Beuurk, comment ça des furoncles ? J'étais déjà dégouté par l'énoncé de la potion qu'on allait étudié aujourd'hui. En plus, il fallait respecter tout un tas de choses, la barbe. J'aimais mieux faire les choses à ma sauce, puis comme quand ma mère cuisinait, on lésinait pas sur la quantité d'ingrédient nous. Je vois pas ce que ça changerait. Si la partie pratique était plus intéressante et que je pouvais facilement aller à MA version de la potion, le cours théorique, comme à son habitude, était profondément ennuyeux. Il fallait détailler chaque ingrédient, savoir à quoi chaque ingrédient servait et j'en passe. De toute façon, c'était quoi le but de tout ça ? Au final, tout le monde suivait une recette réalisée sans même se soucier de pourquoi on ajoute des pattes de chauves souris à la place de vers magiques. En plus, les ingrédients qu'on devait manipuler me donnait la gerbe et j'osais à peine les toucher sans afficher un air de dégout.

Heureusement pour moi, on arrivait enfin à la partie pratique du cours. J'avais fini aléatoirement avec un Serpentard que je connaissais de visu. Un roux un peu blasé qui avait l'air autant intéressé par le cours que moi. Cool, au moins ça allait un peu plus fun qu'un premier de la classe qui respectait tout à la lettre. Alors qu'on vient s'installer à notre table de potions, je prends le pas de me présenter amicalement, d'un sourire mutin.

— Salut, moi c'est Nico. Comment tu t'appelles toi ?

Puis, venant regarder le nécessaire de potions, il y avait plein de choses dont je ne connaissais pas l'utilité, vu que je n'avais pas réellement écouté. Me tournant vers mon voisin du jour, je viens reprendre la parole, une idée en tête claire sur mon visage.

— Je te propose qu'on leur montre comment faire une potion à la sauce Ferrell. Tu verras c'est simple, juste suis ton instinct, pas besoin de ton bouquin.

Je lui offre un sourire amusé et sans attendre, je vais remplir le chaudron d'eau pour ensuite le placer sur le feu. Il fallait un peu de ça, de ça et de ça. Bon, je savais pas exactement ce que c'était mais c'était devant moi, donc j'imaginais que ça devait servir à la potion. Hop, je commence à mettre les premiers ingrédients dedans, deux-trois pincées de ça, une autre pincée de ça.

— Vas-y lance toi, rajoute un peu de ça. Je lui tend un ingrédient pas encore utilisé. Et les quantités, c'est à ta sauce, faut juste que ce soit équilibré ... comme en cuisine tu vois !

C'était beaucoup plus amusant de se laisser porter que de suivre une recette toute faite, puis ça pouvait donner des résultats souvent bien meilleures que la recette de base. Ils allaient voir tous comment on les coifferaient au poteau en décuplant les effets du remède.

Les cours de potions avaient don de dessiner sur la bouille de l'enfant à la chevelure rougeoyante, des cernes particulièrement prononcés. Ces derniers, bordés avec insistance le dessous de ses pupilles qui peinait à trouver en ce matin le chemin de la lumière.

Le front posé sur un manuel neuf fermé, il entendait au loin le cliquettement des marmites et des spatules en bois sur la table signe que le cours débutait enfin. Affalé, il se redressa non sans un soupir pour tourner le cou en direction de son voisin de table, qui, un minimum sociable, venait se présenter à lui.

- Nowan, finit-il par lâcher.

D'un visage impassible, guère animé par la chaleur qui s'échappait de la voix du blondinet, il coupa court à la discussion en rejoignant son manuel qui en cette heure matinale jouait le rôle d'oreiller. Et sûrement aurait-il rejoint les bras de Morphées si son binôme n'avait pas fait part de son intention.

Le rouquin tourna la tête et sourcilla. Sa curiosité avait été piquée. Que donc comptait faire ce prénommé Nico ? Lui dont le sourire amusé semblait traduire un certains mépris des règles ?

- Non, non, fait. Je te regarde dit le Serpentard d'un œil intrigué.

Il ne prêtait guère d'attention à ses notes, la promesse d'une potion à la Ferrell avait donc naturellement remporté cette bataille matinale. L'assurance de ce dernier dont chacun de ses agissements avaient aussi joué beaucoup, car à la manière d'une femme de cantine plein d'aigreur qui dépose sans aucune délicatesse la purée dans l'assiette de l'enfant, Nico mettait avec une confiance débordante une quantité d'ingrédients généreuse dans le chaudron d'étain.

Finalement, lorsque la potion aborda une couleur suspecte et une viscosité à en faire pâlir un crapaud, le rouquemoute qui n'avait pas bougé d'un poil depuis la séance, se permit d'énoncer à voix haute une proposition.

- Faut peut-être la mettre sur le feu...

Et dans un sourire qu'il ne se forçat pas à cacher, il ajouta :

- Et après tu me goûteras ta recette d'accord ?





@Nico Ferrell

Le rouquin a l'air aussi endormi que moi en cours d'histoire de la magie, surtout qu'il a pas l'air plus chaleureux que ça non plus. Tant pis, je le ferais moi-même, il verra ce qu'il ratera. Et j'hésiterais pas à dire qu'il a rien fait quand la prof nous demandera qui a fait cette potion exceptionnelle. Peut-être qu'il voulait être sur du bien fondé de ma technique. Fallait peut-être juste que je lui donne un petit coup de boost ? Il m'invita d'ailleurs à la mettre sur le feu

— Faut mettre à feu doux, faut pas tout cramer non plus. Ma maman me dit de toujours faire mijoter les aliments pour que ça aie plus d'effet.

Et pendant que la potion boue, je touille rajoutant un peu de truc en pointe par ici, de truc en pointe par là. Bizarrement d'ailleurs, la potion n'avait ni la même couleur ni du tout le même texture que le reste de mes camarades. Boooh, c'est surtout par ce qu'il s'y connaisse pas, ça se voit que leur potion c'est du basique, c'est du déjà vu, pas de quoi casser trois pattes à un canard. La mienne est peut-être pas très belle, mais c'est jamais les trucs les plus beaux qui font le plus d'effet. Le rouquin n'a d'ailleurs pas l'air d'y croire trop à son tour.

— Bien sûr que je vais la goûter, on doit toujours goûter pour être sûr que la potion est bien faite.

C'est comme en cuisine, comment tu peux savoir si c'est réussi si tu goûtes pas ? Tiens d'ailleurs il me manquait quelques ingrédients importants que j'avais oublié d'ajouté à ma potion. Je viens prendre un pot remplis de trucs visqueux, en prenant une par la queue tandis qu'elle pendait au bout de mes doigts.

— Beuuurk, les sorciers ont vraiment des ingrédients bizarres.

Et alors que j'allais la balancer dans le chaudron, celle-ci me glissa des mains atterrissant tout droit sur ... les cheveux du rouquin. Mes yeux s'écarquillèrent de surprise, alors que je regardais l'enfant. Et dans un rire difficilement contrôlable, je viens lui faire remarquer le petit ami visqueux qu'il s'était fait.

— Je crois qu'elle t'aime bien Nowan !

Mon rire continuant de plus belle, j'admirais le spectacle qui s'offrait à moi. Qui a dit que les potions n'étaient pas fun au final ? Moi je m'amusais pas mal ! Et certains avaient même réussi à se faire des amies. J'ai bien fait de tomber avec le Serpentard, c'était pas le plus vif mais il faisait un parfait appât à limace. Peut-être que ça le réveillerait un peu, dormir pendant les cours oui, mais pas quand c'était l'heure de s'amuser un peu.

Le temps passait, la déception du rouquin augmentait. On lui avait vendu du rêve avec une potion dite Ferrelle et pourtant la réalité était bien moins scintillante que le sourire de son créateur. Posé sur le feu, le liquide avait atteint un point de non-retour. Sa couleur, comme sa texture, aurait fait blanchir la professeure au point de remettre en doute la légitimité des deux bambins à Poudlard. Car si Nico n'avait pas inventé un remède contre les furoncles, nul doute qu'à l'intérieur de la marmite se trouvaient les eaux du Styx. Du moins, c'est ce que jugea le Serpentard lorsqu'il se leva un peu de sa chaise pour jeter un regard refroidi à la potion.

- C'est quoi ces trucs qui flottent à la surface ? Il cligna plusieurs fois des yeux. Tu as mis les crochets de serpents comme ça ?! Mais il faut les écraser !

Un long soupir s'extirpa d'entre ses lèvres sous un ton de reproche avant que, découragé, il ne s'affala dans son dossier. Bien que la perspective d'une mauvaise note ne lui faisait ni chaud ni froid, celle d'avoir donné de son temps pour une vulgaire potion l'accablait. Son sommeil s'en était vu perturbé et les minutes qui constituaient ce dernier bafouées par la parole mensongère du môme à crinière blonde.

- Rohh... Et puis fais ce que tu veux... Marmonna-t-il en enfouissant sa tête dans ses bras dans l'intention de couper court à la communication.

Malheureusement, à la manière du breuvage qui bouillonnait dans la marmite, ce ne fut qu'un échec que le rouquin connut. Non pas tant en raison de la menace éventuelle qui planait au-dessus de lui, ni de l'odeur putride émanant graduellement du chaudron en étain, ni même des avertissements émis par son voisin de table, mais à cause de cette longue traînée de salive qui coula lentement le long de sa joue.

D'une vitesse qu'on ne lui connaissait pas, il décrocha la limace qu'il tint entre son index et son pouce et, d'un geste rageur, l'envoya valser dans le chaudron.

- J'en ai assez. Soit tu bois la potion, soit je te noie dedans.

@Nico Ferrell

Je regarde la potion, c'est vrai que sa tête n'était pas des plus appétissante, mais c'est ça qui fait la qualité d'une potion. Tout bon potionniste le firait. Et j'étais sûr que la quantité que j'avais mis était parfaite pour faire ressortir les meilleurs aspects de la potion. Elle servirait même à guérir les lépreux à ce stade, vous verrez. Nowan n'en était pas forcément sûr lui, se permettant même de faire des commentaires sur la manière dont je faisais les choses. Pour qui il se prend ? Après, ça fait toujours cet effet là quand on voit mon travail pour la première fois, mais quand on creuse un peu, on voyait toujours que c'était efficace.

— T'écoutes trop ce qu'on te dit dans tes bouquins. Faut les mettre en ENTIER, comme ça t'as tout les effets des crochets. Si on les écrase ça réduit les effets, c'est logique. Faut laisser les choses faire naturellement ..

Je le regarde d'un air de lui dire - laisse moi faire t'y connais rien - et je continue ma petite tambouille. C'était bientôt prêt d'ailleurs, il fallait que je retire tout ça du feu sans attendre. Alors que je m'apprêtais à mettre une limace, elle trouva place sur le visage du roux. Et ça c'était plutôt drôle. Lui ne l'entendait pas de cette oreille et c'est un geste rapide qu'il retira la limace visqueuse de sa joue. Il était d'ailleurs particulièrement remonté contre moi. Oups.

— Calme toi Nowan, c'est pas la p'tite bête qui va manger la grosse !

Je lui offrais un sourire amical et amusé. Malgré tout, il me faisait rire, son air aussi flegmatique et plus paresseux que moi le rendait un peu plus vivable.

— Faut laisser mijoter quelques minutes, après je pourrais goûter. Tu verras que j'aurais une peau parfaite après, tu sais pas ce que tu rates.

D'ailleurs, lui qui avait l'air de tout connaitre, c'était l'occasion d'en savoir un peu plus sur les gens de Serpentard. Je savais qu'ils étaient plutôt fourbes voir méchant mais lui semblait surtout ... endormi. Je me demandais dans quoi il excellait. Sûrement pas les potions vu comment il disait des âneries.

— C'est quoi que t'aimes faire toi ? T'as une spécialité ?

Moi c'était les bêtises et les potions par exemple, ou m'occuper de Neptune. Et lui ?