Fait étonnant, la véritable rencontre plus posée entre les deux Serpentard s'était.. bien passée. Bien sûr, Alexander et Niks - comme la jeune fille aimait à être appellée, étaient radicalement différents, et pourtants, deux événements de décembre dernier avaient permis de mettre en lumière des intérêts et objectifs communs plus qu'intéressants. Étrangement, au fil des discussions avec sa camarade qu'il ne considérait pas comme une amie, pas encore, le Serpentard s'était retrouvé plus d'une fois à acquiescer aux raisonnements de la jeune sorcière, et lui à lire une lueur d'intérêt chez celle-ci lorsqu'il exposait les siens.

Mais ce qui acheva de sceller la confiance d'Alexander en Niks fut un tout autre élément. Même si leur première rencontre n'avait pas été des plus amicales, Basil avait été plus d'une fois le discret et fier messager rampant entre les deux Serpentard et, pour tout avouer, il semblait bien s'être pris d'affection pour elle : l'écossais l'avait même vu une fois se dresser en réponse à ce qu'il avait perçu comme une menace pour Niks. Et c'est ainsi que quelques jours plus tard, aujourd'hui, le Serpentard avait donné rendez-vous à sa camarade dans la serre tropicale, à laquelle il savait pouvoir heureusement accéder sans efforts.

Ils avaient discuté de bien des choses en près d'un mois, et le lieu, le plan d'action qu'il avait à proposer aujourd'hui était l'aboutissement de leurs discussions, de la confiance naissante entre Alexander et Niks. Il était prêt à lui exposer ses propositions. Il en était persuadé : aujourd'hui, quelque chose de fort allait naître. En attendant ce moment et l'arrivée de la jeune fille, le Serpentard s'était assis pour dessiner une des plantes de la serre, alors que le boa serpentait entre celles-ci comme s'il était chez lui, ce qui somme toute n'était pas si éloigné de la vérité.

Leur rencontre après sa découverte dans la salle commune avait été pour le moins instructive pour Veronica. Mais même si elle s’était rendue compte qu’il y avait quelque chose de particulier chez Alexander, la brunette n’avait pas oublié pourquoi elle ne l’appréciait pas au début. Cependant sa curiosité avait pris le pas sur sa méfiance, et elle s’était surprise à être plus ouverte, et à exprimer davantage son point de vue et ses réflexions. C’était intéressant – un mot que la jeune Blackburn utilisait rarement pour qualifier ses échanges avec les gens de son âge.

La lumière était presque aveuglante pour la jeune fille qui n’avait pas encore mis les pieds à l'extérieur de la journée, et le froid d’hiver mordait désagréablement ses joues. Chaque pas sur les pavés inégaux du chemin et sur la terre semblait faire écho dans ses articulations douloureuses, souvenirs persistants de son dernier entraînement de Quidditch. Malgré la douleur, la sorcière savait que ce moment valait le détour.

Alors quand elle arriva enfin au niveau des serres, la joueuse de Quidditch accéléra le pas jusqu’à la serre tropicale, qu’elle pénétra discrètement. Il ne lui fallut pas longtemps avant de localiser le Serpentard qui devait surement l’attendre, assis. Néanmoins elle ne se dirigea pas immédiatement vers le garçon, mais plutôt vers une forme blanche en mouvement qu’elle avait également repéré entre les plantes.

« Coucou Basil », chuchota-t-elle au serpent.

Même concentré sur son dessin, étant donné qu'il attendait quelqu'un, Alexander n'avait pas relâché son attention et il entendit donc sa camarade approcher. Comme il avait pu s'en douter, il avait bien fait d'autoriser son ami à écailles à l'accompagner. Dialoguer avec Niks était toujours plus simple lorsqu'il était dans les parages, les faits le montrait une fois encore. Et le Serpentard ne disait jamais non à un peu plus de persuasion.

EthaaAyaeehSeyythaaSheaayaAyaeehEsseythaHasseey

Basil n'avait pas perdu du temps pour répondre, et l'enfant claqua deux fois la langue en direction du boa pour l'inviter auprès de lui. Mais en Joyce bien élevé, Alexander n'oubliait pas la jeune fille pour autant.

- Il fait bien meilleur ici que dehors. Sauf en été, bien sûr, mais nous ne le passons jamais au château.

Alexander posait déjà les bases d'une argumentation future, mais il n'allait pas commencer par là. Il invita simplement Niks à s'installer auprès du serpent albinos et de lui-même, le temps qu'il termine son croquis - qui lui serait d'ailleurs aussi possiblement utile pour plus tard. Il reprit la parole, de sa voix neutre habituelle, caressant distraitement Basil tout en donnant quelques coups de crayons sur son carnet.

- Nous avons quelque peu évoqué l'idée de nous intéresser à certains domaines de la magie qui ne sont malheureusement pas enseignés dans ces murs. Et puis, j'ai aussi réfléchi à ce que tu m'as dit. Il serait tout à fait à notre avantage d'exercer un certain contrôle sur les rumeurs et représailles. Après tout, contrôler les actions et les informations, c'est la base de tout.

Alexander s'interrompit le temps de jeter un œil à sa camarade, avant de poursuivre.

- Encore une fois, j'y ai bien réfléchi. Je n'ai parlé du contenu de nos discussions à personne, mais je pense que nous serions plus efficaces à plusieurs, que d'autres personnes pourraient se montrer intéressées. Après tout, on ne construit aucun mur avec seulement deux pierres. Qu'est-ce que tu en penses ?

Veronica sourit à la réponse du serpent. La jeune fille n’avait aucune idée de la signification de ses sifflements, mais cela n’importait peu au final. Seuls ses réactions étaient suffisantes pour que la brunette sache que l’appréciation était surement réciproque. Quand elle entendit les claquements de langue caractéristiques d’Alexander – qui n’était pas un tic comme elle l’avait cru lors de leur rencontre en salle commune, mais sa manière de communiquer avec Basil – elle se tourna vers le sorcier.

Celui-ci s’adressa à elle en parlant de la météo, et elle du s’empêcher de lever les yeux au ciel. Ce n’était pas par moquerie, elle trouvait juste la manière de parler du blond assez particulière. Comme un adulte ou un vieux tableau. La deuxième année se contenta d’un léger sourire quand il l’invita à s’asseoir, et elle le laissa parler, tout en laissant la température de la serre la réchauffer. La Serpentard écouta attentivement la tirade d'Alexander, les souvenirs de leurs échanges lui revenant en tête. Elle prit un instant pour rassembler ses pensées avant de partager sa pensée.

« Tu peux construire un mur avec une cinquantaine de pierre oui, mais ça veut pas dire que ton mur est solide. Rassembler d'autres personnes peut être risqué. Plus il y a de gens impliqués, plus il y a de chances que des plans échouent ou que des idées meurent, même si ces gens sont soi-disant de confiance. »

Veronica croisa les bras, montrant sa préoccupation.

« Je ne dis pas que c'est une mauvaise idée, mais je pense que nous devons être prudents. Nous devons trouver des personnes dignes de confiance, discrètes, et établir des règles… Si on veut commencer à construire un réseau durable, en théorie. Nous avons des intérêts communs, mais qui d’autre ? A notre niveau nous ne serons jamais pris au sérieux par les plus vieux, et excuse-moi, mais la majorité des personnes de notre âge sont... Ce qu'ils sont. »

Alors que Basil s'amusait encore à serpenter d'un Serpentard à l'autre, Alexander écoutait attentivement les mots de sa camarade, en soutenant son regard. Heureusement, Niks ne se montrait pas aussi récalcitrante que l'enfant ne l'avait craint, mais il se rendait bien compte que ce n'était pas gagné pour autant et, il savait également qu'il ne fallait jamais rien prendre pour acquis avec la jeune sorcière. Heureusement, il avait des arguments en poche, et c'était le moment de commencer à les utiliser.

- Alors, nous sommes d'accord. Il nous faut les fondations les plus solides, et non les plus nombreuses. Pourtant, tu sais, aussi rares qu'on pourrait les croire, ces personnes ne seraient peut-être pas si difficiles que cela à réunir. Si je te parle de quelqu'un, d'un ou une élève de confiance dans ce château, je suis certain que là, maintenant, même fugacement, même si tu peux en douter, un nom, un visage t'es venu en tête immédiatement.

Alexander attendit quelques instants avant de reprendre.

- Pour moi, sans même réfléchir, c'est Louna qui apparaît dans mon esprit. Tu la connais, il me semble ? Et quand on y réfléchit, mon intuition ne semble pas dénuée d'intérêt : après tout, Louna m'a semblée très intéressée par certains de nos sujets et surtout, elle me fait confiance autant que je le lui fait. Je pense qu'elle me suivrait dans n'importe lequel de mes projets - et c'est réciproque. Et puis, Basil l'apprécie.

Finissant de déclamer son premier argument, le Serpentard se retourna vers Niks.

- Et toi, quelle est la personne qui apparaît dans ton esprit ?

Elle laissa la parole au second Serpentard, et l’écouta avec attention malgré son regard qui suivait vaguement les déplacement de compagnie du blond. Quand il fit une première pause dans son discours, la deuxième année se mit à réfléchir. Il n’avait pas tort, il y avait bien un visage qui lui venait en tête. Tamsin. Son acolyte depuis la première année, et la deuxième diablesse de Moriarty. Les deux jeunes filles avaient déjà leur propre cercle à elles, leurs plans, leurs idées. Peu importe ce qui semblait s’assembler petit à petit dans cette serre, leur alliance passait en priorité. M était leur chaos, leur défi à elles, seules. Est-ce que cela voulait dire qu’elles ne pouvaient pas créer autre chose ? Il fallait qu’elle en parle avec la passionnée de divination.

Le prénom de Louna était loin de lui être inconnue effectivement. C’était une camarade de classe et de chambre, avec qui elle partageait le projet Wellhister depuis le match de Quidditch de leur maison contre Gryffondor. Sans parler de leur entrée dans l’équipe en même temps… Elles avaient beaucoup de chose en commun. Veronica avait confiance en elle depuis plus longtemps qu’elle n’avait confiance en Alexander.

Elle laissa planer quelques secondes, avant de répondre à la question de son interlocuteur : « Tamsin Gillies, évidemment. Je sais que je peux compter sur elle, plus que quiconque dans ce fichu château. Mais cela ne veut pas dire qu’elle sera intéressée par tout ça, et je ne lui imposerai pas. »

D'autres que lui, arrivés devant un tel moment où leurs arguments auraient fait mouche, auraient souris. Mais pas Alexander. D'abord, parce qu'il ne savait pas le faire, mais aussi et surtout parce que les choses sérieuses ne faisaient encore que commencer. Le Serpentard était cependant quelque peu satisfait de la tournure de la discussion, même si rien ne le montrait physiquement. Il avait réussi à faire entendre le fond de sa pensée à Niks, et c'était important s'ils voulaient arriver à mener à bien ce dont ils avaient pu discuter ensemble. Cependant, si le nom de Tamsin lui était familier et que malgré leurs différences, il lui était arrivé de confier un secret à sa camarade, Alexander n'aurait certes pas envisagé Tamsin comme choix personnel. Mais après tout, il n'était pas seul sur ce projet, il devrait donc s'en contenter. Si ce choix s'avèrerait payant, il n'aurait rien à y redire et, dans le cas contraire, cela s'imposerait aux yeux de tous.

- Louna, Tamsin. Cela nous fait ainsi déjà deux noms supplémentaires, à peine avons-nous commencé à y réfléchir. En cherchant convenablement, nous pourrions sans doute en trouver d'autres. Et puis, je crois que Basil a bien envie de nous aider aussi.

Alexander était loin de comprendre le fourchelang mais il pouvait au moins suffisamment interpréter le dialogue corporel du serpent aux yeux brillants d'intelligence. Tous les deux, tous les trois, ils venaient ainsi de franchir une première étape mais, ce n'était pas le seul point que l'adolescent voulait aborder avec Niks.

- Mais avant même d'établir avec précision qui et quand, je crois qu'on pourrait aussi parler de où. Et pour cela, j'ai une proposition. Comme je te le disais tout à l'heure, la température de la serre où nous nous retrouvons aujourd'hui est bien plus agréable que l'extérieur.

Et c'était vrai. Mais ce n'était là que le premier argument d'Alexander en faveur de l'endroit, qui fit glisser son carnet devant l'adolescente, révélant une carte parfaitement crayonnée des serres, salles et horaires compris. Il continua, en pointant du crayon ce qu'il indiquait à Niks.

- Comme tu peux le constater, la serre n°1 comporte un nombre considérable de points forts. Outre ce que nous évoquions, on peut souligner le fait qu'elle se trouve à bonne distance du reste du château et même du bureau du nouveau Professeur de Botanique. Ce n'est ni la serre la plus visitée, ni une de celles qui donnent sur la salle de cours. Et puis surtout, je peux nous y obtenir un accès n'importe quand. Il se trouve que j'ai déjà quelques tâches régulières à accomplir dans les serres. Avec un minimum de discrétion et comme je compte bien continuer de les remplir, même si Monsieur Charleston nous remarque, je n'aurais aucun mal à le convaincre que vous êtes ici afin de me tenir compagnie.

Alexander fit une légère pause, le temps aux arguments de faire effet, avant de reprendre.

- Je doute que nous puissions trouver un meilleur endroit que celui-là. D'autant que nous n'aurions pas vraiment à nous soucier de curieux ou petits plaisantins, c'est une perte de temps en moins. Qu'est-ce que tu en penses ?


RPGWRIMO : 522
C'est peut-être ma dernière réponse, j'ai hâte de la suite

Peut-être pourraient-ils trouver d’autres personnes, mais Veronica ne se sentait pas l’âme d’une recruteuse. Son amitié avec Tamsin était déjà suffisante pour certains projets, et elle savait également que Louna pouvait être une bonne addition – ne serait-ce que pour ses idées et son sens de l’observation. Cette alliance avec le Serpentard blond était encore surprenante, et hormis de lui offrir d’étranges conversations, et une curiosité non cachée pour ses expériences, il y avait toujours un côté récent, et incertain. De plus, il y avait une grande différence entre les paroles et la réalité : peut-être que tout cela s’épuiserait avant même que cela devienne particulièrement sérieux.

Veronica n’avait rien à redire sur l’argumentaire d’Alexander. Le lieu était important. Une sorte de quartier général, ou de sanctuaire. Son idée des serres, de la serre, était loin d’être mauvaise. Et ce n’était pas comme si elle allait partagée les planques qu’elles avaient trouvé, avec Tamsin. Pas encore du moins.

« Ça me va. »

Une si courte réponse, pour une si longue tirade, n’était peut-être pas juste, mais elle était concise. A peine eut-elle prononcée ces mots, que la troisième année se releva, tout en accordant une dernière caresse au reptile blanc.

« Si tu n’as pas d’autres choses à dire, je retourne au château. Et je te recontacte quand j’aurai parlé à Tamsin. »