parfait, lorsqu'elle aperçut une faille, un petit relâchement dans la garde de la jeune adulte, elle lui lança le maléfice prison de corde. La jeune femme avait commencé à sortir sa baguette, mais elle n'avait pas eu le temps de se protéger. Et, avant que le corps d'Aelle ne tombe au sol, la professeure avait attrapé sa main puis, elle l'avait accompagné doucement jusque sur les dalles de la tour d'astronomie.

- Et maintenant Aelle, comment allez vous faire pour me repousser ?

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26 juil. 2023, 12:28
Pour la 33e fois
Je n'ai besoin de personne d'autre que Zikomo. Je n'ai pas besoin d'amis. Je n'ai pas besoin de quelqu'un pour m'aimer. Je n'ai pas besoin d'avoir quelqu'un à aller retrouver quand le monde s'effondre sous mes pieds. Ma vie, je la mène seule, je la vis seule. Et j'en suis fière. Je suis indépendante et puissante. Personne ne peut me faire du mal. Personne ne peut m'atteindre. Je suis seule et c'est une force. Un pouvoir. Une qualité qui me rend différente de tous les autres. Je suis mieux qu'eux car je n'ai besoin de personne. Je suis mieux qu'eux car j'ai compris que la solitude n'était pas une tare mais un pouvoir. Je suis mieux qu'eux. Je suis mieux qu'eux. Je suis...
vos seuls amis sont vos espèces d'animaux de compagnie
Aucune douleur, aucune blessure en recevant ces mots. Je ne ressens rien, elle a tort, Zikomo et Nyakane sont des compagnons, ils ont une place importante, ils valent autant que des amis humains, autant que n'importe quelle personne qui pourrait me trahir à la première occasion. Je n'ai pas mal, je n'ai pas mal en songeant qu'elle dit la vérité.
la seule personne qui est là pour votre dernier soir ici est une professeure que vous n'appréciez même pas
J'accuse le coup, le souffle court, le corps tremblant. J'accuse le coup mais ce n'est pas grave, car elle a tort, elle dit n'importe quoi, elle ne me tient même pas compagnie, elle s'est juste imposée à moi, c'est elle qui est venue là, qui m'a forcée à la supporter. Je m'en persuade si fort que j'en oublie que c'est moi qui suis venue ici et qui y suis restée même quand j'ai vu qu'elle était là.

Je me grandis. C'est simple face à elle. Avec mes poings tout serrés, mes sourcils froncés, la rage qui me brouille les traits du visage. Oh, qu'il est simple de réduire mon calme à rien du tout ! Beaucoup trop simple. Cette dernière nuit se transforme en combat dont je n'ai pas voulu. J'ai envie de la blesser comme elle me blesse, j'ai envie... la seule personne qui est là pour votre dernier soir... Non, je ne veux pas penser à ça, ses mots n'ont pas à s'incruster ! J'ai envie de lui faire mal, je me fiche que ce soit une professeure, je m'en fiche car l'injustice me noue la gorge et me brise le coeur. Pourquoi est-ce qu'elle me dit ces choses ? Pourquoi est-ce qu'elle me fait ça ? Aime-t-elle faire souffrir les gens qui ne lui ont jamais rien fait, qui ne la côtoient même pas, qui ne sont rien pour elle ? Est-ce ainsi qu'elle sourit le soir avant de s'endormir ? En songeant à toutes les horreurs qu'elle a déblatéré durant la journée à des gens qui n'avaient rien demandé ?

Ça me fait mal, mais je pense à elle. Pas à celle qui m'a laissée une énigme sur un tableau pour que je la retrouve, mais à celle qu'elle était quand elle était encore à Poudlard. Quand elle m'envoyait dans le visage des mots qui font mal et qui ne s'oublient pas. Avec cette même voix calme et ce regard qui vous coince dans un coin pour mieux vous frapper. Ma rage vacille ; j'ai peur, tout à coup, peur de cette femme qui m'en fait songer à une autre. Je me dis : elle me fera autant de mal. Je me dis... Puis je ne me dis plus rien car... personne ne vous supporte... la peur s'évapore... personne ne vous aime... au profit d'une vive et intense douleur située quelque part, au niveau du coeur. Sauf que le coeur n'est qu'un organe, le coeur ne ressent rien. N'est-ce pas ?

La colère revient plus forte encore, plus puissante. Suffisamment puissante pour repousser d'un revers de bras métaphorique ses mots qui s'enfoncent lentement tout à l'intérieur de moi, pour se faire une place à côté des « je ne souhaite pas m'entretenir avec toi » et autres « tu voudrais que je t'invite à prendre le thé une fois par semaine, c'est cela ? ». Une colère familière. De celle qui me fait froncer les sourcils très forts, respirer comme si j'avais un détraqueur à mes trousses et qui fait trembler tout mon corps. Vous savez. La colère qui me fait dégainer ma baguette, comme un reflet du geste que vient de faire Sixtine Valerion et—

Je tombe lentement vers le sol, saucissonnée de la tête au pied par des entraves plus solides que toutes celles que j'ai déjà subit par le passé. Ses doigts s'enroulent autour de ma main et puisqu'elle est toute proche de moi, je sens son parfum. Encore. Un parfum qui me rappellent des larmes et la chaleur de ses bras. Ça, plus que le sortilège, me plonge dans une fureur noire qui obscurcit les coins de ma vision. Je me débats avec plus de rage que jamais, comme si les mouvements de mes jambes et de mes bras entravés pouvaient m'aider à me libérer. Je me débats en éructant, en grinçant des dents, en retroussant les lèvres, car c'est un soir sans limite, que je me fiche de tout, et que je me fiche surtout d'elle et de ce qu'elle pense, elle qui vient de me jeter des horreurs-vérités au visage, qui s'en amuse, qui a pitié de moi, qui me voit comme quelqu'un de pathétique et de faible, qui prend plaisir à m'écraser et m'humilier, qui me considère comme une moins que rien, comme une moitié de sorcière, nulle malgré ce que son nom la destine à être. Pathétique plutôt qu'excellente. Y a-t-il un nom pour moi, Miss Valerion ? Un nom que je pourrais porter, selon vous ? Un nom qui serait à même de décrire celle que je suis actuellement, entravée par vos liens, à vos pieds, le visage vissé sur votre visage que j'aimerais labourer de coups ?

« LIBÉREZ-MOI ! »

Un premier hurlement qu'accompagnent mes débattements furieux. Oh, Merlin, j'ai tellement envie de lui faire mal que j'éprouve une douleur physique de ne pas pouvoir le faire.

« LIBÉR— »

Mon cri s'étouffe soudainement. Non, je ne demanderais pas, plus jamais, plus jamais, à personne. Mes doigts se resserrent autour de ma baguette magique avec la force du désespoir. Mes yeux se vissent aux siens ; elle pourra y voir toute ma rage, toute ma haine qui n'est dirigée qu'à moitié envers elle, tout le reste étant destiné au monde entier ; elle pourra y voir à quel point je n'ai aucune limite dans ce que je fais.

C'est un instinct vieux comme le monde qui me fait me tourner vers ma magie. Il n'y a aucun contrôle là-dedans, pas la moindre maîtrise. C'est une magie brute que j'ai appris à manier ainsi avec les années, des années d'apprentissage solitaire qui m'ont éloigné de la démonstration toute contrôlée d'Erza Nyakane quand j'avais douze ans. La magie des golems est une réponse à mes pulsions ; pas de golem ici, pas de contrôle d'une petite créature qui enverrait un poing de pierre dans le visage d'un garçon qui m'insupporte. Je pousse par frustration et désespoir. C'est une langue de pierre brute et solide qui sort tout à coup du sol pour tenter de s'imposer entre moi et Valerion. Un mur brut. Un mur qui n'est pas aussi haut que ce que je l'espérais, qui s'élève à peine à ne mètre au-dessus du sol et qui me cache tout juste ce visage qui m'inspire tant de mauvaises choses. Essoufflée, j'arrête de pousser. La fatigue rend mes efforts pour me débattre quasi nuls, pourtant je continue encore.

Jusqu'à ce qu'un poids me tombe soudainement sur la poitrine. Je baisse mes yeux qui étaient écarquillés vers le ciel et tombe dans le regard inquiet de Zikomo. Nous nous regardons brièvement, mais l'éclat que je devine dans ses yeux suffit à me rappeler que le monde ne peut pas être totalement noir puisqu'il est aussi fait de cette petite tâche bleue. Il se tourne vers l'endroit où doit être la professeure. Je pensais qu'il resterait entre moi et elle, mais non. Il descend, contourne la langue de pierre, disparaît de mon regard. Mais je l'entends très distinctement.

« Il y a d'autres façons de donner des leçons. Laissez-là se relever. »

Il a le ton de celui qui n'acceptera pas que l'on contourne ses ordres, mais qui ne cherche pas non plus à s'interposer davantage. Je comprends instantanément qu'il redeviendra silencieux dès lors qu'il me jugera apte de me débrouiller toute seule. Mon coeur se serre violemment dans mon corps. Va-t'en ! Va-t'en ! ai-je envie de lui hurler. Elle va croire que j'ai besoin de toi ! Elle va croire que je ne peux pas me débrouiller toute seule ! Ne fais pas ça, Zikomo...

« J'ai pas besoin de toi ! » rugis-je alors en sentant mon coeur se casser un peu plus alors que dans mon esprit je pense : s'il-te-plait, reste avec moi, je t'en prie.

Et mon corps repart à ses débattements furieux.

26 juil. 2023, 14:17
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Reducio
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La vilaine petite sorcière saucissonnée ne semblait pas vouloir se calmer. Pire encore, elle se débattait comme un horcruxe qui allait bientôt périr. La professeure observa la jeune fille se débattre et ne se rendit compte qu'après-coup qu'elle avait utilisé sa baguette. Heureusement, elle n'était pas parvenue à faire de gros dégât ne dressant qu'un petit mur entre les deux femmes. Ce simple petit mur avait permis de rompre le contact visuel. Sixtine soupira silencieusement et laissa son corps retomber sur le sol réfléchissant au meilleur moyen de se sortir de cette situation fâcheuse. Elle ne pouvait pas la laisser ici toute la nuit et elle ne pouvait pas non plus s'imaginer en train de la libérer, car, pour Sixtine, il s'agissait clairement d'un signe de faiblesse.

Son temps de réflexion fut interrompu par le petit renard de la sorcière folle. Il avait passé le mur pour demander à la professeure de la laisser se relever. Chose qu'elle n'avait absolument pas l'intention de faire. Les yeux de l'ancienne Auror se perdirent sur le pelage de la bête avant qu'elle ne croise son regard et se redresse pour s'asseoir face au renard.

- Ce n'est pas une leçon, c'est un réveil forcé. Chuchota-t-elle. Quand une personne ne se rend pas compte de ses besoins, c'est aux autres de prendre le relais pour remédier à ce problème.

Dans un mouvement de poignet, elle fit disparaître le mur de pierre, s'approcha de la jeune adulte sur le sol et récupéra sa baguette ainsi, elle était déjà moins dangereuse et imprévisible. Maintenant, il n'y avait plus qu'à la faire taire, car la professeure s'en doutait, elle ne fermerait pas sa bouche d'elle-même. Un silencio plus tard, Sixtine avait retrouvé le calme et pu reprendre ce qu'elle avait en tête. Elle commença par s'allonger à côté d'Aelle en évitant de croiser son regard.

- Je ne fume plus depuis le mois d'avril...

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26 juil. 2023, 17:24
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Si j'avais été moins centrée sur moi-même, j'aurais pu entendre les murmures s'élevant de derrière ma muraille de pierre. Si j'avais eu moins de rage au coeur, j'aurais pu comprendre que Zikomo et Valerion conversaient à mon propos. J'aurais pu saisir les chuchotements de la femme et la réponse du Mngwi :

« Ce n'est pas comme ça que vous lui ferez comprendre les choses ! »

J'aurais pu me révolter qu'elle ne l'écoute pas, qu'elle ne le considère pas. Mais je ne peux rien de tout cela car je suis coincée dans un corps entravé et que la frustration que je ressens prend toute la place à l'intérieur de moi. Mes débattements inutiles prennent toutes mes forces et le reste me sert à me concentrer sur ma magie afin d'élever un mur encore plus haut, encore plus dangereux, quelque chose qui empêchera pour toujours cette femme de me faire victime de ses sortilèges. Je lutte pour ne pas exploser, d'une explosion sans limite, sans compréhension, sans humanité : pour ne pas hurler à m'en arracher la gorge, hurler simplement, pour montrer mon désarroi, ma frustration, hurler car c'est la seule chose que je suis encore encore capable de faire.

Au beau milieu de mes débattements, alors que je forçais mes bras à s'ouvrir pour faire éclater les cordages, en vain évidemment, le mur qui me protégeait disparaît tout à coup. La femme apparaît derrière, assise à même le sol, et cette vision me fait grogner. Elle me donne plus de force pour lutter, plus de rage. Mais comme si de rien n'était, comme si je n'étais pas son élève, comme si je n'étais qu'une ennemie, qu'un obstacle, qu'une poussière, qu'une enfant récalcitrante, elle se penche vers moi et je sens le bois de ma baguette glisser contre la pulpe de mes doigts.

« Non, non, no... »

Tout à coup, une grande douleur me tenaille le thorax et mon souffle pénètre avec difficulté dans ma bouche. Je sens mon coeur frapper contre les parois de mon corps, et ses battements résonner dans mes oreilles. Mes lèvres bougent encore, articulent des mots qui n'ont pas de son. Il me faut un certain moment pour comprendre que l'on m'a lancé un sortilège et que ce sortilège m'a privée de ma voix, aussi bien que le précédent m'a interdit tout mouvement. Mon coeur bat si fort et si vite que j'ai peur, c'est la première fois que ça m'arrive, peur qu'il trébuche, qu'il se renverse, se fissure et s'arrête finalement de battre. Une peur qui n'a aucun sens mais qui fait de mon esprit un territoire conquis.

À l'orée de mon regard, au-delà du flou qui le brouille et de ses coins obscurcis, je vois la grande silhouette de la femme. Elle s'allonge de tout son long à mes côtés et je prends conscience que je peux encore tourner la tête pour regarder son profil. Si je le désire. Mais la peur me cloue au sol et je suis incapable de tourner la tête. Mes mouvements, je le remarque à peine, ont tout à fait cessé. De la tête aux pieds, il me semble être faite de glace. Et ce coeur qui tambourine malgré tout ! et cet air qui ne parvient plus jusqu'à mes poumons ! J'inspire par à-coups, très vite, très maladroitement, persuadée que je vais finir par crever en regardant les étoiles dans les yeux. Jamais je ne quitterai Poudlard.

En pendant ce temps-là, la femme à mes côtés évoque son arrêt de la cigarette. Elle ne sait pas, elle ne sait pas que je n'arrive pas à respirer, elle ne sait pas que je n'arrive pas à aligner deux pensées, elle ne sait pas que j'ai une telle conscience de mon corps paralysé que je le déteste comme je n'ai jamais détesté quelque chose m'appartenant. Je l'exècre de toutes mes forces, autant que j'ai besoin d'en récupérer le contrôle, autant que je m'étouffe dans mon propre souffle, le corps tremblant affreusement, car je ne peux pas accepter être entravée comme je le suis. Sans possibilité de parler, sans possibilité de bouger les bras et les jambes. Alors mes tremblements s'amplifient, mes dents se mettent à claquer et ma poitrine à se soulever de plus en plus vite, de plus en plus rapidement, mais plus elle accélère, plus je prends conscience des cordes qui l'empêchent de monter trop haut. Mes oreilles bourdonnent et mon existence toute entière ne se réduit qu'à deux choses : la voix de Sixtine Valerion et les étoiles qui picorent un ciel noirâtre qu'il me semble voir petit à petit descendre vers moi pour m'étouffer dans une étreinte glaciale.

Zikomo voulait au départ insister pour arrêter Sixtine, mais en la voyant s'allonger près d'Aelle, il s'aplatit sur le sol et écoute. Mais il veille et interviendra à la première occasion.

01 août 2023, 22:21
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Le corps de Sixtine est toujours sur le sol, ses yeux sont rivés sur les étoiles, elle se perd dans ses pensées durant de longue secondes. La dernière fois qu'elle avait pris le temps d'observer les étoiles elle n'était pas seule, elle était en compagnie de celui qu'elle avait considéré comme son premier amour, Enzo Lorenti. Il lui avait expliqué les constellations, il lui avait déclaré qu'un jour il donnerait son nom à une étoile avant de disparaître, quelques mois plus tard, sans donner de nouvelles.

Elle considérait Enzo Lorenti comme son premier amour, Solimann Scott comme son deuxième et... Suileabhan était il le troisième ? Etait il possible d'avoir 3 amours ? L'univers avait-il fixé une limite à l'amour ? Avait elle seulement assez confiance en elle pour accorder son amour encore une fois ? Elle avait beau observer les étoiles, aucune étoile ne lui donnerait la réponse ce soir. Elle laissa échapper un soupire avant de tourner se tête en direction d'Aelle. Elle observa son visage se crisper, sa poitrine chercher de l'air, sa mâchoire se serrer, ses joues s'empourprer. Une douleur s'empara du coeur de Sixtine, elle eu comme une crampe à l'estomac mais ne montra aucun signe de cette souffrance infime.

La main de Sixtine quitta le sol frais et remonta lentement jusqu'au visage de la jeune adulte avant de venir se placer sur son crâne. Elle laissa sa main ainsi pendant plusieurs secondes, laissant sa main fraîche rafraichir la tête de l'ancienne Poufsouffle. Puis, sa main glissa le long de ses cheveux, délicatement, sans brutalité et avec toute la tendresse dont elle pouvait faire preuve. Tout en continuant de passer sa main dans la chevelure de la future diplômée, Sixtine reprit.

- Vous méritez le bonheur. Aelle, respirez, écoutez moi, respirez. Aelle, vous avez le droit de pleurer. Respirez.

La professeure prit de grandes inspirations pour montrer à Aelle comment s'y prendre. La jeune adulte avait beau ne pas vouloir imiter la femme face à elle, le réflexe humain prendrait forcément le dessus.

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06 août 2023, 18:26
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Plus j'essaie de respirer, plus mon souffle s'amenuise. Mes poumons sont enfermés dans un étau qui se resserre petit à petit. La panique, très abstraite jusque là, commence à se faire plus concrète : je n'arrive plus à respirer. Les étoiles au-dessus de moi s'effacent peu à peu — je prends cela pour la mort, ou quelque chose dans ce goût-là, qui vient me chercher alors que le phénomène est tout à fait normal. Peu importe où passe mon regard, il n'y a plus d'étoile. Que le noir, le noir complet. Mes tremblements s'intensifient. Les cordes qui m'immobilisent m'empêchent de respirer, c'est de leur faute, non ? Mon buste ne se soulève pas suffisamment, mes poumons n'ont pas de place, je vais mourir comme ça, écrabouillée par le poids du ciel, pour mon dernier jour à Poudlard, vaincue par ma professeure de Défense contre les forces du mal. Si je n'avais pas autant de mal à contrôler la panique grandissante qui m'envahit, j'aurais pu avoir honte d'être dans cette position devant elle, mais le fait est que je n'y songe même pas.

Puisque j'ai le regard braqué sur le ciel, je ne la vois pas arriver. Je sursaute ; comme un coup de tonnerre dans mon corps lorsque la main de Sixtine Valerion se dépose sur ma tête. Mes yeux s'humidifient instantanément — c'est logique, quand on ne peut crier, on pleure. L'immobilité et le silence sont déjà deux choses qui sont en train de me rendre folle, qui m'étouffent, qui me détruisent, mais ce contact... Ce contact, c'est comme si on me disait : tu n'es plus rien, je peux faire ce que je veux de toi. Et c'est ce qu'elle fait. Sa main me glisse le long de mon visage et de mes cheveux, une main douce, un geste tendre dont les répétitions affirment les crampes de mon estomac. Je me tétanise. Je n'ai jamais connu ça auparavant. Une peur et une impuissance aussi grande.

Ses paroles me proviennent de loin, comme dans un brouillard. Je les entends et je les comprends. Je sais qu'elles sont douces, que ses paroles sont réconfortantes, ou qu'elles sont censées l'être, mais il n'y a rien en moi, absolument rien, qui pourrait me les faire accepter de cette façon-là. Mes oreilles captent les grandes inspirations et expirations qui lui échappent à la femme. Pendant une seconde, mon corps est tenté de faire de même et j'entrevois le chemin que cela pourrait me faire prendre : un chemin plus apaisé sur lequel mes faiblesses prendraient toute la place et me définiraient entièrement. Je ne peux pas l'accepter, ça me parait être plus honteux que tout ce que j'ai déjà connu. Je trouve la force, je ne sais comment, de tourner la tête à l'opposé de la professeure, dans une tentative désespérée de me délivrer de son emprise — en vain.

« Ne me touchez pas, NE ME TOUCHEZ PAS ! »

Avec un temps de retard, je me souviens que je ne peux pas parler. Je ne peux pas parler et je ne veux rien entendre, ni rien ressentir. Je secoue brusquement la tête à droite et à gauche, de plus en plus vite. Lâchez-moi ! De plus en plus fort. Laissez-moi ! À un moment, j'oublie où est la droite et où est la gauche, je confonds avec le haut et le bas ; à chaque bas, une étincelle de douleur éclate à l'arrière de mon crâne qui frappe contre la pierre. Ça me fait du bien. Ça m'arrache à ma peur. Ça me fait ouvrir les yeux. J'imagine que je pourrais continuer longtemps comme ça, à me frapper la tête contre la pierre pour ne plus ressentir mes poumons se faire écrabouiller par le grand sentiment de panique qui fait de moi son objet. Mais je me souviens que j'ai encore des muscles et que je ne suis pas immobilisée, seulement entravée par des cordes. Je peux encore me retourner et lui balancer mes jambes dessus, non ?

______
Si Sixtine ne réagit pas suffisamment vite, si elle ne fait rien, c'est à toi de décider :
Aelle va essayer de se retourner malgré les cordes pour, littéralement, frapper Sixtine de ses jambes. Oui, oui.

08 août 2023, 16:17
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Sixtine observait la scène se dérouler sous ses yeux. La jeune adulte ne pouvait retenir ses larmes et la professeure les regardait couler lentement, laissant le temps à Aelle d'apprendre à pleurer. Mais alors qu'elle pensait la situation calmée, elle qui pensait maîtriser la situation et la jeune femme, elle ne s'attendait pas à ce qu'elle se frappe le crâne sur le sol. Sous le choc de cette réaction, la professeure avait retiré sa main rapidement et s'était assise.

Quelques secondes plus tard, elle avait repris conscience de la scène, cette sorcière avait de sérieux problème. Comment pouvait-on la libérer dans le monde adulte dans cet état ? Le bruit de son crâne frappant le sol résonnait à travers les étoiles et bientôt, du sang se déverserait sur les dalles. L'ancienne Auror fit glisser son corps jusque derrière la tête de la Poufsouffle, souleva son crâne et le reposa sur ses cuisses. Assise sur les genoux, elle pouvait voir tout le corps de la sorcière ainsi que ses muscles qui tentaient de s'activer.

- Immobulus.

Le calme enfin retrouvé, Sixtine leva la tête vers le ciel à la recherche d'une solution, mais par Merlin, que cette fille était difficile à comprendre. Que cherchait-elle ? Un duel ? Dans ce cas, elle aurait mieux fait de trouver Suileabhan, car Sixtine, bien qu'ancienne adapte du club de duel, était plus du genre à utiliser la magie de type sournoise.
Une fois sa baguette rangée, elle fit glisser sa main à l'arrière du crâne de la jeune femme pour s'assurer qu'elle ne saignait pas et heureusement, elle n'avait rien.

- Qu'est-ce qui peut vous rendre comme ça...

Puis, la professeure chercha du regard le petit renard pour qu'il réponde à sa question puisque sa maîtresse n'était pas en capacité de le faire.

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16 août 2023, 14:00
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S'il y a bien une chose qui caractérise Zikomo, ce sont ses efforts de neutralité face aux choix de sa compagne humaine. Jamais il n'a voulu interférer dans sa vie pour qu'elle change d'opinion ou pour lui faire prendre un chemin différent de celui qu'elle souhaitait prendre. Ce n'est pourtant pas facile pour lui, car s'il ne s'était pas écouté Zikomo aurait tenté depuis longtemps de faire quelque chose, n'importe quoi. Mais ce n'est pas dans son tempérament : il ne pourra jamais forcer Aelle à être autre chose que ce qu'elle est. Alors il se contente la plupart du temps de l'accompagner, la conseiller, la soutenir, envers et contre tout, car c'est la vie qu'il a décidé d'avoir. Il aurait pu il y a des années repartir à Uagadou ; il aurait alors conseillé Erza sur son rôle de directrice comme il a conseillé avant elle un bon nombre d'autres directeurs. Mais il a préféré resté avec Aelle. Pourquoi ? Vous pouvez dire, vous, pourquoi vous aimez une personne et pourquoi sa présence est essentielle pour vous ? Zikomo ne le peut davantage.

Suite aux réactions dramatiques, débordantes, persistantes et traumatisantes d'Aelle au départ de Kristen Loewy, Zikomo s'est contenté de conseiller, de soutenir, d'aimer et d'être présent. C'est ce que l'on fait face au désespoir d'un proche, non ? Il était là pour les cauchemars, les pleurs, les cris, les crises de colère. Il était là quand elle restait des heures durant, l'été dernier, à regarder son plafond, ou quand elle travaillait sans relâche jusqu'à l'épuisement. Il était là pour lui rappeler qu'il était l'heure de déjeuner ou de dîner. Il était là pour lui proposer à demi-mot, sans avoir l'air de le faire, de l'accompagner à l'extérieur pour lui permettre de voir autre chose que les quatre murs de sa chambre. Il était là quand elle faisait exploser des rochers, car c'est là le seul moyen d'expression de sa colère et de sa tristesse qu'elle a trouvé.

Et il est là, ce soir, à la laisser se dépatouiller avec les agissements déconcertants de cette femme. C'est facile de comprendre qu'il s'est passé quelque chose entre ces deux-là. Depuis la directrice, qui a avec Aelle une relation qu'il peine à comprendre mais qu'il devine très complexe et importante, Zikomo se méfie un peu des grandes personnes que côtoit Aelle. Non pas qu'il doute d'elles ; disons plutôt qu'il se méfie de la propension d'Aelle à se lier et à accorder une importance démesurée et incompréhensible à certaines personnes qui se teinte le plus souvent d'une haine violente et viscérale. Ce n'est pas les autres qui rendent Aelle comme elle est, c'est elle-même. Et ça, Zikomo en a bien conscience. Il aimerait être capable de la protéger d'elle-même, d'apaiser ses peurs évidentes, de lui dire qu'elle mérite toutes ces choses qu'elle est persuadée de ne pas mériter (l'amour, la tendresse, la compréhension, la complicité). Mais personne n'est capable de dire à quelqu'un persuadé de ne mériter que la violence et la méchanceté, trouvant cela parfaitement normal et même essentiel, qu'il se trompe totalement — quand on écoute pas, on ne peut pas entendre les choses essentielles.

Ce n'est donc pas de la faute de la professeure si Aelle se débat, si elle pleure, si elle angoisse comme elle le fait. Ce n'est pas de sa faute si elle s'agite tout à coup, si son crâne se fracasse contre la pierre. Par contre, elle est fautive de l'avoir immobilisée de la sorte — voilà qui prouve bien qu'elle ne connait pas Aelle. Entraver un animal sauvage, cela revient à réveiller ses instincts les plus primaires. Mais lorsqu'elle choisit de l'immobiliser encore un peu plus, utilisant ce sortilège qui rend Aelle incapable de faire le moindre geste et de se faire mal, Zikomo lui en est reconnaissant.

Il s'était vivement précipité vers Aelle lorsqu'elle a commencé à se frapper la tête sur le sol dans un besoin excessif, le Mngwi est aussi capable de comprendre cela, de se faire du mal, de souffrir pour oublier que la situation qu'elle est en train de vivre la rend dingue d'impuissance ; maintenant qu'Aelle est immobile, Zikomo ralentit, les yeux écarquillés par la peine et les oreilles plaquées sur son crâne. Il saute sur Aelle, ses pattes tremblotantes s'enfonçant dans le ventre, les côtes, la poitrine, le cou de son ami. Il se tient tout proche d'elle, pour qu'elle sente son pelage doux comme un nuage sur sa joue, sa truffe tiède contre sa peau, son souffle dans son oreille. Il lui chuchote ces mots qu'elle seule peut entendre :

« Je suis là, Aelle. »

Dévasté par la douleur de celle qui partage sa vie, Zikomo ne demande pourtant pas à la professeure dont le regard l'aiguillonne de la libérer. Il sait qu'actuellement, c'est nécessaire qu'Aelle reste dans cette position, qu'elle se calme. Mais le Mngwi n'est pas bien sûr de ce que peut faire Sixtine Valerion à présent. Que pourrait-elle dire pour que cette situation cesse de s'aggraver ? Il n'en a pas la moindre idée. Lui même ne saurait que dire ou faire s'il était seul avec Aelle. Elle a toujours été du genre à résister à la moindre preuve de tendresse ou d'aide. Toujours, tout le temps. Tends-lui la main et elle fera tout pour s'en éloigner. Éloigne-toi et elle fera tout pour te reprocher de ne pas lui avoir tendu la main.

Zikomo lève les yeux vers la professeure.

« Cela revient à demander pourquoi vous êtes humaine et pourquoi je suis un Mngwi. »

Comprendre les comportements et agissements d'Aelle demanderait un suivi très assidu de tout ce qu'a été sa vie et de comment elle a été vécue. On pourrait pointer du doigt certains événements et dire : sans eux, elle n'aurait pas été comme cela ! Mais la vérité, c'est que si ça n'avait pas été Loewy, ça aurait été une autre personne. L'ancienne directrice est la première chose qui vient à l'esprit de Zikomo quand il se demande pourquoi Aelle réagit ainsi, et il est persuadé que c'est également la chose qui vient à l'esprit d'Aelle, mais il est fort aisé de pointer du doigt une seule pièce du puzzle pour éviter de le regarder dans son entièreté et de se rendre compte que les choses ne sont pas aussi simples qu'elles n'y paraissent. C'est ce que fait toujours Aelle. Elle choisit la simplicité, dirige toute sa colère vers la pièce qui la fait le plus souffrir et elle en oublie le reste.

La phrase sibylline du Mngwi reste suspendue dans le silence, mais Zikomo est conscient que faire des mystères n'arrangera pas la situation. La sagesse acquise avec les siècles le rend trop souvent neutre, mystérieux et un peu détaché des choses. Quand on vit dix vies en une seule, on finit par ressentir les choses avec une intensité moindre. Zikomo baisse les yeux sur Aelle dont il sent le rythme cardiaque affolé s'accroître sous ses coussinets. Il passe la tête sur sa joue dans l'espoir de l'apaiser, au moins un peu, avant de lever une nouvelle fois le museau vers la professeure.

« Vous ne pouvez pas lui imposer de s'exprimer. Et je ne peux pas parler pour elle. » Il rajoute après un moment d'hésitation, conscient qu'Aelle peut tout entendre. « Aelle n'aime rien de moins qu'on lui fasse des démonstrations du contrôle que l'on peut avoir sur elle. »

Son regard se fait un peu moins neutre et prend une teinte de reproche. L'immobiliser alors qu'elle n'avait encore rien fait de répréhensible, l'empêcher de s'exprimer... Par tous les esprits, ce n'était pas la chose à faire !

26 août 2023, 14:24
Pour la 33e fois
Les mains de Sixtine sont toujours sous le crâne de la jeune fille lorsque Zikomo grimpe sur elle pour la rassurer. Les mots qu'il lui murmure ne parvinrent pas jusqu'aux oreilles de la professeure, et elle ne chercha pas à entendre. Lorsqu'il releva les yeux sur la professeure, il lui répondit sans lui répondre. Ce n'était pas la réponse qu'elle attendait. Elle aurait voulu qu'il lui en dise plus, elle aurait voulu qu'il lui apporte des réponses, mais il ne fit rien de tout ça se contentant de semer un doute encore plus grand.

La professeure retira ses mains du crâne de la jeune adulte tout en laissant sa tête reposer sur les genoux de l'ancienne auror. Ainsi immobile, Aelle n'était pas une menace, mais elle allait devoir la libérer de cette entrave, elle ne pouvait pas la maintenir dans cet état plus longtemps. Elle fit venir jusqu'à elle la petite malle qu'elle avait amené jusqu'en haut de cette tour. Elle fouilla dedans durant de longues minutes avant de pester puis de finalement trouver ce qu'elle y cherchait.

- Zikomo, vous avez raison, vous ne pouvez pas parler à sa place et, elle ne parlera jamais librement avec moi. Cependant, je doute qu'elle puisse le faire avec n'importe quel être humain. Elle marqua une pause de quelques secondes pour s'assurer qu'elle n'était pas en train de faire la plus grosse erreur de sa vie. J'avais acheté ces colliers dans l'espoir d'en donner un à mon enfant mais... il n'a jamais pu voir la lumière du jour ou le scintillement des étoiles. Ce collier est... particulier. Il permet de partager ses émotions avec le deuxième porteur. Si un jour Aelle est triste ou en colère, je le saurai et vice-versa. De nouveau, elle prit le temps de la réflexion avant de sortir le collier accroché à son propre cou, de l'observer puis, de donner le collier qu'elle venait de sortir de la malle, à Zikomo. Pourriez vous le lui donner quand elle se sentira prête, s'il vous plaît ?


Arrivée inRP le 28 octobre 2046 - Professeure de DCFM
Rejoignez le Sixtgang ! - Présence partielle, j’ai le cœur qui saigne.

02 sept. 2023, 17:52
Pour la 33e fois
Quelque chose de douloureux passe dans le coeur de Zikomo. La professeure ne le sait pas, mais elle a entièrement raison. Il n'existe pas un être humain sur cette Terre avec lequel Aelle pourrait réussir à parler librement de ce qui la hante, pas un seul. Si elle a des difficultés à lui parler à lui, son compagnon, comment pourrait-elle parler à ses semblables desquels elle s'évertue à rester loin ? Les yeux du Mngwi tombent sur la main de la femme qui a fouillé durant un long moment dans sa valise. Il doute qu'elle puisse trouver là-dedans quelque chose qui pourrait aider Aelle. Zikomo n'est habituellement pas pessimiste mais vu la scène à laquelle il vient d'assister, il doute également de l'utilité de la femme elle-même.

Elle n'a pas hésité une seule seconde avant d'entraver Aelle alors que celle-ci n'avait, à proprement parler, pas encore fait grand chose d'autre que se montrer insolente. Elle ne s'est pas contentée d'un seul sortilège, elle en a rajouté plusieurs après ça, tous destinés à entraver encore un peu plus la jeune fille. Pour les derniers, leur utilité n'est pas à prouver : ils ont empêché Aelle de se faire du mal. Mais les premiers ? C'est peut-être terriblement vieux-jeu, mais Zikomo n'est pas du genre à valoriser la violence, peu importe la forme qu'elle prend. Il est persuadé qu'Aelle a connu, avec Loewy, une violence qui n'avait rien de magique ou de physique. Il n'y a pas une forme de brutalité plus valable qu'une autre. Sixtine Valerion a clairement choisi le camp de la violence ; elle rentre dedans, elle bouscule, elle force. Cela aurait dû suffire à Zikomo pour faire le choix de garder Aelle loin d'elle.

Mais... Il a entendu ses discours, il a vu son visage, il a compris les mots qu'elle ne disait pas. Il a reconnu la tendresse dans ses caresses sur la tête d'Aelle et il a perçut ses fêlures dans sa voix. Et puis... Qui accepterait de donner à une inconnue-ou-presque le collier qu'elle destinait à son enfant qui n'a jamais vu le jour ? Ce don est la preuve qu'elle est capable d'un grand sacrifice pour venir en aide à une personne dont la souffrance la touche. Si tant est que ce qu'elle dise est la vérité, évidemment. On n'assiste pas à mille ans de vie sur Terre sans devenir un petit peu méfiant. Zikomo ne sait pas quelle confiance il peut accorder à cette drôle de femme. Il se promet de faire marcher ses contacts pour en savoir davantage sur elle.

Malgré toutes ces réflexions, Zikomo tend lentement le cou jusqu'à refermer ses crocs sur le médaillon qu'il dépose à ses pieds, sur le corps d'une Aelle dont il cherche, en vain, à croiser le regard. Il sait qu'elle les entend mais n'a aucune idée de l'état de ses pensées.

« Qu'est-ce que ça changerait ? demande-t-il à la femme en plantant son regard mordoré dans le sien. Que vous ayez accès à ses émotions et elle aux vôtres. » Ses yeux ne cillent pas. Il juge autant qu'il analyse et cherche à prouver la bonne foi de la professeure. « Qu'est-ce que vous allez lui apporter ? »

*


La douleur disparaît. Ne reste que mon coeur qui bat à l'arrière de mon crâne. Je sens sa main dans mes cheveux. Elle est plus agréable que la pierre, mais c'est un contact que je n'ai pas demandé ni désiré. Malgré l'absence de douleur, forcée par une immobilité qui empêche le moindre geste, qui m'empêche même de cligner les yeux, la panique ne réduit pas. Elle est toujours là, immense dans mon corps, emportant mes pensées dans une étreinte qui n'en finit jamais. Je n'arrive pas à réfléchir, je n'arrive même pas à entendre ce qui se passe autour de moi. Si elle me libérait maintenant, je pense que je ne serais pas capable du moindre geste. Pourtant... Pourtant dans ma tête, j'ai des images de violence qui me font du bien.

Dans ma tête je me lève et je lui hurle dessus. Dans ma tête je récupère ma baguette (Merlin seul sait comment) et je lui balance dans la tronche ce sortilège noir que dont j'ai vaguement appris la théorie dans mon grimoire, celui qui détachera la peau de de son corps et qui la fera hurler à mort. Dans ma tête je la fais souffrir, je la fais payer et je l'empêche de recommencer. Dans ma tête, ça me fait un bien fou, ça me soulage tellement ces hurlements, ma magie qui explose, mes veines qui prennent feu, la puissance qui m'enivre, toujours plus grande toujours plus folle. Je jure que je le ferais, je le ferais si je le pouvais, vous faire du mal, vous faire regretter de me faire ressentir ces choses, je vous jure que vous, je ne vous laisserais pas partir avant de me venger, je vous le jure.

Je jure, je jure pendant des secondes entières qui se transforment en minutes ; la haine m'embrase le corps et fait flamboyer mes pensées, à défaut de pouvoir faire se mouvoir mon corps et mes besoins de violence. Une haine qui n'est même pas entièrement dirigée vers Sixtine Valerion. Elle n'est que la conséquence, elle n'est que la victime ; une victime qui a tout fait pour être la cible de mes idées noires. Mais cette colère là est plus grande que la professeure, plus grande même que le spectre noir qui habite mes souvenirs. C'est une colère qui est dirigée envers le monde entier, la vie toute entière, toute cette Terre, tout ce monde, toutes ces personnes qui vivent et qui me font du mal, qu'elles le veulent ou non. Une colère qui a la taille d'une planète et la force d'une galaxie. Elle me noue la gorge, arrache l'air de mes poumons. Sous mes yeux écarquillés, les étoiles tout là-haut sont toujours aussi floues, quasiment invisibles. Ce n'est pas la première fois que je ressens ça. Ce grand sentiment. Qui prend toute la place dans mon corps et dans ma tête. Quand je ressens ça, j'ai envie d'exploser. Et dans mon explosion, je raserais tout autour de moi. Absolument tout brûlerait dans les flammes. Si plus rien n'existe, comment pourrais-je souffrir ?

Sans même que j'en prenne conscience, ma grande rage pulse de plus en plus faiblement, elle perd de son intensité, ma vision devient plus claire et je sens sur le côté de mon visage une douce caresse que je pourrais reconnaître entre mille. Je ne peux pas le voir mais je sais que Zikomo est là. Peu à peu, je prends conscience de ce qui m'entoure. Le ciel au-dessous de moi, la pierre sous mon corps, Valerion et ses jambes que je devine sous ma tête. Si je pousse mes yeux à l'extrémité des globes oculaires, j'aperçois une partie de son visage. Et maintenant, je les entends même. Zikomo termine une phrase que je ne comprends pas. Il parle de moi. De quoi peuvent-ils bien parler ? Zikomo essaie-t-il de la convaincre de me libérer ?

Je me sens épuisée comme je l'ai rarement été. Je suis bloquée dans mon propre corps. C'est comme cette fois-là dans le couloir, quand elle me gardait dans ses bras et que je n'arrivais pas à me dégager de son étreinte. Je ne peux plus bouger, je ne peux pas fuir, je ne peux même pas parler. Je suis là et je ressens. Je déteste ça. Je ressens avec une clarté nouvelle tout le désespoir de mon existence. Je me sens tellement, tellement triste. Aussi triste que l'été dernier, peut-être. Une grande tristesse qui bouche tout regard sur l'avenir. Il n'y a rien qui pourra me rendre heureuse, jamais. Je regarde sans me détourner ce qui m'attend, la femme que je vais retrouver en suivant son énigme, la Directrice qui m'attend au bout du chemin et qui finira par me faire autant de mal qu'elle m'en a fait auparavant — je ne peux pas résister à l'envie de répondre à son appel, je ne peux pas et je n'en ai pas envie, je ne veux pas faire quoi que ce soit qui ne la compte pas dans mes projets. Je me déteste pour cela, pour cette faiblesse. Je pourrais décider de dire : « stop, j'arrête, j'arrête de vous laisser décider », mais je ne peux pas, je ne peux pas car maintenant que je sais que j'ai un moyen de la retrouver, je ferais absolument tout pour y aller ! Qu'y a-t-il dans cet avenir ? Qu'y a-t-il pour une sorcière qui se retrouve, à ses dix-huit et avec son diplôme en poche, étalée sur le sol d'une tour d'astronomie car elle a été incapable de se défendre ?

Peut-être que le ciel est en fait la cape d'un immense détraqueur. Peut-être que ce détraqueur a son regard braqué sur moi et que c'est pour ça que j'ai l'impression que toute joie a quitté mon corps. Ce serait tellement plus simple, hein ? Si la faute n'était pas mienne.

Au-delà de la persistance de ma tristesse, je parviens à grappiller quelques mots de plus. En fait, quand Valerion reprend la parole, je me retrouve à écouter tout ce qu'elle dit. J'entends son enfant, j'entends le collier, j'entends son incapacité à me faire parler. J'entends tout. J'entends la question qu'elle pose à Zikomo. Et même au fond du chaudron comme je le suis, j'ai encore suffisamment d'énergie pour lui hurler à l'intérieur de ma tête de bien vouloir aller se faire voir. Libérez-moi que je vous le dise en face ! Vous et votre fichu collier. Je n'en veux pas ! Je me fiche de vos émotions ! Et je refuse que quiconque puisse percevoir les miennes.

Si j'avais été maîtresse de mon corps, ou au moins de ma bouche, j'aurais ricané aux mots de Zikomo. Ça aurait été un ricanement d'une tristesse à en faire pleurer les pierres, surement parce que j'aurais été moi-même en train de chialer à ce moment-là. Je peux te répondre, moi, Zikomo : elle ne pourrait rien m'apporter. Rien de plus que davantage de douleurs. Chaque lien qui se crée est une cicatrice de plus. Ça, je l'ai bien compris. L'attachement, l'espoir, l'amour, les attentes, même l'amitié, le soutien... Toutes ces choses... Lorsque j'imagine une vie heureuse et sans souffrance, c'est une vie sans ces choses que je vois. Une vie sans émotion superflues. Je me fiche d'avoir un coeur velu, Miss Priddy, vous savez ? Je m'en fiche de votre conte, je m'en fiche de vos leçons. Je me fiche de tout.