PV : @Sixtine Valerion

Samedi 25 mai 2047
8 heures

- Le Parc, Terrain d’entraînement -


Le premier rêve de Gabryel, haut comme trois pommes à l’époque, était de pouvoir s’envoler vers les nuages. Ce désir profond d’atteindre le ciel lui était venu avant même de connaître sa nature de sorcier. Il ne savait pas encore marcher, mais le décollage de petits oiseaux, depuis le rebord des fenêtres, le fascinait. Il les observait quitter leur position en un éclair, pour n’apparaître, quelques instants plus tard, pas plus larges qu’une petite tâche sur une peinture azurée. À Fife, les après-midi ensoleillés offraient une vue magique du ciel, allongés dans l’herbe au bord des lacs, bercés par le son des ailes de libellules.

Son entrée à Poudlard lui offrit ses premiers cours de balai. Le garçon attendait cela avec une impatience difficilement contenue par sa nature d’impétueux Gryffon. Pourtant, il lui fallut rapidement reconnaître qu’il aurait beaucoup à travailler afin de maîtriser cet engin volant. Quelque peu maladroit, il n’excella pas en la matière avec la même facilité que certains de ses camarades. Fleurdelys était trop à ses contemplations du décor qu’offrait un envol à plusieurs dizaines de mètres du sol. Son attention était constamment distraite. Ainsi, il perdit bien des fois son balai des mains, quelques bleus sur ses fesses et ses bras en étaient les preuves.
« Lorsque Dieu veut vous punir, il exauce vos vœux », lui avait cité une fois sa Mamina.

Aujourd’hui, Gabryel allait sur ses dix-sept ans. Sa pratique régulière lui avait permis d’appréhender plus instinctivement les réactions de son balai. Une certaine maturité, nourrie par deux années compliquées, avait appris au jeune sorcier à se discipliner, et à dominer ses émotions. Les examens de fin d’année approchaient, il devait absolument obtenir une bonne note. Il manquait à l’étudiant encore un peu de vitesse, et de réactivité. Il lui vint alors l’idée de se frotter à une machine à lance balles. Perché sur son balai, le but de l’exercice résidait dans un objectif simple : Ne pas se prendre une balle en pleine face. Au travers de cet entraînement, et bien que le Quidditch ne fût pas une de ses passions, Gabryel travaillerait aussi l’équilibre, et l’anticipation.

Assis sur son balai, le garçon s’était positionné au centre du terrain d’entraînement. Il avait parfois observé les joueurs face à leurs séries d’exercices réguliers. La fulgurance des balles nécessitait de se placer à une distance suffisante pour les voir arriver. Un ciel gris brumeux se dessinait tout autour de l’Écossais, surplombant l’imposante machine à expulser ses blancs obus. La fraîcheur du matin chatouillait ses narines humides. Après avoir formulé les mots indispensables à s’élever de dix mètres, le Rouge et Or dirigea sa baguette vers une lanceuse de balles. Une petite appréhension l’envahit. Certes, il ne recevrait pas ces cinglés de cognards non plus, mais un obus aussi rapide pourrait s’avérer douloureux, son casque et ses genouillères n’y changeraient rien. Il décida donc de débuter par une puissance de lancer modérée.

La machine positionna sa tête afin de propulser son projectile en direction de Gabryel. Ce dernier le vit foncer droit sur lui. Il plongea son balai quelque peu vers le bas afin de l’éviter. Les balles allaient vraiment vite. Le garçon vola vers la gauche. La bouche de l’engin le suivit, avant de cracher vers lui un nouveau missile. L’adolescent vrilla vers la droite, le manche de son balai solidement arqué entre ses doigts. L’expérience s’avèrait stimulante, au point qu’il décida d’augmenter la vitesse d’envoi. À peine eut-il pointé sa baguette vers la machine, cette dernière lui lança non plus une, mais deux balles, encore plus rapides. Gabryel orienta son balai vers le haut, pour prendre un mêtre de hauteur supplémentaire. Le souffle des boulets siffla sous ses pieds. Il était moins une. Cette grosse dame de bois ne lui ferait aucun cadeau. Une goutte de pluie s’écrasa sur son visage.