Installée silencieusement dans un coin de la bibliothèque, Veronica patientait, le visage serein. Dans ses mains se trouvait un simple livre, trouvé parmi les nombreuses étagères de l'endroit.

Qui pourrait croire, que sous sa robe de sorcière flottante, se trouvait l’appareil photo sorcier que son frère lui avait prêté, avant que les vacances d’été ne prennent fin ? Sans doute le jeune garçon serait amusé et rougissant de honte en sachant qu’elle s’était détournée de la mission qu’il lui avait confié. Simplement prendre des jolies photos du château et des paysages, qu’il lui avait dit. Prendre des photos du Quidditch, de Pré-au-Lard, du club de duel… Le jeune garçon qui venait à peine d’avoir son premier accident de magie voulait déjà entrer à Poudlard, et tout connaitre, et la grande sœur n’avait pas su dire non. Il était sa faiblesse – sa cryptonite, si elle connaissait la moindre chose en rapport aux comics et aux supers héros moldus.

Elle n’avait pas prévue, de tomber sur l’infirmier et la psychomage dans le parc en début septembre, et elle n’avait pas prévue non plus, qu’une certaine Elisabeth Willis l’embarquerait dans un plan de vengeance contre une boursouflette. Mais c’était arrivée, et s’il y avait bien une chose qu’elle avait apprise en allant à l’école moldue, c’était de faire avec. Pas dans le sens de subir, mais de retourner la situation à son avantage. L’ennui dans la cour de récréation ? Elle l’avait converti en temps d’apprentissage pour apprendre à lire sur les lèvres. Les moqueries insignifiantes et les discussions idiotes de ses anciens camarades ? Cela lui permit de maitriser l'ignorance, et à rester de marbre – et à savoir reconnaitre les bons et mauvais moments pour cracher du venin. Devoir nettoyer le sol de la classe parce qu’elle avait été accusé d’une bêtise qui n’était pas la sienne ? Elle avait réussi à récupérer des objets confisqués dans le tiroir de son enseignant, avant de faire en sorte qu’il y ait de la terre dans la boite à gouter du responsable. Alors, être embrigadée dans le kidnapping d’une bestiole rose ? Elle transformerait cela en une double vengeance, et un cadeau pour la collection d’une de ses camarades. Et plus, grâce à son appareil.

Alors, avec un air paisible et concentrée, elle attendait. Elle attendait que ses yeux et ses oreilles viennent lui rendre visite.

Lorsqu'Alyssa avait reçu ce papier, elle s'était rendue aux toilettes abandonnées à l'heure indiquée sans grande hésitation, davantage portée par la curiosité que par autre chose. Elle avait eu la surprise de retrouver plusieurs têtes plus ou moins connues dont Lily, Gideon et Elisabeth ; elle ne connaissait que de vu les autres qui faisaient parti de sa promotion. Mais tous s'étaient montrés unis dans un seul et unique but : mettre fin au règne de la terreur Klee. La jeune fille n'avait pas hésité bien longtemps avant de rejoindre l'aventure, refuser un défi ne faisait pas parti de son vocabulaire et donner quelques petites missions à Narcisse ne pouvait être qu'amusant ; de plus jamais qui que ce soit n'irait jusqu'à blesser la boursouflette rose. Mais surtout, depuis qu'elle avait amené Gus à Poudlard, Alyssa craignait que Klee ne s'en prenne à lui, son petit protégé qui adorait manger des bonbons et explorer le château en toute innocence.

Et aujourd'hui la blondinette avait une mission qui s'imbriquait dans un plan digne d'un film d'espionnage moldu -car elle avait eu l'occasion d'en regarder durant son enfance. Bien sûr, elle ne savait en rien des détails des différentes missions à accomplir : c'était une question de sécurité pour leur petite équipe, personne n'était supposé connaître tous les détails. La mission d'Alyssa était vraiment simple : elle devait déposer deux enveloppes à côté de la vitrine la plus au fond de la salle des trophées. Ces enveloppes étaient supposées accueillir des cheveux de... Des préfètes de Poufsouffle, il lui semblait. En fait, cela ne l'importait pas vraiment, c'était tout de même une drôle d'idée de vouloir des cheveux de qui que c'était. Une seule question subsistait dans son esprit, comment pourraient-ils être sûrs que le Poufsouffle n'ait pas récolté des cheveux au hasard ? C'est ce qu'Alyssa aurait directement fait, elle.

Mais cela n'était pas son problème. D'un pas léger, Alyssa se dirigeait donc vers la salle des Trophées qui était seulement à deux étages en dessous de la Tour de Gryffondor. Elle fit mine d'observer les différents prix gagnés par des préfets ou joueurs de Quidditch s'étant démarqués dans leur scolarité, se disant que c'était un miracle qu'elle n'avait jamais eu encore à les nettoyer.

Enveloppes à côté de la vitrine la plus au fond. Ça, c'était placé.

La jeune fille se rendit ensuite à la Bibliothèque, et traça vers le fond des rayons afin d'attraper un livre sur le Quidditch. Sur le retour Alyssa passa volontairement devant Niks et lui souffla dans un demi-sourire :

- Le hibou est dans son nid.

La deuxième mission d'Alyssa était autrement plus amusante. Elle devait s'assurer que Narcisse chante bien une petite chanson dans le Hall d'entrée. De son humble avis, cette mission ne devait pas poser trop de problèmes au petit Poufsouffle qui était loin de se distinguer par une timidité extrême, lui qui était plutôt agité et bruyant, nul ne pouvait le nier. La jeune fille s'était donc accoudée dans un coin du Hall, laissant son regard bleuté se promener sur les quelques groupes d'élèves qui s'étaient retrouvés ici. De passage, pour discuter d'un cours, pour chahuter. Chacun avait son occupation et celle d'Alyssa était de repérer à tout prix Narcisse Brando.

Un sourire se dessina sur son visage, la Gryffondor avait hâte de voir Narcisse passer à l'action. Peut-être même qu'ils pourraient en rire une fois les missions terminées et Klee remise en sécurité à son propriétaire. La troisième année était maintenant presque sur la pointe des pieds, gênée par un groupe d'élèves qui s'étaient arrêtés devant elle. Elle souffla, pourquoi tout le monde était aussi grand ? Mais son esprit ne put tergiverser plus longtemps car son regard capta enfin la personne recherchée.

Et son sourire glissa telle une coulée d'empestine. Ca y est, elle avait repéré Narcisse. Narcisse qui n'avait pas du tout son visage enthousiaste habituel. Il se trouvait être dans un état déplorable : égratigné de partout et le visage comme figé dans de la pierre. Le jeune garçon vint se placer au centre du Hall, maintenant seulement à quelques mètres d'Alyssa. Les élèves qui encombraient la vue de la blondinette se déplacèrent au même instant.

Cette dernière ne put donc que le regarder, figée. Il ouvrit la bouche. Il chanta sa chanson. C'était l'hymne Irlandaise, hymne qu'Alyssa avait entendue lors de la Coupe du Monde de Quidditch. Durant sa tirade, le regard de Narcisse se promena sur la foule, passant sur le visage devenu blême de la Gryffondor. Ce n'était pas drôle en fait. Telles étaient maintenant les pensées d'Alyssa qui avait l'impression de se retrouver dans un mauvais film parfaitement mal interprété.

La chanson se termina. Le garçon tourna les talons, quittant les lieux en courant. Alyssa secoua la tête, complètement perdue.

C'était vraiment pas drôle, pensa-t-elle encore une fois, mortifiée.

Cette fois les pas traînants, la Gryffondor se rendit pour la deuxième fois de la journée à la bibliothèque et reposa dans un rayon au hasard le livre de Quidditch qu'elle n'avait plus vraiment envie de lire. Passant devant Niks, elle murmura le visage parfaitement neutre :

- Le focifère a bien chanté.