« Je n’y arrives plus, je sais pas ce qui cloche chez moi. Je croyais que j’avais trouvé la voix, que le Quidditch c’était toute ma vie, mais apparemment rien est vrai. Je suis nulle en match, je n’y arrives plus dans ce sport, j’ai beau m’entraîner, rien y fait. Je ne suis pas au niveau pour devenir professionnel. J’ai aucun avenir possible » Voici ce qu’Elfie pourrait dire à son professeur, ce n’était pas exactement ce qu’elle ressentait, c’était bien plus profond que cela, mêlant toutes les émotions qui la traversait en ce moment, mais elle était incapable de mettre des mots sur ce qui se passait à l’intérieur de sa tête. Elle pouvait juste mettre des mots sur des faits, sans aller plus loin. Elle savait également que c’était une erreur de se dévoiler autant à un adulte inconnu, c’est ainsi qu’elle garda tout pour elle, elle devait garder le contrôle. Un seul mot sur ce qu’elle pensait réellement la ferait craquer pour de bon et cela était inimaginable du côté de la sixième année. Alors elle garda le silence, essuyant ses yeux humides, avant de se tourner vers Rafael Mason.

Elle avait lâché son balai, et de ses yeux encore rouge elle posa son regard dans celui de son professeur de vol. « Et vous allez faire quoi? Hein? Faire du chantage sur le Quidditch? Vous n’avez plus ce pouvoir. » Elle avait un ton plus sec, plein de reproche qui tentait de cacher une voix peut assurer. Dans tous les cas elle avait raison, Charleston ne lui avait donné aucune condition pour continuer le quidditch. « Me faire la morale? Je partirais dès le premier mot sortit de votre bouche. » Sa voix était légèrement plus fébrile, la distinction était difficile à faire a l’oreille, mais elle savait qu’elle ne devait pas lâcher prise, elle continua alors. « Touchez une corde sensible en espérant me faire craquer pour mieux me manipuler? Toujours pas, je ne céderais plus » Tous ses faits, elle les avait repris de ses derniers convocations avec Rafael Mason. Pour elle, il avait déjà tenté ses trois approches, qui avait plutôt bien fonctionné au passé.

La sixième année fit une courte pause, dans l’espoir de reprendre tranquillement sa respiration, pour pouvoir continuer de parler, sans fondre en larme devant son professeur de vol, elle retenait ses larmes de couler, son corps de tomber. Elle n’avait qu’une envie, quitter ses lieux et défouler son corps, soit dans une séance de sport ou en frappant contre un mur, elle allait toujours mieux ensuite, c’était son moyen d’évacuer le trop plein d’émotion qu’elle n’arrivait à gérer. Mais ce n’était ni le moment ni l’endroit. Après l’avoir baisser, elle reposa son regard dans celui de l’adulte face à elle et continua. « Vous êtes comme tous les autres profs, il me reste un peu plus d’un an ici, rien ne va changer jusqu’à mon départ, vous ne pouvez rien y faire. » C’était évidemment à moitié correcte. D’un côté pour elle, elle ne serait bientôt plus là et un simple professeur ne pouvait rien changer en si peu de temps. Elle ne retrouvait pas son niveau de Quidditch, elle n’arriverait pas à contrôler ses émotions ou à se trouver une voie en si peu de temps. D’un autre côté, ce n’était pas un professeur comme tous les autres, on parlait bien de celui à qui elle avait donné sa confiance, qui avait réussi a l’aider dans un sens ou dans un autre. Cette pensée restait caché derrière un écran marqué de plusieurs mots, la fierté, l’immaturité, le déni accompagné d’un groupe de mot: complètement perdu. A ce moment précis, Elfie ne savait pas si elle préférait qu’il reste, qu’il lui prouve qu’il n’en avait pas rien à faire d’elle, que ses propos étaient véridique, mais de l’autre côté, elle avait juste envie d’effacer sa tête de son esprit, préférant rester seule à affronter ses démons, préférant régler ça toute seule en blessant ses phalanges, pour se prouver qu’au final elle avait raison depuis le début.

Rafael ne pouvait pas quitter la pièce sans essayer de savoir ce qui rendait la jeune fille dans cet état. Il avait passé tellement de temps à essayer de la comprendre depuis qu'il avait été nommé directeur de Gryffondor, tellement de temps à essayer de lui laisser sa chance et de faire en sorte qu'elle ne soit pas trop en difficulté en cours qu'il aurait l'impression de ne pas la respecter si il partait sans s'inquiéter des raisons de son état.

Malgré tout, Elfie restant la même, ce n'était pas aussi simple. Elle se décida finalement à se tourner vers Rafael, ses yeux rougies par les larmes et recommença ce qu'elle savait faire de mieux, à savoir, être sur la défensive et s'offusquer, sa braquer vers celui qui lui tendait la main. Elle lui reprocha alors tout ce qu'il avait fait pour elle, elle l'accusait d'être manipulateur, menteur et moralisateur. Rafael trouvait cela assez osé de la part de la Gryffondor car sans lui, elle aurait très certainement redoublé sa classe ou pire, été expulsée de l'école. Il était persuadé que sans lui, elle n'aurait pas réajusté un temps soit peu son comportement vis à vis de ses camarades et ses professeurs. Mais ça, elle ne lui avouerait jamais car pour elle, comme tous les adultes de ce monde il était quelqu'un de mal qui ne lui apporterait rien de bien.

Rafael ne reprit pas la parole, il se doutait que la jeune fille n'avait pas fini de vider son sac. De son côté, il avait réussit à trouver son calme et son professionnalisme, il avait bien des problèmes dans sa vie mais il ne pouvait s'empêcher de penser à sa fille. Il espérait qu'elle n'en arriverait jamais à cet extrême, mais si c'était le cas, il espérait qu'une personne serait là, patiente, déterminée à l'aider. Il reste donc calme et se attendit la nouvelle salve qui ne se fit pas attendre. Un nouveau lot de reproches sortit de la bouche d'Elfie mais Rafael ne s'y attacha pas trop. Lorsqu'il fut certain qu'elle avait terminé, il décida de s'asseoir en s'adossant contre le mur à côté de la porte, face à Elfie.

Elle ne voulait pas qu'il reste, ni lui révéler la raison de son état, très bien. Mais ce n'est pas lui qui prendrait la décision de partir. Il ne l'abandonnait pas, il ne lui faisait pas de chantage, ne la moralisait pas ni ne la manipulait. Si elle décidait de partir, elle le faisait de son plein gré, en sachant pertinemment que lui était là, prêt à l'écouter et à la consoler au besoin. Si elle partait, ce serait sa décision à elle. Il maintint son regard dans celui de Elfie puis lui répondit:

« — Je vois que vous avez beaucoup de reproches à me faire. Vous pouvez ajouter borné. Je vais rester ici, je ne dirai rien pour vous forcer à parler mais je reste ici et je ne partirai pas. Je suis prêt à vous écouter, comme je l'ai toujours fait, en espérant pouvoir vous aider. Il n'y a que vous qui puissiez choisir et si vous choisissez de partir je ne vous retiendrai pas.»

Rester ou partir. Un choix important faisait face à Elfie. Un choix qui l’affecterai directement. Le non choix n’était pas envisageable dans cette situation, elle ne pouvait pas laisser son professeur le faire à sa place. Elle se tenait, là, debout son balai fissuré à terre qu’elle venait de lâcher. Elle sentait les larmes commencer à humidifier l’intérieur de ses paupières. Mais elle ne pouvait pas laisser les émotions la contrôler, pas en ce moment. Bien qu’en glissant un regard à son professeur à présent assis, il ne paraissait pas supérieur, pas comme tous les autres, il lui laissait le choix. Le résultat ne lui reviendrait qu’à elle, la difficulté apparaissait ici.

Dans la même situation, l’an passé, il n’y aurait pas eu d’hésitation, les émotions seraient restées enfouies et la fierté aurait pris le dessus, elle serait partie sans le regretter, évidement, elle ne regrettait aucune de ses décisions bien que mauvaise. Pour finir, elle aurait remît toute la culpabilité de ce choix sur Mister Mason. Mais aujourd’hui, dans cette position, elle faisait face à un dilemme. En effet, sa carapace qu’elle affichait à présent instantanément n’avait pas l’air de fonctionner aussi bien. C’était tellement plus facile de creuser soit même sa chute, de ne rien prendre au sérieux et de paraître immature aux yeux de tous. A cet instant, elle pouvait ressentir l’envie de rester, l’envie d’avoir quelqu’un qui l’a comprenne. Mais pour cela, le chemin serait long, ses sentiments étaient bien trop profond sous cette carapace qui s’était fêlé face aux différentes entrevues avec son professeur de vol et anciennement directeur de maison. C’était sûrement pour cela que le choix le plus sensé pour Elfie était si dur à prendre et que l’autre, celui de s’enfuir par fierté de ne pas demander de l’anode et de devoir revenir sur ses décisions était encore en option.

C’est ainsi, après plusieurs longues secondes sans parler, portant son regard qu’elle venait d’essuyer, qu’Elfie se laissa plus de temps pour choisir. « Peu importe ce qui s’passe, même si je suis nulle au Quidditch, vous tiendrez votre promesse? Vous m’écrirez une lettre de recommandation? » En fonction de la réponse de l’adulte, le choix paraîtrait peut-être plus simple. Elle n’avait toujours pas confiance en l’adulte, mais en restant, elle avait peut-être inconsciemment décidé de lui laisser une seconde chance.

Pour le coup, la Gryffondor ne s'était pas attendue à cette réaction de son professeur de Vol. Rafael connaissait la jeune fille depuis assez longtemps pour savoir qu'elle ne savait pas quoi faire. Il ne la quittait pas des yeux et remarqua rapidement que les larmes étaient en train de monter. Elle ne savait pas quoi faire et il ne ferait rien pour l'aider à se décider. D'un point de vue extérieur, cela pouvait être violent, inadapté de la part d'un professeur mais c'était, selon Rafael, ce qu'il fallait faire pour la faire réagir.

Les secondes passaient mais Elfie n'arrivait pas à prendre de décision. Elle restait là, immobile, et essayait certainement de savoir ce qu'elle devait faire. Elle finit par essuyer les larmes qui commençaient à perler au coin de ses yeux puis reprit la parole. De toute évidence, elle ne donna pas une réponse claire à son professeure mais le point positif était qu'elle n'avait pas encore pris la fuite, il y avait encore un mince espoir. Elle pensait à son avenir, était-ce une mauvaise chose? L'enseignant avait tendance à penser que tout n'était perdu mais elle se trompait. Il ne lui avait jamais fait cette promesse. Il l'avait convoqué au début de l'année 2047 pour la faire réagir sur son comportement et l'aider à retrouver le droit chemin et il se souvenait presque mot pour mot de ce qu'il lui avait dit ce jour là. "Vous savez que pour intégrer cette école, il faut une lettre de l'un de vos professeurs et un bon dossier. Pour ce qui est du courrier, considéré que cela est déjà fait à la seule condition que vous continuez à fournir des efforts comme ceux de l'année dernière."

Il ne lui avait jamais promis d'écrire ce courrier "peut importe ce qu'il se passait". Et le courrier n'était pas son passe droit pour rentrer dans l'école, il fallait un bon dossier et elle le savait tout autant que lui. Il se permit alors de lui répondre:

« — Ce n'était pas totalement mes mots exacts. Mais! Je maintiens ce que j'ai dit. J'écrirais ce courrier si de votre côté vous continuer à faire des efforts, à vous montrer sérieuse en cours, courtois avec vos professeurs. Vous savez tout autant que moi que cela ne dépend pas de moi mais de vous. De mon côté, même si je ne suis plus votre directeur de maison, je n'ai pas changé et ce que j'ai dit vaut toujours. »

Présentement, Elfie ne trouvait pas d’autre solution pour ne pas haïr l’adulte présent face à elle. Le détester était une solution facile, qui l’obligeait à ne rien lui dire et a s’enfuir. La fuite, seul moyen qu’elle avait trouvé pour éviter de faire face à son professeur de vol. Habituellement, avec n’importe quel autre professeur, elle savait toujours quoi dire, du moins son personnage qu’elle jouait quand elle enfilait sa carapace, dans lequel elle s’était potentiellement perdue. Mais avec Rafael Mason, tout était bien plus compliqué, il avait réussi à briser légèrement cette carapace qui faisait de l’adolescente quelqu’un d’arrogante, égoïste, fière et surtout sur d’elle, avec peu d’empathie. Il avait réussi à faire face à la fille totalement perdue, qui ne savait pas gérer ses émotions et qui pouvait faire confiance. Mais cette confiance ne se basait sur rien de concret et aujourd’hui, elle n’arrivait plus à le lui accorder.

Le détester devrait être facile, elle savait le faire, détester quelqu’un dès qu’elle le souhaitait. Mais avec son professeur, elle n’y arrive pas. Une partie d’elle savait pertinemment qu’elle avait besoin de lui, pour son avenir, pour lui donner une chance de ne pas se perdre complètement dans un cercle vicieux où à la sortie était trop difficile. Elle n’était sûrement pas prête à l’accepter et lui avait permis de remettre sa carapace. Ses yeux humides et ses joues traversées de larmes la trahissait, son professeur était réfléchis. Il saurait que ce comportement n’était pas la réalité de ses pensées. Mais n’ayant pas l’habitude d’être autant bousculé émotionnellement. Elle n’arrivait plus à les contrôler et se refermer sur elle même était plus simple. Se retournant pour ramasser son balai, elle lâcha une dernière phrase. « Vous perdez votre temps, je n’ai pas besoin de vous. » Elfie avait retrouver ce ton désagréable qui cachait les sanglots restés bloqué au travers de sa gorge. Elle se mit ensuite à marcher à l’opposée de l’adulte encore assis espérant qu’il la laisserait partir.

Sa dernière avait été choisie délibérément. Si lui n'avait pas changé depuis sa démission au poste de directeur de maison, il ne pouvait pas encore autant de la Gryffondor. Il devinait facilement, connaissant son historique, qu'elle avait prit ça comme un abandon de sa part mais il avait tenté de lui faire comprendre que rien ne changeait pour eux mais Elfie était bornée et ne voulait pas entendre ce qu'il lui disait.

Il n'était ni dupe, ni aveugle, il voyait très bien que tout cela affectait l'adolescente mais il ne pouvait pas faire grand chose de plus. Le choix de son avenir lui appartenait, il était présent et ouvert à la discussion, il avait défendu plusieurs fois ce point de vue. Le reste appartenait désormais à la Gryffondor. Et bien que son non verbal prouvait le contraire, elle fit comme si tout allait bien. C'est du moins ce qu'elle laissa entendre au professeur. Selon elle, il perdait son temps. Elle avait peut-être raison sur un point, il aurait pu être ailleurs et faire quelque chose de productif. Mais pour lui, ce n'était pas du temps de perdu, bien au contraire.

Malgré tout, Rafael ne répond rien à l'adolescente, il parlait à un mur depuis plusieurs minutes maintenant et il commençait à s'épuiser lui aussi. Il leva un sourcil, remettant ainsi en doute la véracité des propos de l'adolescente puis resta immobile. Comme il l'avait dit, ce n'était pas lui qui sortirait du lieu en premier.