Je dévisage ma camarade, un léger froncement de sourcils marquant ma désapprobation envers son optimisme excessif. Je ne suis pas enclin à accepter de tels compliments sans fondement solide, et je ne peux m'empêcher de me demander si elle se moque de moi ou si elle est sincère.
Mais nos récentes séances et tout ces moments passés ensemble me fait finalement penser qu'elle n'est que seulement trop charitable envers mes capacités musicales.... Puis je vraiment lui en vouloir ?

Alors, faisant la sourde oreille, décidé à partir, je reste debout, à l'aube d'une nouvelle destination avant qu'elle ne m'interpelle une nouvelle fois de la sorte pour une question... d'amitié.

Je tourne mon regard vers elle, fronçant les yeux d'incrédulité et je ne peux m'empêcher de me sentir déconcerté par sa requête. Pourquoi voudrait-elle être s'associée avec moi, un être réputé pour son dédain et sa retenue?

« Je... Je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi tu voudrais être mon ami. »

Je la fixe avec intensité, guettant sa réponse avec une certaine curiosité. Peut-être pourra-t-elle éclaircir les raisons qui la poussent à vouloir se lier d'amitié avec moi. Peut-être que sa réponse me permettra de mieux comprendre les motivations de ceux qui cherchent à nouer des liens avec moi ou encore de donner réponse à ces interactions défectueuses que je tenais avec certains de mes camarades de maison...

De toute manière, ma sphère d'amitié est déjà établie et solide, et je considère cela comme une tâche fastidieuse l'idée d'en étendre les frontières. Les seules raisons pour lesquelles je pourrais être tenté de m'engager dans une nouvelle amitié ne serait que purement pratiques et je ne pense pas que celle qui me fait face ne serait désireuse de cette hypocrite relation. Car oui, malgré les exhortations répétées de mes chers parents quant aux avantages de nouer des liens sociaux, je suis encore sceptique quant à leur réelle utilité...

Je fronçais les sourcils, pourquoi donc me faisait elle réponse d'un discours moralisateur ? Pourquoi demandait-elle à ce que je change d'attitude alors que ce fut-elle qui me proposait de nouer une amitié avec moi ? Je poussais un long soupir. Le piano avait dû lui monter à la tête pour qu'elle me fasse ce genre de proposition. Et puis que je lui réponde d'une affirmation ou d'une négation, qu'est ce que cela pourrait-il bien changer dans notre relation ?

Je haussais les épaules, découragé de voir que les relations sociales restaient toujours un mystère pour moi, même après ses 4 mois passés au château. Décidément, il fallait m'y résoudre. Moi et le sociable, ça faisait sûrement plus que deux. Quelques secondes passèrent dans le silence durant lequel j’espérais intérieurement qu'elle ait oublié cette sordide idée de faire ami~ami avec moi.

Mais telle un nuisible (sans pour autant l'en insulter ainsi), elle revient à la charge, décidée à obtenir réponse avant que je ne prenne mes jambes à mon cou, mes affaires sous le bras.

- Bof... Si ça te fait plaisir... Tchao.

Grommelais-je avant de m'enfuir loin d'ici et de cette sottise que pouvait alors être l'amitié.

Puis descendant nonchalamment les marches vers mon dortoir, je méditais sur la nature éphémère et capricieuse des relations humaines, me faisant la réflexion que peut-être le sommeil était un confident bien plus sûr et constant.