Nélya Marks, quatrième année 15 ans BBCode= #800000

@Lancelot O'Lake

vendredi 15 mai 2048

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Uniforme: débardeur blanc, chemise blanche manches remontées aux coudes, cravate Gryffondor tenue lâche, robe de sorcière ouverte, chaussettes hautes noires, jupe noire plissée, vielles converses noires

Le cours prenait fin, mais seul le raclement des chaises contre le sol, pu atteindre l'esprit égaré de la jeune fille, qui aurait déjà dû bondir de sa chaise, appelé par la mélodie divine des couverts sur une assiette. Elève distraite, elle faisait pourtant des efforts dans les matières qu'elle appréciait, dont l'option qu'elle suivait, et ceux-ci étaient habituellement visible, tout comme sa mine constamment réjouie, mais dans ce cours, son sourire infaillible compagnon armant son visage de gaieté, n'avait pointé le bout de son nez.

Prise au dépourvu, la brunette sursauta presque avant de ranger ses affaires, qui n'avaient pas beaucoup servi... Si elle avait écouté, rien ne le laisser savoir. Hâtivement, sa plume retourna dans on étui, tout comme son encrier qu'elle reboucha, et replia sans grande attention son parchemin pour fourrer le tout dans son sac en bandoulière, il ne restait qu'une petite poignée d'élève dans la salle quand, à son tour, la Galloise rangea sa chaise, et leva les yeux vers son professeurs, anciennement bibliothécaire. Elle le connaissait un peu, et l'appréciait beaucoup. Aussi, après de longues secondes à l'observer, une main sur le dosser de sa chaise, et l'autre tenant fermement la bandoulière de son sac, elle se décida à repousser son repas de quelques minutes. Ses questions valaient bien au moins ça.

A pas lents, elle gagna le bureau de l'enseignant, ses deux mains à présent fermement cramponnées à sa bandoulière.

-... Heu, m'sieur? Excusez-moi, mais j'ai des questions.

Les heures de cours du Vendredi n'étaient pas souvent les plus joyeuses. Longtemps, j'ai pu observer de la rêverie, de l'impatience ou de l'ennuie tout cela parce que le week-end pointait le bout simple de son nez. Deux jours sans cours, c'était tout ce que les élèves pouvaient demander.

Alors, dès que la sonnerie de fin des cours eut retenti, je vis tous les apprenants fuirent pour prendre leur repas à la Grande Salle. Au moins quelque chose qui les motivaient.
Prenant alors le temps de ranger mes affaires — bien que la faim ne m'épargnât guère — je constatai la présence figée de l'une de mes élèves.

Nélya Marks, élève de Gryffondor que j'appréciais bien qu'elle eût pu me mettre dans une position inconfortable en pensant que je pouvais être la réincarnation du célèbre chevalier arthurien. Elle présentait, tout de même, une grande disposition à l'apprentissage, même si ce jour-là n'en fut pas témoin. J'avais bien vu qu'elle avait quitté mon cours pour de la rêverie adolescente, mais si elle avait besoin de moi, je me devais de répondre.

— Qui a-t-il, Miss Marks ? Est-ce la cause de votre rêverie en cours, aujourd'hui ?

Le ton utilisé était taquin, et la posture avait suivi au moment où je passai une main dans les cheveux avec un certain sourire. J'appréciais être professeur, mais j'appréciais encore plus le fait de devenir le confident de mes élèves et quoi de mieux que la rigolade pour les détendre ?
Bien que j'espérasse que cela eût fonctionné.

Oups. Sa question piquait en plein dans le mille, et la justesse de l'analyse la fit légèrement sourire. Elle n'avait encore rien dit, mais elle se sentait déjà un peu mieux. La puissance du rire était tout bonnement incommensurable. A présent, la mine un peu plus joyeuse que ce qu'elle arborait en approchant le professeur, elle interrogea ce dernier sur le sujet qui lui donnait des maux de tête.

- M'sieur, pourquoi plein d'sorciers aiment pas les sans-magie? "Sans-magie", pas de "moldu" dans son vocabulaire, que ce soit à l'oral ou même à l'écrit comme le témoignait les devoirs qu'elle rendait. Ce mot résonnait comme une insulte d'abord simplement dans la bouche de certains, puis de façon générale pour la jeune sorcière, elle ne voulait plus prononcer ce mot qui avait presque l'air mauvais pour certains, et en blessait d'autre.

- Mon papa est sûrement l'un des plus gentil sans-magie, et pourtant, la famille de maman l'aime pas. Même les plus gentils le sont pas avec mon papa, pourquoi? Comme ébranlée parce qu'elle admettait à voix haute pour la première fois, sa voix vacilla alors qu'elle cherchait désespérément une réponse. Après avoir ravaler sa salive pour reprendre sur un ton plus bas elle serra d'avantage la hanse de son sac. Il suffirait qu'ils le connaissent pourtant...

Elle se redressa en une seconde, frappée par un point si évident auquel elle avait déjà dû faire face que l'oublier aurait été comme nier son existence. Et même à Poudlard! C'est quoi le problème avec les sans-magie? Ou avec les sorciers?

@Lancelot O'Lake

L'écoutant attentivement, j'eus cette impression de revoir cette image de moi-même bien des années plus tôt cherchant ce pourquoi certains de mes camarades ne cessaient pas de primer à une certaine supériorité sanguine sans pour autant pouvoir acquérir la moindre réponse. J'aurai apprécié l'obtenir, ainsi que je n'aurais pas eu à réfléchir à la question à cet instant, et à me planter une nouvelle fois ─ quelques mois plus tard encore ─ à tenter de trouver les mots plus édulcorés pour un jeune sorcier, Narcisse Brando, aux mêmes questions.
Pourtant, ici, dans cette situation, je n'avais nullement à formuler mes phrases de manières simples ; elle était pourtant jeunes, mais en quatre ans elle avait su obtenir la belle maturité du monde.

─ Eh bien, cette différence bien détestée de tous, sorciers comme sans-magie, est bien encrée dans notre histoire depuis des siècles, plus d'un millénaire pour être plus juste. Il faut savoir que nous avons toujours pris ce que nous ne connaissions pas comme une menace. Et entre nos deux mondes, cela ne s'est montré que très justes. Maîtriser la magie est un fait merveilleux pour nous, sorciers, alors que pour les sans-magies cela a provoqué de la peur ; une envie de le maîtriser sans jamais l'atteindre. Cette peur a donc provoqué des mouvements irrationnels comme l'Inquisition et la Chasse aux sorciers. Et pour les sorciers, voir les sans-magie se débrouiller par eux-mêmes par des technologies ne les a jamais rassurés, car ces derniers pouvaient être considérés comme fous de vouloir posséder des choses que l'on faisait normalement avec de la magie. Cette différence a donc été fatales pour les deux mondes, forçant en quelques sortes les sorciers à se cacher, en même temps, nous avons toujours été bien moins nombreux que les sans-magies...

Je n'aimais pas la réponse que j'apportais alors qu'elle était la plus juste de ce que j'avais pu observer durant toute ma vie de sorcier et de né-de-moldus. Cependant, je me devais de lui dire toute la vérité.

─ Alors oui, cela arrive encore que même les plus ouverts des sorciers puissent avoir leurs ressentiments par rapport aux sans-magies, mais cela ne peut pas se calmer en une fois. Il faut du temps, peut-être trop ─ c'est vrai─ mais cela se calmera avec les années. Je vais vous faire une confidence, j'ai un beau-frère qui a possédé longtemps une forte haine des sorciers, et il ne pensait pas qu'il y en aurait un dans la famille de sa femme. Aujourd'hui, après des discussions, des démonstrations, il a appris à accepter ; m'a choisi comme parrain de son enfant, mais il possède toujours de grands doutes sur moi. Mais je pense que comme partout que cela est la faute des plus radicaux que les plus innocents sont pris dans une case qui ne leur correspond pas...

"sans-magie", et pas cet infâme mot. Que son professeur utilise le même terme qu'elle lui donnait du baume au cœur, quand même sa mère laissai parfois échapper le mot interdit. Cependant, si pour un bref instant, la brunette s'était sentie mieux, l'explication que lui apportait le professeur mina bien vite son sourire fragilement retrouvé. La peur. C'était donc seulement ça? Ce que c'était bête! faire du mal aux gens parce qu'on avait peur... Ce n'était vraiment pas juste.

La brunette croisa les bras quelques secondes pour observer la pointe de ses chaussures. Elle en avait des choses à répliquer, à contester, mais sa colère grandissante à cette raison si bête n'était pas une excuse pour couper la parole de son professeur. Alors elle l'écouta, les sourcils froncés, irritée par la stupidité de certains.
La brunette était bien partie pour fixer avec mécontentement ses chaussures, mais l'expérience personnelle du sorcier lui faisant face la poussa à relever la tête, à présent intriguée, attentive jusqu'à la fin du récit.

- Mais alors... Vous êtes marié? Nélya semblait aussi surprise par cette nouvelle qu'elle n'avait l'air de la réjouir, il fallait dire qu'elle ne s'interrogeait pas tant sur la vie de ses professeurs. Bien vite, elle baissa les yeux sur les doigts de l'enseignant, à la recherche d'une alliance. Moi j'suis sûre qu'votre beau-frère il aura plus de doutes. Parce que vous êtes trop sympa m'sieur. Et mon papa aussi il l'est. Et j'ai hâte que la famille de maman l'aime aussi... Une seconde passa durant laquelle la brunette s'humidifia les lèvres avant de relever la tête, apparemment de nouveau concentrée sur le sujet initial.

- J'trouve ça trop bête. D'être méchant parce qu'on a peur. En plus c'est bête! Il y a plein d'trucs qu'on connait pas, mais qu'on finit par découvrir et plus en avoir peur! Comme, comme bah les créatures magiques! Les abraxans! Ils sont géants et méga forts! Assez pour faire peur même, mais maintenant ils sont beaucoup utilisés. Et les sans-magie, ils font de la fausse magie aussi, comme Houdouni, ou ceux qui peuvent lire les pensées comme heu, heuuu... Ah oui, Mezmère! Ils adorent la magie, mais ils aiment pas les sorciers... C'est simple pourtant, si tout le monde se rencontrait... Le monde avait une simplicité enfantine aux yeux de Nélya, c'était les gens qui rendaient tout compliqué, et si sa vision du monde pourrait paraitre trop idéaliste pour certains, c'était bien la seule façon pour elle d'aborder le monde.

@Lancelot O'Lake

Les mots de l'adolescente n'eurent qu'effet de me surprendre ; elle avait raison sur de nombreux points. Cela serait plus simple, oui, mais aussi dangereux. Quand je repensai à toute notre Histoire, je savais que même les plus ouverts d'esprit pouvaient rejoindre parfois le mauvais côté pour le bien de leur propre patrie.
Je ne savais pas quoi penser de plus ; elle avait su que les non-magiques appréciaient la magie, enfin, la prestigitation, plutôt que le véritable art que nous pouvions maitriser en tant que mages.

— Je le conçois entièrement, Miss. Malheureusement, tout n'est pas tout rose partout. Pour mon beau-frère, il s'agit du mari de ma sœur. Mais pour ma part, oui, j'ai été — autrefois — marié. Pas à la meilleure famille me direz-vous. J'ai été durant quelques années membres de la famille Harrison, j'ai tenté de mentir sur mes origines pour être bien vu, mais vous les connaissez sans doute de par leur position, mais ils n'ont jamais été en faveur d'un sang impur. Je suis un sans-statut pour eux, une simple créature inférieure à leurs yeux. Par ce mariage, j'ai découvert l'autre revers de la médaille... Alors je ne peux que comprendre votre besoin de voir votre père être accepté au sein de votre famille. Alors, ça peut prendre du temps ; des discussions peuvent être nécessaire. N'ayez pas peur, malgré votre âge de faire valoir votre parole auprès de votre famille. Vous êtes celle qui le connaît le mieux, votre avis est le plus important.

Parler de la famille Harrison me fit mal dans l'instant, je souffrais encore — souvent — de l'absence de Riley et des possibles avenirs que nous aurions pu former, comme une famille. Néanmoins, je refoulai cette idée au plus vite pour me recentrer sur la situation.

— Vous avez une chance de connaître les deux mondes, vous êtes la plus qualifier pour leur en parler.

Elle l'écouta en silence, et ouvrit de grands yeux en apprenant son ancien lien à la famille Harrison. Même sans les connaitre personnellement, elle avait fréquenté l'école en même temps que Carry, et même si elle n'était pas présente au moment du bal cauchemardesque d'Halloween 2044 elle était bien là, au château. Elle savait ce qu'elle avait fait, elle savait ce qu'elle pensait. Mais bon, Toute la famille Harrison ne pouvait pas être comme Carry... Si?

Bien que secouée par ce qui était une véritable révélation choc, la brunette ne rompit pas son écoute et s'en félicita pour avoir pu entendre ces paroles qui tournèrent rapidement dans sa tête à peine prononcés "ne pas avoir peur, faire valoir sa parole". Oui, il avait raison, elle n'avait pas de raison d'avoir peur alors qu'elle ne faisait que dire la vérité. Peu à peu, un sentiment vint faire enfler son coeur et sa cage thoracique, elle se sentait prête à dire tout ce qu'elle pensait à la famille Coel maintenant, sur le champs! Quitte à prendre un balai pour aller les voir! Et si un léger sourire se trouvait être perceptible sur sa frimousse bien moins préoccupée, la dernière remarque de son professeur eut fini de lui faire retrouver son expression souriante. Il avait raison sur toute la ligne! Oui elle connaissait très bien son papa, et son avis était important, le plus important!

Un instant de silence passa avant que la brune ne finisse par détendre ses bras. Elle se sentait bien mieux qu'au début de leur échange et aux derniers mots du professeur, la gryffondor lui sourit de toutes ses dents.

- Vous avez vraiment raison! A partir d'maintenant j'vais faire d'mon mieux pour qu'ils s'aiment tous, même si ça prend du temps! Et même s'il y a beaucoup d'idiots qui continuent d'pas aimer les sans-magie, c'est pas grave. C'est dommage mais... Mais ça finira par passer. C'est sûr. Elle affirma ses propos avec une telle confiance, que son changement d'attitude semblait presque un peu trop radical. Mais les esprits simples comme le sien étaient sûrement facile à enjouer.

- Merci m'sieur! Merci beaucoup, beaucoup, beaucoup! Après ses remerciement aussi énergiques qu'enjoués, la brunette gagna la porte de la salle, un grand sourire accroché au visage.

Cependant avant de sortir, le jeune fille s'arrêta un instant pour se tourner à nouveau vers son professeur

- Vous savez, en vrai, personne peut être entièrement méchant même pas les Harrison, c'pas possible. Et puis, si vous avez pu épouser quelqu'un d'leur famille, c'est bien qu'elle avait comprit qu'vous êtes quelqu'un d'bien même sans avoir l'sang "pur"! Mima-t-elle avec de gris guillemets, après tout, ces histoires de sang-pur étaient bêtes, elle n'y croyait pas. Alors, p'têtre qu'un jour, les sorciers arrêteront d'se détester entre eux, non? Ou de détester ceux qui sont pas comme eux parce qu'en vrai magie ou pas magie bah... Il y a pas tant d'différence. Fit-elle en haussant les épaules. P'têtre qu'avec un échange comme les AMICO, mais pour que les sorciers visite le monde des sans-magie, ils comprendraient? La main sur la poignée de la porte, et visiblement regonflée à bloc, Nélya observa son professeur avec les yeux brillants. Est-ce qu'il pensait également que ce serait possible?

@Lancelot O'Lake