Narcisse plongea son visage dans ses mains une brève seconde en expirant doucement, lorsqu'il les passa dans ses cheveux, il rouvrit les yeux et cligna plusieurs fois, pour se remettre les idées en place. Ses lèvres se pincèrent tandis qu'il se redressait, avant de se mettre à nerveusement tapoter sur le bureau, l'air concentré et préoccupé.

- Ouais, j'suppose que vous avez raison, mais... j'sais pas, vraiment, ça va pas...

Il soupira longuement. Il n'était pas certain d'apprécier les détours qu'empruntaient le professeur pour lui faire passer ses messages. Le petit garçon préférait toujours qu'on rentre directement dans le vif du sujet et qu'on aille à l'essentiel. Il n'aimait pas tourner autour du pot et il avait du mal à suivre ceux qui le faisaient. Ses encouragements et ses soutiens glissaient sur lui comme sur du papier ciré. Narcisse et les compliments, ça faisait deux. Seuls ceux de ses parents réussissaient à le toucher parfois, et encore. Alors ceux d'un inconnu avec qui il était en apparent désaccord... Il grinça des dents en rangeant son échiquier. Il soupira une nouvelle fois, et passa une dernière fois sa main sur son visage, avant de faire glisser son plateau sous son bras. Il plongea son regard dans celui du professeur, l'air déterminé.

- J'aime pas votre fatalisme... J'suis honnête, j'ai... J'ai presque l'impression qu'vous vous êtes résigné...

Un nouveau soupir, il haussa les épaules.

- Désolé... j'dis ça, j'en sais rien en fait, si ça s'trouve, vous avez d'très bonnes raisons de penser ça. Mais j'arrive pas à m'imaginer, j'suis très mauvais pour me mettre à la place des autres quand j'ai pas vécu la même chose.

Il se leva ensuite et prit la direction de la sortie, en ouvrant la porte, il se tourna vers le prof pour lui sourire et s'incliner doucement.

- Merci en tout cas, c'était super sympa d'votre part d'avoir pris autant de temps ! Belle journée !

Merci pour ce RP !

La surprise me prit, les paroles de l’enfant me firent réfléchir ; je ne m’étais pas présenté à la hauteur de sa demande. Je n’avais pas pu lui apporter toutes les réponses qu’il recherchait comme pouvant aller dans son sens. J’échouais au sein même de mon rôle ; cela me parut impossible sur le coup, mais cela était tellement vrai quand on en adoptait le recul nécessaire.

Je ne dis, dès lors, nul mot supplémentaire, le laissant entreprendre la remise en ordre de son échiquier et ainsi le départ imminent qui en ressortait à présent.

— Je comprends entièrement et je m’excuse de ne pas avoir su apporter les réponses que vous recherchiez. Passez donc une bonne fin de journée, Monsieur Brando.

Je restai silencieux alors que j’ouvrisse la porte d’un coup coi de baguette magique. Cette discussion allait renvoyer en interrogation ma façon de faire, peut-être n’étais-je tout simplement pas prêt pour avoir des pourparlers aussi percutants avec un jeune de son âge, mais au fond de moi, je ne doutais nullement qu’il allait trouver toutes les réponses aux questions qui semblaient le tourmenter, en espérant que cela n’ait point d’impact négatif sur lui.

À cet instant, plus rien n’allait être autant imprécis, il était important que tout soit clair. J’allais donc prendre sur moi, revoir tout ce qu’il peut exister en pédagogie afin d’être le plus neutre possible par rapport à une situation. Oui, ce problème de famille était finalement plus que cela.



Encore merci à toi, Narcisse. Ce fut un vrai plaisir.