Je crois ne pas avoir écouté la majeure partie du cours aujourd'hui, c'était sur Dissendium je crois. Non, je réfléchissais sur les mots que j'allais dire. Après le cours.

C'est le dernier cours avant les vacances. Ça va faire quasiment un an. Samedi je monterais dans ce train. Quasiment un an que j'ai dû mal à rentrer dans les trains. Un an que je sursaute aux moindre bruits, que je sens l'angoisse monter quand il y a trop de silences, que je rêve de ponts et me réveille nageant dans ma sueur. Quasiment un an que dès que je croise un sorcier habillé en noir, je me tends et sens mon corps se glacer. Il y a un mois, il y avait juste un caillou dans ma chaussure, la sensation de ce dernier me rentrant dans le pieds m'a suffit à me retrouver sur ce pont en train de chercher les profs pour nous sauver; ridicule. Quasiment un an que je paye les conséquences d'actions qui ne sont pas les miennes.

Au début j'étais comme dans un brouillard, les premiers mois après c'était comme si je ne ressentais plus rien, ne me ressentais plus. Maintenant je veux des réponses. Des coupables, qui payent avec moi. Les hommes en noir manifestement je ne peux pas leur parler. Ce gouvernement d'incapables un jour je leur diras comment je pense. Mais c'est pas les seuls. J'en veux à Kelly et Argentella de ne pas m'avoir suivi et m'avoir laissé seul. J'en veux à Elena d'avoir été lâche et ne s'être pas mouillé. J'en veux à ceux qui étaient confortablement dans ces compartiments pendant qu'on était dehors. J'en veux aux professeurs, je les revois à genoux, de cette fenêtre. On était sans baguette. Pas eux.. Je m'en veux de leur en vouloir, ils ont fait comme moi: comme ils ont pu. Je m'en veux de pas avoir pu faire plus que fuir. Mais c'est pas de ma faute qu'une petite voix me susurre que ça aurait dû en être autrement. Et la plupart du temps je leurs en veux pas, sauf quand je tombe dans une spirale d'irrationalité, comme là.

J'ai pondéré ça pendant tout ce cours, et tandis que la classe se vide, mon regard se fixe sur Miss Priddy, elle y était. Elle est sensé nous apprendre à nous servir de la magie, mais même elle n'en a pas été capable ce jour là. Je lui faisais confiance, je leur faisais confiance. Je veux redormir la nuit, retrouver la personne que j'étais avant, celle qui a pas été marqué, et je sens quelque chose monter. J'ai besoin de ressentir autre chose que de la pitié, arrêter de m'apitoyer sur moi-même, alors on va ressentir la seule autre chose que j'en sois capable maintenant.

Quand la classe est enfin vide, je me lève et m'approche de l'adulte, la jauge du regard avant de dire de but en blanc:

"Pourquoi vous n'avez pas pu nous protéger il y a un an?" ma voix se tord un peu, sous les apparences calmes, elle a une mélodie d'un air que je ne connais que peu, peu mélodieux par ailleurs.

Le cours des troisièmes années se terminait et Sarah, après avoir salué les élèves qui quittaient la pièce un à un, avait pris la direction du fond de la classe pour ranger dans sa fameuse armoire les boîtes à secret que les élèves avaient utilisés pour s'entraîner durant la séance. Si la plupart étaient arrivés à l'ouvrir, certains étaient toujours au point mort. Entre ceux qui, trop confiants, se jetait sur la face qui les attiraient sans même réfléchir au fait qu'ils n'avaient pas encore lancé le sort et ceux qui, doutant d'eux, actionnait la face opposée au cas où, il y en avait eu des chocogrenouilles réduites en poussière ! Sa baguette s'actionna et les boîtes quittèrent doucement les tables pour rejoindre l'enseignante avant de s'engouffrer dans le placard qui se referma soigneusement. Ce n'est qu'à ce moment là, que la Galloise remarqua qu'une des élèves semblait attendre. La petite Claire-Cornwell, Serdaigle. Sarah aimait bien cette gamine qui semblait l'an passé, s'intéresser à la magie et à l'histoire. Cependant, depuis quelques temps, elle la trouvait... perdue ou plutôt fermée. L'enseignante sourit à l'adolescente qui se dirigeait vers elle, se demandant ce qui lui valait cette visite. La question fut vite réglée et les sourcils de Sarah se froncèrent un instant sous l'incompréhension avant que son cerveau ne fasse le lien.

Elle encaissa en silence la question qu'elle s'était posée mille fois depuis l'an passé et à laquelle Rafael avait répondu plusieurs fois lui assurant qu'elle avait largement fait sa part. Cependant, dans la bouche de la jeune Serdaigle, ce n'était pas une question, c'était comme dans la tête de Sarah une accusation pure et simple. La sorcière s'était faite une raison depuis l'an passé même si, elle s'en voulait toujours au fond d'elle-même. Elle connaissait la réponse et ne pouvait aller à son encontre.

Après un instant de silence, elle poussa un soupire et ferma la porte de la salle de classe.

" Nous parlerons de ce qui s'est passé dans le Poudlard Express si vous le souhaitez mais avant je dois boire un verre d'eau. Venez. "

Elle ouvrit la porte de son bureau attenant. Deux verres, une carafe et une boîte de biscuits vinrent se poser sur la table autour de laquelle s'installa l'adulte, invitant la petite à en faire autant. Elle remplit les deux verres et vida le siens de moitié avant de reprendre la parole.

" Je n'ai pas pu empêcher cette attaque parce que je ne suis ni legilimens, ni politicienne, ni mercenaire, ni soldats, ni mage noire à la solde des espagnols... bref. Je suis professeure et avant ça, j'étais enchanteuse. Je suppose que ce n'est pas la réponse que vous attendez cependant c'est bien la raison pour laquelle je n'ai pas pu empêcher cette attaque. "

Je ne m'attendais pas à ça. Mais la professeure ne semblait pas sur la défensive ou rien. Je fronçai un peu les sourcils avant de la suivre du regard tandis qu'elle prenait verres, carafes et biscuits. Manifestement elle était prête à prendre le temps nécessaire pour cette discussion, ce qui fit redescendre légèrement la colère que je ressentais seulement quelques secondes avant. J'étais prête à rentrer dans une joute verbale, exposer le pourquoi du comment elle avait failli mais cette réaction m'avait prit de court. Je la suivi et m'assit à la table, jouant un peu avec le verre d'eau en écoutant avec attention sa réponse. À mon tour je porta le verre à mes lèvres, engloutissant des petites gorgées, surtout pour cacher ma réaction, pour prendre le temps de réfléchir.

N'empêche, plusieurs adultes, et ils se sont tous fait prendre au dépourvu. Après un temps qui me sembla infini, je reposa le verre d'eau un peu brusquement, mes yeux n'osant se fixer sur Miss Priddy. Je crois que j'ai trop à dire mais je tente quand même d'en faire des phrases.

"Vous savez... vous savez j'ai tenté de rejoindre votre wagon pour de l'aide. Je vous faisais confiance." Je crois que la fin de ma phrase se meurt dans un hoquet que je rattrape avant de le laisser sortir. J'inspire un grand coup tentant de calmer la voix tremblotante. "Sur ce pont tremblant." C'est même pas une phrase complète, je me retrouve même incapable d'aligner sujet verbe complément, juste complément. Mon regard se lève vers celui de l'adulte incertaine de ce que je ressens. J'aimerais lui faire dire ce que je voudrais entendre, mais je ne suis même pas sûre de ce que j'attendais au final de tout ça.

"Vous pensez on aurait pu tous faire différemment pour éviter ça?"

Cette question me taraude, au vu de sa réponse elle y a pensé aussi. Est-ce qu'on était tous là rongés par notre culpabilité dans notre coin? En s'ignorant? Essayant vainement de continuer à reprendre une vie normale quand on avait tous était déréglé? Est-ce qu'on avait tous joué la comédie de retour à la vie quotidienne pendant des mois, alors que tous on ne savait plus trop comment faire?

La réponse de l'adolescente n'en était pas une. Plutôt le début d'un récit. Sarah imagina la petite Serdaigle sur le pont. Quelle frayeur elle avait du ressentir.

" Non. Je ne le savais pas. Je ne sais pas non plus ce que vous avez pu ou non voir et comprendre de la situation mais j'imagine facilement la terreur et le désaroi. "

La sorcière but une nouvelle gorgée, se remémorant les événements. Ce n'était pas un exercice compliqué. Elle le faisait volontairement ou non régulièrement. En cauchemars, tout se concentrait en du charabia auquel elle ne comprenait rien. Une voix qui lui affirmait qu'elle était dans sa tête et la Galloise était réduite à l'impuissance, toutes ses pensées appartenant à l'autre. Sa baguette disparue. Et puis un immense éclair verdâtre s'abatait là où se trouvait Sarah ou Rafael selon les versions. Un sourire triste apparut sur son visage.

" Faire différemment... je me pose cette question à chaque fois que je me réveille après avoir succombé sous un grand éclair vert. Elle posa ses yeux sur l'adolescente. Je ne sais pas. Je me suis dit qu'on aurait peut-être du nous mettre en garde dans la mesure où la gazette avait mentionné des pertes parmi les fameuses lignées. Je n'étais pas l'année précédente. J'ai compris trop tard que ces gens ne pensent pas comme nous. Que la vie ne les intéresse nullement et qu'ils sont prêts à tout pour arriver à leur fin. Le massacre en Asie et l'horreur du dominion auraient du nous avertir. "

Et surtout, elle avait compris trop tard que ces personnes feraient tout et n'importe quoi pour atteindre la directrice de Poudlard. C'est bien ça qu'avait dit l'autre folle dans ce fichu wagon. Pourquoi ? C'était un mystère dont Sarah n'aurait jamais la réponse. Elina avait été plutôt claire à ce sujet.

" Ces sorciers avaient tout planifié et avaient leur projets, leurs raisons que j'ignore. Ils ont arrêté le train grâce à une magie sombre et puissante. "

Elle fit une pause, se demandant si la gamine avait vraiment besoin d'entendre ça. Mais, si elle était arrivée jusqu'au wagon, elle devait déjà connaître une partie de l'histoire. Sarah voyait encore le reflet étrange sur la porte.

" Ils savaient où étaient les quelques baguettes du train et nous sont tombés dessus. La sorcière soupira en secouant la tête en repensant à l'entrée des espagnols. À la bêtise de son collègue et aux réactions en chaîne qui avaient suivi. Dites vous bien que... chacune de nos décisions, à tous, auraient pu être autre et peut-être changer légèrement l'histoire mais... aujourd'hui, on ne peut pas changer le passé. Nous devons tous réussir à avancer même si ce n'est loin d'être évident. Vous êtiez avec Miss Wighters et Miss Fullbuster ? "

Il y avait tant à encaisser que je ne sais pas par quel bout commencer. Son empathie me touche, terreur et désarroi, en trente seconde elle a mit les mots que j'ai pris des semaines à mettre. Je suppose que parfois il est plus simple de comprendre certains ressenti hors du corps. J'observe pendant toute sa tirade les différentes expressions du visage qu'elle a. Et le fait qu'elle avoue aussi que cet épisode la réveille aussi, et l'emploi du présent... la réveille encore. Je note dans un coin de ma tête tout ça.

Un frisson me parcourut quand elle parla du dominion, quelle chance elle avait eu d'échapper à ça. Un vieux souvenir remonte à la surface, le visage de cette fille qui y avait péri, transmis en direct. En y repensant, un poil plus vieille, il fallait être sacrément tordu pour y avoir mit un écran pour une myriade de gamins.

Et puis on en arrive aux raisons, il est vrai que le pourquoi ils ont fait ça, m'a souvent trotté en tête. J'avais beau retourner la question dans tout les sens, j'avais dévoré tout les bouquins d'histoires de la bibliothèque, jamais non plus j'ai jamais pu réponde au pourquoi. Qu'est ce qu'ils avaient à gagner à mettre des étudiants en danger? Par deux fois. La sensation de pouvoir? D'être tout puissant? Se dire qu'en quelques heures ils avaient détruits pour longtemps quelque chose en nous? Que même loin, inexistants dans nos vies, ils étaient encore quelques part en nous, qu'ils avaient laissés leurs marques. Est ce que c'était grisant pour eux? Comme moi quand je découvre un sujet fascinant et qu'au fur et à mesure de mes recherches je le comprends de mieux en mieux? Cette idée me fait bouillonner, ne me semble pas.... juste, pas correct. Mais manifestement, ce pourquoi restera à jamais un mystère. J'étais venu pour des réponses, sur certaines question je crains que je vais rentrer bredouille.

Avant de répondre à la question posée, j'attrape la carafe, ressert ma professeure et moi-même, reprenant cette manie de jouer doucement avec le liquide, le faisant voguer.

"Oui... Mais quand on a vu les sorciers, je sais pas, ça semblait pas normal, mais Kelly... ben elle est inconsciente. Quand ils ont levés leurs baguettes, j'ai dis au filles de me suivre, et je suis passé sous le train, enfin de l'autre côté quoi... Mais cette... elle a voulu jouer aux héroïnes et entrainer Argentella avec elle."

Ça c'est quelque chose que je n'ai dis qu'à Elena, et miss Valerion. Le sortir là me sors un poids, que je ne savais même pas que j'avais de ma poitrine. Mes sourcils et mon front se tendent, comme à chaque fois que j'ai envie de pleurer sur ce sujet, je me mord la lèvre, réprimant tout ça.

"Je savais que nous, sans baguette on pouvait rien faire, alors je suppose que j'ai eu la même idée qu'eux." Ce dernier mot fut presque craché de ma bouche, à l'idée odieuse qu'on puisse avoir un minime point commun "Retrouver les baguettes du train."

La mention des deux adolescentes qui s'étaient retrouvées dans le wagon ou plutôt, ce qu'il en restait, firent lever les yeux au ciel à l'enseignante. Fullbuster, inconsciente, c'était le moins qu'on puisse dire. Et dire qu'une semaine après elle montrait ses fesses à tout le stade de quidditch comme si de rien n'était. Elle remercia pour l'eau d'un hochement de tête.

" Effectivement, votre camarade manque parfois de bon sens. Votre raisonnement était logique et venir chercher les professeurs était une bonne idée. Malheureusement, le wagon de tête était probablement le plus dangereux pendant cet épisode mais vous ne pouviez pas le deviner. "

La sorcière fit une pause et but une gorgée dans son verre. Que pouvait-elle bien dire d'autres.

" Le pire dans cette affaire c'est que, pour la plupart d'entre vous, des baguettes n'auraient servi à rien à part à vous mettre en danger. "

Un sourire triste apparut sur le visage de la sorcière. Elle se perdit un instant dans ses souvenirs. La prise de sa baguette, l'Endoloris sur Lancelot. Ça aurait pu être Rafael. C'est lui qui parlait un peu plus tôt.

" Ils ont d'abord attaqué ceux qui pouvaient se défendre avant de faire souffrir ceux qui faisaient trop de bruit. Tout le monde ne réagit pas de la même façon mais certains comportements irréfléchis sont souvent à craindre. Même si je suis contre ce décret stupide, même si j'ai défendu son annulation, je suis contente que l'absence de baguette les aient poussé à nous attaquer nous plutôt que vous. Nous n'avions rien à voir dans cette affaire mais vous moins encore. Vous vouliez savoir quelque chose en particulier ? Je vous préviens que je ne suis pas certaine d'avoir la réponse. Comment vous en êtes vous sortie sur ce rail ? Seule si j'ai bien compris et sans votre baguette ? "

Manquer de bon sens? Ne pas en avoir plutôt Miss Priddy, mais je suppose qu'il ne serait pas de bon ton de vous le dire. Elle a l'air de le savoir. Cependant, je n'étais pas d'accord sur tout ce qu'elle dit. Merlin sait ce que eux ils ont vécus dans leur wagons. Je n'y avais pas pensé, toute occupée que j'étais à m'apitoyer sur moi.

"Exact. Mais... j'ai eu de l'aide sur la fin." Un des moments que je veux garder pour moi. Je ne sais pas à quel point Miss Sybile veut être connu, ou du moins son i
mplication dans notre sauvetage. Dans le doute, je préfère la taire. Je reprends:

"Après... Si on avait eu notre baguette, ils auraient dû se disperser. Ils auraient été moins. Plus vulnérables que regroupés. Enfin... On refera pas ce qu'il s'est fait."

J'ai enfin l'occasion de glaner quelques informations, alors je compte bien le faire. Certains point sont encore obscure, ce qui rend l'analyse de la situation compliquée. C'est ce que je fais tout le temps quand j'y repense. Je cherche les détails qui m'ont semblé innocents. De donner un sens à tout ça, que ça n'ai pas été pour rien. Trouver du rationnel dans cet amas de violence.

"Vous savez c'était qui les sorciers qui nous ont évacués? Clairement pas ce gouvernement de clown avec un Feuopoudre dans..." je m'arrête d'un coup. Ce que j'allais dire n'allait pas du tout avec mon interlocutrice. Mais c'est plus fort que moi quand je pense à eux, qui en plus d'être discriminatifs étaient manifestement incompétents. "Excusez-moi" j'ajoute rapidement.

Comme elle comprenait le point de vue de cette petite au sujet des baguettes. Elle aurait, à sa place, pesté à jamais contre ceux qui osaient les priver de leur catalyseur. Cependant, elle était malgré tout bien contente d'avoir été la cible de l'attaque. Non pas qu'elle appréciait ce genre de situation mais au moins, les enfants n'avaient pas subi de sorts traumatisants en plus de tout le reste. Elle se contenta donc de hocher la tête dans un sourire pour faire savoir à la Serdaigle qu'elle comprenait tout à fait son point de vue. Et non, effectivement, elles n'allaient pas défaire le passé. La question suivante la fit sourire et la suite du discours tout autant. Elle s'autorisa même un petit rire.

" Je préférerais ne pas savoir ce que vous voulez faire de leur feuopoudre. Ne vous excusez pas d'avoir un avis sur notre gouvernement, c'est votre droit et vous êtes aussi à Poudlard pour apprendre à réfléchir, à analyser et à développer votre propre opinion. Attention cependant, car tout le monde n'apprécierait pas un avis aussi tranché et surtout en opposition avec le pouvoir en place. Comme vous le savez certaines personnes ont tendance à utiliser la violence comme mode d'expression. Faites donc attention car un oiseau en cage ne peut plus chanter ses vers dans le vent ni les enrichir ou les apprendre aux autres. "

L'enseignante leva les yeux au ciel avant de reprendre. La politique et surtout les gouvernants obtus la dépassait.

" Pour ce qui est de votre question, je l'ai moi même posée il y a quelques mois et je vais donc vous transmettre la réponse que l'on m'a faite. Tout ce que vous avez besoin de savoir sur ces sorciers, c'est qu'ils sont intervenus à la demande de la direction de Poudlard. "

Elle même, aurait bien aimé en savoir plus mais elle faisait assez confiance à Elina pour accepter que certaines choses restent mystérieuses. Elle termina son verre d'eau et le repoussa un peu plus loin, signifiant silencieusement qu'elle avait assez bu pour le moment.

" Avez-vous réussi à raconter tout ce qui vous est arrivé ce jour là à quelqu'un ? À votre famille ou vos amis ? Ou même à la psychomage de Poudlard ? Sarah fit une pause dans un sourire énigmatique. Se confier fait parfois beaucoup de bien, après coup. Il faut juste trouver la bonne oreille. "

Je me détends en entendant le rire de Miss Priddy. Cependant, je ne suis pas aussi d'accord avec ses conseils de discrétion. Se taire c'est s'applatir face à des gens aux avis de merde. Hors de question que des pros du conseils anti moldus fassent la loi à Poudlard. Mais je préfère me taire, et note dans un coin les conseils.

"J'ai envoyé un hibou à l'une d'entre elle vous savez... Mais la réponse était décevante." dis-je avec un rire triste, repensant à la lettre de Sybille... Au moins maintenant je connaissais le nom complet. C'était cuisant, qui d'autre devrais-je admirer? Qui d'autres a fait quelque chose d'utile? Sur ce pont c'est elle qui m'a sauvé in extremis. Mais je préfère ne pas en parler. Trop honteux.

En parler, un peu, j'ai tenté. Ça a fait du bien sur le coup. Mais dès que je suis seule, c'est de nouveau moi en proie à mes peurs de ponts. Revivre le passé, pour vivre dans le présent et re-imaginer un futur ne me semble pas être un concept logique non plus.

"Un peu... Elena me semble être la seule à avoir vraiment tout comprit... Mais elle était avec moi une partie de... de tout ça." Après tout, comment nommer ce cauchemar?

Je n'ai rien dit à ma famille, rien dit à Charlotte, je me rappelle quand je l'ai revu après, j'arrivais à rien dire. Je crois que j'étais complètement à côté de la plaque. J'en suis pas sûre, c'est flou. Tout devient flou. Même le visage de cette sorcière qui m'a poursuivi est flou. Alors que je la revois partout. Je sais ce qu'il s'est passé, mais les souvenirs concrets manquent. Certaines secondes sont imprégnées dans ma mémoire, avec des détails saisissants. Mais je commence à douter de leur véracité.

Sarah dépose son verre définitivement vide sur la table en soufflant par le nez dans un demi sourire un peu triste.

" Malheureusement, les réponses sont souvent décevantes quand on en espère beaucoup. Je suppose que les miennes le sont tout autant que celles que vous avez reçues auparavant. Il y a souvent ceux qui n'ont pas les réponses et qui donc ne peuvent pas répondre, ceux qui ont les réponses, mais ne peuvent pas répondre car ils sont liés à autre chose, plus loin, plus haut et il y a ceux qui ne veulent par répondre par choix personnels. Bons ou mauvais, tout dépend d'où l'on se place. En revanche, il faut apprendre à faire avec et à tirer ses conclusions, prendre ses décisions pour vivre au mieux avec ce qu'on a en bien ou en mal. Vous n'oublierez jamais ce qui s'est passé ce jour là car ce malheur est ancré en vous, que vous le vouliez ou non, mais vous pouvez apprendre à vivre avec et à le transformer en une force. Vous êtes là aujourd'hui, vous avez survécu à cette épreuve et vous ne devez pas vous laisser dévorer par son souvenir. "

La sorcière fit une pause, réfléchissant aux conseils qu'elle pouvait donner à cette jeune sorcière égarée.

" J'ai de très mauvais souvenirs qui me hantent depuis longtemps et auxquels ceux du train sont venus se greffer. J'ai mis du temps à passer outre en voulant obstinément les repousser. Aujourd'hui, ils sont toujours là, mais je sais les ignorer la plupart du temps, mais de temps en temps, les images reviennent sans raison particulière, une odeur, une image, un ressenti et je replonge dans mes souvenirs. N'ayez pas honte de le faire, laisser les larmes couler si vous en avez besoin, c'est une façon d'évacuer pour mieux repartir. Parfois coucher les mots sur le papier m'a aider à prendre du recul. Psychologiquement, extraire le souvenir et le ranger dans un flacon pour pensine fait aussi du bien aussi, selon les personnes. L'impression de mettre physiquement le souvenir plus loin et de pouvoir décider quand on le regardera à nouveau. Évidement il n'en ai rien, mais la force mentale est plus puissante qu'on ne le croit. Dans tous les cas, n'hésitez pas à venir en discuter quand vous en ressentez le besoin, comme vous le faites aujourd'hui. Vous trouverez vos solutions en posant des questions autour de vous et si vous avez besoin de partager vos souvenirs douloureux, vous pouvez aussi le faire ici ou ailleurs, les adultes de Poudlard sont aussi là pour ça."

Que dire de plus ? Cette gamine aurait probablement besoin d'être suivie et aidée. Sarah doutait d'être en mesure de le faire correctement, mais après tout, il n'y avait pas une recette miracle, chaque petit caillou pouvait l'aider à remonter et la Serdaigle saurait trouvé ce qui lui convenait le mieux, Sarah n'en doutait pas, elle était assez maligne pour ça.