Soudain, un sentiment de honte s'empara de moi, à tel point que je le sentis parcourir ma colonne vertébrale. Je me reculai aussitôt du jeune garçon pour avaler une bouffée d'air. Pourquoi lui avais-je révélé ce que je ressentais pour lui ? Je ne savais donc pas garder mon propre secret ?

J'attendis donc malgré moi la réponse de Lukas, qui, je l'espérais, n'allait pas me briser le cœur en petits morceaux, tel un verre brisé contre le parquet. Hélas, il ne réagit pas. Du moins, c'était ce qu'il me semblait, car je sentais mon sang battre dans mes oreilles.

Je saisis en tremblotant la lettre que Lukas me tendit, puis la fourrai dans mon sac en évitant soigneusement son regard. Je souhaitai m'enfuir du plus profond de mon être ; je m'étais assez ridiculisée comme ça. Je ne pouvais supporter une autre discussion gênante.

Pourtant, mes pieds ne bougeaient pas. Ils étaient comme ancrés dans le sol, aussi poussai-je mentalement un juron. Ok, je suis fichue, pensai-je en regardant Lukas. Que devais-je faire pour apaiser la tension qui s'était créée entre nous ?

Alors, je soupirai un bon coup tout en contemplant mes chaussures. Je devais trouver un moyen de calmer la situation, car je pariai que Lukas devait être aussi gêné que moi, après cette révélation.

- Je...je vais continuer de lire, alors, marmonnai-je timidement en pointant du doigt la pile de livres qui se trouvait enfouie dans mon sac.

@Lukas Sharp

Le rendez-vous des deux élèves inconnus et gênés se passe un treize février, et heureusement que pour l’ironie de l’histoire, ce n’était pas le quatorze, car nous aurions rassemblé tous les clichés gênants à observer en un temps record. La propriétaire de la lettre s’empare de son bien et marmonne une phrase que je ne suis pas sûr de comprendre. Je tends l’oreille une seconde, comme pour lui faire signe de répéter, mais je n’en ai pas tant envie que cela finalement. Comme elle pointe son livre de l’index et qu’elle ne revient pas à moi, me signalant de l’attente d’une potentielle réponse, j’en déduis qu’elle n’a plus besoin de moi. Un grand soupire intérieur me libère de cette rencontre qui, comme la dernière fois, m’emplit d’un sentiment étrange. Ce n’est pas que je veuille la fuir, mais cette fille a le don de créer des situations embarrassantes qui attirent mon absence de dialogue. Clairement, nous ne sommes pas faits pour communiquer. Ou peut-être pas à notre âge.

Je lui envoie une petite moue gênée et c’est silencieux que je prends le chemin en direction de ma pile de livres qui m’attend patiemment sur la table. Je me fais une petite note mentale : ne plus relever la tête à la bibliothèque et ne plus se laisser tenter par la lecture d’un petit papier qui traînerait magiquement par terre. Ou même non magiquement. Ne plus rien lire d’autre que ce que je suis venu lire.


Fin pour moi. Merci Tessa, c’est encore pas aujourd’hui que nos deux persos communiqueront

Se fut avec regret que la brunette laissa le jeune garçon partir rejoindre sa pile de livres. Des centaines de pensées négatives fusèrent à toute allure dans la tête de Tessa, qui ne savait plus quoi faire en ce moment-même. Quelques minutes auparavant, elle était persuadée qu’écrire une lettre d’amour allait lui permette de ne plus être amoureuse. Sauf qu’à présent, elle se sentait terriblement honteuse. Comment allait-elle pouvoir se regarder dans la glace après ça ? Elle aurait espéré que révéler son plus lourd secret à Lukas ne brise pas leur potientielle amitié naissante. Las, elle avait fait fausse route.

Toute secouée par cette triste mésaventure, la jeune Serdaigle resta figée sur le parquet plusieurs secondes, les yeux braqués vers le néant. Devait-elle aller voir le Poufsouffle et s’excuser pour ce qu’elle venait de faire ? Non, sûrement pas ! Elle s’était assez humiliée comme ça. À présent, il ne lui restait plus qu’à oublier Lukas et penser à ses études. C’était d’ailleurs pour cela qu’elle allait à la bibliothèque tous les jours. Sauf qu’aujourd’hui, elle s’y était rendue pour quelque chose de totalement absurde. Écrire un poème pour un garçon qui n’allait jamais l’aimer ? Il ne manquait plus que ça.

Trop gênée pour retourner s’asseoir à sa place et feuilleter de nouveaux livres à quelques mètres de Lukas, la brunette se dirigea lentement vers la sortie, rouge comme une pivoine. Elle n’avait plus qu’à espérer que cette « discussion » gênante n’atteigne pas les oreilles des curieux, et se retrouve dans le recueil des plus grandes rumeurs de Poudlard. Elle ignorait même si ce dernier existait. Bref, dans tous les cas, elle n’avait pas à se justifier : elle venait de passer un moment particulièrement désagréable, qu’elle n’était pas prête d’oublier.