Je trouvais la timidité du jeune Serpentard était touchante. Pourtant, il était doué. Le découpage de sa carte en témoignait. Tous ses détails qu'il avait réalisé. Magnifique.
Je réprime l'envie de l'encourager à nouveau, je ne voulais ni le gêner, ni lui mettre la pression.
Et un large sourire se forme sur mon visage lorsque je le vois réussir mon sort, un sort de deuxième année.
- Bravo Ernest !, dis-je en tapant deux trois fois dans mes mains, mais en entendant sa dernière remarque, j'éclate de rire.

J'écoute les conseils que Miss Priddy lui adresse, les enregistrant également pour moi. Tous conseils étaient bon à prendre. Puis l'enseignante annonce qu'il nous reste dix minutes pour finir notre partie.
- D'accord, Miss., répondis-je à la directrice de la maison Poufsouffle. Du coup, Ernest, c'est à ton tour., dis-je en regardant la grille enflammée dans laquelle une unique croix était placée. La mienne. La première tentative d'Ernest de lancer Flambios ayant échoué, je considérais que c'était encore à lui de jouer. Et puis, finalement, gagner ou perdre, ce n'était pas ça le plus important. Je voulais le voir réussir à nouveau.

J'essaye de ne pas le regarder lorsqu'il lancera son sort. Pas la peine de lui remettre la pression.
Et lorsque mon tour viendra à nouveau, je placerais une nouvelle croix dans la grille. Puis une autre jusqu'à ce que trois symboles s'alignent, signant ainsi la fin de partie.

Ernest était sur un petit nuage. Faire de la magie c’était encore ce qu’il aimait le plus au monde. Enfin après ses mères. Mais avant les chocogrenouilles. Et chaque progrès était une source de satisfaction intense qui le submergeait parfois. Un peu comme un shoot de Félix Félicis. Sauf que c’était naturel. En sentant la main de sa professeur se poser sur son épaule, son visage tourna au rouge rappeltout. Ses épaules qui étaient généralement légèrement voûtées s’affaissèrent peu à peu, comme s’il fondait sous son contact. Un hocha machinalement la tête dans un mouvement somme toute hasardeux. Le gamin ne savait plus s’il devait acquieçer à l’affirmative de tous ces conseils et prérogative ou à la négative de la mise en garde. Bien sûr qu’il ne ferait pas de bêtise. Ernest n’en faisait jamais. Du moins, pas intentionnellement.

Il tourna ensuite la tête vers Erin, un sourire un peu pincé entre la gène et l’enthousiasme. Un peu comme les sourires forcés des enfants à qui on demandait de poser devant un appareil photo. Mais ses yeux pétillants exprimaient toute sa félicité. Après cette réussite, le petit brun avait peut-être gagné un peu d’assurance et baguette brandit, il était prêt à continuer la partie. Bien trop concentré sur ses sortilèges, il ne vit néanmoins pas venir la ruse de la rouquine et se fit évidemment battre à plate couture. Ce qui n’avait pour lui aucune importance. À chaque cercle qu’il faisait apparaître, il était un peu plus enjoué. Perdre, c’était bien aussi. Et puis il restait une case vide dans la grille de Miss Priddy.

Il ferma quelques secondes les yeux et visualisa un “E” calligraphié, de ceux qu’il avait si souvent recopié dans la classe de Miss Chester, sa maîtresse de Year 4. Il avait toujours été soigné et minutieux et s'était souvent oublié dans les lignes de recopiage de lettres. Il y avait une consigne à respecter, une forme à suivre. C’était très concret. Et rassurant. Ernest prononça une dernière fois la formulant en s’appliquant de toutes ses forces. La première lettre de son prénom apparu peu à peu au milieu de la grille, dans une écriture propre et précise.

“Yes ! Euh… pardon.. mais enfin… t’avais déjà gagné de toute façon…”

Il haussa les épaules en adressant un nouveau sourire à la Serdaigle. Il était à présent l’heure pour eux de plier leurs affaires et de rejoindre la Grande Salle pour le déjeuner. À pratiquer la magie, Ernest en avait oublié le temps qui passait mais aussi la raison pour laquelle il était là. Il glissa sa main dans sa poche pour en ressortir une chocogrenouille qu’il tendit à Erin.

“Merci beaucoup, Erin… C’était chouette de faire ça avec toi… T’es rudement bonne, quand même…”

L’adolescent était sincèrement reconnaissant. Ce n’était pas tous les jours que les élèves plus âgés prenaient le temps d’aider ou de simplement discuter avec les plus jeunes. Enfin pas dans sa maison en tout cas. Le petit brun rangea ensuite ses affaires et glissa sa baguette dans la poche centrale de son sweetshirt. Avant de partir, il fit tout de même un un crochet et s’approcha du bureau de Miss Priddy. Il sortit la carte qu’il avait découpée et un bic et y inscrivit simplement “Merci pour la magie !”. Il pourrait toujours en refaire une pour sa mère lorsqu'il aurait trouvé quoi lui écrire. Il déposa la carte sur le bureau sous une chocogrenouille. Sa dernière. Mais il avait encore tout un sac plein de tryton au gingembre et puis c’était ses préférés, alors il pouvait bien laisser la choco à sa prof de sortilège.

Il quitta la salle en adressant un dernier geste de la main à la rouquine et s’en alla, le pas sautillant, en direction de la Grande Salle.


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Merci à vous deux pour ce petit moment d'écriture très agréable