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11 janv. 2024, 20:49
 Allemagne   Solo+  Carnets de voyage Tome 5 : Rédemption
7 Septembre 2019
Précédemment..


Bien que la fin de mon séjour en Grèce se soit amorcée en demi-teinte, c'était résolu plus que troublé que je remis les pieds en Allemagne. À un détail près : mon père, Jacob Kohler. Après tout, malgré tout l'intérêt que je portais à ce pays des Balkans, j'avais non seulement plus ou moins atteint mes objectifs, mais également touché du doigt la limite du temps que je pouvais supporter passer au sein d'un pays où, sans connaître la langue, la quasi-totalité des interactions avec ses habitants tenait plus du parcours du combattant que d'une véritable conversation. Parler à nouveau allemand m'avait plus manqué que tout ce que j'aurais pu imaginer. Quant à mon père, qui restait alors seule ombre au tableau de ce bref retour, j'étais bien déterminé à ne pas accepter de le rencontrer jusqu'au mariage, et ne pas plus lui adresser la parole lorsque nous y serions.

Fort heureusement pour moi, Julian et Ivanka étaient ravis de m'accueillir à nouveau chez eux pour que je puisse assister au mariage de leur petit-fils, dans deux semaines. Après trois ans sans les voir, j'avais toujours autant de mal à ne pas me sentir comme abusant de leur gentillesse à l'égard de la famille, mais c'était en réalité le mieux pour tout le monde. Et c'est ainsi que, bien mieux et bien plus équipé qu'à mon départ, je me retrouvais devant la porte de la demeure de mon grand-oncle. Comme un écho d'un autre temps, je me raclais la gorge avant de toquer quelques coups sur la lourde porte, qui s'ouvrit aussitôt, laissant passer une estimée grand-tante qui me prit sans tarder dans ses bras.

- Oh, mon petit ! Nous t'attendions avec impatience !*

Après avoir reculé et m'avoir rapidement inspecté, elle continua.

- Entre vite, que tu puisses déposer toutes tes affaires.

- Merci, Tantchen. Vous êtes toujours aussi ravissante.

- Qui t'as donc appris à flatter ainsi ?

Le ton faussement grondant, elle me fit un clin d'œil avant de reprendre.

- Et toi, tu ressembles de plus en plus à Julian. Il t'attend à l'intérieur.

Elle m'adressa un dernier sourire tandis que je m'avançais alors qu'elle refermait la porte.

- Julian ! Suileabhan est arrivé !

Grand-tante Ivanka repris un ton normal pour s'adresser à nouveau à moi.

- Tu peux déposer tes affaires au pied de l'escalier, Fleíßig s'en chargera quand il sera rentré.

Je m'executais, tout en m'interrogeant. Qui pouvait bien porter un nom pareil ?

- Suis-je bête, tu ne l'as jamais vraiment rencontré. Il s'agit de notre.. comment vous dites déjà ? Elfe maison ?

- Ah, un elfe de maison ! Je comprends mieux.

Mes affaires déposées, nous étions désormais au salon, où nous attendait déjà le grand-oncle Julian.

- Ah, Suileabhan ! Tu tombes bien, mon garçon. Comment va notre ami commun ?

- Julian..

- Je plaisante Ivanka, je plaisante ! Je suis content de te revoir, mon garçon, tu sembles avoir bien grandi.

- Merci de me permettre de séjourner chez vous aussi longtemps. D'ailleurs, à ce propos..

Je m'interrompis pour chercher ma bourse, bien déterminé à régler une dette qui me pesait sur les épaules depuis déjà trop longtemps. Ce faisant, j'observais un haussement de sourcil chez mon grand-oncle, alors que sa femme semblait cacher sa bouche. Étais-je en train de les insulter par mon geste ? Je ne le souhaitais pas, car j'étais bien déterminé à porter mon choix jusqu'au bout.

- Ceci vous appartient.

Dans la main du vieux sorcier, je venais de déposer le nombre exact de gallions que m'avait confié ma grande-tante avant mon départ, en 2016. Plus personne ne pipait mot. Fronçant encore un peu plus les sourcils, Julian Kohler se mit surprennament à compter les pièces.. avant de relever la tête et de s'exclamer, tandis qu'Ivanka Kohler révélait son grand sourire.

- Ah ! Il n'y'a pas à dire mon garçon, le sang des Kohler coule dans tes veines ! Bienvenue à la maison !

Pour la première fois, mon grand-oncle me prit dans ses bras. Bienvenue à la maison... Il avait peut-être raison.


*Les dialogues sont en allemand mais sont traduits par facilité.

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11 janv. 2024, 23:37
 Allemagne   Solo+  Carnets de voyage Tome 5 : Rédemption
20 Septembre 2019


Le premier dîner que je passais aux côté Julian et Ivanka Kohler semble encore aujourd'hui dans ma mémoire un doux rêve auquel je ne pensais plus avoir accès. Le repas était plaisant, ma grande-tante avait catégoriquement refusé que je fasse quoi que ce soit pour à la place discuter avec - ou plutôt écouter - mon oncle autour de divers breuvages en sa possession. Mais, surtout, c'était cette ambiance familiale qui m'aurait tiré les larmes au cœur autant qu'aux yeux si ceux-ci n'avaient pas déjà été fatigués de trop pleurer quelques années en arrière. Je ne me sentais peut-être pas chez moi en Allemagne, ce n'était pas ma patrie, ma terre.. mais la maison de mes ancêtres, et ces proches qui m'avaient attendu, étaient à ce moment précis tout ce que j'avais. Une place sur terre généreusement accordée et dont je leur serais à jamais reconnaissants, cela plus que tout autre chose.

Du repas à la pleine nuit, nous parlames de ces trois années. Le grand-oncle Julian évoqua ses récents succès commerciaux - je tiquais une fois, pensant l'avoir entendu prononcer le nom de Krimrok - tandis que je présentais de mon côté souvenirs, récits et victoires de mes séjours en Autriche et en Grèce. La maîtresse de maison ne fut pas non plus en reste, mais préférait nous interrompre pour corriger plus ou moins doucement les manières parfois un peu rudes de son mari ou éclaircir certains événements, tout en les menant tous deux à une tendre une meilleure oreille à mes récits. Pour la première fois, je mesurais peut-être ce que signifiait un couple, un mari et une femme qui s'aimaient, se respectaient, mais surtout, se complétaient sans se marcher l'un sur l'autre. Tout ce dont à vrai dire, mon enfance avait manqué. Pourrais-je un jour occuper la même place auprès d'Elle ? Je ne pouvais que l'espérer.

Par une fois seulement, le ton de la discussion devint plus sérieux. Au détour d'un propos, mon hôte évoqua avec délicatesse le sujet de mon père, commençant à affirmer que cela avait été compliqué, mais qu'il s'en sortait plutôt bien depuis quelques mois, qu'il avait changé. Je ne m'aperçu de la gravité de ma réflexion que lorsque je sursautais soudain au contact de la main de ma grande-tante. Après avoir rapidement essayé de détendre l'atmosphère en précisant que je prenais encore plus les traits familiaux sous l'effet de la colère, ils convinrent tous deux qu'il était peut-être trop tôt pour un tel sujet, qu'il y'avait eu assez de dégâts comme cela, et que ce ne serait certes pas eux qui m'imposeraient mon père dans ma vie. Encore une fois, leur soutien à mon propos me fit chaud au cœur autant qu'il me surprit. On se souhaita la bonne nuit, et le sujet ne réapparu plus depuis.

Et ainsi, les jours et les nuits se succédèrent dans une forme de quasi-routine apaisante, n'ayant comme aléatoire que les différentes histoires de mon grand-oncle, ce qu'il me présentait de sa vie, et surtout les derniers préparatifs du mariage. Alors, bien décidé à ne pas passer pour le lointain cousin invité les mains dans les poches, je me mis moi aussi au travail. Grande-tante Ivanka fut d'abord surprise que je demande à voir des représentations des deux futurs époux mais approuva avec joie mes idées une fois mes deux projets présentés. Alors, je sortis le bois qu'il me restait, et commençait la préparation de mon cadeau aux jeunes mariés. Un coffret mariant leurs deux visages pour l'éternité.

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12 janv. 2024, 00:51
 Allemagne   Solo+  Carnets de voyage Tome 5 : Rédemption
21 Septembre 2019


Et aussi vite que cela, le jour du mariage était enfin arrivé. En temps que sorcier irlandais, je voyais bien sûr d'un œil appreciateur la tenue d'une telle cérémonie en plein Mabon, à l'heure de l'équinoxe d'automne. Malgré tout, j'avais toujours cette appréhension en moi : comment ces membres de la famille, de ma famille, que je connaissais pas, allaient accueillir ma présence aux côtés des doyens des Kohler en ce jour de joie ? Je ne pouvais qu'espérer que tout se passe au mieux... Et c'est fort heureusement ce qu'il se produisit. Pour ainsi dire, je m'étais contenté de me mettre en retrait durant toute la cérémonie, me contentant d'osciller entre prière et observation silencieuse quant à ces événements que je n'avais jamais connus. Est-ce à cela que ressemblerait le mariage d'Irina et Ophelius ? Est-ce à cela que ressemblerait mon propre mariage ? La tête me tournait à cette idée, alors, je me refugiais une fois encore dans la prière en ces dieux qui m'avaient toujours guidé depuis lors. Qu'Ils puissent rapprocher ce couple autant qu'Ils puissent me ramener auprès de cette belle sorcière qui m'attendait au delà de la mer.

Bientôt, le cérémonial s'evaporait pour laisser place au discours du grand-oncle Julian. Très vite, je me rendis compte que quelque chose clochait. Je ne le connaissais pas depuis longtemps, mais tous ces mots sonnaient étrangement.. paisibles. J'eu la confirmation de mes soupçons lorsqu'après avoir froncé les sourcils trois fois devant une formulation sans doute tracée sur le parchemin devant lui, il s'exclama rapidement avant de faire partir son discours en fumée et se lancer dans une grande envolée caractérielle qui lui ressemblait bien plus - et ravit la plupart des invités, mariés compris. Un coup d'œil en direction de sa femme me fit également comprendre qu'elle en était à l'origine - ce qui m'étonne davantage par contre, ce fut l'impression de voir un échange de bourses se faire de son côté. Un pari ? Décidément, cette famille n'était vraiment pas banale...

Enfin, Julian Kohler finit de dissiper toute trace de sérieux pour laisser simplement place à la joie familiale, et la quarantaine de personnes qui composaient l'assemblée commencèrent à se lever en direction des nouveaux mariés, présentant poignées de mains, vœux, embrassades et cadeaux. Et lorsque ce fut mon tour d'aboutir devant eux, je pu heureusement compter sur la présence de celui qui m'avait invité.

- Ah ! Antonn, voici ton cousin, tout spécialement rentré de Grèce pour ton mariage !

- Oh ? Tu dois être le petit-fils d'Agamund.. Suileabhan, c'est ça ? Nous nous rencontrons enfin !

Alors que je serrais les bras du marié, je ne pu m'empêcher de remarquer l'air amusé qui se dessinait sur le visage de sa femme.

- Je ne m'attendais pas à ce qu'on parle de moi. C'est un plaisir partagé, un mariage en ce jour est de bonne augure pour votre avenir.

- Votre grand-oncle n'est pas le seul à avoir chanté vos louanges. Mon cousin m'a beaucoup parlé de vous.

- Votre cousin..?

La mariée souria de plus belle devant mon incompréhenson.

- Αγάπη Köhler, enchantée de vous rencontrer, Suileabhan. Il y'a quelques instants encore, mon nom était encore Metaxás.

De stupeur, je failli lâcher un juron qui se lut sans doute sur mon visage, amusant au passage ceux qui assistaient à la scène. Ainsi, le vieux Metaxás était de la famille de la mariée ? Le monde magique était décidément bien petit... Essayant de dissiper le trouble sur mon visage, je tendis finalement le fier fruit de mon travail aux deux époux. À la vue du coffret en bois, Αγάπη cessa soudainement de sourire pour interroger son mari du regard jusqu'à ce qu'ils se saisissent en même temps de l'objet. Et puis, au bout de quelques secondes...

- Merci beaucoup Suileabhan. Je vois que rien n'était exagéré.

- Merci, mon frère. Je ne sais pas ce qu'en penseront les autres mais, pour moi, tu fais déjà partie de la famille.

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12 janv. 2024, 12:45
 Allemagne   Solo+  Carnets de voyage Tome 5 : Rédemption
21 Septembre 2019


- Ah ! Si je ne m'abuse, voici enfin le cousin Suileabhan !

Une grande réception avait rapidement fait place à l'émouvante cérémonie et, une fois n'était pas coutume, j'avais préféré rester à l'écart, autant pour ne pas tomber par hasard sur mon père que pour ne pas gêner l'allégresse de cette famille, que certains membres m'y acceptent ou non n'y changeant rien. Si j'avais raconté à n'importe quel élève de Poudlard que moi, Suileabhan Kohler, avait à peine participé à une festivité.. qui m'aurait cru, moi le premier ? Aussi, alors que je trainais non loin d'un buffet, je fus surpris par cette exclamation d'où avait surgit mon prénom parfaitement prononcé suivi de mots d'allemand empreints d'un fort accent. À peine me fus je retourné que je me retrouvais à serrer le bras tendu d'un quarantenaire massif flanqué de deux femmes plus jeunes.

- Arnbjörn Örnsson, heureux époux d'Alba et commercial de Reykjavik, c'est un plaisir. Je crois que Julian t'as déjà parlé de mes filles !

Ainsi, les sorcières qui l'accompagnaient devaient être les jumelles et cousines éloignées Jenna et Nóra. Laquelle était laquelle, à qui mon grand-oncle avait voulu me marier, et, surtout, cette rencontre servait-elle ses propres objectifs ? À peine commençais-je à froncer les sourcils que la jumelle à ma droite exécuta une révérence parfaite qui etira un sourire moqueur sur les lèvres de l'autre.

- Enchantée de te rencontrer Suileabhan, je suis Nóra et voici ma soeur Jenna.

- 'lut. J'avais pas dit à pépé que je ne voulais pas de mariage ? Sans vouloir te vexer, Suileabhan.

- Jenna !

La nonchalance affichée de Jenna, répondant tout en continuant de manger, montrait bien à quel point cette dernière phrase était un mensonge. Mais un seul croisement de regard avec la sorcière et le reste de sa famille - les gros yeux de sa sœur, les mimiques de la seconde, les yeux rieurs du père - suffit à m'apprendre qu'elle devait être habituée aux sorties de ce genre et que cela ne semblait être qu'un jeu pour elle. Un jeu dans lequel je n'avais pas forcément envie d'être la balle.

- Bonsoir Nóra, c'est un plaisir de te rencontrer. Tu ne me vexes pas, Jenna, je lui ai répondu exactement la même chose que toi.

Un grand rire secoua mes oreilles, sortant tout droit de l'épais gendre de Julian.

- Ça c'est mes filles ! Et bien répondu mon gars, bien répondu ! Haha ! Mais allons ramener ces toasts à votre mère avant qu'elle ne m'accuse de l'affamer !

Alors qu'il se mettait en mouvement dans la direction opposait, Nóra prit quelques instants afin d'accomplir une seconde brève révérence avant de rejoindre son père. Quant à Jenna...

- Il paraît que c'est à toi que nous devons ceci ?

Tirant sur le collier accroché à son cou, elle m'obligeait à me rapprocher d'elle pour examiner l'objet - révélant au passage intentionnellement un peu trop de son physique avantageux - avant que je ne réponde par l'affirmative en rougissant rapidement. Oui, j'avais bien sculpté chacun des pendentifs en bois au blason des Kohler, distribué à tous les membres de la famille juste au début du mariage.

- Je l'aime beaucoup.

À quelques mètres de là, son père la regardait maintenant avec un air interrogateur tandis que sa jumelle soupirait.

- Partez devant, je vais rester encore un peu avec.. mon cousin.

Et c'est ce qu'elle fit. Et alors que je l'imaginais simplement me taquiner sur le même ton pendant quelques instants, ce que j'aurais évidemment trouvé plutôt désagréable, quelques mots devinrent rapidement une véritable discussion. Chacun auprès de l'autre, de ce lointain lignage que nous n'avions jamais vu, nous parlions, buvions, mangions, évoquant chacun à l'autre ce qu'il n'avait pas connu, ces écoles si éloignées, nos vies, nos familles, et bientôt nous, nos frustrations, nos projets. Elle avec son ton taquin et moi avec mon alarmante expressivité faciale, évoquant ces choses que nous n'avions dites à personne ou presque - l'inconnu et l'alcool aidant sûrement. Et ainsi, je passais tout le reste de la soirée en compagnie de Jenna. Alors que les premiers invités commençaient à rentrer chez eux, elle se releva soudainement, sans chanceler malgré tout ce qu'elle avait ingurgité.

- Tu es bien le seul homme que je connaisse qui n'ai pas cherché à m'inviter à danser.

Alors que le ton de la jeune sorcière était au départ grondant, je compris à son sourire naissant qu'elle tenait davantage d'Ivanka que je n'avais pu le comprendre au cours de la soirée.

- Tu as bien fait, je n'aime pas danser. À bientôt, Sui'. Je crois que tu es attendu.

Le surnom employé si naturellement m'aurait fait tiquer si, les événements ne s'étaient pas enchaînés si vite. Avant de rejoindre son père en riant, Jenna deposa un baiser rapide au coin de mes lèvres. Et son absence révéla soudain la présence de mon père un peu plus loin. Cette femme avait à peine l'âge d'en être une, mais elle était déjà plus dangereuse - et intéressante - que toutes celles qu'il avait déjà pu rencontrer, exception faite de Sixtine. Évidemment. Penser à Sixtine raffermit un moment ma résolution de continuer à ignorer le lâche qui me servait de père, avant que quelque chose dans son attitude me fasse finalement changer d'avis. Cet air résigné, sur ce visage que je tenais de lui, incapable de cacher la moindre émotion. Avait-il vraiment pu changer en si peu de temps ? Il sentit peut-être lui aussi mon hésitation, puisqu'il s'approcha de moi simplement pour une phrase.

- Ce n'est pas grave. Nous parlerons quand tu l'auras décidé.

Cette phrase, que je n'aurais jamais cru entendre de la bouche de mon père. Une attitude compréhensive. Et cette odeur, ou plutôt l'absence d'odeur. Il n'avait pas bu. Lui, l'alcoolique notoire ? Mais ce changement d'apparence était-il vraiment changement profond ? J'en doutais sérieusement mais, moi-même aviné et triste autant qu'enervé, je choisis finalement de lui répondre, de lui donner cette chance qu'il ne m'avait jamais laissé.

- Alors, parlons.

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12 janv. 2024, 15:29
 Allemagne   Solo+  Carnets de voyage Tome 5 : Rédemption
21 Septembre 2019


Alors, parlons. C'était mes propres mots. À raison ou à tort, c'est moi qui avait cédé. Et maintenant, je ne savais plus quoi dire, ou plutôt, à quel démon céder. Devais-je me laisser envahir par la colère comme la dernière fois ? Le mariage était certes sur le point de se terminer, mais je n'escomptais pas qu'il le soit sur une mauvaise note de ma part. Et alors quoi, me laisser aller à la pitié, au pardon ? Il n'en était pas question. Pas après ce qu'il avait fait. Ce qu'il nous avait fait, à Sixtine et à moi. Alors, je gardais le silence, alors que j'avais demandé à le rompre. Et lui le laissait s'installer, comme s'il me laissait le dernier mot, le premier sang dans l'arène où je l'avais jeté.

Je n'avais pas l'intention de pardonner. C'est cette absence d'intention qui me motiva a finalement briser le silence désagréable qui s'était installé. Plus vite cette discussion serait terminée, plus vite je pourrais repartir.

- Tu n'as pas bu, ce soir.

J'avais voulu donner un ton neutre à ma voix, mais c'était raté. Au moins avais-je à mon sens bien choisi par où commencer, le plus visible dans son attitude d'aujourd'hui. D'abord surpris par le son de ma voix, mon père se tourna finalement vers moi avec un faible sourire que je ne lui connaissais pas.

- Je.. je ne bois plus.

- Ah! Depuis combien de temps ?

L'exclamation m'avait involontairement échappée, mais je ne regrettais rien. Allait-il chercher à me mentir, comme d'habitude, sans savoir que j'avais déjà surpris la vérité auprès de son oncle ?

- ...

- C'est bien ce qu'il me semblait.

- Ça fait deux ans, maintenant.

L'emploi de l'anglais me fit sursauter. J'avais depuis mon retour pu apprécier de discuter dans une langue que je maîtrisais, mais entendre ma langue maternelle après tout ce temps était encore quelque chose de différent. Je pris le temps de digérer autant l'information que le choix de la langue. Ainsi, il avait continué à boire depuis mon départ. Ce n'était pas étonnant. Ce qui l'était, c'est d'avoir été honnête - autant que Jacob Kohler puisse l'être - à ce propos, et de s'y être tenu depuis deux ans déjà.

- Il me semble pourtant que je suis parti depuis plus longtemps que cela.

- Ça n'a pas été facile, fils.. j'ai fait de mon mieux. Un soir, au travail, j'ai.. croisé une femme, on aurait dit ta.. Findchoem. On aurait dit Findchoem. J'ai replongé, un soir. Et.. Suileabhan ?

Tout au long des justifications laborieuses de mon père, je n'avais eu de cesse de serrer les dents et le poing, froncer les sourcils, d'abord à l'évocation de sa paternité, ensuite à celle d'une personne dont je ne voulais plus entendre parler. Des excuses, toujours des excuses, mais jamais que des mots qui.. soudain, mon père me saisit dans ses bras. Lui, Jacob Kohler pleurait. Et si à l'époque, j'avais été choqué devant ce qu'il était devenu, je l'étais encore plus aujourd'hui de voir que c'était des larmes de peur et non de chagrin. Peur.. de me perdre ?

- Je suis désolé, fils. Terriblement désolé. J'étais dans une mauvaise passe, mais rien ne pourra jamais justifier ce que je t'ai fais subir et j'espère de tout cœur que tu puisses me pardonner.

- Tu as raison. Rien ne pourra jamais le justifier.

Je bu une gorgée afin de me procurer le courage dont j'avais besoin.

- Tu es mon père. Tu l'as été, et tu le resteras. Mais rien n'effacera jamais ce qu'il s'est passé entre nous. Rien de ce que tu feras et, malheureusement pour moi, rien de ce que je pourrais faire non plus. Au revoir.

Je comptais partir sans me retourner, mais une voix au fond de moi, peut-être créé par l'alcool, me convainquit du contraire.

- Je reste en Allemagne encore quelques jours. Ensuite, je partirais. Tache de rester digne jusqu'à mon retour.

C'était fait, c'était dit. Rien n'était pardonné, rien ne le serait jamais. Mais, en Allemagne, j'avais une famille. Et je n'allais pas y renoncer à cause des erreurs de mon père. Et de celles qu'il m'avait fait commettre. Mais il était temps désormais que je veille à ma propre rédemption.

Ma chère Sixtine..
Fin du Tome 5
Prochainement..

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