Aliosus est tellement sous le choc qu'il n'a strictement aucune réaction lorsque Yesenia le couvre de baisers et l'invite à s'installer confortablement pour participer à ce qui semblait être la débauche d'infractions au règlement la plus stupéfiante qu'il lui ait été donné de voir depuis qu'il avait été préfet pour la première fois. Sortie pendant le couvre feu, effraction dans une salle de classe en dehors des horaires dédiés, effraction du bureau d'un professeur, plus précisément d'une directrice de Maison, pire encore, la directrice de Serpentard, vol de bien privés appartenant à un représentant de l'autorité de l'école, consommation de substance illicite au sein du château. Il en avait le tournis. C'était trop, bien trop, le nombre d'heure de retenues qu'il essayait de calculer était non seulement stupéfiant et en d'autres circonstances il aurait été impressionné de ce record, mais l'autre calcul du nombre de point enlevé à la maison Serpentard lui était tout simplement abyssal. Pour couronner le tout, c'était sa petite amie qui se retrouvait au beau milieu de cette orgie de violations du règlement, accompagnée par sa meilleure amie, en l'occurrence, une des pires influences possibles, Kelly, ex préfète dont les frasques à ce poste avait déjà plus qu'entamé la crédibilité de la fonction chez les verts.
Son premier réflexe est de sortir sa baguette en direction de Fullbuster qui commence à esquisser une fuite.
«Je te préviens, ne bouge pas d'un pouce toi.»
Sa voix n'est pas calme, elle est blanche de colère et d'indignation. Il économise ses mots pour se concentrer sur les réflexions qui fusent et se carambolent dans son esprit afin de trouver une solution à tout cela.
«Yesenia... tu m'expliques ?»

Yesenia s'appliquait à embrasser chaque parcelle de la peau de son petit ami, ignorant complètement le fait qu'il restait de marbre. Yesenia, elle, était brûlante, et la chaleur qui émanait de ses joues n'en était pas la seule raison. Maintenant qu'ils étaient réunis tous les trois, il était grand temps que la vraie fête commence. L'adolescente pouffa de rire en voyant Kelly continuer sa superbe imitation de Dame Valerion, mais Aliosus n'en était pas pour autant très convaincu, puisqu'il pointa sa baguette sur la rouquine.

Yesenia regarda la scène, interloquée, sans vraiment comprendre pourquoi Aliosus était si froid avec Kelly. Comptait-il transformer Dame Valerion en Kelly ? Non, c'était l'inverse. Kelly était Kelly. Dame Valerion était Kelly. Non, ce n'était pas tout à fait ça. C'est Kelly qui imitait Dame Valerion. Tout s'emmêlait dans la tête de la Serpentard. Et puis, elle avait si soif. Elle loucha un instant sur la bouteille de manzana, avant de reporter son attention sur Kelly et Aliosus. Yesenia était intriguée par le sortilège que son petit ami pouvait lancer à l'encontre de son amie, mais elle refusait de voir la vraie Dame Valerion apparaître devant elle. Etait-il capable de faire apparaître Dame Valerion ?

Elle n'avait tout de même pas envie qu'une dispute éclate, ici, alors qu'elle s'amusait si bien avec Dame Valerion. L'adolescente tenta désespérément d'obtenir toute l'attention de son copain, en restant pendue à son bras, mais lorsqu'elle l'eut obtenue, et qu'il demanda des explications, elle ne savait plus quoi dire.

Que fallait-il dire ? Qu'elle n'était qu'une adolescente qui avait envie de s'amuser ? Qu'elle avait certainement prit de gros risques sur sa scolarité, ou même sa santé pour une trentaine de minutes de plaisir ? Qu'elle n'avait pas vraiment réfléchi ? Mais que ça en valait tout de même la peine ?

Préférant changer de sujet, elle retira sa cravate, qu'elle avait desserrée auparavant, et la déposa autour du cou d'Aliosus, tout en tapotant sur sa poitrine.

- Je t'offre ma cravate, Aliosus, parce que je t'aime. dit-elle solennellement. Maintenant, Dame Valerion et moi allons nous coucher, demain nous allons chasser du concierge dans la Forêt Interdite.

La baguette d’Aliosus pointe vers moi. Immédiatement je lève les mains parce que je me sens en danger… Il a vraiment l’air en colère avec ses quatre yeux. Attends quoi ? Il a 4 yeux ? Je ne comprends pas ! Et il a deux baguettes d’ailleurs ? Bon sang c’est ça l’effet de l’alcool ? Plus jamais j’en reprends… Yesenia n’a pas l’air de comprendre que son psychopathe de mec va me buter. Et elle fait quoi à la place ? Elle le.. elle le chauffe ou je rêve ? C’est le moment idéal pour fuir non ? Mais mon corps refuse de bouger et je ne sais toujours pas laquelle des deux portes je dois emprunter.

J’ai une idée ! Je vais réaliser une autre truc de ma liste comme ça je fais d’une pierre deux coups comme ça je règle ce petit problème rapidement. Et puis qu’est-ce que.. c’était quoi mon idée déjà ? Punaise j’ai oublié il me stress ce gars !

- Aliosus s’il te plaît tu peux arrêter de me viser avec ta baguette… Je te promets de ne pas fuir, je ne vais pas quitter la pièce.

Pour le rassurer et parce que j’ai la tête qui tourne trop vite, je décide de m’assoir sur le sol. Voilà je n’ai qu’à attendre tranquillement qu’il me laisse partir. J’en profite pour jeter le porte cigarette sous le tapis, ni vu ni connu.

- Yese je crois qu’il a vu que j’étais pas Valerion et je crois que je vais jamais pouvoir faire la paix avec lui. Je dis ça en essayant de chuchoter mais je n’ai pas l’impression de l’avoir fait.

Yesenia n'avait rien expliqué, du tout, elle n'avait que fait l'étalage de son affection au point sans doute, de faire rougir Aliosus. Heureusement ou malheureusement, son teint avait viré déjà bien avant devant le spectacle qu'elles lui offraient. Deux anciennes préfètes sifflant les bouteilles de leur directrice... C'était un véritable cauchemar, et s'ajoutait à cela les gestes aussi maladroits que sensuels de Yesenia qui lui passa sa cravate autour du coup dans une déclaration enflammée. Quel crédit devait-il lui accorder ?

Pendant ce temps Kelly s'était figée, craintive, la baguette du préfet en chef avait fait son effet. Il attendit quelques secondes avant d'accepter de la baisser doucement, sans la ranger.
«On a du pain sur la planche... Yesenia, tu peux aller avec Kelly de ce côté ? Plus personne n'a de bouteilles à la main ? Bon... que personne ne bouge jusqu'à ce que j'ai fini.»

Il brandit à nouveau sa baguette et commença un sortilège de rangement. A son ordre, les bouteilles répandues au sol se relevèrent et allèrent regagner leur emplacement initial dans le bureau de Miss Valerion. Il du également jouer de Recurvite afin de faire disparaitre les tâches et les flaques ça et là. Quand il eut fini, il se retourna vers les deux filles.

«Vous pouvez marcher ? Monter deux étages sans faire de bruit ?»
Un plan se mettait en place dans le cerveau d'Aliosus, mais pour qu'il fonctionne il allait sans doute falloir prendre des risques et aller à l'encontre de la plupart de ses instincts.

Yesenia est venue s'assoir à côté de moi mais je n'arrive pas à savoir si elle est vraiment tout prêt ou si elle est tout prêt mais pas si prêt. Et je ne sais pas pourquoi mais mes doigts se posent tout seul sur son visage pour voir si elle est bien là. Je tire sa joue droite pour être vraiment sur que c'est bien elle. Ok c'est élastique et ça se remet bien en place, c'est bien elle.

- Yeseniiiiaaaa t'as le peau si douuuuuuce, c'est quoi ton pitit secreeet ?

Je trouve que la pièce tourne beaucoup trop vite donc, je préfère m'allonger et fermer les yeux. Sauf que là, même les yeux fermer j'ai l'impression de tourner.... C'est tellement horrible ! Pourquoi tout tourne ? Mais je vais finir par vomir moi. La voix du préfet en chef me ramène à la vie. Enfin, ça me ramène juste au moment présent. Il nous demande si on peut marcher, monter des étages et ne pas faire de bruit. Aucune idée mais je crois que je peux rouler.

- ALIOSUUUUSSSS... C'est trop loin deux étages... Je vais plutot monter sur le dos de Yesenia et Yesenia va monter sur... TON DOS ! C'est une idée géniale.

J'observe Aliosus et mon rêve me revient en mémoire... Bon sang pourquoi est ce que je repense à ça maintenant. Je me demande si ses lèvres sont aussi douces et chaudes que dans mon rêve.. J'ai bien envie de tester, je veux qu'il refasse comme.. Oula non, je ne dois pas y penser. Mais mes yeux se perdent sur son corps, est ce qu'il est bien structuré sous son uniforme... Je peux peut être monter sur son dos et en profiter pour toucher son torse sauf que Yesenia est là.
Allez Kelly, reprends toi, tu ne supporte pas Aliosus, tu ne le trouve pas beau. Oh si il est beau en fait... J'espère que je bave pas.

Yesenia resta un moment devant Aliosus, qui ne répondit pas à son joli présent. Elle l'observa, le regard vide, la bouche fermée. Elle qui réfléchissait toujours à toute vitesse, se torturant avec des dilemmes parfois impossibles, se retrouvait avec un cerveau bien silencieux et vide de toute pensée. Il n'avait pas répondu, et cela laissait en elle une impression étrange. Il devait répondre. Il devait répondre ?

Tout cela, elle y repenserai plus tard, quand l'alcool ne lui embrouillerait plus le cerveau, du moins, si les souvenirs refaisaient surface.

Elle vint s'asseoir à côté de Dame Kelly Valerion, qui lui caressa doucement la joue. Yesenia ferma les yeux, tout en appréciant d'être câlinée de cette drôle de façon.

- Si je te le dis, Kelly, je devrai te tuer ensuite. Mais c'est d'accord, je vais te le dire. J'ai une lotion cachée dans la salle de bain, dans une dalle de la troisième cabine de douche en partant de la droite.

Elle déposa son indexe sur la bouche de son amie, en prononçant "mais chuuuuute, c'est un secret." Puis elle attrapa l'une de ses mèches de cheveux.

- Toi, tes cheveux sont trop beaux, Kelly, mais arrête de nous faire tourner dans la pièce, j'ai le mal de mer.

Enfin, Yesenia se rappela d'Aliosus, qui s'adressa à elle, et sursauta. Prête à prendre son amie sur le dos, elle se leva d'un coup. Et retomba immédiatement sur le sol. Elle se releva une seconde fois, fit quelques pas, tout en ayant l'impression à chaque fois de rater une marche d'escalier. Mais il n'y avait pas d'escalier.

- Grimpe sur mon dos, Kelly, je sais ce que je fais. Puis s'adressant à Aliosus : Tu m'emmènes dans ta chambre, ce soir ? Je te ferai goûter ma Manzana La Tour de 1999.

C'était un cauchemar, chaque seconde Aliosus se sentait couler un peu plus, pris dans les sables mouvants inexorables de la situation. Il semblait que rien n'allait pouvoir être fait pour éviter le pire, que les deux inconscientes se fassent prendre, et lui avec par dessus le marché. Elles étaient intransportables en dehors du bureau, le simple fait de se déplacer semblait être une épreuve dans laquelle elles allaient se blesser en plus de se ridiculiser. De toute façon il n'avait pas vraiment le choix.

Für große Übel, große Heilmittel.
«Aguamenti» Il ne maitrisait que difficilement le sortilège d'eau, mais il fallait bien tenter quelque chose. Il ne fit pas dans la dentelle pour s'économiser de la difficulté sur sa visualisation, et produisit un jet d'eau suffisant pour asperger le visage des deux serpentard. Il n'avait aucune idée de l'efficacité réelle de cette solution, mais il comptait sur au moins un peu de stupéfaction pour capter leur attention et qu'elles l'écoutent.

«Bien, maintenant toutes les deux vous allez m'écouter. Si vous tenez à rester à Poudlard, vous allez me suivre jusqu'à l'infirmerie. Avant qu'une ou l'autre n'ait pu ajouter quelque chose il enchaina, son ton était ferme malgré sa voix tenue basse entre ses mâchoires serrées. Si vous faites du bruit, je vous rend muette. Si vous me rendez la chose trop difficile, je vous stupéfixe dans un coin de couloir pour revenir vous chercher plus tard. Est ce que vous m'avez bien comprises ?»
Il n'avait aucune envie d'arriver à de telles extrémités, de toute manière il n'oserait pas stupéfixer sa petite amie, Kelly était un cas bien différent cependant.

J'écoute le petit secret de Yesenia, elle a donc un truc caché dans une truc de la salle de bain. Je suis presque sur qu'elle n'a pas dit "truc" mais mon cerveau n'a pas voulu entendre toute la phrase. Je vais devoir fouiller la salle de bain ou lui redemander demain matin. Elle me dit que mes cheveux sont beaux avant de me demander d'arrêter de faire tourner la pièce. C'est donc moi qui fais ça ? Mais quelle puissance incroyable ! C'est donc ça le secret ? PICOLER !

J'ai pas le temps de lui dire que je suis un génie que je vais boire plus pour être encore meilleure que je me reçois un vilain jet d'eau dans la figure. Aliosus vient de me faire pipi dessus ? Heureusement non, l'eau sort du bout de sa baguette. Je soulève mon tee-shirt sans faire attention à la vue que je pourrais lui laisser et m'essuie le visage tout en écoutant à moitié ce qu'il nous raconte. Une fois que mon visage est sec, j'essuie celui de Yesenia avec mon tee-shirt pour éviter qu'elle ne salisse le sien.

- Nerraaaah mon lit il est pas à l'infermeriiiiie... Chuchotais je sans chuchoter. On va marcher à quatre pattes pour être plus discreeeet. Veneeez on y vaaaa. Je parlais toujours en chuchotant bien trop fort puis, je me mets à quatre pattes et je commence mon ascension bien difficile vers l'extérieur du bureau.

L'alcool rendait tout autour d'Yesenia très onirique. L'épais brouillard de l'alcool lui obstruait chaque sens. La vue était trouble, l'odorat captait la pomme et les effluves du parfum d'une femme d'une cinquantaine d'années environ, et en ce qui concernait le goût, l'adolescente se demandait si elle pourrait à nouveau goûter les lèvres de son petit ami après une soirée pareille. La pièce tournait dans tous les sens, et Yesenia n'avait plus aucun repère, alors, lorsque le dit-petit ami démontra ses talents de sorcier en jetant un puissant sortilège d'eau, Yesenia fut ravie de s'être assise juste avant.

Yesenia toucha son visage, et les gouttes qui perlaient le long de celui-ci, tout en battant des cils. La sensation de fraicheur fut instantanée, comme si Aliosus l'avait extirpée d'une nuit sans rêve. Elle regarda autour d'elle, un peu déboussolée.

L'alcool circulait toujours dans son sang, et il mettrait longtemps à redescendre. Cependant les effets les plus rigolo commençaient à s'estomper un peu. Kelly enfouit son visage dans son t-shirt pour l'essuyer, ce qui eut le don de lui arracher un sourire tout de même, mais elle n'arrivait pas à dire quoi que ce soit de cohérent.

Dans la pièce, les résultats de tous leurs méfaits lui revenaient en pleine face, et elle parvint à se relever pour mieux analyser la situation. Son estomac était en vrac, et l'eau continuait à couler le long de ses jambes. Si elle n'avait pas bu, elle aurait probablement eut froid.

- On va avoir des ennuis, dit-elle à Aliosus, tandis qu'elle tentait de relever une Kelly qui se débattait à quatre pattes.

Cela ne sonnait pas comme une interrogation, mais comme une indication. A ce moment précis, cela ne l'inquiétait étrangement pas, comme si toutes les émotions étaient éteintes par le feu brûlant de l'alcool qui avait coulé dans sa gorge. La pièce tournait toujours, mais moins qu'auparavant. Après tout, peut-être était-ce réellement l'eau qui l'avait extirpée de son petit nuage.

S'il semblait à Aliosus que son sort avait quelque peu sorti Yesenia de sa torpeur éthylique, la comparse qui se dandinait à quatre pattes en revanche, c'était une autre affaire. Les sortilèges le démangeaient, il se retenait franchement de la transformer en cruche à eau pour la transporter sans encombre, mais les conséquences d'une telle métamorphose sur un être vivant, alcoolisé pour ne rien arranger, rendait la chose bien trop périlleuse. Sa petite amie, d'une voix blanche et neutre qui surpris le préfet en chef, commençait à se rendre compte de la situation. C'était une bonne chose, du moment qu'elle ne tournait pas à la panique, il fallait qu'il arrive à la canaliser pour qu'elle l'aide à gérer ce désastre ambulant qu'était Kelly jusqu'à l'infirmerie.

«Pas nécessairement Yesenia, ensemble on va arriver à vous mener à monsieur O'Belt qui s'occupera de vous d'accord ? Il est gentil, avec lui tout se passera bien, et puis tu sais il n'a pas le droit de divulguer les secrets, donc tout va s'arranger rassure toi. Maintenant aide moi à porter Kelly, prend son bras gauche, là, parfait. Kelly ? On va sortir du bureau et aller à l'infirmerie, tu ne dis pas un mot, sinon tu feras beaucoup de peine à Yesenia et elle sera tout aussi punie que toi et tu n'en as pas envie n'est-ce pas ?»

Le ton était doucereux, pas franchement naturel vu la situation, mais il était prêt à quasiment tout pour régler cette crise. Le temps viendrait où le mots ne seraient plus doucereux ni rassurant, il ne manquerait pas de les agonir de reproches, les phrases et les mots tourbillonnaient déjà dans sa tête, mais pas maintenant, son courroux devrait attendre.

L'ascension fut longue, elle parut lui durer une éternité. Chaque marche était un péril, chaque couloir les exposait à n'importe quel préfet ou adulte, mais chaque mètre parcouru était une petite victoire et lorsqu'enfin se dessina l'arrivée, il avait lui-même du mal à y croire. Bientôt il aurait une conversation très désagréable avec l'infirmier, mais il rentrerait ensuite dans sa salle commune avec la certitude que sa petite amie serait prise en charge de manière bienveillante et professionnelle. Il aurait bien laissé Kelly décuver dans le froid d'un cachot, mais s'il avait pris tous ces risques, ce n'était pas pour rien...

Enfin la fin pour moi, merci (non en fait pas du tout ) les filles !