Si ses sources étaient bien exactes, le cours du professeur Charleston avec les troisième année devait déjà être terminé depuis une petite heure à présent. Et qui disait cours terminé, disait aussi serres vides. Après avoir patienté dans son dortoir depuis la fin du repas de midi, s'occupant comme il le pouvait en essayant de chasser toutes les pensées qui le ramenait vers la lettre qu'il avait reçu le matin même dans la Grande salle, le jeune sorcier arriva enfin sur les lieux du cours de Botanique.

Dans la poche de sa robe se trouvait la précieuse graine, bien emballée dans un morceau de tissu pour la protéger, qu'il avait reçu dans un colis en plus de la lettre. Selon les dires de sa grand-mère, elle aurait fait une affaire en l'achetant à prix cassé lors d'un voyage à l'étranger mais elle avait besoin de l'avis d'un expert en la matière pour être sûr de sa valeur. Le garçon avait évidemment jeté un petit coup d'œil à l'intérieur du paquet, sa curiosité ayant prit le dessus, mais il ne s'y connaissait absolument pas dans le domaine pour savoir si son aïeule s'était faite rouler dans la farine ou non.

Percival se faufila alors à l'intérieur de la première serre à proximité et commença à scruter les alentours. Ce ne fut qu'après avoir traversé toutes les portes pour arriver jusqu'à son bureau qu'il mit enfin la main sur l'adulte.

- Ah professeur ! Heu... Bonjour, j'vous dérange pas j'espère ? demanda-t-il en patientant une poignée de secondes pour laisser à l'adulte le soin de répondre. En fait, j'aurais un p'tit service à vous demander... Fin' c'est pas vraiment pour moi c'est plutôt qu'je... j'fais le rôle de messager en quelque sorte, rectifia l'enfant en se grattant légèrement l'arrière du crâne.

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Chose étonnante pour un vendredi soir, Sigmund était encore dans son bureau, dans les serres de l'école. Habituellement après son dernier cours, le professeur de botanique remontait en salle des professeurs pour papoter de la semaine passée avec ses collègues et entamer quelques corrections de copies avant de profiter du week-end. Mais voilà, ce vendredi n'était pas comme les autres : Sigmund était particulièrement embêté, son chat avait mangé une bonne moitié du registre des plantes de la serre N°6. Il s'efforçait désormais de reconstituer le document de tête, heureusement aidé par sa bonne mémoire. C'était un exercice laborieux, et surtout aussi casse-pieds qu'évitable : Moustache avait les crocs dernièrement et mangeait vraiment n'importe quoi. Peut-être était-il temps d'abandonner l'idée de le mettre au régime ?

La porte de son bureau était ouverte comme une invitation plus qu'explicite à lui rendre visite. Il avait besoin d'une distraction. Et, plus chanceux qu'avec son registre des plantes : quelqu'un venait justement lui tenir compagnie.

« Entre je t'en prie, tu peux t'installer » répondit en retour le professeur de botanique. Il écouta le garçon, intrigué par sa requête encore bien mystérieuse. Un service, mh ? Et pour autrui, qui plus était ? Il désigna le petit fauteuil en face de lui pour que le garçon prenne place, et pendant qu'il s'installait, Sigmund commença à établir ses pronostics. Il y avait des chances pour que ce soit les explications d'un devoir - en messager pour une personne timide, ou des bonbons pour quelqu'un qui en avait déjà eu cejourd'hui. Ou alors, une volonté d'apprendre le tricot, et Percival n'osait pas dire qu'il était intéressé par cette pratique. Tant de possibilités et il tardait à Sigmund d'avoir le fin mot de l'histoire : « Dis-moi tout, je suis très curieux. Qu'est-ce qui t'amène ? »

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Une porte ouverte était souvent synonyme d'invitation à entrer selon lui, c'est pourquoi il ne prit pas la peine de toquer à trois reprises pour signaler sa présence et ne se contenta que d'élever le voix à la place. Le professeur l'invita aussitôt à prendre place face à lui sur un fauteuil, ce qu'il fit sans attendre plus longtemps sur le pas de la porte.

C'était la première fois que le garçon entrait dans le bureau d'un professeur, et la façon dont l'adulte l'avait décoré reflétait plutôt bien sa personnalité et ce qu'il dégageait dans la vie de tous les jours. Alors qu'il marchait en direction de l'assise, il ne put s'empêcher de regarder aux alentours. Beaucoup de cadres contenant des photos étaient éparpillés un peu partout sur les murs et même des dessins d'enfants - ou du moins il espérait qu'il n'en était pas l'auteur - étaient accrochés en abondance sur d'autres pans de la pièce.

Il quitta ensuite sa contemplation et s'assit sans oublier de remercier son hôte. Mr Charleston étant à priori curieux de savoir ce qui pouvait bien l'amener à venir le consulter, le jeune Serpentard ne le laissa pas plus longtemps dans l'attente et se lança dans les explications.

- Alors... En fait, j'ai reçu un p'tit colis et une lettre de ma grand-mère c'matin. J'vais vous épargnez tout le blabla inutile qu'elle m'a raconté, c'est pas le plus important t'façon, c'est plutôt c'qu'y avait à l'intérieur du colis qu'est intéressant... Tenez, r'gardez par vous-même.

Le première année se pencha en arrière pour pouvoir fouiller sa poche droite, l'arrière du crâne s'écrasant contre le fauteuil. Il en sortit alors un bout de tissu en forme de boule qu'il présenta ensuite devant lui en joignant les deux paumes de ses mains. Son regard se tourna vers le visage de son professeur de botanique tandis qu'il commença à dévoiler ce qui se cachait sous l'étoffe de coton - ou d'une autre matière, il n'en savait trop rien il n'était pas connaisseur en tissu de toute façon - l'envie de voir si l'adulte à la grosse moustache allait s'extasier devant la fameuse... graine.

Une graine, tout simple, comme on pouvait en trouver n'importe où dans une boutique de botaniste, voir même de fleuriste. Cependant, Percival n'y connaissait absolument rien sur les graines des végétaux. Il ne savait donc pas si l'apparence de celles-ci comptaient beaucoup sur leur propriété ou leur rareté, comme voulait le savoir son aïeule. Au final, le garçon s'était tellement questionné sur le sujet pendant toute la journée qu'il était peut-être plus intéressé par la réponse de l'expert en botanique que l'expéditrice du colis elle-même.

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Un colis et une lettre - c'était déjà bien pour commencer. Sigmund s'attendait presque à voir ladite lettre apparaître devant lui mais il n'en était rien. Presque déçu, parce que le professeur de botanique aimait beaucoup les grands-mères, il accueillit cependant le reste des explications et le fameux objet d'intérêt du garçon avec le même enthousiaste. Le temps lui parut long alors que le gamin décortiquait lentement le cocon de tissu de son bien. Snif snif, ça ne sentait pas particulièrement les bonbons. Vu la taille, c'était peut-être une graine ? Ça expliquerait la présence du garçon dans son bureau, même si Sigmund recevait souvent de la visite sur des sujets très variés, y compris sur l'entretien des liens familiaux.

Finalement, le tissu tomba pour dévoiler, comme prévu : « ... Une graine. » Le constat lui avait échappé à voix haute, mais il n'était pas déçu pour autant d'avoir su deviner. Il observa successivement le petit grain et son propriétaire, incertain de ce qui était attendu de lui. À vue de nez, il ne reconnaissait pas l'espèce, mais elle ne devait pas être bien compliquée à faire germer si elle avait été fournie en un unique exemplaire. « Ta grand-mère te l'a donnée pour que tu t'occupes d'une plante, c'est ça ? Tu es venu me demander l'autorisation de la planter dans la serre N°6 ? »

Il se recula dans son fauteuil pour s'adosser contre l'assise. « Je peux te déposer un petit pot et de la terre si tu veux aller la déposer dans la serre, elle est encore ouverte une petite heure. Ta grand-mère t'a dit ce que c'était ? Elle t'a envoyé d'autres graines avec celle-ci ? »

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Point d'extasie comme il aurait pu le penser au préalable, l'adulte ne s'enflamma pas vraiment lorsque le garçon dévoila le germe à la lumière du jour. Peut-être avait-il déjà fait le constat sur l'origine de la graine et que cette dernière n'avait rien de fou ou d'extraordinaire. Après tout, il devait connaître tout ce qui touchait à la botanique sur le bout des doigts donc le fait de savoir quelle graine donnait quelle plante devait en faire partie. Un simple coup d'œil et puis boum, il avait déjà la réponse, non ?

Le professeur prit alors la parole à son tour mais Percival comprit dès ses premiers mots qu'il avait tout faux sur la raison de sa venue. Il ne comprenait pas vraiment d'où cette idée sortait et comment elle avait pu germer dans la tête de son professeur. Pourquoi est-ce que sa grand-mère lui enverrai une graine pour qu'il la fasse pousser dans les serres de Poudlard ? Elle pourrait très bien le faire dans son jardin, chez elle, et ainsi s'en occuper tous les jours. Le serpent s'apprêta à l'interrompre dans ses dires mais se ravisa au dernier moment, l'impression d'avoir comprit quelque chose. Et si, pour une nouvelle fois, et pour en revenir à son œil d'expert, le moustachu avait directement fait le lien et savait qu'il fallait que la graine pousse dans un biome en particulier, sous une certaine température ou autre caractéristique par exemple ?

Le noiraud se rappela alors du contenu de la lettre et ça fit aussitôt tilt dans son esprit. Le germe avait été acheté dans un pays asiatique comme avait pu le mentionner sa grand-mère, c'est pourquoi la semer au Pays de Galles ne servirait absolument à rien vu les grandes différences entre les continents. "Wow, il est vraiment trop fort." Il ne le pensait pas si talentueux mais l'estime qu'il avait pour l'adulte ne put que s'accroître suite à cette brillante démonstration de son talent.

- Non c'est pas ça, elle me l'a juste envoyé pour que j'vous la montre, répondit-il en s'avançant pour déposer le bout de tissu sur la table basse, avant de se remettre dans sa position initiale. Et après, je devrai lui renvoyer un hibou pour lui dire si elle est rare ou pas. Et non, elle m'a dit de bien faire attention parce qu'elle en avait qu'une seule justement.

Il leva le doigt en l'air puis se pencha sur le côté et fouilla son autre poche. Il en ressorti un morceau de parchemin plié en quatre qu'il tendit ensuite vers l'adulte, pensant que ça pourrait peut-être l'aider à comprendre.

- Tenez, c'est la lettre qu'elle m'a envoyé. Il attendit que le professeur prenne le bout de papier s'il était intéressé de le lire puis, dans la foulée, posa la question la plus importante. Mais du coup, elle est rare ou pas ?

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La montrer ? Pourquoi diable vouloir exhiber une petite graine ? Sigmund commençait à se poser beaucoup de questions, mais l'enfant n'avait pas terminé ses explications. Oui, ça commençait à faire sens : il était probablement question d'identification de graine. Merlin, mais pourquoi lui ? Était-ce parce que son bureau était plus près des cachots que celui du professeur Featherstone ? Bien sûr qu'en deux ans d'études, il n'avait strictement pas approfondi ce genre de thématiques. Sigmund avait simplement mémorisé par cœur le contenu de ses cours pour les recracher aux examens.

« Allons allons, voyons tout ça, » fit-il en réajustant ses lunettes sur son nez. Il saisit le parchemin offert par l'élève et le parcourut rapidement. Préceptrice, mh ? Prenait-elle encore des élèves ? Ah visiblement, non. Dommage. Une semaine de vacances ? Lui en aurait donné davantage. Oh, c'était mignon ça. Percival avait bien de la chance d'avoir des grands-parents si aimants ! Ah ! Une boîte avec une graine. Il en arrivait enfin au point qui l'intéressait. (avait-il tout lu avec beaucoup trop de curiosité ? Oui.) Quand le botaniste eut terminé sa lecture, il tendit la lettre à l'étudiant, glissant au passage un « Il devait avoir très joli sourire, ce marchand » qui lui avait échappé tout seul.

Sigmund attrapa délicatement la graine à l'aide du tissu qui l'enrobait et l'observa une seconde fois, plus attentivement. Elle était relativement petite et présentait une couleur parfaitement classique pour une graine ; un marron clair uniforme. Sa forme ronde et légèrement allongée ne tranchait en rien avec le commun des graines. Autrement dit, il allait vraiment devoir s'embêter pour parvenir à déterminer au moins une famille. « Maudits soient les sorciers de ne pas encore avoir inventés des sortilèges d'identification » grommela l'homme en se retournant pour chercher dans l'étagère derrière lui. La petite rangée de livres ne contenait qu'une vingtaine d'ouvrages - on était loin de la petite bibliothèque qu'il avait installée dans la serre N°6. Il ne fut pas difficile, parmi les quatre ouvrages d'identification, de retrouver celui qui se focalisait sur les graines. L'ouvrage fut posé sur le bureau, juste à côté de l'objet de la visite du garçon.

Avant d'ouvrir son livre, Sigmund se livra à un dernier exercice : à l'aide de sa baguette, il prit le temps d'analyser l'énergie émanant de la baguette, à la recherche d'un flux magique qui pourrait les aiguiller sur sa nature. « Je ne détecte pas de magie. Je peux me tromper, mais je pense qu'il s'agit d'une graine totalement non-magique. Après, il n'empêche qu'elle peut être rare, les moldus ont aussi tout un lot de plantes rarissimes. » Et donc, place à la première partie de son ouvrage ; malheureusement aussi la plus longue...

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