Lorsque le Serpentard se retourna pour lui répondre, l'air irrité, Brynn regretta rapidement sa question : il n'avait pas prévu de déclencher le courroux de son camarade. Il l'observa remonter ses manches pour lui montrer ses bras, deux bras tachetés de blanc, et l'écouta lui dire qu'il n'était pas juste albinos mais aussi très sensible à la lumière. Brynn n'avait jamais entendu ce mot, albinos, comme il n'avait jamais eu conscience du fait qu'on pouvait s'écrouler à cause de la lumière, mais il l'enregistra dans un petit coin de son esprit, se disant qu'il faudrait qu'il se renseigne à ce sujet. Il ne lui semblait pas en effet que le petit garçon tout blanc - voire plus blanc que blanc par petites taches irrégulières - ne fût réellement dans de bonnes dispositions pour lui répondre.

« Désolé, je voulais pas te fâcher. » commença t-il, avant de prendre la mesure de ce que pouvait signifier ne pas supporter la lumière, « Ça doit pas être drôle. »

Lorsque son camarade lui demanda son nom, il réalisa qu'il ne connaissait pas le sien non plus et qu'il serait peut-être mieux d'avoir son prénom plutôt que de l'appeler le garçon aux cheveux blancs, dans son esprit. Aussi lui répondit-il simplement :

« Brynn. Et toi ? »

Là dessus, tandis qu'il écoutait la réponse de son camarade, il se rappela qu'il avait toujours une plume dans les mains. Descendant son regard, il s’aperçut que l'encre de cette dernière avait fuit sur son corps. Bigre alors, il avait les mains toutes tachées de noir.

Augustin se rendit compte en parlant avec le jeune Poufsouffle qu’il ne comprenait pas tout et qu’il ne lui voulait rien de mal, il se calma un peu. Après tout le jeune-jaune ne lui avait rien fait.

Ce n’était pas dans ses habitudes de s’excuser, mais il se sentit redevable envers le garçon qui avait voulu l’aider malgré qu’il aie été désagréable avec lui.

- Non, c’est moi qui m’excuse, j’ai dit des trucs pas cool, oublie ça.

Il tendit sa main vers le jeune Poufsouffle pour sceller une entente correcte entre les deux élèves de la promotion.

- Moi c’est Augustin, tu m’appelles comme tu veux je m’en fiche. On se reverra bientôt j’imagine, en cours ou ailleurs. ‘Alut!

Il tourna les talons et sortir de la salle en reprenant gentiment ses esprits ; il devait se rendre dans sa salle commune pour faire une sieste, il avait besoin d’un peu de repos étant donné qu’il ne dormait quasiment jamais la nuit.

Puis il s’arrêta et revint ses pas, ne laissant apparaître que sa tête dans l’encadrement de la porte et sourit pour la première fois à Brynn en lui disant :

- Essaie l’eau froide, pour l’encre sur tes habits. Mais vraiment froide hein, genre le lac avec le kraken dedans tu vois!

Puis il s’en alla vraiment, les mains dans les poches en direction des cachots, il espérait seulement que le Poufsouffle ne parlerait pas partout de sa chute comme première rencontre avec lui.

Finalement, son vis à vis se calma, en s'excusant d'avoir dis des choses pas cool. Le petit garçon ne sut pas trop déterminer si le Serpentard parlait du fait qu'il avait eu l'air fâché de sa dernière question ou du fait qu'il lui avait dit que son histoire de Calmar n'était pas intéressante, mais il prit le parti de supposer que c'était une tentative de nouveau de départ. Peu rancunier, et la chute de son camarade ayant de toute façon en partie effacé les épisodes précédents, il esquissa un petit sourire.

Puis il observa avec un peu d'hésitation la main tendue devant lui : ça n'était pas qu'il ne voulait pas la serrer mais il avait un peu d'encre sur les doigts et n'avait pas vraiment l'habitude de faire de tels gestes, alors il n'était pas certain de ce qu'il était pertinent de faire. Cependant, ne voulant pas décevoir l'attente de son camarade, ou lui faire croire qu'il ne le considérait pas assez pour lui serrer la main, il reposa les yeux sur sa propre main. Faisant passer sa plume dans l'autre, il frotta ses doigts sur sa paume pour s'assurer que l'encre était suffisamment sèche et attrapa la poigne du vert et argent dans un mouvement un peu maladroit. Le geste le fit sourire de nouveau : c'était amusant, de serrer la main d'un élève comme s'ils étaient de grandes personnes.

Il fut récompensé par un prénom et une autorisation de d'appeler le garçon comme il le souhait, avant que ce dernier ne le salue avant de s'éclipser. Le mouvement de son camarade fut suivit d'un petit « Salut !» de sa part et il resta un instant sur place, se demandant vaguement ce que « tu m’appelles comme tu veux je m’en fiche » pouvait bien signifier. Il n'avait donc pas encore bougé quand la tête du dénommé Augustin-tu-m'appelles-comme-tu-veux-je-m'en-fiche apparu par la porte, avec un vrai sourire dessus, lui donna un conseil pour les taches d'encre sur ses vêtements, et disparu tout aussi sec.

Allons bon, il avait de l'encre sur ses vêtements aussi ? Un petit sourire remonta sur ses lèvres face à la plaisanterie d'Augustin, tandis qu'il cherchait machinalement les taches d'encre sur sa robe. Ah oui, peut-être ici, tient. Le vert et argent avait des bons yeux tout de même : c'était une tache noir sur noir. Trottinant vers sa table pour s'y rasseoir, il décida de remettre cette problématique à plus tard : après tout, il avait une lettre à finir. Et une chose de plus à y raconter.