Dimanche 20 décembre 2048
10h35 environ
Suite de ce rp et plus précisément de ce post.

C'était horrible... Tellement... Horrible... La main toujours sur le sein j'avais du mal à respirer. Plus rien n'avait plus aucun sens. Tout ce que j'avais imaginé, tout ce que j'avais vu et ressenti, tout cela s'était comme... Brisé en plusieurs morceaux, de très nombreux morceaux, des millions de morceaux.
C'était, de la poussière de peur, de colère, de tristesse, de frustration et tant d'autres émotions... Toutes ensembles semblaient... S'être comme... Entrelacé, entremêlés, accouplés, fusionnés et pleins d'autres mots qui finissent en "és" et tout ça pour dire qu'au final. Était né de tout ça une vague qui étouffait la colonne de feu derrière mes yeux.

Une vague dont la simple conception inspirait un profond dégoût et dont le ressenti était comme... Comme... Comme se noyer dans une mer de solitude, je n'avais jamais vu la mer, je l'ai encore moins touché, mais je suis persuadé que la solitude de ma mer était bien plus salée que ne pouvait l'être n'importe quelle autre mer, que n'importe quelle vague, il aurait fallu y déverser les larmes de milliards d'enfants pour espérer la mer être aussi salée que la solitude, y déverser des milliards de litres de concentré de citron pour qu'elle soit aussi acide. Des milliards de milliards de milliards de milliards de graines de café pour qu'elle soit aussi amer.

Et devant un spectacle à couper le souffle, littéralement, je redécouvrais à nouveau ce sentiment de solitude qui m'avait quitté maintenant je le sais, temporairement, depuis que j'étais ami avec Gideon... Pourtant j'avais ma sœur, mais ma sœur me reproche toujours tout, on est tellement différents, comment pourrais-je ne pas me sentir exclu alors même que l'on est que tout les deux ? Comment ne pourrais-je pas me sentir seul quand la seule personne qui me supportait, la seule personne qui m'appréciait à peu près comme j'étais, la seule personne à pouvoir assumer d'être mon ami m'avait été fauché sans un bruit par Elisabeth...

Quel... Quel désastre ? La vague de solitude était peut-être telle... Que je ne pourrais dire si mon âme était mouillée ou si mes joues l'étaient. Peut-être était-ce les deux ? Ca ne serait pas la première fois que mon corps et mon âme aussi ignoble soit-elle, ressentaient des choses similaires, de la chaleur ou en l'occurrence en ce moment, un froid glacial que je ressentais au plus profond de mes tripes, dans les confins de mon âme, triste, mon esprit égaré ne réagissait.

Quel désastre. La vague de solitude est telle, que je sais que mon âme est aussi mouillé que mes joues.

Après quelques pas des flots se déversaient des mes yeux, le front contre le sol je ne voulais pas, oui, c'est ça, je ne voulais surtout pas que l'on me voit ainsi. Même moi en me regardant dans la vitrine de l'un des trophées j'avais pitié, j'étais minable, pathétique, lamentable, piètre, piteux, miteux, pouilleux, misérable, pitoyable, craignos, déplorable, abominable, détestable, horrible, mauvais, odieux, dégoûtant, affreux, épouvantable, haïssable, infect, déplorable, pitoyable, maudit, ignominieux, inqualifiable, turpide. Quelle haine. Quelle haine je pouvais ressentir à me voir flou déversant un torrent de larmes toutes aussi violentes les unes que les autres, violentes car elles forçaient leur passage jusqu'en dehors, je ne pouvais pas les retenir, ça faisait longtemps que je n'avais pas pleurer ainsi mais... Pourquoi... Pourquoi ne m'obéissent-elles pas, il s'agit de mes larmes non ? Mes miennes.

- Arrêtez... Restez... Restez en moi, restez en moi... Disais-je d'un ton bas... En chuchotant...

Quand un malheur se déplore, un autre suit, puis un autre, encore un, encore et encore... Là, j'avais perdu contre Elisabeth, la fille que je considérais comme faible et minable, j'avais perdu Gideon... Je l'avais perdu et pour quoi ? Pour rien, ça n'était pas un sacrifice c'était juste une perte simple, inutile, dénuée de sens... J'avais perdu le seul ami, Gideon, et contre ce seul ami, Gideon, alors même que je pensais que l'on était sur un pied d'égalité à peu près réaliste. Dire que je n'avais même pas réussir à porter un coup, pas un seul coup n'avait été porté. Pas. Un. Seul. Coup.

En clair, tout ça pour quoi ? Rien. Et pourquoi ? Egalement rien. Le seul résultat de toute cette mascarade était de me retrouver devant un portrait fidèle de ce que j'étais, totalement flou, les contours de mon existence n'était rien d'autres qu'une illusion. Je suis l'oeuvre ratée d'un peintre ivrogne, le morceau d'âme d'une âme pathétique.

Quel orgueil de ma part que j'aurais pu être plus que lui... Je suis même pas capable d'atteindre un gosse de mon âge... Alors lui... C'était un rêve bien lointain. Même Elisabeth je n'ai pas pu l'atteindre. Même mes larmes je n'ai pas été assez fort pour les retenir, assez puissant pour les maintenir sous ma domination, sous mon esprit, mon âme... Enfermées en moi elles ont profitées d'un instant de faiblesse pour s'enfuir, pour m'abandonner... Et je sais pertinemment que les plus faibles réussiront également à fuir, maintenant ou... Plus tard.

Ce reflet c'est moi.

Je n'ai pas de contours, tout entre et sort de la tâche que je suis, je ne ressemble à rien, comment pourrais-je prétendre pouvoir vaincre quiconque quand je ressemble et quand je suis... Ca... Tas de chair difforme.
Quel orgueil de ma part que j'aurais pu être plus que ce tas de chair difforme...

Je n'ai qu'une envie une seule, une seule et simple envie. Crier. C'était une chose si simple, si basique, c'est élémentaire, naturel ! Juste crier, voire hurler si j'en ai l'occasion, tout faire sortir, ce pieux que j'avais moi-même planté au fond de mon cœur, le profanant à nouveau, encore. Comme si je n'avais aucun respect pour lui et c'est normal puisqu'il ne vaut rien, il n'a aucune valeur et moins non plus.
Ca, Gideon, Elisabeth, mon oncle, mon frère, mon frère, ma sœur, ma sœur, ma mère et bien sûr... Mon père, tout ces pieux profondément plantés dans mon âme, enchainés à elle semblait sans aucune raison vouloir se manifester maintenant, toutes en même temps, alors même que je n'ai pas la force ni la volonté de lutter, ou du moins de lutter efficacement... C'était comme si j'avait toujours été sur le point de céder et qu'aujourd'hui l'heure semblait être venue. Comme si j'avais toujours vécu sur la pointe de la montagne, en équilibre comme un funambule au dessus du vide et des crevasses, de tout ce qu'il y'avait de cachés sous les nuages de ma bêtise.

Je ne sais pas où je vais tomber, où plutôt où je vais atterrir, la chute semble si longue, je semblais tomber de si haut et d'un autre côté, tout ça n'était que l'image que je m'étais donné de la chose...
Faible comme je suis, comme j'ai toujours été, je doute que si ma chute était objective elle soit de si haut, bien au contraire, je chute sûrement à travers le sol, sous la terre, je m'enfonce de plus en plus... C'était comme ça que je le ressentais, tout ces sentiments, toutes ces émotions, tout ces pieux semblaient m'attirer plus bas, ou m'y pousser. Qu'en sais-je ?

C'est vrai quoi, après tout je suis qu'un petit con, un troll comme dirait l'autre, contemplant son portrait dans la vitrine contenant un trophée, portrait déformé par les larmes dans ses yeux mais dont la réalité était toute autre. Ce portrait n'était pas déformé, il ne l'a jamais été, j'ai beau le voir et l'observer les yeux pleins d'eau ce portrait tel que je le vois maintenant est la seule version réaliste de moi-même. Déformé, flou. C'est tout moi ça.
Et à mesure que les flots se déversaient de mes yeux le portrait se déformait d'autant plus, bien sûr, qu'il n'est déjà plus reconnaissable, mais l'avais-je même déjà été ? Je ne pense pas.
Ais-je vraiment une identité ?

Touchant mon reflet je me rends compte que non, si mon visage ne définissait pas mon identité et que mon nom n'était rien de plus qu'un mot, alors seule mon histoire faisait mon identité, mais cette histoire... Ne m'appartient pas, elle n'est que les morceaux d'histoires de personnes existants vraiment. Même mon futur n'existe pas, je n'avais qu'un objectif et il ne m'est même pas destiné.
Cette vague de solitude se ressentait très fort d'un coup, d'autant plus que j'ouvrais lentement la gueule pour hurler.

Mais aucun son ne sortit de ma bouche.

Que ça soit un son, un mot, un souffle, rien.
Toute ma parole toute ma gorge et ma langue, ma bouche, mon corps entier après quelques secondes de réflexion c'est ce que j'ai conclues, tout avait été bloqué, d'un coup. Sans autre forme de procès j'avais été condamné à me regarder dans la vitrine, me regarder à travers un faux reflet qui s'avérer être plus vrai qu'il ne semblait l'être de prime abord. Les mots "c'est moi" et "c'est toi" se confondaient pour ne laisser qu'un être bouche bée devant son propre reflet déformé, qui semblait être la caricature d'une caricature d'une caricature, bref, c'était moi sans l'être et ma bouche littéralement béante était bloquée. À des milliers de temps et de lieux Narcisse avait-il éprouver cela pour lui-même lui aussi face à lui ? Dans des circonstances et des émotions totalement différentes on se retrouve.

C'est tellement étrange de penser à ça mais d'un autre côté je n'avais plus de contours, les pensées faisaient des vas et des viens, des pars et des reviens, dans mon esprit tout est flou, tout s'efface peu à peu pour ne laisser que le grand vide qui avait été si longtemps dissimulé... Etait-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Je ne sais pas... Qui est responsable ? Je ne sais pas non plus et... Me connaissant je sais que mon avis sur la question ne sera jamais fixe. Ca pouvait être moi, de ne pas m'être renseigné sur la vie amoureuse de mon élève ou de mon seul ami, ça pouvait être mon ami d'avoir préféré sa copine avant moi ou de ne pas avoir essayé d'autres manières que la seule que l'on connaissait, la violence... Alors je ne pense pas pouvoir lui en vouloir, sûrement avait-il été manipulé ? Qui sait... La dernière personne peut-être, Elisabeth. Peut-être était-ce sa faute de ne pas s'être renseigner sur les relations de moi ou de Gideon Atwood ? Peut-être était-ce sa faute d'avoir réagit ainsi ? D'être ainsi ? De manipuler Gideon ce qui ne m'étonnerait guère de sa part...

Tout pour survivre hein... Tout pour gagner surtout...
Le moyen ne semblait être qu'un guide futile et factice, facultatif et inutile. C'était tout simplement de la bouse entre ses mains. À quoi bon pouvoir gagner avec honneur et fierté quand on peut gagner facilement ? Je penserais à lui demander si je la croises.
Non.

Je n'y penserais pas c'était évident, et elle ne mérite pas que je lui adresse la parole alors bon... Même si ça avait été ma faute ce qui est... Peut-être, le cas. Je ne vois pas en quoi ça m'interdisait de lui en vouloir. Tout ça aurait pu bien finir après tout, non ?

Ma tête vint se poser contre la vitrine et tout ce que j'avais connu et été jusqu'à maintenant avait été remis en question en l'espace de quelques secondes par la simple vu du contact horrible entre quatre dont deux m'insupportaient tant, dont deux auxquelles je faisais confiance... Si c'était une bonne ou une mauvaise chose, objectivement, je n'en ai absolument aucune idée, et je n'en ai d'ailleurs jamais eu aucune idée, à chaque problème et à chaque solution je ne me demandais jamais si c'était objectivement une mauvaise chose car jusqu'à maintenant encore je penser qu'être objectif c'était être du côté de la majorité alors que non...Être objectif c'est juste ce prendre comme objet et objectivement, j'étais pathétique.

Subjectivement j'étais minable, pitoyable, je me cracherais bien dessus si je n'étais pas moi-même.
Subjectivement bien sûr que me remettre en question était une mauvaise chose. Puisque ça me tue.

Seul, face à face contre mon reflet, cette petite crise avait duré quelques temps et je ne peux m'empêcher d'ouvrir grand écarquillés les yeux malgré que ça me piquait, malgré que ça me fatiguait. Je ne peux le croire, je ne le crois pas, comment ça aurait pu arriver ? Quelles étaient les chances, quelle était la chance... Gideon ne m'aime pas, Elisabeth soit sa copine, il prenne son partie, ils s'en fichent de tout ça et s'embrasse... Comme si ça n'était rien.
Je ne suis clairement pas de ce niveau.

Mon seul rêve ne se réalisera jamais et j'en prends conscience désormais, c'était rêver trop haut, trop fort que de rêver d'être plus fort que lui quand je ne peux pas poser la main sur deux gosses de 13 à 14 ans j'en sais rien j'm'en tamponne. Quelle faiblesse... Et c'est pas la première fois que je suis confronté à cette faiblesse dont je faisais preuve, mais c'était la première fois je pense, depuis très longtemps, que cette faiblesse ne me donne ni la hargne ni la force de me battre. Cette faiblesse me fatiguait, tout cela me fatiguait, Gideon, Elisabeth, ma famille, mon père, moi, tout me fatiguait à un point tel... Que les oiseaux ne chanteraient plus le matin.

Et au delà de cet édifice, la cerise sur le gâteau, l'olive sur ce cocktail infâme de dégoût et de frustration, se trouvait moi et mon reflet déformé. Ce moi sans force, à peine éveillé. Qui se tenait sur ses deux jambes sans êtres debout, les yeux ouverts sans être réveillé. À se lamenter sur son sort sans qu'il le mérite, à inspirer la pitié sans limite. Redose Omniak reprend la couverture et abandonne lamentablement, un échec de plus qui semblait signer sa défaite et la fin d'une courte carrière dont le plus pourri des insectes serait fier, d'avoir engendré un être au moins plus pathétique que lui.

Fin du rp, suite ici !