Les informations sont lâchées et j'essaie de toutes mes forces de visualiser Valerion en fonction des paroles qui me sont rapportées. J'ai besoin de plus d'éléments si je veux pouvoir préparer ma défense. Il faut que je sois prêt si elle venait à m'interroger. Je me détache peu à peu de Brynn lorsque je commence à réfléchir, retire ma main et et fixe le sol, comme si la réponse m'y attendait. La réflexion est toutefois de courte durée lorsqu'il me demande s'il doit donner mon nom. Mes yeux s'écarquillent face à tant de non sens. Je le traite d'idiot intérieurement, et me rappelle qu'il n'est pas au courant de ce que je comptais faire.

- Mais non, tu vas pas donner mon nom !, m'exclamé-je avant de me reprendre. Je lui en parlerai moi-même plus tard. Mon ton se veut rassurant, mais l'idée de m'imaginer parler à Valerion de ce cadre me terrifie.

Je ne relève pas le commentaire sur le fait que le journal n'existe pas. Le laisser penser qu'elle ait pu se tromper me convient, et tant qu'il ne me pose pas la question directement, je n'ai pas à tenter de me justifier.

- Bon, et elle avait quel ton ? Elle avait l'air énervée ou juste étonnée ? Et t'as reconnu des élèves dans le groupe ? Tu saurais me les montrer si on les croisait ?

A défaut d'avoir le cadre et de pouvoir le récupérer, je peux peut-être me faire une liste mentale de ceux qu'il a vus. L'espoir est infime, étant donné qu'il vient de débarquer dans le château, mais je ne vois rien d'autre pour l'instant. Attendre que tous sortent en plein milieu de la nuit n'est évidemment pas une option.

Brynn manque de sursauter sous l'exclamation négative de Lukas et, un bref instant, il a peur que les personnes qui peuplent la pièce derrière lui puissent les entendre. Cependant, le soulagement qui déferle en lui lorsque son aîné lui indique qu'il ira parler lui même à sa professeure lui fait presqu'aussitôt oublier son inquiétude.

Lorsque Lukas se met ensuite à lui poser une nouvelle foule de questions, le petit garçon l'écoute en se disant que le Poufsouffle ressemble vraiment à un journaliste, à égrener ainsi ses interrogations. Les doutes que Miss Valerion ont malgré tout fait naître en lui par rapport à l'existence d'un journal se dissipent doucement, bien qu'il ne puisse s'empêcher de se dire que Lukas ne doit pas être un très bon journaliste. Après tout, les questions qu'il lui pose sur le ton ou l'état d'esprit de sa professeure le laissent quelque peu perplexe, ayant, lui, bien conscience que Miss Valerion n'a probablement pas toujours le même ton lors de ses petits cours du soir. Lors de son club privé, comme elle lui a dit. Néanmoins, puisque cela a l'air important pour Lukas, il décide de ne pas relever et s'applique à lui répondre avec précision. Le garçon près de lui a l'air après tout de tenir aux détails.

- Elle avait l'air fâchée, au début, mais après elle voulait pas qu'on sorte, avec la fille qui voulait qu'on sorte, et elle a dit que j'allais faire la photo puis elle l'a prise parce qu'elle était jolie et que le journal existait pas... Je crois qu'elle était contente ?

Le jeune gallois s'arrête là dans sa réponse, estimant qu'il a assez détaillé, surtout pour des questions dont il ne comprend pas vraiment la raison d'être. Les questions suivantes, en revanche, l'embêtent un peu plus, car il se sent bien incapable de reconnaître les grands qu'il a aperçu. Quant à les connaître, la question ne se pose même pas. Sa réponse sort doucement, tandis qu'il fronce un peu le nez :

- Je ne crois pas. Que je les reconnaîtrais. Mais ils étaient grands, et il y avait une fille - celle qui voulait qu'on sorte - avec des cheveux foncés.

Cette dernière personne, peut-être pourrait-il la reconnaître. Après tout, elle a été pendant quelques instants le point d'ancrage de son regard, lorsqu'il essayait de ne pas se laisser engloutir sous son malaise. Essayant d'attraper les yeux de Lukas avec les siens, il ajoute néanmoins, parce que cela lui semble tout de même important, bien que ça ne corresponde pas à une des questions de son aîné :

- Elle a aussi dit que le couvre feu était passé...

A chacune de ses réponses, j'épie son comportement, ses gestes et ses regards. Ses yeux partent en haut à gauche lorsqu'il réfléchit : il ne ment donc pas. Je ne l'aurais pas vu être du genre à mentir, mais vérifier dans un moment comme celui-ci ne me semble pas être de trop. J'essaie donc de retenir chaque information et bloque à la mention de la-fille-qui-voulait-qu'on-sorte.

- La fille ? Quelle fille ?, demandé-je en fronçant les sourcils. Je hausse finalement les épaules. Cette information n'est peut-être pas primordiale pour le moment. Ce qui est plus important ici, c'est que Valerion lui ait dit que le journal n'existait pas. Je mime un air étonné en contrôlant ma peur d'être démasqué et n'évite même de relever. Ne pas chercher à trop en faire, c'est la base d'un mensonge. Il se contentera de mon air surpris.

Je prends une grande inspiration lorsque, évidemment, il confirme mes soupçons : il serait incapable de les reconnaitre et de les identifier. Et puis un fille aux cheveux foncés.. Super, l'information. Y en a des centaines à Poudlard.

Perdu dans mes pensées et dans mes stratagèmes, le petit brun me rappelle qu'un couvre-feu existe.

- Oui, t'as raison, lancé-je en posant ma main sur son épaule. Vas-y, je vais pas t'attirer d'ennuis, je te ramène. Si on croise quelqu'un, on aura qu'à dire qu'on était au club, qu'on avait une autorisation spéciale, d'ac ? Ou qu'on sort de l'infirmerie.. Ils iront pas vérifier.

Et avant de partir en direction des escaliers, je m'arrête un instant, fourre ma main dans poche et fais tomber des saletés récoltés du parc plus tôt : des feuilles, des cailloux et toute sorte de saleté. Un joli cadeau pour le balayeur des couloirs.

- T'occupe. J'avertis Brynn de ne pas poser de questions et le pousse vers le bout du couloir.


____
Normalement, fin du RP pour moi

La réunion du club était terminée et Sixtine n'avait pas perdu une seule petite minute, elle était déjà hors du club. Son regard s'était posé sur deux silhouettes qui quittaient rapidement, trop rapidement, le couloir. Évidemment, elle s'attendait à trouver le petit Poufsouffle au bout de ce couloir, mais elle ne s'attendait pas à le voir accompagné.

Elle n'avait nul besoin de voir le visage de l'autre élève pour reconnaître Sharp. Et, elle n'avait nul besoin de l'interroger pour comprendre ce qu'il s'était passé ici. Le fameux "journal" de l'école, le cadre... Quoi que, elle n'avait pas toutes les réponses, pourquoi diable Sharp aurait voulu une photo des prodiges ? Une photo d'elle, elle aurait pu comprendre, mais une photo des prodiges ? Que comptait-il faire ? Les menacer ? Devenir leur ami pour entrer dans le club ? Sans attendre une minute de plus et esquivant les détritus dans le couloir, Sixtine s'approcha tout en s'adressant aux deux élèves.

- Sharp et... L'autre, attendez une seconde, je crois que nous devons avoir une petite discussion, vous ne pensez pas ?

Elle se plaça derrière eux et attendit patiemment leurs réponses. Leurs réponses ? Non, évidemment, la réponse du deuxième Poufsouffle, elle n'en avait que faire, mais la réponse de Sharp, elle l'attendait de pied ferme. Quelques semaines plus tôt, elle avait promis à la mère du garçon de prendre soin lui et, il était déjà en train d'enfreindre le règlement.

242
Hep hep hep, une petite minute avant de prendre la fuite !

Si Brynn note l'interrogation de son camarade concernant la fille dont il parle, il ne relève pas vraiment, ne sachant pas que dire de plus que ce qu'il a déjà dit à son sujet. La fille qui voulait qu'on sorte. Il pourrait dire que c'est une grande et qu'elle savait qui il était, mais lui ne sait pas qui elle est et il se doute que c'est ce que Lukas veut savoir. Alors, à la place, il fronce simplement le nez dans un signe obscur d'ignorance.

Lukas a cependant l'air satisfait par ses réponses, puisqu'il n'insiste pas plus et l'attrape par une épaule pour le ramener en salle commune. Une respiration qu'il n'avait pas conscience d'avoir retenue lui échappe et le petit garçon se met à suivre docilement son aîné, qui lui explique ce qu'ils devront répondre s'ils croisent quelqu'un. Si Brynn trouve les excuses proposées un peu étranges, et se sent bien incapable pour sa part de les donner, il ne cherche pas plus que ça à comprendre : Lukas a l'air d'avoir la situation bien en main. Et puis ça ne peut pas être si grave que le couvre-feu soit passé, puisqu'ils sont justement en train de retourner se coucher, si ?

De toute façon, les questions qu'il aurait pu poser sont rapidement balayées par un tout autre sujet lorsque le plus grand marque un arrêt pour déposer feuilles, cailloux et brindilles dans le couloir. Que fait-il ? L'acte ressemble à ses yeux beaucoup à un message, une marque pour pointer son passage, et le jeune gallois se demande à qui ce message est adressé. Est-ce pour un autre ou pour lui même ? La bouche du petit Poufsouffle s'ouvre sous une question mais aucun son n'en sort, court-circuité par l'injonction de son aîné qui lui dit de ne pas s'occuper de ce qu'il est en train de faire. Fronçant un peu le nez, Brynn abandonne donc l'idée de comprendre, pour la énième fois de sa soirée, et laisse son camarade diriger ses pas, peu mécontent de toute façon de se rapprocher plus rapidement de son lit.

Cependant, alors qu'il commence à se dire qu'il reconnaît les environs, une voix s'élève dans leur dos. Une voix qu'il connaît, dont il a eu un aperçu très récemment, et qui réclame une discussion avec Sharp et l'Autre. Les deux dénominations sont obscures à ses yeux, mais il se doute qu'elles les désignent, et son cœur se met à battre un peu plus vite. Lui doit sans doute être l'Autre, puisqu'il ne pense pas être Sharp. Il n'a cependant pas le temps de réagir, à peine le temps de se retourner, qu'il se retrouve avec une main brusquement plaquée sur sa bouche, le perdant un peu plus. Il cligne des yeux, avant de les poser sur l'arrivante, les mains de Lukas toujours autour de lui.

Avalant sa salive, le petit garçon attrape le bras de Lukas pour tenter de l'abaisser légèrement. Il n'aime pas vraiment avoir une main posée sur son visage et cela augmente son malaise. Et puis, lorsqu'il remonte les yeux vers sa professeure, il se rapproche instinctivement de son camarade, comme s'il pouvait se cacher dans son ombre.
C'est bien Miss Valerion, qui les regarde en attendant qu'ils répondent. Il ne répondra pas toutefois : il a bien compris le message de son aîné et il préfère de toute façon le laisser gérer la situation.

Concentré sur le chemin du retour, je n'entends que l'écho de nos pas sur la pierre froide du couloir. Je suis habitué au son de mon pied gauche qui résonne une seconde avant celui du Poufsouffle ; nous avons pris un rythme de cadence. Ainsi, je ne sursaute pas tant pour la voix que j'entends en fond, mais pour la propriétaire qui me hèle. Merde. Ma mâchoire se crispe et je fais un effort pour obéir et me retourner. Je fixe Brynn qui vient d'être renommé "L'autre" et, alors que je risque gros, je souris en constatant qu'il n'a pas de nom pour Valerion. Il n'est rien, alors qu'il y a à peine dix minutes, il était devant elle.

Ses talons nous ont rattrapé et là voilà face à moi demandant une explication. La panique me prend, mon rythme cardiaque s'accélère et par réflexe, je plaque ma main sur la bouche du première année pour l'empêcher de donner les raisons argumentées plus tôt. Evidemment qu'elles n'auraient aucun poids, aucune cohérence s'il les énonçait maintenant, mais je ne connais pas encore son degré d'intelligence et préfère ne prendre aucun risque. J'abaisse mon bras une fois certain qu'il ne parlera pas.

- Il s'est perdu jusqu'à votre Club visiblement, je le ramenais en salle commune, lâché-je en fixant les yeux du Jaune qui s'est rapproché de moi, pour qu'il ne tente pas de me contredire.

Je reviens à ceux de Valerion qui sont sûrement bien moins complésants que ceux de mon voisin et attends.. Je ne lui ai jamais menti, mais là, la situation est différente, il faudrait tout expliquer et l'humiliation serait trop grande. Et puis, une vérité dans un mensonge passe toujours mieux. Je force le regard pour me donner du sérieux, je joue l'étonné, celui qui ne comprend pas pourquoi on lui pose une telle question - alors qu'il ne respecte pas le règlement - et patiente en tentant de réguler mon rythme cardiaque.

Si le plus jeune avait voulu répondre, il ne pouvait plus. Il était désormais soumis à la seule volonté de Sharp qui avait décidé de prendre les choses en main, littéralement. Le plus âgé des Poufsouffle avait passé sa main sure la bouche de son camarade pour l'empêcher de parler, de donner sa version des faits. Et enfin, il le libéra de cette main pour prendre la parole et donner l'explication qui lui convenait le mieux.

Les yeux de Sharp l'avaient trahi, il avait regardé le jeune Poufsouffle et c'est à cet instant que Sixtine eut compris qu'il ne lui disait pas la vérité. Bien que blessée par ce petit mensonge, elle décida d'accorder le bénéfice du doute à Sharp, mais elle ne manquerait pas de l'interroger plus tard, quand il serait seul. Elle observa une minute les deux élèves avant de se prononcer.

- Bien, rentrez dans votre terrier en vitesse et faites en sorte de ne croiser personne, vous savez bien que vous n'avez pas l'autorisation de sortir après le couvre-feu. Plaçant toute sa confiance en Sharp, elle comptait sur lui pour ramener "l'autre" sans faire de vague.

Elle fit ensuite demi-tour, laissant les deux élèves dans le couloir et repartant dans son club ou plus aucun élève, aucun prodige, ne devrait être présent. Elle en profita pour nettoyer les quelques détritus du couloir en passant et disparu derrière la porte réservée aux membres du club.

238
Fin du RP pour moi.

Lorsque Lukas prend la parole, Brynn ne peut s'empêcher de lever la tête vers lui, surpris. Plongé dans ses yeux, dont il a l'impression que l'objectif est de le convaincre de ce qu'il vient de dire, l'enfant est confus, voire perplexe. Ça n'est pas vrai. Ça n'est pas cela qu'il s'est passé. Et ça ne correspond d'ailleurs à aucuns des scénarios qu'il lui avait mentionné un peu plus tôt.
Pourtant, Lukas ne scille pas, et le petit garçon réalise que Miss Valerion sait déjà que lui était au club et qu'il ne peut donc pas dire qu'il avait une autorisation ou bien qu'il était à l'infirmerie. Et puis quelque part c'est vrai qu'il était perdu en sortant du Club et qu'il avait eu besoin de son aîné pour lui indiquer le chemin.

Incertain, le petit Poufsouffle tourne le regard vers sa professeure avant de rapidement baisser les yeux. Il ne sait pas vraiment mentir et il n'ose pas la regarder, de peur qu'elle fouille son regard ou lui demande de confirmer. Aussi, il reste coi près du plus grand, tandis que le silence s'étire, inconfortable. Il se demande un instant s'il doit dire quelque chose, si c'est cela qu'attend son enseignante, et quelques pensées tournent en vrac dans son esprit tandis qu'il hésite. Hésitation que vient finalement rompre la voix de l'adulte.

Cette dernière semble avoir décidé que leur petite discussion pouvait rester très courte, puisqu'elle leur ordonne de retourner dans leur terrier avant de faire demi-tour, les laissant seuls dans le couloir. Brynn se décrispe doucement avant de reposer les yeux vers son aîné. Est-ce que Miss Valerion vient de leur recommander de ne croiser personne pour ne pas être punis, ou bien a-t-il rêvé ? Pourquoi serait-ils punis si elle ne l'a pas fait ? Et pourquoi ne les a-t-elle pas punis, si elle pensait qu'ils auraient dû l'être ?

Fatigué, l'enfant décide que Miss Valerion est gentille et que sortir après le couvre-feu n'est pas une bêtise très grave, comme il le lui semblait d'ailleurs déjà. De toute façon, il ne veut pas sortir après le couvre-feu. Lui, ce qu'il veut, c'est rentrer après le couvre-feu, et c'est ce qu'il va faire, si Lukas reprend la route avec lui.

Probablement fin pour moi aussi. Merci à vous deux, c'était un plaisir ! Et merci Lukas pour le contexte

J’arque un sourcil dans la direction de ma professeure, lorsque j’entends son « bien ». Pas de bataille, pas de menace, elle semble me croire et nous laisse partir. Je contrôle ce sourcil relevé inconsciemment sous la surprise et m’efforce de laisser paraître un visage plus sérieux, plus sûr de lui. J’obtiens le passe-droit de Valerion, et Brynn aussi, par extension. Je souris, satisfait et hoche la tête pour assurer de la rapidité du retour jusqu’aux dortoirs.

— Entendu. Merci, Miss. Bonne soirée.

Bien sûr que nous savons que nous n’avons pas l’autorisation, mais faut dire aussi que l’heure du couvre-feu est tôt. Mais soit, je ne briserai pas — pas totalement — sa confiance et ramènerai le petit Poufsouffle. Je place mon bras par dessus son épaule et l’entraîne dans le couloir en un pas décidé.

Sur le chemin du retour, j’élabore des plans. Des plans pour récupérer mon cadre. Je ne peux pas le lui laisser. Je ne peux pas lui laisser le temps de comprendre qu’il m’appartient. Et si elle venait en parler à Priddy ? Il va falloir que je surveille ses regards, si elle m’observe et surtout si Valerion me regarde différemment, ou me donne un quelconque indice me faisant penser qu’elle me sait à l’origine de cette aventure. Hors de question d’imaginer ne serait-ce qu’un semblant d’explication. De quoi j’aurais l’air ? « Je voulais connaître les noms de celles et ceux qui comptent pour vous » ? Non, beaucoup trop gênant. Il va me falloir le récupérer, il n’y a pas d’autres solutions.