« Tout va bien. » confirma le professeur. Il ne lui restait plus qu'à retrouver Moustache - et pour de vrai cette fois - mais rassuré par le fait que son chat ne le quittait jamais vraiment, le sentiment d'urgence qui lui serrait avant le cœur avait laissé place à une simple inquiétude. Ce désagréable sentiment serait rapidement balayé dès que le félin pointerait un poil de moustache, et si Sigmund écoutait sa raison plus que son cœur, l'attente s'annonçait brève.

Les retrouvailles pouvaient bien attendre un petit peu, surtout quand le petit être de raison lui proposait si gentiment de se changer les idées. C'était décidé : Brynn était désormais l'un de ses étudiants préférés, avec Erin, Dorra et Ennis. Il tardait à Sigmund de trouver un nouveau moyen de se faufiler dans la salle commune de Poufsouffle. L'homme aux Moustaches s'imaginait déjà prendre le thé avec Elian et Brynn autour d'une multitude de petites confiseries et pâtisseries.

« Allons donc voir les Crabes de Feu, mon garçon, » accepta-t-il volontiers. De parler Moustache, ça lui faisait drôlement penser à quelque chose : lui aussi avait une moustache, juste au-dessus de ses lèvres. Il ne l'oubliait pas : la demi-heure d'entretien qu'elle nécessitait par jour et la sensation de gratouillis perpétuels le gardaient bien d'un tel affront envers son accessoire de mode pilaire, mais ne lui consacrait pas non plus toutes ses pensées, surtout quand Moustache le chat était disparu.

« J'ai une question pour toi avant, Brynn. Ou une devinette. » Il marqua une brève pause avant de regarder autour d'eux. Ah oui, c'était là-bas, les Crabes de Feu. Ils n'étaient d'ailleurs pas très loin. « Saurais-tu me dire pourquoi les Crabes n'ont pas de moustache ? Ni les tortues, d'ailleurs. » Il avait ajouté cette dernière remarque du fait que le Crabe de Feu tenait plus de la tortue que du crabe. « Les moustaches » dit-il en pointant la touffe de poils sous son nez, « on en trouve pas partout et chez tout le monde... »

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Puisque tout allait bien, le petit garçon autorisa le soulagement à l'envahir plus franchement, avant de sourire lorsque son professeur lui indiqua être partant pour aller regarder les Crabes de Feu. À vrai dire, il n'avait jamais encore partagé ses moments d'observation hebdomadaires des deux créatures avec quelqu'un d'autre, et encore moins un professeur, aussi était-il un peu incertain, mais après ce drôle de moment qu'ils venaient de passer, la proposition avait été instinctive. L'enthousiasme retrouvé de son enseignant, par ailleurs, semblait indiquer que tout allait réellement bien, et Brynn n'était plus mal à l'aise, tandis qu'il avançait avec l'adulte, son propre enthousiasme à l'idée d'aller voir les Crabes remontant doucement.

Aussi, c'est un petit Brynn curieux et attentif que vint trouver la devinette de l'homme à la moustache, arrivant à faire passer l'observation des Crabes de Feu tout proches au second plan. Il savait bien sûr pourquoi les crabes, les Crabes de Feu ou les tortues n'avaient pas de moustache : c'était parce qu'ils avaient un exosquelette ou bien de la peau écailleuse. Des créatures qui n'avaient pas de poils ne pouvaient pas avoir de moustaches. Cependant, il se doutait que ça n'était pas de cela que son professeur était en train de lui parler : non, Monsieur Charleston parlait de créatures moustaches.

« Parce qu'ils ne sont pas assez confortables ? » Après tout, il était vrai que les Crabes de Feu, tout brillants qu'ils étaient, ne devaient pas avoir une peau très douce, alors peut-être n'était-ce pas à la convenance des moustaches. « Ou peut-être parce que ça fait pas un creux entre leur bouche et leur nez, pour bien s'accrocher ? » ajouta-t-il, un doigt appuyé sous son nez, comme pour tester que cela faisait bien un creux.

Monsieur Charleston devait être très confortable, lui, car sa moustache ne semblait jamais le quitter.

Les mots de Brynn étaient emplis d'une douce naïveté. C'était pour ça que Sigmund aimait tant les enfants : ils avaient toujours des idées farfelues. Pourquoi Merlin imaginait-il qu'une moustache pouvait avoir besoin d'un solide support pour s'accrocher ? Sans un mot, le professeur de botanique se glissa près de l'abri de jardin recueillant les deux crabes. Il tâta le sol et l'estimant assez sec, il s'installa simplement par terre sans autre forme de procès.

« C'était bien tenté, tu es un petit garçon très imaginatif, Brynn. Mais non : c'est surtout une question de poils. » corrigea le professeur alors que son regard curieux partait à la recherche des deux petits habitants de l'abri. L'éclat brillant d'une pierre précieuse dirigea son regard vers un rocher d'où il aurait presque juré voir des volutes de fumée s'échapper tout du long. C'était peut-être le cas, d'ailleurs.

« La moustache, elle nait toujours de poils. Elle trouve donc son berceau chez les mammifères, comme toi et moi. Ou les niffleurs, dans l'enclos là-bas, un peu plus loin. » ajouta-t-il avec douceur avant de le regarder, tout sourire. « Peut-être qu'un jour toi aussi, tu auras une moustache. Tu verras, fils, c'est merveilleux. » Il l'avait bien vu farfouiller ses doigts au-dessus de ses lèvres, et pour une fois, contrairement aux mômes de son âge ce n'avait pas été pour dénicher une grosse crotte de nez. Brynn était un garçon intelligent, même si Sigmund ne portait évidemment aucun jugement sur d'autres petits enfants comme Orlaith ou Gideon.

Doucement, Sigmund posa sa main contre la vitre chaude de l'enclos. « Touche, c'est tiède. » Il chuchota : « On doit juste faire attention à ne pas laisser de traces de doigts sur la vitre. Sinon, le professeur Dawson va nous gronder. »

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Les niffleurs pouvaient avoir une moustache ? Une vraie moustache comme Moustache la moustache ? C'était là une nouvelle à laquelle il ne s'attendait pas, et un petit sourire grimpa sur ses lèvres tandis qu'il imaginait un petit niffleur portant avec fierté une grande moustache comme celle de Monsieur Charleston. Sourire qui s'agrandit lorsque l'adulte assis près de lui lui en adressa un grand, plein de gentillesse, en lui indiquant qu'il aurait peut-être aussi une moustache un jour.

N'hésitant plus longtemps, le petit garçon s'assit près de son professeur pour observer les crabes. Il se sentait bien, avec Monsieur Charleston, et sa petite frayeur de quelques instants plus tôt était déjà partie bien loin aux oubliettes. L'adulte, en ce moment là, était un adulte, plus seulement un professeur distant, et un doux sentiment remplissait Brynn. Le petit garçon réalisait peu à peu, depuis quelques temps, que l'école n'était pas qu'un lieu froid et déracinant où les enfants étaient abandonnés. Il y avait aussi en son sein des Deryn, des Miss Priddy, et maintenant des Monsieur Charleston pour lui apprendre des choses passionnantes sur les moustaches tout en lui faisant de grands sourires.

Toujours intrigué par sa découverte des moustaches vivantes, Brynn allait d'ailleurs poser une question lorsque le botaniste près de lui leva la main vers la vitre avant de lui chuchoter qu'il fallait faire attention pour ne pas se faire gronder par Monsieur Dawson. Le chuchotis tira un petit rire au jeune gallois, qui trouvait ça assez drôle qu'un professeur ait peur de se faire gronder, et il frotta sa main sur sa robe avant de la déposer non loin de celle bien plus grande de l'adulte. C'était effectivement tiède, comme chaque fois qu'il venait observer les crabes, mais cette fois-ci il y avait une autre chaleur qui le remplissait, en plus de celle de la vitre.

« Vous êtes le papa de votre moustache alors ? » il lui semblait que si Moustache était né des poils de Sigmund, alors cela voulait dire que ce dernier avait créé la vie juste en dessous de son nez. Et c'était là quelque chose de tout à fait magique. « Ou bien elle grandit comme un champignon ?»

Et soudain, en reposant les yeux sur les crabes miroitants, une question qu'il ne s'était jamais posé lui vint, et elle franchit ses lèvres avant même qu'il ne puisse y réfléchir :

« Est-ce que vous croyez que les pierres des crabes sont vivantes ? Comme elles grandissent ?» Les pierres, c'était inerte. Mais des pierres de crabes, l'étaient-elles ? Si une moustache pouvait être vivante, les parures de ces tortues volcaniques pouvaient-elles l'être aussi ?

La main de Brynn se glissa à côté de la sienne, sur la vitre. Pendant un instant, Sigmund avait oublié l'image de son chat errant quelque part, au hasard d'un lieu qui l'avait perdu. Il y avait la chaleur de sa main, celle de l'enfant et deux crabes qui faisaient paresseusement leur vie, juste derrière une simple vitre. C'était agréable et Sigmund, qui était un homme toujours très occupé, regretta en cet instant de ne pas prendre plus souvent le temps de se poser ainsi. Le cumul de ses différentes fonctions, de ses activités annexes de drag queen et sa vie de famille avec son nouvel époux et Nana ne lui laissaient que peu de temps libre. À tort peut-être, le botaniste avait tendance à considérer tous les enfants de Gryffondor comme les siens. Si avoir une grande et heureuse famille avait toujours été son rêve, il se faisait de plus en plus fatigué avec le temps.

Papa de tous les Gryffondor et, paraissait-il, papa aussi d'une moustache. Brynn semblait maître dans le choix des mots, et Sigmund s'amusait beaucoup de toutes les candides métaphores qui lui venaient à l'esprit.

« Oui, je suis son papa. J'ai toujours voulu avoir une moustache, mais il m'a fallu de très nombreuses années pour la faire grandir, et beaucoup d'huile de ricin. Tu es encore un peu petit, mais dans deux ou trois ans, je t'en donnerai un flacon, si tu le souhaites. » L'image d'un Sigmund adolescent boutonneux et le visage huileux d'une substance censée stimuler la pouce du poil n'était pas très glorieuse, mais si cette période avait été sombre, elle avait également permis au botaniste d'être l'homme qu'il était cejourd'hui. « Quand la moustache est bien installée et nourrie tous les jours d'huile de ricin, parfois oui, elle pousse soudainement comme un champignon. Elle grossit d'un coup et peut même devenir indomptable ! Ça prend beaucoup de temps pour l'apprivoiser, crois-moi. »

Son regard suivit celui du garçon. Si le botaniste savait tout des moustaches - félines et poilues, les crabes de feu constituaient pour lui un sujet bien plus mystérieux.

« Ça pour les pierres, c'est une question qu'il faudra poser au professeur Dawson. Mais j'aime beaucoup l'idée qu'elles puissent être vivantes. Ça sensibiliserait peut-être les âmes malveillantes et limiterait les possibles braconnages. »

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En écoutant les mots de son professeur, le petit garçon avait soudainement très hâte de pouvoir apprivoiser lui aussi une petite créature aux couleurs changeantes qui logerait sous son nez. Il ne s'était jamais imaginé avec une moustache sur le visage, ne concevant pas bien encore qu'il allait devenir un vrai adulte, un jour, mais il n'avait jamais su que les moustaches pouvaient être vivantes. Cette dernière information changeait la donne, et son imagination se mit à fourmiller, s'imaginant avec une grande moustache verte faisant la java sous son nez à qui il proposerait du poisson. Le tout sur son visage d'enfant, qui était le seul qu'il s'imaginait réellement. Après tout, Monsieur Charleston avait dit qu'il pourrait avoir une moustache d'ici seulement deux ou trois ans !

« J'espère que j'aurais un bébé moustache alors ! Je m'en occuperais bien, promis ! » à commencer en lui donnant de l'huile de ricin, puisque c'était apparemment là la nourriture des bébés moustaches.

À la réponse du plus âgé concernant les pierres des crabes, le jeune Poufsouffle hocha la tête, un peu perturbé tout de même par l'idée que certaines personnes malveillantes puissent en vouloir aux pierres des crabes de feu. On n'avait pas idée de vouloir des bouts d'êtres vivants comme ça ! Les sorciers, pourtant, étaient assez forts dans ce domaine, il fallait bien l'avouer : sang de salamandre, limaces entières, crochets de serpents, yeux de poissons, queues de rat et ailes de chauves-souris étaient autant d'ingrédients qu'il avait vu sur les étagères de son cours de Potions, voire qu'il avait déjà mis dans un chaudron.
Soudainement inquiet pour les deux créatures brillantes qui réchauffaient leur atmosphère, il se tourna vers l'adulte avec un petit air anxieux.

« Il ne va rien leur arriver aux crabes, hein ? Miss Xarinez ne va pas les récolter pour ses potions ? »

Si elle faisait ça, c'était sûr, il faisait grève des Potions. Aux oubliettes son devoir pour vendredi !

Amusé par la spontanéité de l'enfant, Sigmund se prenait totalement à son jeu. Il lui plaisait d'avoir des échanges simples et doux, loin des conversations compliquées qu'il pouvait avoir avec des adultes. Brynn était encore bien trop petit pour avoir une moustache. Les traits poupons du garçonnet lui en rappelaient d'autres qu'il avait connu pendant sa première année de professorat, il y a déjà plusieurs années. Si la vie l'avait rapidement éloigné de ses fonctions de professeur, il était toutefois revenu à Poudlard, et avait revu ses mêmes visages transformés par l'adolescence. Cette fois, l'enseignait se demandait s'il resterait à Poudlard le temps de voir d'autres enfants, comme Brynn, grandir puis tendre lentement vers l'âge adulte. Dans une école où le turn-over des employés était impressionnant, rien n'était moins sûr. Mais, se dit-il, l'idée de rester auprès de ces enfants lui plaisait beaucoup. Il avait beaucoup à leur apprendre - et lui aussi, à apprendre d'eux.

Questionné par Brynn sur le sort des crabes, le professeur fut contraint de s'avouer qu'il n'en savait strictement rien. Ses connaissances en matière de potions se cantonnaient à l'élémentaire, et aux plantes utilisées comme ingrédients puisqu'il fournissait directement l'école. Il lui semblait toutefois, à raison, n'avoir jamais vu de morceaux de Crabes de feu dans la moindre recette. Et, contrairement au Moustache disparu, sa mémoire, elle, ne lui faisait jamais défaut.

« Oh non, je ne pense pas, » le rassura Sigmund. Toujours pris dans le jeu qui s'était installé entre lui et le jeune étudiant, il se pencha vers lui pour lui confier, complice : « Le professeur Dawson veille au grain mais, si tu le penses de mèche, on pourra demander à Moustache de monter la garde, si tu le souhaites, » dit-il avec un sourire aussi large que sa touffe de poils, signe à priori évident qu'il plaisantait doucement. « Et, si un jour tu vois Miss Xarinez avec le nez tout rouge dans ta salle de classe, c'est qu'elle se sera faite mordre le bout du nez par notre gardien des crabes. »

Après avoir ouvert de grands yeux à l'idée qu'on puisse demander à une petite touffe de poils de monter la garde, Brynn échappa un petit rire, imaginant Miss Xarinez assaillie par la moustache de Monsieur Charleston. Bien sûr, si cela arrivait, ce serait parce qu'elle aurait voulu attaquer les crabes de feu, ce qui n'était donc pas si amusant, mais l'image le faisait rire tout de même. Est-ce que Moustache avait des dents ? Est-ce qu'il resterait attaché sous le nez de sa professeur de Potions jusqu'à ce qu'il soit sûr qu'elle ne recommencerait pas son méfait ? Est-ce que la créature-moustache pouvait contaminer son nez avec son pouvoir de changement de couleur ?

« D'accord ! » répondit donc Brynn à son enseignant, rassuré par la proposition. Quelque part, si son professeur proposait d'impliquer sa moustache - lui qui semblait l'aimer tant - et s'il avait un si grand sourire sur le visage, c'était que le danger ne devait pas être si grand. « Mais il faut pas qu'elle soit obligée de surveiller tout le temps ! C'est votre moustache ! » ajouta-t-il, lorsqu'il réalisa ce que pouvait impliquer que Moustache monte la garde.

Certes, imaginer une petite moustache tournicoter l'air grave - une moustache pouvait-elle avoir l'air grave ? - autour de l'enclos des crabes de feu était amusant, mais Moustache n'avait peut-être pas envie de passer sa journée à faire ça. Surtout qu'on parlait d'une créature qui avait pour habitude de se déplacer à visage d'humain, et non pas à pieds. Et puis, Monsieur Charleston sans moustache, ça n'était pas vraiment Monsieur Charleston !

« C'est votre Moustache, », avait dit Brynn. Oui, c'était bien elle, sa petite boule de poils, sa créature au ventre rond et au museau fouineur. Merlin, même s'il avait retrouvé espoir auprès du petit garçon qui lui avait tenu compagnie, il lui tardait de retrouver son chat perdu. L'observation des crabes de feu lui avait fourni un divertissement apprécié mais, la vie d'adulte et ses dures responsabilités l'appelaient. Ça lui piquait le coin de l'œil ; juste là, sous un creux de la paupière, et évidemment sans lien aucun avec la disparition de Moustache, une grosse perle de larme gonfla comme un petit ballon rond, prête à prendre son envol sur sa joue. Il était toujours tout sourire, bien sûr : la joie ne s'estompait pas si aisément ! Mais un petit quelque chose pinçait un bout de son cœur.

« C'est sûr, je n'aime absolument pas être séparé de ma boule de poils. » confirma-t-il avec un demi-sourire. La réponse de l'enfant à sa propre plaisanterie ne lui rappelait que davantage encore l'absence de son chat. « Mais garçon. Comme vous dites, vous les jeunes : je gère la fougère, mon très cher petit frère.» dit-il en imitant du mieux qu'il put - piètrement - un adolescent. En même temps, il fit mine de donner un petit coup dans l'épaule du garçon. « Avant de surveiller le moindre crabe, il lui faudra clairement me fournir des explications sur son absence la nuit dernière, et j'espère bien qu'il me répondra cette fois autrement qu'à coups de crocs » s'épancha-t-il, toujours bien bavard. Il se redressait déjà, du soupir à revendre et la fatigue installée dans les jambes.

« Je pars en mission. Je te dis à bientôt, jeune homme. Je te le présenterai une prochaine fois, Moustache. Pour de vrai, cette fois. » Et sur ces propos anodins qui paraitraient sans aucun doute bien mystérieux aux oreilles de l'enfant, le botaniste releva son chapeau le temps d'une salutation et tourna talons. Si Brynn tendait l'oreille, il entendrait peut-être un « Moustache ! Poisson ! Moustache, poi... poisson ! Poisson vert, poisson gris, poisson dodu ! » résonnant entre deux enclos, avant que les appellations obscures ne deviennent plus qu'un bruit indistinct dans le vent.

C'est une fin de RP pour moi ! Merci beaucoup à toi Brynn pour ce moment, c'était très drôle !

Je gère la fougère mon... quoi ? Brynn, sous le coup d'épaule gentil de son professeur, cligna les yeux face à l'incongruité de ce qu'il venait d'entendre, incertain. Est-ce que l'adulte venait de lui dire qu'il devait aller s'occuper de ses fougères avec son petit frère ? Les fougère encore, ça lui semblait logique, pour un professeur de Botanique, mais il ne savait pas que Monsieur Charleston avait un petit frère au château.

Cependant, l'adulte lui laissa assez peu de temps pour analyser ce qu'il venait de dire puisqu'il fit aussitôt mine de se lever, en parlant des crocs de sa moustache. Un petit froncement de nez compatissant grimpant sur son visage (se faire mordre le nez par une moustache avec de grandes dents devait faire mal), Brynn leva la tête, suivant des yeux le mouvement de son enseignant et de sa créature.

Lorsque le premier mentionna une future rencontre avec la deuxième, un sourire enthousiaste naquit sur les lèvres du Poufsouffle.
Lui présenter Moustache ? Est-ce qu'il voulait dire quand elle serait réveillée ? Pourrait-il la tenir dans sa main ? Lui donner du poisson à manger ? Il ne savait pas à quoi il devait s'attendre mais il avait hâte de faire cette rencontre !

« Au revoir Monsieur ! » salua-t-il donc, alors que son enseignant faisait un mouvement de chapeau.

Un petit silence passa tandis que l'adulte s'éloignait, Brynn le suivant distraitement des yeux, le laissant disparaître entre les bâtiments de SaCM. Il cru l'entendre proposer gaiement du poisson à sa moustache avant que les échos de sa voix ne se taisent, ce qui le fit sourire un peu. Ses yeux se tournant alors de nouveau vers les crabes, il observa un moment les créatures, silencieux et pensif, songeant à tout ce qu'il venait d'apprendre. Une des grandes créatures derrière la vitre avait la tête résolument tournée vers lui, l'observant, et Brynn finit par s'adresser à elle, d'un ton curieux :

« Tu crois que c'est Monsieur Kholer le petit frère de Monsieur Charleston ? Il a une moustache, lui aussi. »

Plus tard, sans doute, il réaliserait que ça n'était sans doute pas lui. Après tout, ils n'avaient pas le même nom.

Merci beaucoup pour ce RP ! C'était vraiment chouette !