@Fabio Dermott


À Poudlard, les moments préférés d'Elly résidaient d'une part, dans les cours de Métamorphose qu'elle affectionnait plus qu'autre chose, d'autre part, dans la réalisation de potions diverses et variées. C'était comme un cours de cuisine pour elle, mais en mieux ! Suivre une recette, s'occuper des ingrédients -aussi douteux soient-ils, pour au final obtenir une mixture aux propriétés magiques... il n'y avait presque rien de plus incroyable !

Voilà pourquoi la gamine de quinze ans respirait la bonne humeur ce matin-là : l'ensemble de sa classe se rendait dans la salle de potions et aujourd'hui, ils allaient préparer une potion mystère !

Tandis que les autres élèves patientaient tranquillement, écoutaient et bavardaient même, Elly s'impatientait. Elle n'avait qu'une hâte : commencer à manipuler les ingrédients. Alors, lorsque vint enfin le moment pour les élèves de débuter la pratique, un large sourire s'afficha sur les lèvres de la jeune blonde. Enfin !

Les yeux remplis d'étoiles, l'adolescente avait été la première de la salle à allumer le feu sous son chaudron. Si elle avait bien écouté le professeur, elle avait également déjà lu toutes les instructions qui étaient affichées sur le tableau noir. Elle savait ce qu'elle faisait, il n'y avait plus qu'à !

- Arf. J'adore les potions, mais ça, ça reste quand même assez dégueu. "Extraire le jus de cinq sangsues avec un couteau plat", je sais pas où ils vont chercher leurs ingrédients, mais les potionnistes sont vraiment pas nets.

Fabio réajusta sa cravate puis se mit en route pour le cours de potions. Réajuster sa cravate, cela ne voulait pas dire vérifier la bonne forme et tenue du noeud, oh que non. En effet, le serdaigle s'était récemment demandé à quoi bon était sensé servir la cravate bleue que l'uniforme de Poudlard imposait et la conclusion à laquelle il était venue était que son but était purement décoratif. Or, décoratif voulait dire embellissant, embellissant voulait dire capturant positivement l'attention. Et un noeud de cravate classique, c'était ce qu'il y avait de plus ennuyant et de plus banal imaginable. Depuis ce jour-là, mettre sa cravate chez Fabio, cela voulait dire en faire un joli noeud papillon ou la porter comme une écharpe, comme c'était le cas aujourd'hui. Et réajuster sa cravate voulait dire vérifier avec soin que la morceau de tissu bleu argenté tombait de façon à donner une impression à la fois négligée mais soignée, du léger sans effort élégant. Et surtout différent, quelque chose qui attirait l'attention. Ha oui, l'attention, que ne ferait-il pas pour elle !

Enfin, elle avait des côtés moins plaisants, également. Car bien sûr, la nouvelle mode de cravates du jeune Serdaigle avait déjà attiré l'attention et les réprimandes de certains de ses professeurs et son argumentaire selon lequel le règlement indiquait seulement qu'il fallait porter une cravate et non pas comment il fallait la nouer ne convainquait que les plus rares. Ce qui n'était pas suffisant pour le refaire revenir aux nœuds de cravate ennuyants, oh que non.

C'était précisément cela qui caractérisait Fabio. Certains méprisaient le règlement en le transgressant impétueusement avec pour seule motivation le simple et pur non-respect de celui-ci. C'étaient précisément ceux qui lançaient des bombabouses dans les couloirs, ceux qui griffonnaient des petits dessins sur les bureaux ou ceux qui faisaient preuve de violence physique ou verbale. Ces sauvages-là, c'étaient des gamins et Fabio les gratifiait tout au plus du regard dédaigneux de celui qui est convaincu que lui-même fait beaucoup mieux. L'égypto-nord-irlandais ne méprisait pas le règlement, mais il trouvait un certain plaisir dans l'idée de le défier. Il aimait faire le funambule sur la limite extrême du tolérable, distordre la bordure et voir jusqu'où il pouvait aller dans son flirt avec l'interdit.

Mais pour l'instant, hormis la cravate, rien à signaler. Le livre de potion était ouvert à la bonne page sur la table du jeune Serdaigle et il suivait avec soin, bien qu'également avec un léger ennui, les explications fournies. Une fois arrivé au bout de celles-ci vint le moment d'allumer le chaudron et de mettre les choses en application. C'est lentement qu'il se mit en route, sortant son matériel, les ingrédients et disposant le tout soigneusement le tout sur le plan de travail afin de démarrer la préparation.

Le deuxième année soupira en entendant la remarque de sa voisine de table. Il partageait le constat d’Elly me ne venait pas à la même conclusion : lui, il n’aimait pas les potions. Ce n’était pas qu’il n’était pas doué – au contraire : il avait une bonne mémoire et retenait plutôt avec fiabilité les recettes, il était était précis dans les mesures et habile dans ses gestes. Et pourtant, en fin de cours, il rendait rarement un résultat satisfaisant.

Ainsi par exemple, alors que la blonde, comme tout le monde, s’était attaquée aux sangsues, Fabio avait sorti pilon et mortier pour y broyer quelques brins de valériane. Sans lever le regard de son travail, il lâcha :

“Si j’me trompe pas, t’es bien en train d’extraire le jus de cinq sangsues avec un couteau plat. Pas très très net non plus, si tu veux mon avis.”

@Elly Fullow désolé pour le retard ! Faut croire que Fabio était très occupé avec sa cravate