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09 oct. 2023, 22:11
J’aurais pas du ouvrir cette porte
Elle ne répond pas. Je la remercie un peu bêtement et elle ne répond pas, c'est parfaitement logique. Petit à petit, cette logique qui m'a abandonné revient à mon esprit. Tout ce bordel dans ma tête se réogranise et j'ai l'impression d'y voir plus clair que jamais. Cela faisait un moment, en fait, que je n'avais pas laissé ma tête se vider. Et même si j'arrive à laisser mes pensées passer quand je médite, immobile et assise en tailleur sur le sol de la salle d'étude, ce n'est vraiment pas pareil. Mon cœur bat toujours très vite, mais je me sens incroyablement bien.

Les yeux levés vers Aelle Bristyle, je vois sa main se tendre vers moi.

Et pas un instant je ne songe à la refuser. Sans hésiter, j'attrape sa main et je me remets sur mes pieds. Des pieds tremblants mais des pieds qui me tiennent debout. Je lâche la main de Bristyle presque aussi tôt, probablement au moment où je réalise que je ne l'avais jamais touché. Ni sa main ni aucune autre partie de son corps.

Etrangement, ce geste représente beaucoup pour moi et notre relation. Je crois que je la considère comme une amie, aussi difficile est-il de lui parler d'autre chose que de magie. Pour moi, cela suffit amplement. Cette fille là m'apporte tellement plus.

« Je crois que je maîtrise bien Reducto. »

Dis-je un peu maladroitement.

Mes mots sont maladroits et le petit sourire que je lui adresse avant de détourner le regard l'est aussi. Je dois bien avouer que maintenant, alors que l'adrénaline que la colère a déverser dans tout mon corps se dilue progressivement, je me sens un peu différente. Et maintenant, je ne sais plus trop où me mettre.

Pour éviter de me confronter à Aelle Bristyle et sa réaction, je me tourne vers les mannequins que j'ai détruit pour observer un moment les dégâts que ma magie et ma baguette ont fait.

Magic Always Has a Price
6ème année

20 oct. 2023, 13:14
J’aurais pas du ouvrir cette porte
Ses doigts se resserrent autour des miens dans une étreinte solide. Regard braqué dans le sien, je tire en même temps qu'elle s'accroche à moi ; un instant plus tard elle est debout et nos mains se délient. Je m'éloigne d'un pas sans cesser de la regarder, consciente sans trop comprendre pourquoi que ce qui vient de se passer a changé quelque chose, même si je ne sais pas quoi. Je ne tends jamais ma main à n'importe qui, jamais dans ce genre de situation. Pourtant aujourd'hui je l'ai fait et cela m'a paru si naturel que je ne comprends même pas pourquoi je me questionne à propos de ce geste. Je secoue négligemment les épaules, comme pour me débarrasser de ces pensées qui pourraient prendre trop de place dans ma tête si je leur laissais l'occasion de le faire.

Sa réflexion tombe un peu comme un cheveux sur la soupe. Elle énonce une évidence et elle l'énonce d'une voix étrange, avec le regard qui se détourne et le corps qui suit ; ne me reste que son profil à observer tandis qu'elle offre à ses yeux le spectacle déplorablement magnifique de tous ces mannequins détruits qui s'entassent au fond de la pièce. À ce moment-là, une chose tout aussi évidente apparaît alors dans mon esprit. Elle me parait si étrange, cette chose, que je me demande si cela vaut réellement la peine de l'énoncer. Et pourtant, oui, cela en vaut la peine.

Je viens me placer à côté de la Gryffondor, bras croisées sur mon buste, face au paysage chaotique qui m'inspire d'heureuses pensées.

« Je crois que tu es une bonne sorcière, Macbeth, » réponds-je en écho à ses précédentes paroles.

Ce n'est pas un compliment, ce n'est pas de la flatterie, ce n'est pas un encouragement, ce n'est pas une manière de la pousser à faire toujours mieux et à poursuivre ses entraînements. Ce n'est pas une manière de lui dire que je lui reconnais du talent, pas même une envie qu'elle sache que je sais qu'elle est douée. Ce n'est rien de tout cela. C'est une évidence comme la sienne, le genre qui apparaît clairement à l'esprit et qui a parfois besoin d'être prononcée à voix haute. Je pourrais ajouter qu'elle pourrait encore s'améliorer, qu'elle ne maîtrise pas parfaitement Reducto, qu'elle pourrait faire encore mieux, je pourrais même lui donner les clés pour s'améliorer. Mais ce n'est pas le moment, ce n'est un cours, ce n'est pas l'une des réunions de la SSSS. Nous ne sommes que deux personnes qui avaient envie de se défouler.

Sans attendre sa réponse, parce que je n'en attends pas particulièrement en fait, je me tourne vers mon côté de la pièce, celui où les mannequins sont devenus poussière. Les sortilèges n'ont pas effacé la douleur de la frustration mais ils l'ont apaisée. Désormais, je me sens prête à repartir à mes révisions et poursuivre ma vie.

30 déc. 2023, 21:37
J’aurais pas du ouvrir cette porte
En contemplant le paysage désolé qui s'offre à moi, je me sens bien. Je ne suis pas une destructrice, pourtant, mon énergie à moi est créatrice. Mais aujourd'hui, j'avais besoin de détruire. Il s'agit probablement de détruire toutes mes pensées, tous mes doutes, toutes les choses qui me pèsent pour mieux reconstruire.

La phrase d'Aelle Bristyle m'arrache un sourire, un sourire beaucoup trop gros pour être décent.

Mais je ne peux pas le retenir. Il envahit mon visage en laissant voir mes dents, et si je préférerais que la sorcière ne le voit pas, je ne peux pas le réfréner pour autant. Alors je le laisse aller, comme j'ai laissé ma colère sortir, je laisse maintenant la joie s'exprimer. Probablement Aelle Bristyle ne me voit même pas, car le bruissement de sa robe m'indique qu'elle s'est déplacée. Mes yeux à moi ne quittent pas les mannequins détruits pour autant. Certains sont carbonisés, certains ne sont plus que de la poussière, d'autres sont tout simplement tombés en morceaux.

Quelques instants plus tard, mon sourire s'évanouit de lui-même.

Je me retourne vers la porte, et je crois que Bristyle se prépare aussi à s'en aller, alors que mes talons me portent machinalement jusqu'à la porte. En arrivant devant la grande porte, je crois que la sorcière est derrière moi. Je peux presque sentir son énergie magique imprégner la pièce. En jetant un dernier regard à la salle d'entraînement, j'ouvre le battant de la porte pour me faufiler dehors.

« A plus, Bristyle. »

Dis-je tout simplement, avant de partir sans me retourner.

Toute la journée, je penserai à cette pièce. Il se peut que je la dessine pour en garder le souvenir. Il se peut aussi que, les prochaines fois où je sens que la colère bouillonne à l'intérieur de moi, je retourne dans cette pièce pour me défouler. Il se peut que toutes ces fois, je pense aussi à Aelle Bristyle et à ce qu'elle m'a appris. Lâcher prise.

Fin.

Magic Always Has a Price
6ème année

13 janv. 2024, 18:15
J’aurais pas du ouvrir cette porte
Je me retourne lorsque je l'entends s'éloigner de moi. Elle prend la direction de la porte et je lui emboîte machinalement le pas avec l'air de ne pas le faire. Elle ouvre le battant bien avant que j'arrive à son niveau mais je ne manque rien de sa salutation à laquelle je ne réponds pas. Elle disparaît naturellement, tout simplement parce que nous n'avons plus rien à faire ici. Cette salle a rempli sa fonction, elle nous a défoulé, maintenant nous pouvons passer à autre chose.

C'est à mon tour d'atteindre la porte. Je pose la main sur la poignée. Les sons de l'école me parviennent de loin, des rires, des discussions lointaines, des cris. Je me tourne vers le reste de la pièce pour englober une dernière fois du regard le chaos qui disparaîtra au moment même où je refermerai la porte derrière moi. J'aime voir ces mannequins calcinés qui s'entassent, la poussière qui recouvre le sol, les copeaux de bois qui ont jailli jusque de l'autre côté de la pièce. Dans la poussière, la trace discrète de nos pas sont visibles. Face ce paysage, un sourire m'étire les lèvres, un sourire sincère qui n'a rien de joyeux ou d'heureux, il est seulement satisfait.

Que l'on ne vienne pas me dire que se défouler n'est pas une chose qui se fait. C'est quelque chose d'essentiel, pour moi, quelque chose qui me fait du bien. En refermant la porte derrière moi et en m'éloignant dans le couloir, je ne peux m'empêcher de penser à elle, encore. Je ne compte pas la retrouver dans le calme et la joie, pas du tout. J'ai deux ans de reproches, de haine et de tristesse à évacuer et je compte bien le faire. Son petit message dans les étoiles du tableau ne change rien à mon envie de lui faire payer son abandon. Comme aujourd'hui dans la Salle sur demande, je me vengerai de Kristen Loewy comme je me suis vengée de mon échec à réussir mes sortilèges de Métamorphose. Et cela sera aussi grandiose que ça l'a toujours été entre moi et elle. Grandiose, douloureux, explosif.

C'est étrange de ressentir la hâte de nos retrouvailles tout en sachant que je vais patiemment et correctement enflammer ma colère pour qu'elle puisse exploser comme il faut face à elle. C'est décalé, dérangeant de ressentir ces sentiments opposés. Mais avec elle, ça a toujours été décalé et dérangeant.

Je disparais dans les couloirs du château d'un pas bien plus léger que celui qui m'a emmené jusqu'au septième étage tout à l'heure. Pendant plusieurs jours, je repenserai à ce moment et à Adaline Macbeth sans pouvoir me détacher de l'idée que quelque chose a changé et que c'est moi qui l'ai voulu.

— Fin —


Merci beaucoup, Plume. C'était explosif, c'était libérateur. C'était bien. Écrire avec toi sera toujours un plaisir.