La jeune fille afficha un sourire timide devant la réponse de son camarade, à mesure que la conversation dérivait sur son éducation. Canelle n'avait pas beaucoup apprécié la décision de ses parents quand elle était enfant, mais à présent elle la comprenait. Elle qui était déjà timide, qu'est-ce que ça aurait été si elle n'avait jamais été en contact avec d'autres enfants de son âge ? Ou bien peut-être qu'au contraire, c'était l'école moldue qui l'avait rendue timide ? La blonde s'y était sentie tellement différente qu'elle n'osait pas vraiment parler, de peur de révéler son secret en plus de ça. Finalement, est-ce que ça avait été une si bonne idée ?

"Ouais, c'était une bonne idée" souffla-t-elle sans contredire son camarade. Celui-ci n'avait pas besoin de savoir que parler aux autres était une véritable source de stresse pour la jeune anglaise. Pire que le vol, Canelle paniquait dès que l'attention était centrée sur elle et n'aimait pas vraiment parler avec les personnes qu'elle ne connaissait pas bien. Etonnement, ça le faisait moins quand elle parlait avec des personnes plus jeunes, peut-être parce qu'elle était moins intimidée ? En tout cas, ce jour-là ça allait, elle réussissait à aligner des mots et à s'exprimer à peu près clairement. Un coup de chance sûrement, son camarade était là au bon moment.

"Au début j'aimais bien, expliqua-t-elle. C'est juste que... euh... j'me sentais toujours différente. Puis fallait que j'fasse attention à tout ce que je disais pour pas montrer aux autres que j'étais une sorcière alors je parlais pas beaucoup... J'étais différente alors j'me faisais pas trop trop d'amis..." La troisième année sourit timidement à son cadet, un peu gênée. Elle ne parlait pas beaucoup de ça, mal à l'aise en y repensant mais elle avait l'impression que son camarade pouvait la comprendre. Bien que ça n'avait rien à voir avec son cas, le garçon n'ayant rien connu au monde des sorciers quand il était plus jeune. Peut-être savait-il quand même qu'il était différent des autres ?

La discussion se termina tranquillement pour laisser place à la tentative de vol du garçon. Celui-ci chuta rapidement, laissant une Canelle particulièrement inquiète. Après lui avoir demandé si ça allait, la jeune sorcière le laissa se relever en s'écartant un peu. Rassurée, elle ne pouvait que constater que son cadet allait plutôt bien.

"Mouais, fit-elle, étonnée que le garçon veuille recommencer. T'es pas obligée si tu veux pas..." Le garçon était décidément bien plus courageux qu'elle ne le serait jamais. La blonde ne se serait jamais attendue à ce qu'il veuille remonter sur le balai après une chute comme celle-ci. Mais apparemment, le Serpentard était persévérant. Jamais Canelle n'aurait réessayé si elle avait été à sa place, pétrifiée rien qu'à le regarder. Clairement, elle avait fait le bon choix en arrêtant le vol. Si elle en avait un peu douté en prenant du bon temps en assistant aux matchs de quidditch cette année-là, elle n'en doutait absolument plus à présent. Le vol était la discipline la plus stressante et compliquée que le château puisse enseigner.

Observant la réaction du brun, la blonde ne pouvait plus qu'espérer qu'il ne se blesse pas s'il décidait finalement de retenter l'expérience. Et qu'il y arrive.

La réponse de la Serdaigle déclencha un froncement de sourcils quasiment imperceptible sur le visage du petit brun. Elle n’avait pas l’air tout à fait convaincue. Théoriquement, il était d’avis que c’était une bonne chose que les deux communauté en apprenne plus l’une sur l’autre. Théoriquement, il aurait trouvé la vie bien plus simple sans le Secret magique. Mais la réalité était bien différente et l’explication de Canelle résonnait avec sa propre expérience. Il y avait eu un temps où Ernest ne faisait pas la différence entre les deux mondes. Un temps où l’imaginaire des enfants sorciers et moldus était capable d’assimiler plusieurs réalités. Celles des rêves et de l’extraordinaire.

À mesure que l’adolescente faisait part de son expérience, Ernest acquieçait en se remémorant ses propres souvenirs.

“Je vois c’que tu veux dire… J’pouvais jamais inviter de copains à la maison parce que même si on vit pas mal comme des non-sorciers, bin… y a quand même des trucs chez nous qui font partie du monde magique… et puis quand le Secret a été brisé… les choses sont devenues plus… compliquées…”

Les tensions étaient omniprésentes malgré tous les efforts de ses mamans pour le préserver de l’homme, sorcier ou non. Des semaine durant, les conversations des cours de récré avaient tournées autour des sorciers et même si la plupart des gamins n’étaient pas capable de prendre la pleine mesure des évènements, chacun répétait ce qu’il entendait à la maison ou à la télé. Ernest, qui était déjà un enfant introverti, était devenu encore plus solitaire et avait commencé à se méfier de tout et de tous, de lui-même en particulier.

“T’es pas obligé, si tu veux pas…” Voilà une phrase qui affirma un peu plus sa détermination. Bien sûr qu’il n’était pas obligé. Mais l’adolescent avait énormément de choses à se prouver. Il voulait atteindre l’excellence. En tout. S’il avait bien conscience qu’il ne serait jamais le meilleur en vol, il savait aussi qu’abandonner, c’était la solution de facilité. Et s’il y avait bien une chose qu’il fallait lui concéder, c’est qu’il ne prenait jamais le chemin facile. Peut-être parfois à tort. À califourchon sur le manche, il ferma les yeux quelques secondes et prit une profonde inspiration. La jeune fille l’avait déjà vu se prendre une belle gamelle, qu’est-ce qui pourrait franchement arriver de pire ? Et puis elle ne s’était pas moqué de lui, ça changeait de ses expériences habituelles.

Ernest frappa doucement le sol du pied et s'éleva d’une vingtaine de centimètres. Peut-être que la chute qu’il venait de faire avait cristallisé sa peur car il réussit à s’élever de vingt centimètres de plus. Ou peut-être que c’était le regard bienveillant de la troisième année. Mais pas question de faire preuve d’un excès de confiance et d’aller plus haut. À cette hauteur, les chutes restaient du domaine du gérable. Il était quand même bien raides et ses mains étaient toujours autant crispées sur le manche. Le petit brun prit néanmoins son courage à deux mains et entreprit de voler en cercle. Un tour. Puis un deuxième. Ce qui était largement suffisant ! Maintenant, il fallait arriver à redescendre, ce qui était toujours pour lui une manœuvre délicate. Mais en y allant doucement et sans se précipiter, Ernest réussit à mettre pied à terre. Il avait la grâce et la dextérité d’un vieillard poussant son déambulateur mais au moins, il ne s’était pas cassé la figure.

“J’vais en rester là pour aujourd’hui…”

La blonde écouta son camarade parler avec attention, un sourire compréhensif accroché aux lèvres. Elle ne comprenait que trop bien ce que le brun voulait dire, Canelle ayant vécu la même chose. Quand elle invitait Amandine chez elle, c'était toujours des jours et des jours de préparation. Enormément d'objets magiques étaient cachés au grenier, et l'anglaise devait toujours faire attention à ce qu'elle disait quand elle parlait de sa famille. Elle qui était déjà timide à la base, se faire des amis n'avait pas vraiment été évident. La Serdaigle appréciait vraiment les moldus, mais elle détestait le fait que les sorciers ne s'entendaient pas avec. Elle aurait tellement voulu qu'ils vivent ensemble, en harmonie.

"J'comprends... fit-elle, pensive. C'était jamais facile en fait" La jeune sorcière était contente de pouvoir en parler un peu avec quelqu'un qui la comprenait. Une grande partie des nés-sorciers n'aimaient pas beaucoup les moldus, et les nés-moldus ne pouvaient pas comprendre cette sensation. En réalité, son cas était plutôt rare à l'école et la blonde était contente de pouvoir en discuter avec le garçon. Celui-ci avait l'air de comprendre, même si les choses avaient aussi dû être différente. Chaque histoire était différente, en réalité.

La blonde regarda son cadet prendre une grande inspiration avec inquiétude, consciente que celui-ci était déterminé à retenter l'expérience. Elle avait beau être particulièrement admirative, Canelle ne pouvait s'empêcher de s'imaginer le brun en train de tomber. La chute qui avait eu lieu quelques minutes auparavant avait inquiété la jeune troisième année, même si elle ne connaissait pas vraiment son camarade. Dans tous les cas, la Serdaigle aurait été inquiète, c'était dans son caractère. Et à cet instant-là, l'anglaise sentait une boule se former dans son ventre, comme si c'était elle qui allait monter sur le balai ce jour-là. Se revoyant en cours de vol, la jeune fille ne pouvait qu'imaginer le stresse que devait ressentir le Serpentard à cet instant-là. Décidément, il était bien courageux.

Un sourire encourageant aux lèvres malgré tout, la jeune fille le regarda décoller avec anxiété, soulagée quand elle vit que celui-ci ne tomba pas comme la fois précédente. Espérant que tout irait bien, elle le suivit du regard alors que celui-ci faisait des cercles non loin d'elle. Il n'était pas trop haut, ce qui rendait toute chute sans risque, mais volait tout de même. Quand finalement elle se sentit rassurée, Canelle sentit un large sourire se dessiner sur ses lèvres. Il avait volé !

Au bout de quelques cercles, le garçon vint se poser à côté d'elle, redescendant prudemment. Soulagée, la jeune fille hocha la tête quand celui-ci annonça qu'il n'allait probablement pas remonter ce jour-là. C'était déjà génial, ce qu'il avait fait. "J'comprends, sourit-elle. Bravo ! Tu t'es plutôt bien débrouillé, j'trouve." Canelle sourit timidement, consciente qu'ils n'étaient probablement pas assez proches pour qu'elle le rassure de cette manière. De toute façon, c'était dit et l'anglaise ne pouvait plus revenir en arrière à présent.

Ernest n’avait pas l’habitude que son opinion soit validée par quelqu’un de plus âgé. D’ailleurs, avant Poudlard, il s’abstenait bien de dire ce qu’il pensait. Ce n’était pas un luxe qui pouvait se permettre à l’époque et il n’avait pas eu la sensation que cela ait changé en arrivant à Poudlard. Il était toujours sur ses gardes. En permanence. Et faisait toujours attention à bien peser ses mots. La solution de facilité étant de ne pas parler du tout. Mais il avait peur de se tromper, de dire une ânerie. D’être à la traîne par rapport aux nés-sorciers ou trop sorcier par rapport aux né-moldus. Canelle avait raison, rien n’était jamais facile. Il acquiesça à cette dernière réflexion non sans ressentir une certaine satisfaction à l’idée d’avoir trouvé quelqu’un qui partageait son ressenti.

Était-ce le poids du regard de l’adolescente sur lui qui avait déclenché un regain de courage ou simplement sa bienveillance ? Est-ce qu’il voulait lui prouver quelque chose ? Ce n’était pas logique. Il la connaissait à peine. Mais il y avait eu quelque chose qui avait poussé Ernest à remonter sur son balai. Une force invisible, un élan de motivation qui sortait de nulle part. Il sentait le regard de la demoiselle posé sur lui tout du long mais ce n’était pas le moment de jouer au mariole. En posant pied à terre, le sourire sincère de la jeune fille lui fit tourner le regard. La pudeur semblait revenir le titiller dès qu’il n’y prenait plus gare. À son tour, il lui adressa un sourire timide alors que ses joues s’empourpraient de rose face au compliment qu’il ne savait pas recevoir.

“Je serais tombé qu’une fois aujourd’hui, c’est plutôt un progrès, ouai…”

Ernest n’était pas très doué pour dire simplement merci. Il ne savait jamais comment appréhender une critique positive parce qu’il n’avait jamais l’impression de le mériter. Il savait bien que sa performance était médiocre. Mais il avait pris son courage à deux mains et il n’avait pas laissé tomber. Cela dit, il n’avait pas assez de recul pour arriver à en tirer une quelconque fierté. Le chemin était encore long, si tant est qu’il y arrive un jour. Le garçon reposa le balai au sol et entreprit de se défaire de l’équipement de sécurité qui commençait à peser sur ses épaules de gringalet. Et puis qu’est-ce qu’il faisait chaud là-dedans. Malgré les températures hivernales, les émotions avaient anormalement fait s’élever la température de son corps.

“Tu… Tu vas rester là longtemps ?”

Lui avait fait ce pour quoi il était venu mais contre toute attente, il n’était pas pressé de partir. Il y avait quelque chose dans cet échange qui éveillait en lui une certaine curiosité. Celle d’apprendre à connaître l’autre et peut-être le sentiment d’être un peu plus lui-même.

La jeune fille adressa un sourire rassurant à son camarade, voulant lui faire comprendre que c'était déjà génial ce qu'il avait. Canelle se mettait à sa place, se rappelant les heures d'horreur qu'avaient été les cours de vol durant ses deux premières années au château. Elle était vraiment contente d'avoir pu arrêter cette matière, n'osant imaginer ce que ça aurait été si la blonde devait encore y aller. Elle ne savait franchement pas ce qu'elle aurait fait une année de plus à supporter le vol.

Quand elle était en première année, la blonde aurait apprécié pouvoir discuter avec une personne plus âgé de sa peur. Elle n'aurait probablement pas réussi à cause de sa timidité, mais elle était contente d'être là si jamais son camarade avait envie de discuter. La Serdaigle l'avait mal jugé en arrivant et en avait conscience, le Serpentard étant bien plus agréable que ce qu'elle avait pensé quelques minutes auparavant. Elle passait même un plutôt bon moment, maintenant que le garçon avait décidé de ne plus revoler et que le stress de le voir tomber était parti.

"Au moins t'as essayé, fit-elle remarquer timidement. Si tu continues comme ça, tu vas finir par bien y arriver !" L'anglaise ne savait pas vraiment pourquoi, mais elle était toujours plus à l'aise avec les personnes plus jeunes qu'elle. Peut-être parce qu'elle avait toujours peur d'être jugée avec les personnes de son âge ? Parce que la plupart étaient intimidés quand ils parlaient avec des gens plus âgés ? En tout cas, la jeune fille se sentait plutôt à l'aise avec son cadet, réussissant a ne pas trop bégayer et à avoir une discussion normale. Ça changeait de d'habitude, où la blonde réfléchissait toujours avant de parler.

"Euh...euh... je sais pas, hésita-t-elle, se demandant si son camarade souhaitait qu'elle parte. Fin' si tu veux que je parte, je peux... Tu vas partir bientôt toi ?" Si elle était parfaitement à l'aise quelques minutes auparavant, elle ne savait plus vraiment quoi penser à présent. Dérangeait-elle son camarade ? Peut-être que celui-ci était gêné d'être tombé devant lui.... La blonde avait envie de lui dire qu'il n'avait aucune raison de l'être, mais resta silencieuse. A présent, la blonde ne savait plus quoi dire.

Évitant le regard du brun, la blonde se concentra sur le terrain d'entraînement et sur le vent qui lui fouettait les cheveux. Elle était contente de s'être bien couverte même si elle n'était pas très frileuse, le froid étant glaçant a cette période de l'année au château. Mais ça ne la dérangeait pas, la jeune fille ayant toujours préféré l'hivers à l'été. Canelle adorait la neige et l'ambiance qui venait avec les fêtes de fin d'année. C'était définitivement la meilleure période de l'année à ses yeux.

Après s’être débarrassé de tout son attirail, l’adolescent se rapprocha à nouveau de la jeune fille. Il n’avait pas vraiment réalisé plutôt mais… Woaw, qu’est-ce qu’elle était grande ! La silhouette élancée et le port très droit de la jeune fille n'étaient pas sans lui rappeler sa mère. Les années de danse classique avait marqué sa posture de manière tout à fait significative et Ernest se demanda un instant si c’était aussi le cas de Canelle. Bien évidemment, poser la question aurait été bien trop entreprenant. Ce n’était pas son genre.

Le petit brun adressa un nouveau sourire à la grande blonde. Un merci timide. Finir par y arriver, c’était tout ce qu’il souhaitait. Mais il avait bien conscience que la chute d’aujourd’hui, aussi bénigne soit-elle, ne serait probablement pas la dernière. Il en faudrait encore des gamelles jusqu’à ce qu’il arrive à surmonter le malaise. Il existait probablement d’autres moyens moins douloureux d’y arriver mais Ernest ne les avait pas trouvés. Remonter en selle coûte que coûte en espérant qu’un jour, un déclic se produise. C’était ça sa stratégie.

“Merci… c’est… gentil de dire ça… En tout cas, je continuerais d’essayer…”

La question d’Ernest avait dû paraître abrupte car l’attitude corporelle de la demoiselle changea en réponse à sa demande. Il avait de nouveau mis les pieds dans le plat. Canelle semblait à présent hésitante alors que leur discussion avait été plutôt décontractée jusqu’à présent. Enfin presque. L’adolescent n’était jamais bien à l’aise quoi qu’il en soit. Quand elle lui renvoya la balle, il comprit que sa remarque avait pu être mal interprétée.

“Nan, nan ! ‘fin… j’veux dire… c’était pas ça… pas que j’veuille que tu partes quoi… enfin… tu fais ce que tu veux évidemment, hein… c’était… juste par curiosité, quoi… mais… t’étais p’t’être v’nu pour une raison… j’sais pas…”

Voilà que les pensées et les mots se mélangeaient à nouveau dans un bel élan de confusion. Il tentait à présent de rattraper vaillamment le coup et d’exprimer le fond de sa pensée sans toute fois être capable de dire honnêtement à la jeune fille que sa compagnie ne lui était pas désagréable.

“J’ai quelques devoirs à faire mais… ‘fin c’est bon… j’ai le temps…”

Qu’Ernest décide que la compagnie de quelqu’un puisse passer avant ses devoirs était un événement en soi. Dans la liste de ses priorités, ils étaient toujours au top de la pile.

La jeune fille sourit, contente d'entendre que son camarade continuerait d'essayer. Elle avait conscience que le plus important était de persévérer, même si elle-même ne le faisait pas. Canelle avait envie que le Serpentard réussisse à être à l'aise sur un balai et ne finisse pas comme elle, à abandonner la matière parce qu'elle n'y arrivait pas. L'anglaise n'avait pas du tout était courageuse et elle le savait. Elle ne regrettait en aucun cas sa décision, très heureuse comme ça, mais espérait juste que le brun ne ferait pas la même erreur qu'elle. Ce n'était pas vraiment la bonne chose à faire.

Ne sachant pas vraiment quoi répondre, la blonde se contenta d'hocher la tête sans prendre la parole. Parfois, ça ne servait à rien de parler et la jeune fille ne le savait que trop bien. Elle n'était pas le genre de personne qui parlait pour ne rien dire, préférant largement la sûreté du silence à quoique ce soit d'autre.

Un sourire touché se dessina sur les lèvres de la jeune fille en entendant la réponse de sa camarade, contente que celui-ci ne veuille pas qu'elle parte. Elle passait un plutôt bon moment avec le garçon jusqu'à maintenant et n'avait pas forcément envie d'y mettre un terme. Les bafouillements du Serpentard prouvaient sa sincérité aux yeux de la blonde, qui était contente de discuter un peu avec lui. Même si elle ne le connaissait pas, c'était agréable de discuter avec de nouvelles personnes parfois.

"Ah, okay, fit-elle dans un sourire rassurant. Ah... euh... non, j'etais pas venue pour une raison en particulier, t'inquiètes" La blonde était en réalité venue pour voir les entraînements de quidditch, histoire de voir si elle avait bien fait d'arrêter le vol ou non. Elle n'avait pas eu beaucoup de chance, la météo n'étant pas au rendez-vous mais avait au moins pu croiser le garçon. Et puis, sa rencontre avec celui-ci lui avait confirmé qu'elle avait fait le bon choix. Jamais Canelle ne remonterait sur un balai de toute sa vie, elle en était convaincue.

"T'as quelle matière à faire ?" demanda le jeune sorcière dans l'espoir de continuer la conversation. Elle n'était pas très forte pour trouver des sujets de conversation et avait rapidement repérer une ouverture dans ce que son camarade lui avait dit. Elle n'avait aucune envie de clore la conversation comme ça, mais ne s'était pas vu parler d'un sujet sans aucun contexte. Pour une fois, Canelle était plutôt contente de ce qu'elle avait dit. Pour une fois, elle n'avait pas agi sans réfléchir et été trop bavarde.

Un sourire un peu timide aux lèvres même si elle savait qu'elle ne dérangeait pas son camarade, la blonde tira les manches de son pull sur ses mains. Qu'est-ce-qu'il faisait froid ! La Serdaigle avait beau ne pas être particulièrement frileuse, elle avait l'impression que chaque partie de son corps était en train de congeler. Même si elle ne voulait pas écourter la conversation, elle espérait pouvoir bientôt rentrer et s'abriter au chaud dans le château.

Les silences parsemaient souvent les rares conversations qu’Ernest entretenait. Ils n’étaient pas nécessairement lourds ou chargés de sens. Ils étaient simplement là. Il y était habitué. L’adolescent haussa les épaules quand Canelle lui confia qu’elle n’avait pas de raison particulière pour se rendre sur le terrain d’entraînement. C’était quand même pas la destination la plus évidente, à part si on voulait voler. Ou regarder des gens voler. Mais il n’était pas là pour faire l’inquisiteur et cet échange se passait plutôt bien.

Les devoirs, ça s’était un sujet dont le garçon pouvait parler sans trop de difficultés. Il fallait dire que c’était probablement l’une des seules activités en dehors des cours. Quand il ne se décidait pas à faire des tentatives désespérées de vol ou qu’il ne traînait pas dans les serres de botanique. Enfin souvent, c’était là-bas qu’il faisait ses devoirs. Surtout l’hiver. Il se laissait envelopper par les douces températures de la serre Tropicale et le calme qui y régnait.

“Bin, pour la semaine pro, j’ai déjà fait Méta, Sortilèges et DCFM… mais j’m’entraînerais encore un peu demain… là, il me reste potions, astro et… Histoire de la magie…”

Ernest prenait ses études très au sérieux et il ne laissait jamais traîner le moindre exercice. Il s’entraînait à tous les sortilèges avec zèle et méthode. Mais l’Histoire de la Magie, c’était un peu sa bête noire. Pas que les cours ne l'intéressaient pas. Il adorait apprendre de nouvelles choses et l’histoire lui permettait de mieux comprendre le monde qui l’entourait. Seulement, il avait du mal avec la méthode et les dissertations. Apprendre par cœur, ce n’était pas suffisant.

Ernest frissonna. C’est qu’il avait transpiré malgré tout. Probablement plus à cause du stress que de l’exercice. Mais ça ne changeait rien au problème. S’il ne se changeait pas rapidement, il allait attraper la mort. Et l’idée de passer un nouveau week-end à l’infirmerie ne l’enchantait pas vraiment. L’attitude de la demoiselle lui indiqua qu’il n’était pas le seul à se cailler les miches.

“On peut prendre le chemin du château si tu veux… Moi aussi, j’ai froid…”

La blonde hocha la tête, écoutant son camarade. Celui-ci avait fait presque la moitié de ses devoirs, aussi ne lui en restait-il pas énormément. Même si la Serdaigle ne le connaissait pas bien et ne pouvait par conséquent par savoir si c'était un bon élève, elle avait l'impression que c'était le cas. Il semblait sérieux et venait même s'entraîner à voler. Non, c'était clair qu'il se préoccupait de ses devoirs. Le Serpentard devait probablement obtenir des bonnes notes.

"Ah, t'as déjà bien avancé, c'est cool" fit-elle afin de répondre à son camarade sans trop savoir quoi dire de plus. Elle-même avait déjà bien avancé dans ses devoirs, préférant les faire quand ses cours étaient encore bien dans sa tête. Et puis, elle avait le week-end de libre comme ça, elle pouvait faire ce qu'elle voulait. La troisième année aimait bien lire, dessiner et aller courir pendant les week-ends. Elle passait aussi du temps avec Zoey, sa meilleure amie. Finalement, quand elle y repensait, faire ses devoirs ne lui prenaient pas énormément de temps le week-end. A part en période d'examen, elle ne travaillait pratiquement pas le samedi et le dimanche.

Un léger silence s'installa entre les deux élèves pendant quelques secondes, rapidement coupé par la voix du jeune garçon. Rentrer au château ? Quelle bonne idée ! Le Serpentard devait probablement avoir vu que la jeune fille frissonnait depuis quelques minutes à présent, tirant sur les manches de son pull pour se réchauffer un peu les mains. Canelle était contente que le garçon lui propose de marcher et de rentrer, bouger ne pouvant que les réchauffer, de même que de rentrer au chaud. Elle n'avait pas osé le proposer, ne voulant pas couper court à la discussion, mais c'était probablement la meilleure chose à faire. Ils n'avaient plus grand chose à voir sur le terrain d'entraînement à présent.

"Euh... oui, j'veux bien, fit-elle avec un sourire reconnaissant au brun. Parce que là... il commence à faire vraiment froid." Les hivers avaient toujours été rudes à Poudlard depuis qu'elle était arrivée, mais Canelle continuait de s'étonner du froid qu'il faisait sans vraiment savoir pourquoi. A force, elle le savait pourtant. Heureusement, sa valise était remplie de pulls bien chauds, d'écharpes et de gants. Cette année-là, la jeune anglaise allait être bien équipée et ne risquait pas de souffrir du froid.

Ernest acquieça à la remarque de la blondinette. Il était rare qu’il s'octroie le moindre temps libre s’il n’avait pas terminé tout le travail qu’on lui avait donné et relu ses cours. En général, il le faisait tout de suite après la classe s’il le pouvait. Pour battre le fer tant qu’il était chaud. C’est qu’il était organisé. Mais il cherchait toujours encore la meilleure méthode pour collecter ses informations. En attendant, il écrivait tout, ce qui prenait quand même pas mal de temps mine de rien. Du temps qu’il ne passait pas à s’entraîner aux sortilèges.

“Euh… ouai… je… j’aime pas laisser traîner… et… puis… ‘fin… comme ça je peux faire autre chose…”

Pour son petit essai de vol, il n’avait plus eu d’excuses. Il avait rendu toutes ses copies, repris tous ses cours et relu le manuel à deux reprises. Et puis il avait fallu se jeter à l’eau et rejoindre le terrain d'entraînement. Peu à peu, le froid ralentissait les esprits et se glissait le long des corps, attirant toutes les pensées vers lui. Canelle n’avait pas l’air d’avoir plus chaud et quand il lui proposa de prendre le chemin du château, elle ne dit pas non ce qui arrangeait bien l’adolescent.

Après être repassé par les vestiaires pour ranger tout l’attirail dans lequel il s’était engoncé, l’adolesent adressa un sourire timide à la Serdaigle pour lui indiquer qu’il était prêt à reprendre le chemin du château. Sur le trajet, quelques bribes de mots échangés. Ernest n’avait pas un champ de conversation très vaste. Ou du moins, il n’osait pas vraiment. Mais qui sait, avec le temps. Canelle s’était montré gentille avec lui et avenante. Un visage familier de plus à ajouter à ceux qu’il collectionnait déjà. Une petite collection. Mais il fallait bien commencer quelque part.

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