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18 oct. 2022, 11:20
Animagus disciplina
Ce sujet est un recueil de RPG décrivant la formation Animagus suivie par Adaline.


Quatrième année
I. Investigationis
II. Ad curam
III. Demonstrationem
Cinquième année
I. Animalia Fera
II. Turcia diem
III. Meditativus
Sixième année
I. Quis sum
II. Cedrinum
III. Forma animalis
IV. Vulpes lagopus
V. Metamorphosis
_______
Dernière modification par Adaline Macbeth le 09 avr. 2024, 13:58, modifié 16 fois.

Magic Always Has a Price
6ème année

28 oct. 2022, 07:39
Animagus disciplina
Première année de formation, quatrième année d'Adaline

I. Investigationis


Le dimanche 25 novembre 2046,
En salles d'études,
Dans l'après-midi



Je ne sais même plus l'heure qu'il est. J'ai probablement raté le déjeuner, je pense en entendant mon ventre gargouiller comme s'il lui manquait quelque chose, c'est probablement un repas qui lui manque désespérément. Mais je ne peux pas arrêter de travailler sur ma formation Animagus et sur les recherches que mes professeurs m'ont confiées. Le fonctionnement de la formation me plaît assez, toutes les trois semaines j'ai droit à un cours du soir avec l'un ou l'autre de mes professeurs que j'apprécie tout les deux. Ils me donnent des recherches et des exercices à effectuer pour la prochaine fois que l'on se verra en cours du soir.

Moi qui adore les devoirs, je suis aux anges.

J'ai commencé à travailler sur des croquis et des descriptions précises des animaux avec M. Falkner (que je ne me résout pas à appeler Samy) la dernière fois et c'est précisément sur ce point que j'ai passé tout mon week-end, oubliant complètement le Gobelbabil et les autres matières (qui me semblent bien facultatives désormais). Mais je n'ai pas besoin de temps libre pour m'amuser, je ferais tout ce que j'ai à faire pour la semaine dès demain en maximisant chaque moment que j'ai, en sautant des repas ou en travaillant dans ma salle commune (surtout en travaillant là-bas).

Il y a un certain nombre d'espèces que je dois étudier pour cette formation et tout au long de l'année. Il s’agit de tout type d’espèces, magique ou non-magique. J’ai décidé de commencer avec le chat, le chien, le lapin et la souris (ou le rat). Ce ne sont pas des animaux magiques et cela semble parfaitement logique, puisqu'il est très rare de se transformer en un animal magique. Je dois bien avouer que je serais parfaitement ravie que cela m'arrive et de consister une exception, mais je crains que ce ne soit pas le cas.

Dans tous les cas, je viens de passer mon week-end à griffonner des parchemins avec l'appuis de livres empruntés à la bibliothèque sur les animaux non-magiques qui sont mes sujets d'étude. J'ai commencé par le chat, avec une petite pensée pour le mien, bien que celui-là ne risque pas de poser problème. Je connais bien l'anatomie de mon chat pour l'avoir pris dans mes bras, caressé, cajolé maintes fois et saurait métamorphoser n'importe quel objet en une de ces boules de poils. J'ai malgré tout consigné sur un parchemin tout ce que je savais sur cet animal et approfondi mes recherches aux chats sauvages.

En prenant le soin de dessiner un croquis d'un autre chat que le mien, je me suis prise au jeu de dessiner des anatomie différentes, des longueurs de poils différentes, des rayures et des tâches, et j'ai fini par noircir une face de mon parchemin avec des croquis de l'animal. J'ai pris le soin de choisir le plus réussi pour indiquer les parties du corps de l'animal, conformément à mes recherches à la bibliothèque, pour les connaître sur le bout des doigts.

Ensuite, j'ai dressé deux colonnes pour décrire les caractéristiques des chats domestiques puis des chats sauvages. La différence réside principalement dans leur mode de vie, les chats sauvages étant bien plus chasseurs et se nourrissant de proies, à contrario des chats domestiqués et dorlotés nourris aux croquettes ou à la pâtée qui se mettent un rongeur sous la dent seulement lorsque leur instinct se réveille. C'est aussi dans l'instinct animal que réside la différence, bien plus fort chez les chats sauvages qui ne se laissent que rarement approcher.

Le physique des chats sauvages peut également être différent, puisque les chats domestiqués ont des races différentes. C'est sur ce point précis que j'ai commencé ma soirée d'hier. Assise sur mon lit, dans mon dortoir, un bouquin ouvert et mon parchemin sur un autre pour écrire confortablement. J'ai listé toutes les races de chats que le livre me donnait et tenté de mémoriser leurs caractéristiques.

Après avoir passé une journée complète à étudier mon compagnon à poils et ses congénères, j'ai préféré continuer l'énumération des caractéristiques physiques de chaque race connue un autre jour et de passer à un autre animal.

Par élimination, j'ai choisi de travailler sur le lapin. Le chien n'est pas un animal qui m'attire particulièrement, bien que je devrais m'y intéresser un jour c'est certain, mais l'étudier après le chat me semblait un choix particulièrement malvenu. De même pour la souris ou pour le rat...

Alors j'ai commencé tôt ce matin, après avoir pris un petit-déjeuner, à travailler sur le sujet.

J'ai commencé par des recherches à la bibliothèque pour rassembler quelques livres parmi les plus intéressants, ceux qui décrivent les lapins sous toutes leurs coutures et toutes leurs races, leur état domestique ou sauvage (bien que le lièvre soit une espèce différente, j'ai décidé de me renseigner tout de même sur celui-ci). Alors avec les livres sous le bras, je suis retournée en salle d'études pour me mettre au travail.

C’est comme cela que je me suis retrouvée à rater le repas et que désormais mon ventre commence à me faire mal. Un coup d’œil vers la fenêtre et l’ombre sombre qui s’étend sur le ciel : il est bientôt l’heure du dîner. Mon ventre a une très bonne raison, meilleure que je ne le pensais, de me faire aussi mal.

Alors je referme mes livres en jetant un dernier coup d’œil aux deux parchemins que j’ai noirci. Le premier des caractéristiques d’un lapin domestique et le deuxième d’un lièvre. Je m’attaquerai ensuite aux différentes espèces de lapin, car je suis certaine que cela me sera utile à l’avenir, pour un prochaine exercice en métamorphose très certainement.
Dernière modification par Adaline Macbeth le 30 sept. 2023, 19:40, modifié 1 fois.

Magic Always Has a Price
6ème année

06 nov. 2022, 09:59
Animagus disciplina
II. Ad curam

Selon les informations reçues par Mr Dawson : Adaline doit s'occuper de Galopin, lapin agora, à partir de début décembre 2046. Âgé d'environ 5 mois, le lapin souffrait de stress chronique. Il était terrorisé, dès qu'on s'approchait, avec les yeux exorbités et une respiration très rapide et saccadée. Il souffrait de solitude et de malnutrition notamment. Il avait tendance à perdre / s'arracher ses poils.

Le samedi 8 décembre 2046,
En fin de journée,
Dans la zone de Sacm,
Enclos de Galopin



Samedi dernier, dans le cadre de ma formation Animagus, Mr Falkner m’a convoqué dans la zone dédiée aux animaux près de sa classe de soins aux créatures magiques. Le week-end dernier, j’ai fait la rencontre de Galopin. C’est un lapin agora que dont je vais devoir m’occuper, apprivoiser et, je l’ai vite compris à sa posture anxieuse, le mettre en confiance.

Lorsque j’ai posé les yeux sur le lapin la première fois, j’ai tout de suite reconnu son espèce et je me suis félicité d’avoir commencé par faire des recherches sur les lapins. Le pelage du petit agora recroquevillé sur lui-même dans son enclos ressemble trait pour trait à celui que j’ai griffonné sur le parchemin dédié aux différentes race de lapin. Mes recherches m’ont également permis d’avoir une idée de la manière dont je vais pouvoir appréhender cet exercice et surtout cet animal.

Alors j’ai décidé d’opter pour la manière douce. Galopin est stressé, m’a dit Mr Falkner, et je l’ai constaté en entrant dans l’enclos pour la première fois. Sans avoir tenté de m’approcher trop prêt de l’animal, j’ai entendu sa respiration saccadée s’accélérer. Je suis donc restée en retrait, accroupie tout prêt de la barrière de son enclos. C’est là que j’ai constaté les poils manquants dans son dos et que je me suis promise de revenir tous les jours pour le nourrir en apportant avec moi un carnet et de quoi noter pour l’observer.

Ce soir encore, je me suis rendue dans son enclos, comme tous les soirs de la semaine pendant une petite heure après les cours et avant le couvre-feu. J’ai noté son comportement craintif, d’abord pendant tout le temps que je passais auprès de lui, puis progressivement il a commencé à se détendre. J’ai apporté mon carnet toutes les fois et, cette fois encore, il est sur mes genoux croisés en tailleur. Plume à la main je l’observe discrètement. Cela fait plus d’une heure que je suis là et il semble avoir oublié ma présence. Mais un animal n’oublie pas, un animal s’accommode.

Une semaine seulement, et je constate toujours des trous dans son pelage, je l’ai même vu s’arracher les poils du ventre un soir de cette semaine. Mes observations m’ont aussi menée à la conclusion qu’il était en malnutrition, ce que Mr Falkner a constaté également : il m’a confié des conseils pour le nourrir de manière à régler ce problème. Il ne me reste donc plus qu’à m’occuper de son angoisse.


Le samedi 23 décembre 2046,
Dans la matinée,
L’enclos de Galopin

Après presque un mois passé avec le lapin agora, ma technique douce porte ses fruits. J’ai passé les deux premières semaines à l’observer tous les soirs, en me tenant le plus à distance de lui possible. J’ai noté une amélioration de son état au bout de trois semaines, ses os devenant moins saillants et son poil plus soyeux. C’est aussi à partir de là que mon entrée dans l’enclos ne déclenchait plus une réaction de peur ou d’angoisse chez l’animal.

J’ai émis l’hypothèse qu’il a été maltraité par un autre humain dans le passé, ce qui l’aurait rendu aussi anxieux.

Bien qu’il ne soit pas très à l’aise en ma présence dans les premières dizaines de minutes, il n’écarquille plus les yeux et montre de moins en moins de signe de stress. Le fait que ce soit moi qui le nourrisse lui sonne probablement confiance.

Je n’ai pas encore tenté de l’approcher, préférant prendre le temps de l’analyser, laisser le temps à Galopin de s’acclimater, et laisser passer les vacances.D’ailleurs, c’est demain que je quitte le château pour deux semaines. Je crains que Galopin n’oublie mon visage et ma présence, et que je doive recommencer le processus à zéro.

Alors je me pose ses questions dans ma tête, les yeux fixés sur le pelage de l’animal, il se retourne d’un bond pour me fixer dans les yeux. Ses pattes ne sont plus recroquevillées tout contre lui et ses oreilles remue de curiosité plutôt que de stress. Il se passe alors quelque chose que je n’avais encore jamais observé. Galopin s’approche de moi avec des petits pas hésitants, le museau en avant pour renifler dans ma direction. Il s’approche plus près qu’il ne l’a jamais fait.

Autant je pensais ne pas avoir d’intérêt pour cet animal qu’est le lapin, autant je me suis réellement attaché à Galopin. C’est aussi bien parce que c’est un exercice que je me dois de réussir que parce que j’ai réellement envie d’aider l’animal.


Le samedi 19 janvier 2047,
En fin de journée,
L’enclos de Galopin



Alors que le parc s'est couvert d'un manteau blanc, je me tiens au pas de la grande porte, mon écharpe serrée autour du cou, emmitouflée dans ma cape d'hiver, prête à traverser l'étendu blanche. Elle est tâchée par endroits, les pattes des oiseaux ou celles des humains laissant leur trace dans la neige, alors qu'elle a cessé de tomber pour les recouvrir. Quelques centimètres à peine, mais il suffisent à peindre de blanc le paysage. Sous mes pieds, la neige se soulève pour laisser apparaître l'herbe verte par endroit.

J'atteins la cabane du garde-chasse près de laquelle se trouve mon objectif, les cours de soins aux créatures magiques, et la zone des soins qui accueille Galopin et son enclos. Depuis que je suis revenue de vacances, je ne vais plus voir Galopin tous les jours, mais je m'emploie à passer une heure dans son enclos comme je l'ai fait pendant le mois de décembre tous les deux jours.

Après avoir récupéré de la nourriture dans un seau en métal, je m'emploie à entrer dans l'enclos discrètement. Désormais, depuis que nous sommes revenus de vacances, Galopin n'a plus peur de moi. Parfois même il s'approche jusqu'à toucher mes bottes. Cette fois, encore, c'est ce qu'il fait. Il s'approche si près que je me mets à sourire bêtement. Ce petit lapin commence à prendre confiance en lui et en moi. Il est des plus en plus gras et il a arrêté de s'arracher les poils.

Une fois qu'il se désintéresse de moi, je vais remplir ses gamelles et je garde une carotte dans la main.

Je n'ai pas encore essayé de le toucher, pour lui gratouiller la tête, mais c'est aujourd'hui que je compte bien le faire. Alors je m'accroupis dans son enclos, alors que l'animal est retourné faire sa vie dans sa paillasse. Je tends la carotte en sifflotant pour attirer son attention. Ce qui fonctionne puisqu'il se retourne immédiatement vers moi, les oreilles dressées pour s'approcher en deux ou trois bonds. Je le laisse grignoter la carotte, alors que ses deux gros yeux me fixent, et j'approche finalement ma main de sa tête. Il se fige au moment où je le touche, mais reprends vite son activité en me laissant caresser sa tête.

Je sors de l'enclos un peu plus tard, des poils de lapin sur les manches, le sourire aux lèvres et un nouveau copain.


Le samedi 23 février 2047,
Dans l'après-midi,
Parc



Bien que nous soyons toujours en février, le temps est assez clément ce samedi. Le soleil brille et il fait plutôt doux. Cela ne m'empêche pas d'avoir mis ma cape et mon écharpe, mais il fait assez bon pour que j'emmène Galopin dans le parc. Le professeur m'a conseillé de le faire sortir une fois qu'il serait en confiance, alors maintenant que nous nous faisons des câlins à chaque fois que l'on se voit, j'ai songé que c'était le bon moment.

J'ai récupéré Galopin dans son enclos et un harnais, étonnamment à sa taille, pour le lui attacher. Une fois le harnais attaché autour de son petit corps poilu, j'ai laissé le lapin gambader au bout du fil qui le tenait. Eh bien oui, je n'aimerais pas le perdre alors que je suis justement sensée prendre soin de lui pour passer à l'étape suivante !

Il gambade dans la parc, aussi loin que la longe lui permet d'aller, alors que je m'approche de lui autant que possible pour lui laisser la plus grande liberté de mouvement. Il s'arrête de temps en temps pour grignoter l'herbe fraîche ou pour nettoyer ses pattes.

Après une ou deux heures, je décide de le ramener dans son enclos, et il semble qu'il m'en remercie. Ses pattes tremblent un peu, probablement de fatigue ou de froid, puisqu'il n'est pas habitué à courir autant dans son enclos.


Le mercredi 27 mars 2047,
Dans l'après-midi,
Zone de SaCM



Je savais que ça allait arriver, bien sûr. Mais je me suis attachée à Galopin si bien que j'ai cru qu'il resterait toujours.

Alors que Mr Dawson vient de m'annoncer lui avoir trouvé une famille, je dois faire mes adieux à cette adorable créature et ses petites oreilles. J'entre dans l'enclos en essayant de cacher ma tristesse, un sentiment un peu débile que je ne devrais pas ressentir, avec la dernière carotte que je ne lui donnerais jamais. Je suis bien trop dramatique alors que c'est une bonne nouvelle qui nous sépare : il va pouvoir vivre une jolie vie dans une jolie maison (m'a promis le professeur).

Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de ressentir ce pincement au cœur caractéristique. Le lapin me regarde avec ses gros yeux alors que je m'assieds en tailleur dans son enclos, à même la paille probablement souillée, mais peu m'importe. Il s'approche immédiatement, Galopin, avec ses oreilles tendues, ses pattes poilues et ses moustaches affolées. Je lui tends la carotte et il se met à la grignoter, sans me lâcher des yeux.

De l'autre main, je gratte ses oreilles. Quand je pense qu'il y a trois mois il était encore mal en point, des trous dans les poils, la peau sur les os, un regard affolé et un stress chronique. Tout cela semble derrière lui et je songe que ma méthode douce a fonctionné merveilleusement bien (bien qu'il y ait probablement d'autres façons de faire).

Pendant tout le mois de mars, j'ai emmené Galopin à droite et à gauche, dans le parc, près du lac, dans le château, en le ramenant toujours à son enclos. Parfois, lorsque nous étions depuis trop longtemps dehors, des signes de stress refaisaient surface. Mais tous ces symptômes s'apaisaient dès que je gratouillais ses oreilles. Mais à force de l'emmener voir ce qu'il se passe dehors, je crois que je l'ai guéri de ce stress. Il a même rencontré la grenouille de Lydia Holmes et mon propre chat (que je n'ai pas laissé trop approché). Je crois que Galopin est plutôt social tout compte fait.

Des souvenirs qui me reviennent en tête, un sourire vague sur le visage, les yeux fixés sur l'animal et son pelage magnifique, je m'apprête à lui dire adieu. Je le prends dans mes bras une dernière fois et je lui chuchote à l'oreille que tout ira bien.

Magic Always Has a Price
6ème année

11 avr. 2023, 19:33
Animagus disciplina
III. Demonstrationem


Le jeudi 22 décembre 2046,
Classe de Métamorphose,
En soirée



Cela fait maintenant deux mois que je travaille avec acharnement sur le sortilège Lapifors, et c’est aujourd’hui que mes efforts se concrétisent.

Durant les deux derniers mois, j’ai étudié la théorie de ce sortilège et l’espèce de lapin que j’ai tiré, lors d’un cours particulier avec Mr Lynch. Le Bélier français. Ce ne fut pas particulièrement difficile de trouver des informations dans des livres et même des images, mais réussir une métamorphose parfaite m’a pris un temps fou. J’ai effectué un nombre d’essai affolant avant de réussir à avoir la bonne taille, les oreilles bien tombantes, la bosse sur le haut de la tête. Je suis passée par beaucoup de dessins pour parvenir à un résultat qui me satisfaisait. Et voilà, mon dernier essai pas plus tard qu'hier soir, dans mon dortoir, s'approchait absolument de la perfection - du moins la définition que j'en ai.

C'est ce soir que mes recherches sur le Bélier français et mes entraînements au sortilège Lapifors se concrétisent, alors que j'ai récemment eu beaucoup moins de temps pour m'entraîner avec l'arrivée de Galopin dans ma vie. Fort heureusement, ce sortilège je le maîtrisais déjà bien avant de commencer la formation. Il s'agit juste pour moi de perfectionner la visualisation du lapin.

J'entre dans la salle de métamorphose pour faire face à mon professeur. Bien qu'il soit là pour m'évaluer, je ne peux m'empêcher de ressentir de la sympathie pour lui. Le fait de travailler aussi fort pour la formation qu'il représente ne me fait pas le détester, loin de là, c'est de l'admiration qui pointe alors qu'il me demande de réaliser la métamorphose sur laquelle j'ai travaillé.

Il me présente un simple mouchoir et je dégaine ma baguette. Après un petit moment que je m'accorde pour me concentrer, calmer la pression qui monte en réalisant que la réussite de ce sortilège est un élément décisif dans ma formation, je commence la visualisation. Le mouchoir alors, dans ma tête, s'agrandit. Il grandit pour prendre la taille du Bélier français que je veux voir apparaître tout en s'enroulant sur lui-même pour prendre une consistance. Le mouchoir devient alors une chair rose qui s'arrondit progressivement pour former le dos arqué de l'animal, tout en se couvrant de poils gris. Une tête se forme alors à un bout du corps tandis que l'autre extrémité voit naître une petite queue touffue, tout près de la table, et que quatre pattes prennent forme. Sur la tête du Bélier français apparaissent deux yeux noirs de chaque côté, alors qu'un museau pousse pour donner à la tête sa forme lapine. Pour achever la métamorphose, de longues oreilles tombantes naissent progressivement de chaque côté de sa tête. Une petite bosse caractéristique sur le haut de son crâne achèvent de rendre la métamorphose parfaite.

« Lapifors ! »

Je prononce la formule tout en effectuant la gestuelle qui s'y rapporte. Le morceau de mouchoir, alors, se métamorphose pour devenir un véritable Bélier français.


***

Le vendredi 1er mars 2047,
Classe de Métamorphose,
En soirée



Après avoir travaillé avec acharnement sur la première métamorphose, Lapifors, je me suis lancée dans la deuxième sans prendre de repos. Je ne suis pas du genre à prendre du repos et, même si ma grand-mère me répète que c'est comme ça que l'on finit vieille à 50 ans, je ne compte pas en prendre. je crois que même si mes doigts saignaient à force d'écrire, je ne m'arrêterais pas de le faire. Ce soir, je vois se concrétiser deux autres mois de travail sur un nouveau sortilège de métamorphose, Draconifors. Ce sont des sortilèges que j'ai déjà étudié par le passé mais... cet exercice m'a demandé d'approfondir les choses. Alors j'ai travaillé, j'ai fait des recherches sur le dragon que l'on m'a demandé, j'ai raturé des tonnes de parchemins, j'ai fait des croquis, j'ai fait une centaine d'essais et aujourd'hui je suis prête.

Comme la première fois, je retrouve Lynch pour un cours particulier un soir de la semaine. Sauf que, contrairement à la dernière fois qu'il m'a donné un cours particulier, ce n'est pas lui qui va parler, m'enseigner, métamorphoser des objets pour que je les reproduise, et je ne vais pas non plus poser de questions, griffonner comme une acharnée pendant une heure. Non, cette fois je vais entrer, sortir ce mouchoir en papier (neuf) qui attend patiemment dans la poche de ma cape à côté de ma baguette, et effectuer ma métamorphose devant lui.

C'est un moment stressant, bien sûr, même si je sais que je maîtrise la métamorphose dont je vais faire la démonstration. Il y a toujours ce truc qui gargouille au fond de mon ventre et qui partira seulement lorsque j'aurais réussi l'exercice... Et si je ne le réussissais pas ?

Je chasse ses pensées de mon esprit et j'entre dans la pièce, je salue mon professeur comme j'en ai l'habitude puis je m'installe. Je pose le mouchoir en papier sur la table et me place bien en face de mon professeur de métamorphose. Sans plus le regarder, pour éviter de faire grossir le stress au creux de mon estomac, je sors ma baguette et je me prépare.

Avec une détermination à réussir l'exercice, et plus largement la formation, je me mets en condition. Les dragons, ce sont des animaux imposants, avec une force de caractère et une certaine dangerosité. C'est de détermination dont j'ai besoin pour animer un animal aussi puissant que celui-là. Et aujourd'hui, je vais métamorphose ce vulgaire mouchoir en papier en un Portugais à museau long, d'une taille réduite bien évidemment.

La visualisation commence (mon étape préférée et celle sur laquelle je passe presque autant de temps qu'aux recherches) dans mon esprit. A partir d'un mouchoir, c'est plus compliqué qu'avec une figurine (j'ai d'ailleurs réussi à en emprunter une pour les entraînements) mais je l'ai déjà fait plusieurs fois. Alors j'utilise la même méthode. D'après, je vois le mouchoir se referme sur lui-même pour former une boule qui représente le corps de l'animal. Cette boule de papier grossit et s'étend en même temps pour former une queue et un cou qui soutient une tête. Des pattes diformes poussent. Pour le moment, ce n'est que du tissu blanc mais, déjà, la métamorphose se fait à l'intérieur. Progressivement les fibres du mouchoir deviennent de la peau nue à l'intérieur de laquelle se mettent en place des os, des nerfs, du sang... tout ce qui le rend vivant. Bientôt, un dragon à la peau rose continue de grandir sous mes yeux (du moins dans ma tête) et sa tête se dessine pour former deux yeux noirs, un long museau et se couvrir de sa colerette représentative de l'espèce. La colerette pousse sur toute l'échine jusqu'à la queue, et, en passant sur son dos, déclenche la création de deux ailes majestueuses. Ce sont ensuite ses quatre pattes qui prennent forme définitive, des doigts poussent et des griffes au bout. Encore rose, sa peau se couvre progressivement d'écailles, alternant entre le vert et le jaune qui représentent si bien l'espèce.

« Draconifors ! »

Je dis en agitant ma baguette, une fois la visualisation complète, en pointant le mouchoir. Magiquement, le papier se transforme selon les étapes que j'ai imaginées (et que j'ai déjà réalisés dans mes entraînements passés). Un sourire apparaît en même temps qu'un dragon bien vivant, miniature, battant des ailes.


***

Le jeudi 30 mai 2047,
Classe de Métamorphose,
En soirée



Et voilà, ma quatrième année se termine bientôt et avec elle ma première année de formation. Mon ventre est de plus en plus serré au fur et à mesure que l'échéance se rapproche, je souffre de ne pas encore savoir si ma formation est reconduite pour l'année suivante. Je suis à la fois tellement contente d'avoir achevé cette première année et tellement frustrée de ne pas être certaine de pouvoir achever la formation, que ça fait un curieux mélange dans mes entrailles. J'ai passé une journée particulièrement difficile...

Mais si j'ai eu plus de difficulté que les dernières fois, je n'ai pas abandonné et j'ai même redoublé d'effort. Je crois que mes cernes aussi ont doublé, des nuits passées à réviser (aussi bien la formation que d'autres cours que j'ai fait passer après la formation)... du moins c'est ce qu'une camarade de dortoir m'a dit. Vous vous en doutez, sa remarque n'a pas été très bien reçue. Mais tout ce travail, et l'aide d'Aelle Bristyle, m'ont fait beaucoup grandir.

Aujourd'hui, ce soir, je vais pouvoir affirmer devant mon professeur de métamorphose qu'Avifors est mon sortilège signature et mon dernier sortilège de la formation. Le meilleur, je l'espère, après tout le travail abattu.

C'est avec une grande confiance en moi, et des cernes profondes, que j'entre dans cette salle de classe et que je retrouve mon professeur de métamorphose. Je ne sais pas ce que Lynch pense de moi, mais je dois bien avouer que je le vois comme un mentor. Parfois froid, souvent distant, il répond à mes questions sur un ton qui me plait. Je n'en demande jamais plus ! Je pose mes affaires après avoir salué le professeur puis je me prépare pour mon sortilège. Je ne peux pas le rater, je me suis bien trop entraînée pour ça, je sais quelle visualisation il me faut pour réussir, quel état d'esprit je dois avoir, quelle inclinaison pour la gestuelle et quelle intonation pour la formule. Je suis prête.

Alors, envahie d'un sentiment de bien-être, je me plonge dans la visualisation. Depuis qu'Aelle Bristyle m'a débloquée, c'est comme ça que je me sens quand je lance Avifors. Je regarde le mouchoir en papier étendu sur la table et je le vois se soulever. Il décolle du sol pour se refermer délicatement d'un bout à l'autre. Il forme bientôt un oval avec deux extrémités plus pointues. Progressivement, le vide entouré par le mouchoir en papier se rempli d'une colonne vertébrale, d'autres os, d'organes, de sang et se recouvre de chair. Le corps de l'oiseau maintenant en chair commence à grandir pour atteindre la tête que je souhaite. Deux pattes jaunes poussent en dessous, pour maintenir l'oiseau sur la table, et des ailes émergent du tronc pour venir se recourber sur le dos de l'animal. La queue se forme en même temps que les plumes poussent sur les ailes, grises, et sur le reste du corps, blanches. C'est sa tête qui se forme en dernier, pour former une tête arorndie et un bec jaune. Des yeux jaunes, relativement vides d'intelligence, achèvent de rendre l'animal vivant.

« Avifors ! »

Je lance le sortilège, ce sortilège que je connais si bien. La gestuelle est maîtrisée, le ton de ma voix l'est aussi, et je regarde la magie opérer sur le mouchoir. Bientôt, un goéland en chair et magie aparaît sur la table. Il a le même air débile que je lui ai imaginé. Tout de suite, il avance de quelques pas, comme pour montrer qu'il est bien vivant, et secoue ses ailes. Je prie pour qu'il ne se mette pas à brailler...

Magic Always Has a Price
6ème année

24 sept. 2023, 09:56
Animagus disciplina
Deuxième année de formation, cinquième année d'Adaline

I. Animalia Fera


Le vendredi 25 octobre 2047,
Après le repas,
Salle commune de Gryffondor,



Si l'ambiance est à la fête, ce n'est pas mon cas. Je suis penchée sur un bureau, le nez dans des livres et les mains dans des parchemins.

Depuis que j'ai été acceptée pour cette deuxième année de formation Animagus, et que mon professeur m'a donné la liste des animaux sauvages à étudier cette année, je n'ai pas arrêter de travailler. Pour le mois d'octobre et probablement celui de novembre aussi, j'ai décidé de dédier deux soirées par semaine à l'étude des cervidés, soit des biches et des cerfs. Ils font partie de la liste et si je doute assez de prendre cette forme, je n'en ai pour le moment aucune idée précise. Alors j'étudie autant que je le peux.

J'ai emprunté à la bibliothèque plusieurs livres qui détaillent aussi bien les habitudes alimentaires et sociales que l'anatomie de différents cervidés. Je me concentre d'abord sur le cerf, en faisant des croquis pour mémoriser son anatomie ou en recopiant les informations qui me semblent plus importantes que les autres. C'est sur le cerf élaphe que je trouve d'abord des informations, une espèce commune de cerfs que l'on peut retrouver dans de nombreuses forêts d'Europe. Je n'en ai jamais vu, mais il paraît qu'il y en a dans la région.

Il y a beaucoup de sous-espèces, dont je note le nom scientifique sur un morceau de parchemin, à côté des informations principales. Le poids maximal, 300 kilos, la taille maximale au garot, 1m50, la longueur maximale, 2m60, la taille de la queue, la taille des bois, le nombre de doigt sur leurs sabots, la diversité des couleurs du pelage, la composition des hardes. C'est ce soir que je commence à noter les informations sur la vie en société de ces animaux. J'en apprends beaucoup sur leur mode...

« Qu'est-ce que tu faaais ? »

Me demande subitement mon cousin, avec une voix traînante. Je me retourne tout aussi subitement pour découvrir qu'il est penché sur mon épaule, en manquant de cogner ma tête contre la sienne. Je lui adresse un regard noir, parce qu'il m'a fait faire une tâche sur un parchemin soigné.

« Je révise pour ma formation Animagus.
- Et t'en as pas marre ?
- Ça fait un mois que j'ai commencé la deuxième année. Bien sûr que non.
- Et cet animal, c'est un cerf c'est ça ?
- Oui. Tu savais que les hardes de cerfs sont martiacales ?
- Et ça veut dire quoi déjà, matriarcal ?
- Ça veut dire que c'est une biche qui est à la tête du groupe. Le noyau est même constitué d'une biche, du premier petit de l'année et du premier petit de l'année passée. »

Il me regarde avec une tête bizarre, avant de hocher la tête puis de me souhaiter bonne nuit. Le soleil est déjà couché depuis un moment, mais je n'ai pas vu le temps passer. Je décide de continuer à étudier encore un peu, à la lumière d'une lampe de travail un peu flaiblarde, avant d'aller me coucher à mon tour.

Dans mon lit, je n'arrête pas de penser à mes recherches. Je me revois en train de faire des croquis des empreintes des différents cervidés, de la forme de leurs sabots ou de leur bois. Il me reste encore des choses à apprendre sur ces animaux et même si je doute toujours, après une soirée de recherche, d'en devenir un le jour où ma forme animale se révèlera, je suis fort excitée par la suite.

Je prends aussi un moment pour réfléchir à l'animal que j'étudierais ensuite. Dans la liste du professeur Dawson, je pense que je vais choisir le renard. C'est un animal duquel je me sens plus proche, et je sais qu'il existe quelques races différentes, qu'il faudra dessiner la forme de leurs empreintes, mais aussi tout apprendre sur leur fonctionnement social. Et c'est probablement ce qui m'intéresse le plus, peu importe l'animal. Je m'endors en songeant à mes recherches et à toutes celles que je pourrais faire cette année.
Dernière modification par Adaline Macbeth le 30 sept. 2023, 19:41, modifié 1 fois.

Magic Always Has a Price
6ème année

24 sept. 2023, 17:09
Animagus disciplina
II. Turcia diem


Le samedi 25 janvier 2048,
Dans l'après-midi,
Tables de travail dans le parc,



Sur la grande table ronde, que le professeur Dawson met à disposition des élèves, une dinde gloussante est installée sur son derrière. On ne dirait pas que, quelques monutes plus tôt, j'étais en train de déplacer la dinde de l'enclos de laquelle le professeur l'a sortie pour me la mettre dans les bras. Dans un concert de gloussement, quelques griffures sur ma robe de sorcier et une envolée de plume, j'ai réussi à poser la dinde sur la table.

Je la regarde d'un oeil circonspect en me tenant à distance. Ce n'est pas la première fois que je vois cette dinde, que j'ai l'impression de reconnaître, car cela fait plusieurs week-end que je l'emprunte à mon professeur de soins aux créatures magiques pour m'entraîner à lancer le sortilège de métamorphose inter-espèces que je dois apprendre à maîtriser cette année. Et c'est plus dur que prévu.

J'ai fait tous mes devoirs pour la semaine, en me levant excessivement tôt, j'ai même eu le temps de méditer après le repas, et me voilà pour terminer ma journée en m'entraînant à ce sortilège essentiel pour réussir ma deuxième année d'apprentissage.

Et me voilà face à cette dinde pour un énième entraînement. Depuis septembre, je prends soin de m'entraîner une fois par semaine à lancer ce sortilège sur cette dinde ou sur un cochon d'inde - toujours fournit par l'un de mes professeurs. Parfois ce n'est qu'une heure, et de plus souvent c'est toute une après-midi. Je me rends compte, à cet instant précis, que la semaine comprend trop peu d'heure pour toutes mes ambitions. Si bien que je laisse progressivement tomber l'apprentissage du Gobelbabil et certaines autres matières comme l'Histoire de la Magie.

Les yeux fixés sur la dinde, je sors ma baguette. Aujourd'hui, avec le froid qu'il fait dehors, je ne risque pas d'être dérangée. Même un samedi après-midi, rare sont ceux qui sont assez fous pour s'aventurer dehors. Sous ma robe de sorcier, une gros pull et un pantalon épais. Sur cette dernière, une cape chaude. Autour de mon cou, ma plus épaisse écharpe. Et cela n'empêche pas le froid de rougir le bout de mon nez, qui se met déjà à couler.

Sans plus penser aux conditions météorologiques, je me concentre sur l'exercice. Transformer une dinde en cochon d'inde, ça n'a pas l'air si difficile. Mais le fait que la dinde soit vivante change complètement l'exercice - transformer un caillou en dinde est bien plus facile pour moi. Pour le moment, je n'ai pas eu de résultats satisfaisant. Une métamorphose incomplète, une métamorphose instable ou encore une métamorphose trop temporaire. Voilà tout ce que j'ai réussi à obtenir. Mais les mois passent et je commence à ressentir l'urgence de réussir l'exercice.

Je compte bien dédier toute mon après-midi à réussir ce sortilège.

Après une grande inspiration, je lève ma baguette pour la pointer sur l'animal. C'est probablement à cause du froid qu'elle reste mittonée sur ses pattes frêles, mais au moins elle ne bouge pas. Plus tôt dans l'année, j'avais du mal à la garder immobile, si bien que je devais l'immobiliser avec la magie. Cette fois, je peux me concentrer sur le sortilège. Je calme ma respiration, comme la méditation me l'a appris, et puis je commence la visualisation. Dans mon esprit, la dinde rétrécit pour atteindre la taille d'un cochon d'inde. Elle perd ensuite ses plumes pour découvrir un corps en train de changer lui aussi, qui devient longiline alors que ses pattes rétrécissent pour ne faire plus qu'un centimètre ou deux. Sa tête se fond bientôt avec son corps et son bec devient un petit museau. Des oreilles poussent de chaque côté de sa tête alors que ses yeux prennent une autre forme - celle des yeux de rongeurs. Des poils finissent finalement par pousser recouvrir le corps du cochon d'inde. Un cochon d'inde marron, avec des petites tâches blanches par endroit.

« Dindedandine ! »

Prononcé-je en agitant ma baguette. Cette formule, cette fichue formule, m'a par plusieurs fois posé problème ! En plus d'être un sort particulièrement difficile à maîtriser à la perfection, la formule est difficile à prononcer. J'ai souvent été soulagée de ne voir personne autour de moi pour la prononcer, cette formule, tant j'ai bégayé. Mais aujourd'hui, après tout mon entraînement, j'ai réussi à la dire clairement.

Je me félicite de voir la créature se métamorphoser.

Bientôt, c'est un cochon d'inde qui s'agite sur la table. Celui que j'avais visualisé. Il est là, sous mes yeux, et je ne peux pas m'empêcher de sourire devant ma réussite. Il m'aura fallu plusieurs mois pour le maîtriser, ce sortilège ! Et, en regardant l'animal de plus près, j'ai probablement encore des progrès à faire sur les proportions. Et puis... Il faut que je réussisse la métamorphose inverse !

C'est sur ça que je vais passer le reste de l'après-midi, pensé-je en commençant la visualisation.

Magic Always Has a Price
6ème année

30 sept. 2023, 20:42
Animagus disciplina
III. Meditativus


Le lundi 30 septembre 2047,
En fin d 'après-midi,
Dortoirs



Faisant fi de tout ce qui se trouve autour de moi, je suis penchée sur mon parchemin. J'ai investi une des tables qui se trouvent dans les dortoirs des filles avec ma plume et mon encrier, ainsi qu'un large parchemin pour l'instant vierge. Dans ma tête, les pensées fusent, mais je n'ai pas encore attrapé ma plume - je n'ai pas envie de faire des râtures avant de savoir exactement ce que je veux écrire.

Ce qui me mets dans cet état ? Le hibou que j'ai reçu ce matin, pour m'indiquer que je suis retenue pour continuer la formation. Je dois bien avouer que je n'avais vu aucune autre issue, aussi fort ai-je essayé de l'imaginer. Mais la joie qui m'a emplit toute la journée est incomparable. Avec la joie vient aussi la peur de ne pas être à la hauteur. Mais, oh non, ce ne sont pas le smétamorphoses inter-espèces bien plus compliquées ou les recherches sur des animaux sauvages qui m'effraient. C'est la méditation et le sport. Tout ça m'est étranger.

Alors oui, je dois bien avouer que j'ai déjà vu ma grand-mère en train de méditer dans le jardin ou dans son salon de divination, mais ce n'est pas un moment durant lequel je la dérangeais. Elle m'a aussi, quelques fois, parlé de sa pratique de la méditation. Je n'ai jamais écouté. Et aujourd'hui, eh bien, je le regrette un peu.

C'est pour cela qu'un parchemin est étendu devant moi et que ma plume est prête à écrire ce que je voudrais bien coucher sur le papier. Un hibou à ma grand-mère, voilà ce que je me prépare à écrire. Alors, sans plus de cérémonie, je me lance.

Grand-mère,

Je t'écris pour t'annoncer que je continue la formation Animagus. J'ai reçu ce matin la lettre d'acceptation et les consignes pour cette deuxième année de formation. Cette année, je vais étudier les animaux sauvages, commes les cervidés, le renard ou la loutre. Je t'enverrai, si ça t'intéresse, mes croquis et mes recherches. Je vais également avoir l'occasion d'observer des animaux sauvages, le professeur Dawson a prévu trois sorties. En métamorphose, je vais travailler plus dur sur les métamorphoses inter-espèces, comme Dindedandine par exemple.

Mais il y a autre chose. Je vais aussi devoir faire du sport, régulièrement. Pour le moment, je ne sais pas ce que je vais bien pouvoir faire, mais je vais y réfléchir. C'est pour que mon rythme cardiaque s'améliore et se rapproche de l'animal que je pourrais devenir.

Il faut aussi je fasse des exercices de méditation. Tu vas sûrement te dire que j'aurais du écouter quand tu me parlais de ta pratique de la méditation, mais aujourd'hui j'ai bien besoin de tes conseils. Je dois travailler sur la résonance cardiaque.

As-tu des conseils ou des livres à m'envoyer pour que je commence à pratiquer ?

Merci.

J'espère que tu vas bien,
Adaline

Une fois ma lettre achevée, je dépose ma plume et j'attends quelques instants que l'encre sèche. Je plie le parchemin pour le glisser dans une enveloppe et écrire le nom de ma grand-mère ainsi que son adresse. Dans la foulée, je me dépêche de monter à la volière. J'attrape un hibou, que je caresse sous le cou, avant de redescendre.


***

Le samedi 5 octobre 2047,
Tôt dans la matinée,
Salle d'études



J'ai reçu hier matin le hibou de ma grand-mère. Ce qui ne m'a pas empêché d'aller fouiller les rayons de la bibliothèque. Me diriger vers le rayon Littérature sorcière et moldue devant tous les autres sorciers attablés m'a fait comme un pincement au coeur. Mais je sais pourquoi je le fais, ce n'est pas pour trouver un roman à l'eau de rose, non, c'est pour devenir Animagus. J'ai parcour le rayon du regard comme avec n'importe quel rayon, ignorant si je trouverais des ouvrages qui traitent de la méditation ou encore de la cohérence cardiaque. Mais j'en ai déniché un. L'art de la méditation.

Le hibou de ma grand-mère est arrivé avec un paquet. Dedans, deux livres. L'un sur la méditation en tant que pratique et l'autre sur la résonance cardiaque. Me voilà donc avec trois ouvrages sur la méditation, empruntés, deux écrits par des moldus et l'un par une sorcière.

J'ai donc passé toute ma soirée, hier, à lire et relire le hibou de ma grand-mère ainsi que les lignes qu'elle a indiqué avec une petite note entre les pages. La première étape, m'a-t-elle écrit, c'est de te concentrer sur ta respiration. Cela va te prendre du temps, avant de ressentir véritablement les mouvements de l'air quand tu inspires et quand tu expires. Mais il faut maîtriser cette pratique avant de pouvoir passer à l'étape suivante. Je te parlerai des prochaines étapes dans quelques mois, m'a-t-elle écrit. Et lire ça m'a presque découragée.

Mais je n'ai pas cédé, et ce matin je me suis levée tôt pour trouver une salle d'étude vide et coller magiquement un parchemin Réservé dessus.

Je me suis assise par terre, contre le mur sous les grandes fenêtres, en tailleur. Et j'ai commencé à méditer. Très vite, j'ai trouvé le temps long. Dans ma tête, des tas de pensées ne cessent de venir et je ne parviens pas à les en empêcher. En essayant de revenir à ma respiration, je pense aller concentre-toi. D'autres pensées me répondent. Je pense à ce que je pourrais faire au lieu d'être assise là, je pense aux devoirs que je dois rédiger, je pense au nouveau sortilège que j'ai appris cette semaine et je prévois quand je vais m'y entraîner. Toutes ces pensées sur mon quotidien ne veulent pas me quitter et elles suplantent mes respirations que je n'arrive plus à entendre.

Je ne sais pas combien de temps ça dure, probablement trop peu, avant que j'ouvre à nouveau les yeux en soupirant. Alors c'est ça méditer ? Rester immobile et respirer assez fort pour l'entendre dans ma tête ?

Je n'y arrive pas, pensé-je en attrapant mon sac par la lanière pour le traîner jusqu'à moi. Mais s'il y a bien un truc que je sais faire, c'est lire. Alors je décide de ne pas sortir de cette pièce avant d'avoir lu les trois ouvrages.


***

Le mercredi 9 octobre 2047,
Dans la matinée,
Salle d'études



Je suis de retour dans la même salle d'études. Entrer ici me donne un goût amer dans la bouche, parce que cette pièce a été synonyme d'échec. Et, alors que j'avais l'impression de sortir la tête de l'eau, j'ai le sentiment de me noyer à nouveau dans les échecs. Mais j'ai lu ces trois livres, plusieurs fois, et aujourd'hui je suis prête à réessayer.

Une nouvelle fois, je pose mon sac par terre et je m'assied contre le mur. Pas le même mur, pour des questions de symbolique, et je laisse ma tête aller en rassemblant mes jambes en tailleur.

Ma respiration, c'est sur ma respiration que je dois d'abord me concentrer. Alors je ferme les yeux. J'ai lu sur la résonances cardiaques et je sais à quelle fréquence je dois inspirer et respirer pour réaliser correctement les exercices. Je dois inspirer profondément pendant 5 secondes, puis expirer pendant 5 secondes, de manière continue et sans bloquer ma respiration. 6 fois par minute. Pendant 5 minutes. 3 fois par jour. Voilà ce que j'ai lu. Cette fois, au moins, je sais avec quoi occuper ma tête.

Je commence par inspirer de tous mes poumons tout en comptant dans ma tête. Les cinq secondes me paraissent longues, très longues, et j'ai l'impression que mes poumons vont se décoller quand enfin je commence à expirer. Ma poitrine se vide complètement de son air et je dois même puiser dans mes ressources pour atteindre les cinq secondes. Mais c'est pas le ventre que je dois respirer ! Pensé-je soudain en me rappelant les lignes que j'ai lues hier. Je dois gonfler et dégonfler mon ventre à chaque respiration.

Je recommence à zéro. Je prends une première inspiration en faisant gonfler mon ventre, une main dessus, et je compte jusqu'à cinq. Je dégonfle ensuite mon ventre pendant cinq autres secondes. Et c'est douloureux. Mon visage se crispe à chaque fois que j'atteins trois secondes, en inspirant aussi bien qu'en expirant, mais je tiens bon. Je continue le rituel jusqu'à terminer la cinquième minute.

Essoufflée, je prends un moment pour m'en remettre.

Mais ce n'est pas fini, je dois rester pour méditer. Cette fois, pas besoin d'agir sur ma respiration, je dois la laisser faire naturellement. Il faut que je ferme les yeux, ce que je fais, et que je me mette à respirer consciemment. Alors je me plie à l'exercice, ma respiration est d'abord essouflée, contrôlée à l'excès et mes pensées désordonnées. Mais je n'abandonne pas. Chaque fois que des pensées se forment, je les chasse en revenant à ma respiration.

En quittant la salle d'études, après une heure de méditation, je ne crois pas avoir réussi. Mais au moins, je n'ai pas abandonné. Je reviendrais samedi, pensé-je, et tous les matins, tous les midis et tous les soirs, je respirerais cinq minutes même s'il faut que je me déchire les poumons.

***

Le samedi 16 novembre 2047,
Tôt dans la matinée,
Salle d'études



C'est devenu un rituel. Tous les samedis, je viens dans la même salle d'étude à la même heure - avant le petit-déjeuner.

Je commence par la résonance cardiaque en respirant au rythme qui m'est imposé. L'exercice est devenu moins dur, au fil des moins, et cela m'aide pour la course à pied. J'ai décidé que ce serait la course à pied, et j'ai prévu d'aller trottiner sur le terrain d'entraînement juste après. Même si ça ne fait pas longtemps que j'ai commencé, une semaine, et que je ne suis pas douée du tout.

En me laissant tomber contre le mur, je pense au mois qui vient de passer. Les exercices de respiration demandent une rigueur folle et j'ai beau être habituée à travailler dur, ce n'est jamais sur mon propre corps ou mes pensées que j'ai du travailler. Maintenant, je me retrouve seule avec moi et mes pensées très souvent. Je me lance dans l'exercice, mon ventre me fait encore mal, la dernière seconde est difficile, mais ça l'est chaque jour un peu moins. Et au moins, je ne pense pas, je me contente de compter.

Parce que l'heure qui suit est plus difficile. Je suis toujours à la même étape, j'essaie d'ordonner mes pensées pour les concentrer sur ma respiration, j'essaie de faire fi de ce qui se passe dans ma tête pour me concentrer sur ce qui se passe autour de moi et à l'intérieur de moi. Mais c'est difficile. Encore plus quand je me suis emportée la veille et que la scène repasse en boucle. En tentant de me concentrer sur l'air qui entre et l'air qui sort, je ne réussis qu'à intensifier les pensées sous-jacentes et les visions. Sans avoir besoin de formuler mes pensées, je les vois et je n'arrive pas à m'en défaire.

Je dois ouvrir les yeux pour les chasser. Saleté de gosse, pensé-je en repensant à Ezra Waite. Je secoue la tête pour reposer mes mains sur mes jambes croisées et je me replonge dans la méditation.


***

Le samedi 11 janvier,
Tôt dans la matinée,
Salle d'études



Me retrouver dans cette salle d'études et m'asseoir contre le même mur est devenu un rituel. C'est même un moment que j'attends toute la semaine, m'autorisant parfois à méditer dans la semaine, bien que je ne suis toujours pas une fana des respirations contrôlées. Mais je m'y tiens. Ma vie est rythmée par la course à pied, sport que je commence à maîtriser, la méditation et la cohérence cardiaque.

Aujourd'hui, je me concentre encore et toujours sur ma respiration.

Mais, alors que je termine les cinq minutes de respirations contrôlées et que je commence à méditer, je réalise que ma respiration se fait plus aisée. Je n'ai pas eu mal, nulle part, en inspirant pendant cinq secondes ou expirant pendant cinq autres.

Je commence tout de suite la méditation en laissant l'air entrer et sortir à sa guise. Tout est fluide. Je ressens chaque particule d'air qui entre et chaque particule d'air que je laisse sortir. Mes pensées ne me parasitent pas, elles existent mais je les laisse simplement couler. C'est le moment présent qui importe plus que tout ce qui peut se passer dans ma tête. C'est l'air qui entre et qui sort sur lequel je me concentre toute entière et je me mets à ressentir jusque dans mes poumons le bien que cela me fait.

Au bout d'une heure, qui aurait pu en être deux ou trois, j'ouvre les yeux et je souris.

Ce soir, j'écrirai à ma grand-mère pour lui dire que je suis prête à passer à l'étape suivante.


***

Le samedi 8 février 2048,
En fin de matinée,
Salle d'études



C'est le coeur gros que j'entre dans la salle d'études et que je me laisse tomber contre le mur. Pas d'écriteau aujourd'hui, pas de peur d'être déouverte ici en train de méditer, pas d'angoisse d'échouer. Il n'y a que mon coeur gros et mes milles pensées.

Est-ce que la méditation me fera du bien ?

Mais je dois bien essayer. Mes yeux sont rouges et mes joues sèches d'avoir tant pleuré, mais je ferme mes paupières et ramène mes jambes en tailleur.

Cette fois, aujourd'hui, je fais tous les efforts du monde pour me concentrer sur l'étape suivante. Tu dois prendre conscience de ton corps, a écrit ma grand-mère. J'ai eu moins de mal à me mettre à penser à chacun de mes membres mais je n'ai pas réussi à me connecter avec toutes les sensations de mon corps. Penser à ma respiration, au bout de plusieurs mois à essayer, est devenu facile. mais penser à mes orteils, mes jambes, mes bras ou mes organes est bien moins évident. Sauf quand j'ai mes règles et que je sens mon ventre se tordre là en bas.

Mais j'essaie de toutes mes forces aujourd'hui. Alors que j'ai la tête pleine d'interrogations et de doutes, et que mon coeur déborde de tristesse, je crois que je réussi l'exercice mieux que jamais. Je me mets à ressentir mes mains abimées par le sable dans lequel je les ai frottées, je ressens mes jambes qui m'ont portées frénétiquement jusque dans la parc et la douleur qu'elles me communiquent, je ressens mon dos qui souffre de se tenir droit alors qu'il a été arqué quand je pleurais repliée sur moi-même.

Et progressivement, tout s'apaise.

C'est une sensation difficile à définir mais le fait de m'ouvrir à mon propre corps apaise ma tête et mon coeur. Je me concentre sur les douleurs physiques et les gênes que j'ai un peu partout pour ne plus penser à rien d'autre qu'à l'instant présent.

Désormais, à chaque fois que je méditerai, je sais ce que je dois viser.

Magic Always Has a Price
6ème année

04 avr. 2024, 19:49
Animagus disciplina
Troisième année de formation, sixième année d'Adaline

I. Quis sum


Du 6 octobre au 21 novembre 2048,
Dans tout un tas d’endroit mais surtout dans sa tête



Depuis que j’ai reçu la lettre d’acceptation pour la formation Animagus, je n’ai eu de cesse de me torturer l’esprit. La première étape, c’est de faire un bilan sur ce que je suis vraiment.

La première semaine, j’ai cru que ce serait facile. Remplie d’un enthousiasme visiblement contagieux, j’ai vraiment et sincèrement pensé que ce serait facile. Je suis allée courir et je me suis dit qu’il ne me faudrait pas plus qu’une heure d’introspection et une autre heure de retranscription pour savoir ce que je suis. Parce que moi, toute en égo, je pensais que j’avais déjà fait ce travail.

Je suis allée chercher les notes que j’avais prise pour la Bradypomagie, au fin fond de ma malle, et je les aies relues. En reposant les yeux sur ces mots, qui n’étaient pas tous lisibles d’ailleurs, je me suis rendue compte que ça ne serait pas si facile. Il ne me faudrait pas seulement une semaine, comme j’ai eu la bêtise de le penser, il m’en faudrait plusieurs.

Alors j’ai commencé à réfléchir, le soir avant de me coucher, le matin en prenant mon petit-déjeuner, dans les couloirs en allant d’un endroit à un autre, en courant et en méditant. Je réfléchissais partout, tout le temps, avec pour objectifs de dresser une liste honnête et fidèle d’adjectifs pour me caractériser. Mais je ne voulais pas trouver simplement des mots à coucher sur le papier, je voulais trouver des adjectifs qualificatifs qui me qualifierait profondément, je voulais que ces mots résonnent en moi avant de m’autoriser à les écrire. J’ai raturé beaucoup de mots, j’en ai écris beaucoup d’autres, pour chercher comment me définir.

La plupart de mes phrases ont commencé par Je suis une fille qui au début. Et puis, au fur et à mesure des choses que je mettais derrière, j’ai effacé le mot fille pour le remplacer par personne. En continuant d’écrire des idées, qui me demandaient à chaque mouvement de plume de mettre de côté mon ego, mes doutes et la crainte que quelqu’un lise ça un jour, les phrases commençaient toutes différemment. J’aime travailler sans relâche, c’est aussi parce que je suis quelqu’un qui n’abandonne pas, mais si je peux travailler autant sans abandonner c’est parce que je suis résistante. Voilà une phrase que j’ai écrite par exemple.

Je me suis demandée ce que les gens pensaient de moi. J’ai écrit une lettre à ma grand-mère en lui exposant l’exercice auquel je me soumettais, en lui demandant de me parler de moi. Sa réponse ne m’a pas beaucoup plu mais elle m’a beaucoup aidé. Tu sais ce que tu es, tu as juste besoin de te poser la question. Alors je me la suis posée, cette question, encore et encore jusqu’à me la demander vraiment. Je ne peux pas dire que j’ai su comme si c’était une illumination divine ou comme si c’était écrit dans le ciel, mais j’ai commencé à en avoir l’intuition. C’est en faisant la liste de mes passions et de mes aspirations, qui s’alimentent, que j’ai compris. Je suis passionnée par la métamorphose, la matière et tout les changements qui s’opèrent autour d’elle. Et cette passion me donne envie d’être chercheuse. Mais j’ai aussi envie de transmettre, et je me demande de plus en plus souvent ce que ce serait de devenir professeure de métamorphose. Dans les deux cas, je le sais, je le sens, je le suis, je suis faite pour créer.

Lorsque j’ai demandé son avis à mon cousin Owen, la première chose qu’il m’a dite c’est : tu es très protectrice. Sur le coup, je lui ai rit au nez. Mais en l’écrivant dans le coin d’un parchemin et surtout en réfléchissant à ce que ça implique, j’ai commencé à accepter l’idée. C’est vrai que je suis protectrice, je l’ai toujours été avec Jane et c’est probablement le premier argument que me sortirait Cinead Reid si je lui posais la question. Je le suis tous les jours avec Owen, et je l’ai particulièrement été quand j’ai menacé Ezra Waite avec ma baguette, lui aussi pourrait témoigner de cette aspect de ma personnalité. C’est probablement parce que ma valeur la plus forte est la loyauté. Je ne comprends pas que l’on puisse trahir des promesses tout comme je ne comprends pas qu’on puisse laisser quelqu’un qu’on aime se faire attaquer. Alors je suis comme ça, je protège les gens que j’aime.

Pendant tout le travail que je fais sur moi, pendant tous ces moments passés à penser ou à écrire sur des parchemins volants ou dans un de mes carnets, j’essaie de rester objective. J’essaie aussi et surtout de ne pas penser à ma forme animale - surtout à celle que j’aimerais prendre. J’essaie de me sortir de la tête les plumes et les serres pour me concentrer sur ce que je suis en tant qu’humaine. Parce qu’il existe un monde, même plusieurs, dans lequel je ne deviens pas une Animagus oiseau. Et plus j’écris, plus je réfléchis, plus j’accepte cette idée.

Pour le moment, j’accepte que je ne sais pas.

Tout ce que je sais, c’est que je suis. Le fil de mes pensées guide ma main alors que je pose ma plume sur le parchemin. Je suis protectrice envers les gens que j’aime, parce que je suis loyale et fidèle. Je suis intelligente et créatrice, je me donne les moyens de réussir parce que j’aime apprendre et exceller. Je sais aussi m’adapter dans toutes les situations, probablement parce que j’ai envie qu’on m’aime. Je suis résistante à toutes les épreuves et je suis capable de garder le cap malgré la fatigue, pour atteindre mes objectifs. Je suis discrète, je préfère me fondre dans la masse, sauf quand il s’agit d’avoir les meilleures notes, je n’aime pas qu’on me remarque.

Et, alors que je relis les mots que j’ai écrit un peu plus tôt, je sais que le travail est terminé.

J’ai passé tout le mois d’octobre à me torturer les méninges, et je n’ai pu aboutir le travail qu’aujourd’hui. Ce samedi 21 novembre 2048 marque la fin de mon introspection. J’ai traversé la tempête qui m’a secoué, cette tempête jaune du nom de Chems Daley et toutes les mauvaises pensées qu’elle a fait tourbillonner dans ma tête, et me voilà. Prête à frapper à la porte de Miss Crane pour lui annoncer que je suis prête à commencer.

Magic Always Has a Price
6ème année

04 avr. 2024, 23:04
Animagus disciplina
II. Cedrinum

Cet écrit relate quelques séances de méditation guidée. Dans le cadre de la formation Animagus, Adaline a des séances de méditation guidée avec ses deux professeurs, Miss Crane en métamorphose et Mister Dawson en soin aux créatures magiques. Pendant 6 semaines, elle apprend à avoir conscience d'elle, de son corps, de ses organes. Ces séances s'étendent du 21 novembre au 20 décembre 2048, puis du 4 janvier au 16 janvier 2049, tous les samedis.

Le samedi 21 novembre 2048,
Bureau de Miss Crane,



Il me semble que Miss Crane attendait ma venue, quand j'ai frappé à sa porte un peu plus tôt. Elle m'a accueillie et m'a annoncé que nous pouvions commencer la première séance de méditation guidée aujourd'hui. Elle m'a parlé des objectifs et des méthodes que nous allions utiliser - et j'ai acquiescé. J'ai déjà participé à une séance de méditation guidée, mais cela fait plusieurs mois maintenant que je ne me suis pas retrouvée dans un état méditatif sous les feux d'un regard extérieur. Mais, en m'installant dans un des fauteuils que Miss Crane m'indique, je n'ai pas d'appréhension au fond du ventre, simplement une hâte excitée.

La pièce est plongée dans l'obscurité et, avant de commencer, la professeure de métamorphose allume une encens. Du cèdre, une odeur que j'avais oublié mais qui me semble tout de suite familière. L'encens de bois brûle doucement et sa fumée se répand tout autour de la professeure et moi. Elle dispose aussi des cristaux, sur la petite table ou sur l'accoudoir de mon fauteuil. Du jaspe pour l'ancrage, une pierre rouge aux contrastes marqués que je regarde avec attention, et des améthystes pour la méditation, des pierres que je connais bien et que ma grand-mère pose un peu partout dans sa maison.

Dans cet environnement, qui me paraît très vite familier, je suis prête à me détendre.

La méditation guidée commence, assise dans le fauteuil, les pieds sans le sol, les mains sur les genoux, je ferme les yeux. La voix de ma professeure me guide, elle m'invite à détendre chacun de mes muscles, puis elle commence le travail avec l'environnement. Je prends conscience de ce qui m'entoure et qui interagit avec moi, en commençant par l'odeur de l'encens, la sensation du fauteuil contre mon dos et mes jambes, l'air qui entre et qui ressort.

Pendant cette séance, toujours guidée par la voix de ma professeure pour explorer mon environnement le plus proche, je me laisse aller complètement. Probablement parce que je suis soulagée d'avoir achevé le long travail que j'ai fait sur moi-même, ou que je suis fatiguée d'avoir tant pensé et tant pleuré ces dernières semaines. Mais je me laisse aller et ça me fait du bien. Mes pensées sont toutes occupées à écouter la voix de Miss Crane m'emmener dans une exploration à la fois superficielle car elle ne concerne pas mon moi profond, et à la fois intense car elle me pousse à ressentir ce que je ne prends pas le temps de sentir au quotidien. La sensation de l'air sur ma peau, le bruit du cuir sous mes fesses, le crépitement de l'encens qui se consume, le chant du vent au dehors.

En quittant le bureau de Miss Crane, une heure plus tard, je le remercie vivement. L'état dans lequel je me trouve est difficilement comparable avec ce que j'ai connu, la méditation est profonde et j'ai la sensation me réveiller d'une longue sieste. Je retourne, tout en discrétion, jusqu'en salle commune pour assimiler tout ce qui vient de se passer, les yeux alourdis et les membres engourdis.


***

Le samedi 5 décembre 2048,
Bureau de Mister Dawson,



Lors de la dernière séance de méditation guidée, j'ai été à nouveau amenée à prendre conscience de moi dans mon environnement. C'est Mister Dawson qui a assuré la séance et qui a jugé que j'étais prête à passer à l'étape suivante de la méditation. Chaque fois, les séances seront de plus en plus denses et exploreront de plus en plus profond mon moi intérieur.

Alors je retrouve mon professeur, après avoir traversé le parc emmitouflée dans une écharpe, dans son bureau. Il est aménagé pour accueillir la séance, la baie vitrée se teinte pour ne laisser passer qu'une lumière tamisée, et un fauteuil confortable m'attend là.

Le professeur Dawson installe les éléments autour de moi, les pierres, jaspe et améthyste se mêlent pour optimiser la séance. Il allume avec sa baguette une écorce de cèdre, qui devrait brûler pendant une heure, dans un bol qui contiendra la chaleur et diffusera l'odeur. Cette odeur, je peux la sentir dans mes cheveux pendant des jours après une méditation, et chaque fois elle me rappelle que je me rapproche de mon objectif. Mais aujourd'hui, je suis là pour explorer.

Installée, je ferme les yeux et je me concentre sur la voix de mon professeur.

La voix du professeur Dawson a un grain très différent de celle de Miss Crane, en plus d'être plus grave, elle a quelque chose de plus profond. Je ressens la différence lorsque j'abandonne mes pensées pour ne me concentrer que sur sa voix et sur les parties de mon corps qu'il me demande de visualiser. Les mots me guident pour ressentir mon environnement, laisser entrer l'air chargé de cèdre, accueillir les énergies des pierres. Et puis, de nouveaux éléments apparaissent dans la méditation. Je dois visualiser et ressentir chacun de mes membres, en commençant par mes pieds et leur contact avec le sol, pour remonter dans chaque articulation et les ressentir vraiment.

Je me laisse aller complètement et bientôt, je suis incapable de penser, je ne suis plus que ressenti.

Je sens, je ressens, mes mains contre le cuir, mes chevilles dans l'air, ma tête contre le fauteuil, le mouvement de mes respirations. J'ai les yeux fermés mais c'est comme si je voyais. Ce ne sont pas des images, c'est bien plus que ça, c'est mon corps qui voit.

La méditation s'arrête et ça me paraît très brusque. Ouvrir les yeux me choque et me déconnecte de cet état de méditation profonde dans lequel j'étais plongée tout entière. Le professeur Dawson le remarque probablement puisqu'il me propose un thé pour reprendre mes esprits, que j'accepte - voyant une occasion de partager mes ressentis.


***

Le samedi 16 janvier 2049,
Bureau de Miss Crane,



Les séances de méditation guidée ont continué pendant tous le mois de décembre. Et je dois dire que, pendant les vacances d'hiver, elles m'ont manqué. Dès la rentrée, j'ai retrouvé les séances et l'état de profonde méditation dans lequel elles me plongent. Au fur et à mesure des séances, en plus de prendre conscience de l'environnement et de mon corps, la voix de mes professeurs me guident jusque dans mes propres entrailles, pour ressentir mes organes. La semaine dernière, j'ai ressenti très nettement mes poumons s'ouvrir et se fermer.

En me rendant dans le bureau de Miss Crane, j'ai hâte de replonger dans cet état de transe.

Comme d'habitude, la séance commence par l'allumage de l'écorce de cèdre (parfois c'est de l'encens) et la disposition des pierres précieuses de part et d'autre de la pièce. La lumière se tamise et je m'installe aussi confortablement que possible, les bras le long du corps, les paumes sur le fauteuil, les pieds bien au sol.

La voix de Miss Crane s'élève et la méditation commence. Elle me guide vers l'exploration de mes sens, à l'extérieur puis à l'intérieur. Du haut vers le bas, depuis la plante de mes pieds, en passant par chaque articulation de mes orteils, jusque dans mes genoux, puis chacun de mes muscles jusqu'en haut de ma tête. Les mots de ma professeure me mène à travers les deux premières étapes, qui me plongent dans un état méditatif profond. Dans ma tête, il ne se passe plus rien. Mais je ressens le moindre de mes membres.

Progressivement, les mots de Miss Crane ne dirigent vers l'intérieur. Elle m'invite à ressentir mes organes, le battement de mon cœur, observer le sang entrer dans l'organe qui se rétracte et se contracte et je peux le voir faire. Puis mes poumons, qui font entre et ressortir l'air, qui soulèvent ma cage thoracique en se gonflant. Jusque dans mon estomac qui travaille à éliminer mon repas, mes intestins qui ne cessent de gigoter en travaillant pour faire fonctionner mon transit, et même mes reins qui filtre les toxines et que je peux sentir en bas de mon dos. Au rythme des paroles de Miss Crane, je ressens tout mon corps qui fonctionne et je peux même entendre mes organes travailler.

Alors, quand la séance s'arrête, que la lumière revient progressivement, j'ai du mal à ouvrir les yeux et accueillir à nouveau les pensées - qui s'étaient tues pour laisser place à tout un tas de ressentis. Miss Crane remarque probablement ma réticence à sortir de la séance, et elle m'invite à en discuter avec elle. Je lui explique la façon dont je me suis sentie et ce que j'ai vécu, avec un sourire flottant sur le visage.

C'est à l'issue de cette discussion qu'elle m'annonce que je suis prête.

Prête à faire ce travail toute seule pour les prochaines semaines.

Prête à rencontrer ma forme animale.

Magic Always Has a Price
6ème année

04 avr. 2024, 23:55
Animagus disciplina
III. Forma animalis

Du 18 au 31 janvier, les séances de méditation d'Adaline se transforment. Elle applique les enseignements des méditations guidées pour se connecter en profondeur avec son corps, sans avoir besoin de ses professeurs. Les séances guidées, quant à elles, se concentrent sur la rencontre de la forme animale d'Adaline. Cet écrit relate le moment de la rencontre.

Le dimanche 31 janvier 2049,
Dans le dortoir vide des filles,
Au moment du déjeuner,



Durant les derniers mois, je me suis efforcée de ne pas penser à ma forme animale. Mes professeurs m’ont prévenu du danger que ça peut représenter. Si je laisse mes pensées s’évader dans cette direction, je peux me persuader de ressentir des choses qui ne sont pas vraiment là. Mais j’ai réussi, si bien que, lors des premières séances de méditation profonde que j’ai faite seule, je n’ai pas cherché à trouver mon animal. Ce n’est qu’après avoir été guidée par Miss Crane, sur la marche à suivre, sur les intentions à donner, que j’ai réellement commencé la quête de ma forme animale.

C’est un processus subtil, qui consiste surtout à ne mentaliser aucun animal, au risque de tromper l’esprit. Alors, je ne cherche pas à voir, je me contente de laisser venir ce qui doit m’apparaître.

Aujourd’hui, je médite seule.

Je suis allongée sur mon lit, dans mon dortoir parfaitement vide. Et comme je sais qu’il va le rester pendant encore une heure, je décide de plonger dans une méditation profonde. Et comme avec mes professeurs, je passe par chaque étape : l’environnement, le corps, les organes. Les premières étapes sont chaque fois plus faciles à atteindre. Et, machinalement, presque automatiquement, mes pensées dirigent la méditation. Elles ne sont même pas formulées, ce sont des idées, ou des ordres, qui orientent mes ressentis et me font me concentrer progressivement sur un élément puis un autre, de plus en plus profondément.

Et alors que j’entends le battement de mon cœur, que je le ressens battre dans ma poitrine, que je le vois tambouriner… il se passe quelque chose.

Un second battement de cœur.

J’ai été préparée à ce moment, mais cela me surprend. Ce deuxième cœur commence à battre faiblement, si bien que je me demande si ce n’est pas un echo de mon propre cœur ou une tromperie de mon esprit. Mais le battement s’intensifie, s’affirme, et je sais.

C’est mon animal, qui est juste là.

Je continue les étapes de la méditation et je ressens le battement plus rapide de ce deuxième cœur, des poumons plus petits, les mêmes organes dans un autre format. La sensation est très particulière, et si je m’étais habituée à prendre conscience de chacun de mes organes, j’ai l’impression de réapprendre à nouveau. Plus tard, je serai bien incapable de raconter ça avec des mots.

Alors que je sais que je suis en train de rencontrer mon animal, et que les contours se dessinent progressivement autour d’un petit cœur qui bat vite, je décide de retourner à l’extérieur.

Je reprends la mesure de chacun de mes membres et c’est là, précisément là, que je vois. Il ne s’agit pas de voir des images, il s’agit toujours de ressentis. En cherchant à sentir mes pieds, mes jambes, mes bras, il y a autre chose. J’ai des poils, j’ai un museau, un odorat qui sent la moindre odeur qui imbibe les draps autour de moi, des crocs qui claquent et des griffes au bout des pattes. Je sais maintenant. Et cette sensation est tellement forte que je ne doute plus un instant.

Ma forme animale est un renard polaire, et si je ne le vois pas, je le suis.

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