La veille, dans les dortoirs, alors que j'énonçais mon besoin de récupérer quelque chose dans le bureau de Valerion, c'est un quatrième année qui m'a proposé son aide : Léandre. Ma surprise était réelle en voyant que l'honnêteté me l'offrait sur un plateau d'argent. Un sortilège suffisait, et notre plan était lancé. Il n'avait pas de cours le lendemain matin, moi non plus : les conditions étaient réunies.

Durant le petit-déjeuner, Léandre et moi révisons notre plan et le voilà bien rodé : attendre que Valerion parte pour son rendez-vous, rentrer dans la salle de cours, lancer un sortilège pour ouvrir la porte scellée de son bureau et chercher l'objet convoité. Le tout évidemment sans un bruit, pour n'éveiller aucun soupçon.

Mon manuel de Défense contre les Forces du Mal sous le bras, je me rends visible face aux tableaux qui pourraient rapporter l'intrusion. Ils me saluent tous les mercredis matins lorsque je me rends vers cette salle pour un cours privé avec Valerion ; aucun d'eux ne saura que cette fois, le cours a été annulé. Aucun d'eux ne pourra me soupçonner puisqu'ils me voient, aujourd'hui encore, tout souriant. J'ai conseillé au Poufsouffle de me retrouver à l'entrée du bureau, un peu plus tard, mais de ne pas trop trainer non plus. Ce n'est pas que je veuille lui donner un ordre, mais l'organisation me semble nécessaire, et la mission est trop importante pour me faire prendre.

Je reste au milieu de la salle, au cas où quelqu'un rentrerait : on me surprendrait à m'entrainer, rien d'anormal, et j'attends. Lorsque le deuxième cambrioleur de bureau arrive, c'est un soupire de soulagement qui se dégage de ma poitrine.

- Ah, t'es là !, chuchoté-je alors que personne ne peut entendre depuis le couloir. Je répète le plan une énième fois pour m'assurer de son suivi, tout en marchant vers la porte scellée. Donc, on ouvre et on cherche un carnet noir, d'accord ? J'ai aucune idée d'où il peut être. Mais fais gaffe à tout ce que tu bouges, parce qu'elle le verra si quelque chose n'est pas remis à sa place.


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@Sixtine Valerion juste pour que tu sois au courant du cambriolage..

Rendre service ? Pourquoi pas. Rendre service en faisant péter la serrure de Miss Valérion ? Sans aucun hésitation. Quand Léandre avait entendu Lukas Sharp parler de s'introduire dans son bureau, il n'avait pas réfléchi. Il appréciait aider les autres de manière générale et, même s'il ne savait trop pourquoi il le faisait, si cela pouvait mettre le sourire sur le visage de quelqu'un, alors il le ferait. Les deux garçons avaient rôdé un plan durant le petit-déjeuner, il n'y avait plus qu'à agir.

Comme Lukas l'avait proposé, Léandre arriva un petit peu plus tard que lui. Il salua les tableaux, une sucette en bouche, les mains dans les poches et marcha de manière nonchalante, comme s'il n'avait pas de but précis. Il fallait bien les berner, ces commères. Il prit même un petit détour pour ne pas suivre la trace de Lukas et finir sa sucette puis il le retrouva finalement devant le bureau. Un soupir de soulagement s'échappa de la bouche du deuxième année et Léandre lui sourit de manière rassurante, pour confirmer que personne ne l'avait suivi.

— T'inquiète, je gère, répond-il. J'observerai surtout et je te dis si je vois quelque chose parce qu'avec mes grosses pattes, rien ne retrouvera sa place correctement.

Il regarda une dernière fois vers la sortie de la pièce pour vérifier que personne ne rentrait puis sortit sa baguette de l'arrière de son pantalon. Il poussa légèrement Lukas sur le côté pour se mettre face à la porte, ses larges épaules faisant la taille de son encadrement. Il brandit sa baguette vers la serrure, fronça les sourcils pour témoigner de sa concentration et dit :

— Allez, boum maintenant. Portaberto !

Une petite détonation résonna dans la pièce et la serrure disparut derrière un nuage de fumée. Même Léandre sursauta. La fumée commença à doucement se dissiper et un trou béant avait maintenant remplacé la serrure. Léandre se pencha alors vers le trou et, de là où il était, il pouvait à présent voir dans le bureau de Miss Valérion. La porte s'ouvrit alors doucement en grinçant.

— Oh, oh... Il va falloir se dépêcher je pense.

Il se redressa et afficha un sourire maladroit à l'attention de Lukas.

— Je ne sais pas ce que tu dois prendre dans ce bureau, dit-il en poussant un peu plus la porte pour qu'elle soit totalement ouverte, mais après toi mon grand.

L'entendre me dire qu'il a la situation en mains me rassure. Du moins, un instant, jusqu'à ce qu'il se dénigre et décide de m'envoyer seul à la recherche du carnet. Son observation ne me sera pas suffisante, il aura forcément besoin de soulever des choses, ouvrir des tiroirs et des placards.

- Te rabaisse pas comme ça, mec. Tu fais juste doucement et ça ira, ajouté-je pour le rassurer.

Je suis les mouvements du quatrième année. Il a l'air méticuleux, plus que je ne l'espérais, il ne doit pas en être à son premier coup d'essai. Ainsi, je ne m'offusque pas quand il pose sa main sur moi pour me décaler, je me laisse faire et observe le sort que je ne maitrise pas. Un sort qui me serait bien utile, mais si j'ai un Léandre à mes côtés pour les trois prochaines années, je peux me concentrer sur d'autres. Comme apprendre à réparer une porte visiblement..

La détonation, bien que légère, me fait sursauter. Je secoue ma main droite presque inutilement pour dégager la fumée et je découvre l'ampleur du trou. Mes yeux s'arrondissent sous le choc et l'inattendu de la situation.

- Mais ! J'avais pas compris que ça allait faire un trou comme ça !, m'exclamé-je avant de contrôler le ton de ma voix. Comment on va réparer ce truc ? Valerion va me défoncer..

Je relève la tête vers le Poufsouffle et me calme aussitôt. Elle n'a aucune raison de savoir que c'était moi. Après tout, si on contrôle nos baguettes, la mienne n'a rien lancé. La mienne n'a même pas été utilisée depuis mon cours de la veille, en métamorphose. Je hausse les épaules et mets donc ce problème de côté. Maintenant, comme l'a dit Léandre, il va falloir se dépêcher.

Je hoche la tête pour lui faire signe que son invitation à entrer a été entendue et place également ma main sur la porte, bien qu'elle ait déjà été complètement ouverte par lui plus tôt. La moquette au sol réceptionne mes pas et aucun bruit ne résonne. Plus aucune détonation, plus de bruit environnant mais un bureau sombre et...

Mes yeux s'écarquillent à nouveau lorsque mon regard tombe sur le tableau qui trône sur le mur. Je l'avais complètement oublié, celui-là ! Mon cœur palpite et mon cerveau se met en surchauffe. Vite, une excuse, un menson...

Je souris. L'habitante me connait. Elle me fait même confiance. Je n'ai donc pas besoin de chercher bien loin pour la faire regarder ailleurs. Je m'approche et lui souris lorsque je vois le crâne s'estomper pour laisser place à la femme déjà rencontrée.

- Bonjour. Miss Valerion m'envoie récupérer son manuel. Je ne vous dérange pas longtemps.

Je me recule, puis me place à la gauche du tableau, de sorte à ce que je puisse le décrocher et le retourner discrètement. Voilà, comme ça, elle ne voit plus rien. Je me retourne vers Léandre et plaque mon index devant mes lèvres pour lui faire signe de se taire, ou du moins parler tout bas. Je me rapproche de lui.

- On n'a pas longtemps avant qu'elle donne l'alerte, je pense, murmuré-je. Tu sais lancer le sortilège d'attraction ?

N'ayant aucune idée du niveau de ce sort, je tente. Si on peut gagner quelques minutes, autant essayer. Je commence par le bureau, endroit le plus logique, et commence à ouvrir un, deux, puis trois tiroirs.

Lukas n'avait pas l'air des plus ravis de l'intervention de Léandre mais les faits étaient là : il voulait quelqu'un pour s'infiltrer dans le bureau de la professeure de Défenses Contre les Forces du Mal, il devait s'attendre à ce que la tâche ne soit pas des plus délicates. D'autant plus que Léandre n'était pas la plus délicate des personnes. Après avoir jeté un énième regard derrière lui, il s'enfonça dans la pièce à la suite du deuxième année. Le bureau de Miss Valérion ne lui était absolument pas familier, aussi se sentit-il obligé d'analyser les lieux un bref instant, capturant le plus d'informations sur le décor ; après tout, si la mission n'était pas un succès, il y avait une fine chance que ces murs soient l'une des dernières choses qu'il puisse voir à Poudlard, autant en profiter. Quelques bougies éclairaient la pièce et ses yeux tracèrent l'ombre d'un canapé rouge ainsi que des armoires remplies de livres. Au milieu de la pièce siégeait le bureau de la professeure sur une moquette rouge, enfonçant la pièce dans un silence pesant aux yeux de Léandre. Il aperçut un tableau sur le côté, un crâne qui, après avoir aperçu Lukas, disparut. Curieuse magie..., se dit-il. Néanmoins, la peinture vivante représentait à présent un danger.

Son camarade s'occupa du tableau et Léandre comprit que la tournure des événements rendaient l'urgence de trouver le carnet plus importante. Les tableaux, quelles commères... bien que cela dépendait parfois de l'hôte de la toile. Peu importe, il fallait agir vite.

Le sortilège d'attraction ? L'écossais hocha la tête à la question de Lukas et rebrandit sa baguette. Au moins, ses mains ne toucheraient à rien, même si sa baguette risquait de ne pas être nécessairement plus douce.

— Oui, un carnet noir, tu as dit, c'est ça ? Tentons-le, on verra bien.

Un petit creux au milieu des sourcils, Léandre se concentra sur la visualisation d'un carnet de taille moyenne revêtu d'une couverture noire. En cuir ? Cartonnée ? Il n'était pas sûre mais il fallait essayer pour au moins effacer l'idée que la magie les aiderait et que leur dernier recours serait leur discrétion et leur vitesse d'action. Il tenta de l'imaginer dans un endroit sombre, caché, sans vraiment de certitude sur sa position exacte. Peut-être un tiroir ou une armoire de petite taille, rien n'était moins sûr.

— Accio carnet !, lança-t-il.

Il sentit une légère vibration dans sa main, signe que sa baguette recherchait l'objet et il attendit de voir si l'objet des désirs de son acolyte allait venir à lui.

Mes excuses pour ce délai de réponse ! Je te laisse décider de la résolution de l'action de Léandre.

A la réponse de Léandre, je prends davantage conscience de son niveau et du nombre incalculable de sorts qu'il doit déjà connaître. Je me redresse et cesse ma recherche lorsqu'il s'apprête à s'exécuter.

- Oui, un carnet en cuir avec une petite cordelette dessus. Tu l'as jamais vue avec ? J'ai l'impression qu'elle trimballe ce truc partout.

A la réflexion, peut-être que tous n'observent pas Valerion comme je l'observe, moi. Peut-être que je suis le seul à connaître ses habitudes, ses mimiques et les objets qu'elle protège. Peut-être que demander au quatrième année s'il a remarqué ce carnet reviendrait à lui demander s'il connaît le patronus de notre professeure.

Je hoche la tête lorsqu'il propose de tenter et place tous mes espoirs dans sa petite baguette. J'en profite pour noter sa gestuelle et l'accentuation qu'il émet et balaye la pièce du regard. Je patiente. Une seconde. Deux secondes. Trois secondes. Rien. Je jette un œil à la baguette du Poufsouffle et me demande un instant si son sort aurait pu échouer. Le premier était bien réussi, il n'y a pas de raison qu'il rate le deuxième.

- Tsk, j'aurais dû me douter qu'elle mettrait une protection dessus.. Va falloir fouiller comme des moldus.

Je ne m'étonne même plus d'utiliser cette expression. Elle m'est naturelle, elle souligne la différence entre les deux mondes, et la mienne se veut mauvaise. Je me différencie de l'absence de magie et je me force à m'en dégoûter. Tout commentaire est bon pour critiquer mon père, jusqu'à rivaliser avec ses propres mots contre mon monde.

J'abandonne le bureau où il n'y a, de toute évidence, rien. J'aurais espéré quelques tiroirs sans fond, mais non. Il faut croire que cette ingéniosité n'est pas la sienne. Bien. Il va me falloir penser comme elle dans un élément comme celui-ci, et c'est pas gagné.

- Où est-ce que je mettrais un truc important.... Je pense à voix haute, sans me soucier de ce que peut faire Léandre... Et en même temps, pas si important puisque certains l'ont remarqué... Je penche la tête vers le globe et le fais tourner tout en réfléchissant. Un endroit complètement aberrant, un endroit où l'on pourrait meme se questionner et se dire : tiens, on peut cacher des trucs là-dedans ? Pfff, j'en sais rien ! Je me laisse tomber dans le gros fauteuil rouge et constate le confort de l'objet en enfonçant mes doigts dans le moelleux des bras. Je m'apprête à saisir la plume pour écrire un petit mot à Valerion, mais décide finalement de relever la tête vers le Poufsouffle.

- T'as pas une idée ?, demandé-je désespéré, sans me soucier du temps précieux que je perds.

Avachi dans mon nouveau fauteuil préféré, j’observe mon acolyte regarder dans les placards, fouiller quelques tiroirs, mais lui non plus ne trouve rien qui ne ressemble à un carnet noir. C’est qu’elle en a du bazar, Miss Valerion ! La tête contre le dossier du siège, je contemple le plafond, comme si aucune notion de temps et de danger ne m’affectait. A l’heure qu’il est, l’infirmier a dû poser son diagnostic, contrôler si tout allait bien, et Valerion devra me le dire. Elle m’a promis qu’elle me le dirait après tout.. Mais si elle me cachait d’autres choses ? Si sa maladie cach —

Je n’ai pas le temps de terminer mes hypothèses que Léandre m’interpelle. En relevant la tête, je comprends que la cachette a été trouvée, dernière cette énorme.. toile noire ? Waouh, on peut cacher des trucs là-dedans ? Je bondis aussitôt pour m’approcher des trouvailles du Poufsouffle. Des copies d’examen et un carnet noir. Le fameux carnet noir. Je n’ai que faire des copies, je les lui laisse s’il est intéressé, mais moi, évidemment, je ne suis pas là pour ça.

Je saisis l’objet que je sers fermement entre mes doigts. Je reconnais la matière, le petit fil et bientôt son écriture. Je ne prends plus la peine de m’asseoir et l’ouvre délicatement, comme si, même empli d’une impatience extrême, je tenais à garder cet objet intact, par respect pour la propriétaire. Ma notion de respect est bien bancale, mais elle me convient à cet instant. Les pages défilent entre mes doigts, je m’arrête sur des dates plus ou moins lointaines et commence ma lecture. Le nom de Brando m’interpelle évidemment, et l’adjectif de troll le qualifie, ce qui me fait décrocher un petit sourire. Plus loin, c’est ma promotion qui est critiquée. Pas vraiment étonnant. Je lis mon prénom et tente de retenir tout ce qui est écrit et comment l’information est écrite : Lukas a des problèmes avec sa colère. Je fronce les sourcils. J’aimerais savoir ce qu’elle pense de cette donnée, mais il n’y a pas d’autres commentaires. D’autres noms défilent que je ne connais pas. Nerrah, l’oncle Hunter. Je passe les pages qui ne m’intéressent pas et tombe sur Aelle : elle ne porte pas le collier. Quel collier ? Je reviens en arrière, cherche à comprendre, mais toutes les informations n’y sont pas. Et puis, je prends conscience que je lis peut-être un peu trop d’informations. Ce n’était pas celles-ci que j’étais venu chercher, mais bien…

Soudain, le prénom Sui attire mon regard. Je ne l’avais peut-être pas vu avant, à cause de ce surnom. C’est vrai qu’elle n’a aucune raison de l’appeler « le balayeur des couloirs ». Et plus loin, son prénom en entier, rayé. Je pose instinctivement mon index sur la ligne pour ne pas la perdre. Je déglutis. Ma bouche s’entrouvre sous le choc. Je tombe dans le fauteuil qui m’a accueilli plus tôt et mes yeux s’arrondissent.

Kohler est un mage noir.

Je me répète l’information.

Kohler est un mage noir.

J’ai l’impression de transpirer, de ne plus rien comprendre. Un mage noir. À Poudlard. Et qui côtoie Valerion. Soudain, je fais des liens dans tous les sens. Leur dispute, ses problèmes de santé. Peut-être qu’il l’empoisonne depuis tout ce temps. Peut-être qu’il nous manipule tous depuis la rentrée. Peut-être que son atelier.. Son atelier ! Ses fichus morts ! Bien sûr qu’il les appelait, c’est un mage noir !

Je me relève et reviens dans la réalité où Léandre se trouve.

— Mec, faut qu’on parte d’ici.

Je me dirige vers la sortie, abandonne le tableau qui me vendra bien assez rapidement, et observe la porte. Quitte à se faire repérer, autant réparer cette serrure. Je lance alors un sortilège de réparation sur ce trou béant, et m’apprête à sortir.


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Actions vues avec le joueur. Léandre, si tu reviens, je peux modifier au besoin.
Extrait du carnet de Valerion (vu avec elle, évidemment)